- Grand Tour
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Le Grand Tour, orthographié de la même façon en anglais, était à l'origine un long voyage effectué par les jeunes gens des plus hautes classes de la société européenne, en particulier britannique ou allemande, à partir du XVIIe siècle et surtout au XVIIIe siècle, destiné à parfaire leur éducation, juste après, ou pendant leurs études.
Les destinations principales étaient la France, les Pays-Bas, l'Allemagne, la Suisse et surtout l’Italie, puis plus tard la Grèce et l'Asie mineure. Ces voyages duraient parfois plus d’un an, souvent en compagnie d’un tuteur. Ils devinrent une pratique normale, voire nécessaire à une bonne éducation.
Aux XVIIIe et XIXe siècles, le Grand Tour fut l'apanage des amateurs d'art, des collectionneurs et des écrivains, dont Goethe et Alexandre Dumas.
Le Grand Tour eut pour effet de mettre en contact la haute société de l'Europe du Nord avec l’art antique et aida à la diffusion du palladianisme et du néoclassicisme.Sommaire
Histoire
Le Grand Tour, appelé aussi Tour du Chevalier, et dans les pays du Saint-Empire romain germanique Junkerfahrt ou Cavaliertour, avait d'abord pour but de parfaire les humanités et la formation militaire des jeunes gens de l'aristocratie, dont beaucoup étaient cadets de famille et se faisaient ainsi intégrer à des régiments étrangers, français ou néerlandais avant tout, avant de retourner dans leur pays avec de l'expérience et un pécule. C'est surtout à partir du XVIIe siècle et à l'époque de Louis XIV que l'on rencontre ce terme.
Par la suite, le terme prendra une signification plus intellectuelle, chez les Anglais, en particulier, qui ne cherchaient pas de carrière militaire à l'étranger. Le voyage leur permettait de devenir un « compleat gentleman ». Il servait à la formation politique des jeunes gens, leur permettant de comparer les systèmes politiques de Grande-Bretagne (puis du Royaume-Uni) et des États continentaux. Il leur permettait aussi de nouer des contacts amicaux avec des individus du même milieu social, promis au même type d'avenir diplomatique, militaire, politique ou commercial dans les autres pays. La découverte de la superstition des populations rencontrées était aussi censée renforcer l'anglicanisme des voyageurs. C'était au cours du Grand Tour enfin que les jeunes hommes se frottaient aux langues vivantes.
Le Grand Tour avait une dernière fonction éducatrice : l'éducation sexuelle. L'étape à Venise avait longtemps servi ce but. Pour ceux allant plus loin, l'idée était la même. Le premier voyage de Lord Byron, accompagné de Hobhouse fut un voyage typique du Grand Tour, avec le double but de la formation intellectuelle et virile. Il écrivait à sa mère qu'il voyageait pour sa formation intellectuelle : « Je pars maintenant pour Athènes pour apprendre le grec moderne qui diffère tant du grec ancien, tout en en étant radicalement similaire ». En même temps, juste avant de s'embarquer, il précisait à Henry Drury ce que leur ami commun Hobhouse prévoyait de : « se rembourser en Turquie d'une vie de chasteté exemplaire à la maison en accordant son beau corps à l'intégralité du Divan ».Au retour, le voyage avait une fonction sociale. Il était un élément de reconnaissance ou d'ascension sociale. Il affirmait les moyens financiers, et la culture du voyageur, avant son départ, et à son retour. Le but du voyage n'était pas d'aller voir autre chose, d'aller se forger une culture propre, mais d'aller voir ce qui devait être vu, de se forger une culture commune. L'important était de pouvoir au retour partager des anecdotes et des souvenirs. C'était pour cette raison que l'on visitait toujours les mêmes hauts lieux culturels. Le récit de voyage avait alors une fonction importante, celle de faire reconnaître cette expérience acquise et cette culture commune qui renforceraient les liens sociaux.
Lors de ces voyages, les jeunes gens achetaient, suivant leurs moyens, de nombreuses pièces d’art et d’antiquités et visitaient les ruines antiques, Rome ainsi que Pompéi et Herculanum qui avaient été récemment redécouvert. Au retour, les jeunes gens pouvaient alors adhérer à la Société des Dilettanti, puisque la principale condition pour y entrer était d'avoir voyagé en Italie et d'avoir un intérêt pour l'art et les antiquités.
Une étape importante du voyage était la réalisation lors de leur séjour prolongé à Rome d'un portrait par l'un des peintres en vue du moment. Parmi les peintres italiens qui bénéficièrent de cette clientèle, citons Pompeo Batoni, Canaletto, et Piranèse. De nombreux peintres, graveurs et sculpteurs étrangers vivant à Rome, notamment les élèves de l’Académie de France à Rome, bénéficièrent aussi de la pratique, soit par la vente de leurs œuvres ou par la location de leur service en tant que guide.La pratique du Grand Tour devint moins fréquente durant les guerres de la Révolution et de l’Empire. C'est alors que le continent proche étant interdit, les jeunes gens partirent plus loin, vers la Grèce et le Levant. Le Grand Tour reprit à la Restauration sans connaître toutefois la popularité du siècle précèdent.
Le Grand Tour occasionna la publication de nombreux livres guides dont un des premiers utilisé fut An Account of Some of the Statues, Bas-Reliefs, Drawings, and Pictures in Italy (1722), écrit par les peintres britanniques Jonathan Richardson le Vieux (1665-1745) et son fils Jonathan Richardson le Jeune (1694-1771).
Bibliographie
- Ouvrages
- (en) Elizabeth Bohls and Ian Duncan, ed. (2005). Travel Writing 1700-1830 : An Anthology. Oxford University Press. (ISBN 0-19-284051-7)
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- (de) Attilio Brilli: Als Reisen eine Kunst war – Vom Beginn des modernen Tourismus: Die „Grand Tour“. Wagenbach, Berlin 2001, (ISBN 3-8031-2274-0)
- (fr) Anthony Burgess et Francis Haskell, Le Grand Siècle du Voyage (1967), Paris, Albin Michel, 1968.
- (en) Edward Chaney, The Evolution of the Grand Tour: Anglo-Italian Cultural Relations since the Renaissance (Frank Cass, London and Portland OR, 1998; revised edition 2000).
- (en) Edward Chaney ed. (2003), The Evolution of English Collecting (Yale University Press, New Haven and London, 2003).
- (de) Christoph Henning: Reiselust - Touristen, Tourismus und Urlaubskultur. Suhrkamp, Frankfurt 1999, (ISBN 3-518-39501-7)
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- (de) Thomas Kuster, Das italienische Reisetagebuch Kaiser Franz I. von Österreich aus dem Jahr 1819. Eine kritische Edition. phil.Diss. Innsbruck 2004.
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- (en) Andrew Witon and Maria Bignamini, Grand Tour: The Lure of Italy in the Eighteenth-Century.
- (fr) Gilles Bertrand, Le grand tour revisité : pour une archéologie du tourisme : le voyage des Français en Italie, milieu XVIIIe siècle-début XIXe siècle, Rome, École française de Rome, 2008, 791 p.
- Thèses et articles
- (fr) Numa Broc, La Géographie des philosophes: géographes et voyageurs français au XVIIIe siècle, thèse, université de Montpellier, 1972.
- (en) Joseph Burke, « The Grand Tour and the Rule of Taste » in Studies in the Eighteenth Century, Canberra, ANUP, 1968, pp. 231-250.
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- (fr) Pierre Chessex, « Grand Tour » in Dictionnaire européen des Lumières, Paris, PUF, 1997, pp. 518-521.
- (it) V. I. Comparato, « Viaggiatori inglesi » in Italia tra Sei e Settecento: la formazione di un modello interpretativo, Quaderni Storici, 1979, 42, pp.850-886.
- (it) Cesare De Seta, L'Italia nello specchio del Grand Tour, Storia d'Italia: Annali 5, Turin, Einaudi, 1982, pp. 127-263.
- (en) Paul Fussell (1987), « The Eighteenth Century and the Grand Tour » in The Norton Book of Travel, (ISBN 0-393-02481-4)
Filmographie
- Chambre avec vue (A Room With a View, 1985), film britannique réalisé par James Ivory d'après un roman d'E. M. Forster et sorti en 1986, idylle nouée à l'occasion d'un Grand Tour à Florence.
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- Page du CIRVI (Centre Interuniversitaire de Recherche sur le Voyage en Italie) sur Gallica
- The Grand Tour
- Grand Tour online at the Getty Museum
- Grand Tour an exhibition project of the Swedish artist Matts Leiderstam
- Voyagers and Voyeurs - Travellers in 19th century France, an anthology
- Contemporary Grand Tour in Italy, Pictures and quotes
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