Enluminure carolingienne

Enluminure carolingienne
Charlemagne avec les papes Gélase et Grégoire Ier, dans le sacramentaire de Charles le Chauve (École de la cour de Charles le Chauve, vers 870).

On appelle enluminure carolingienne l’enluminure qui a été produite entre la fin du VIIIe siècle jusqu'à celle du IXe siècle dans l'empire carolingien. Alors que l'enluminure mérovingienne qui précédait était purement monacale, la carolingienne a été produite dans les cours des rois francs ainsi que les résidences des évêques puissants. Le point de départ est l'école de la cour de Charlemagne au palais d'Aix-la-Chapelle, à qui l'on attribue les manuscrits du groupe d'Ada, la sœur de Charlemagne. Simultanément, et sans doute au même endroit, il y a l'école du Palais, dont les artistes sont sous influence byzantine. Les codex de cette école sont aussi, d'après leur style d'écriture, nommés groupe de l'Évangéliaire du Couronnement de Vienne. Par toutes leurs différences stylistiques, les deux écoles d'enluminure sont en contradiction directe avec les formes d'expression de l’Antiquité, et elles partagent l'effort de donner une clarté aux illustrations, qui n'a pas été présente précédemment. Après la mort de Charlemagne, le centre d'enluminures émigre vers Reims, Tours et Metz. Même si l'école de la cour a dominé au temps de Charlemagne, l'art du livre s'inspire de l'école du Palais dans les centres ultérieurs.

L'enluminure carolingienne cesse de fleurir à la fin du IXe siècle. À la fin de l’époque carolingienne se développe une école franco-saxonne, qui reprend des formes de l'ancienne enluminure insulaire, avant que l'enluminure ottonienne ne commence une nouvelle époque à la fin du Xe siècle.

Sommaire

Bases de l'enluminure carolingienne

Cadre temporel et géographique

La correspondance entre l'art carolingien avec une époque donnée est discutée. En partie, il est considéré comme un stade artistique déterminé, mais plus souvent, on le rassemble avec les autres styles du Ve au XIe siècle dans l'art du haut Moyen Âge, ou dans la période pré-romane, en y incluant l'art ottonien, mais ce dernier peut aussi être situé au début du roman, et donc dans l’époque romane[1]. L'art carolingien est lié très fort à la cour de son seigneur, et limité à l'empire des Carolingiens, à l'empire des Francs. Les domaines artistiques qui se trouvent en-dehors de cet ensemble ne sont pas comptés parmi l'art carolingien. Un cas particulier est celui du royaume de Lombardie, que Charlemagne a réussi à conquérir en 773/774, mais qui continue à poursuivre ses propres traditions culturelles, qui influencent fortement l'art carolingien. Réciproquement les mouvements de la renaissance carolingienne ont aussi une influence en Italie, et en particulier à Rome.

L'élection de Pépin de Herstal comme roi des Francs en 751 marque le début de la dynastie carolingienne, mais ce n'est que sous Charlemagne, seigneur unique de l’empire des Francs en 771, et couronné empereur en 800, qu'un art proprement carolingien voit le jour. Le premier manuscrit d'apparat commandé par Charlemagne entre 781 et 783 est l'Évangile de Godescalc. Après la mort de Louis le Pieux, successeur de Charlemagne, l'empire est partagé en trois parties par le Traité de Verdun en 843, les Francie occidentale et orientale et la Lotharingie. La Lotharingie subit dans les décennies suivantes de nombreux partages, où certains territoires reviennent aux Francie occidentale et orientale, tandis que d'autres, comme la Lorraine, la Bourgogne et parties de l'Italie, deviennent des royaumes ou duchés indépendants.

Avec la mort de Louis l'Enfant en 911, s'éteint la lignée des Carolingiens orientaux. Conrad le jeune, de la famille des conradins est élu pour lui succéder. Après sa mort, en 919, les grands électeurs de Franconie et de Saxe élisent Henri Ier roi de Francie orientale. Avec le passage de la royauté aux Liudolfinger saxons, que l'on désignera plus tard Ottoniens, le centre de gravité de la production artistique se déplace vers la Francie orientale, où l'art ottonien développe de façon marquée un caractère propre. En Francie occidentale, à la mort en 987 de Louis le Fainéant, la royauté passe à Hugues Capet, et ainsi à la dynastie des Capétiens. L'apogée de l’art carolingien s'éteint ainsi dans l'ensemble du domaine franc vers la fin du IXe siècle, et les quelques ouvrages de moindre importance se sont rattachés à d'anciennes traditions.

Artistes et mécènes

Raban Maur, soutenu par Alcuin, remet son travail à St Martin de Tours, désigné de façon erronée par un auteur ultérieur comme Otgar de Mayence (Fulda, vers 840)[2].


Tandis que dans les temps mérovingiens, les couvents étaient seuls responsables de la production des livres, la renaissance carolingienne est partie de la cour de Charlemagne. L'Évangile de Godescalc, le Psautier de Dagulf, ainsi qu'un manuscrit sans décor[3] témoignent par les poèmes de dédicace ou les colophons de la commande par Charlemagne. Sous le règne des successeurs de Charlemagne, des ateliers ont vu le jour aux cours des empereur et rois carolingiens, ou auprès d'évêques importants, liés de près avec les cours. Mais finalement, seul le couvent de Tours resta productif sur des décennies, jusqu'à sa destruction en 853.

La plupart des livres liturgiques étaient destinés aux cours royales. Certains des codex les plus précieux servaient de présents honorifiques, comme le Psautier de Dagulf, qui était destiné à être un présent pour le pape Adrien Ier, mais qui ne put lui être remis avant sa mort. Un troisième groupe de manuscrits était fabriqué pour les couvents les plus importants de l'empire, pour porter l'élan religieux et culturel de la cour vers l’empire. C'est ainsi que l'Évangéliaire d'Abbeville était destiné au gendre de Charlemagne, Angilbert, abbé laïc de St Riquier, et en 827, Louis le Pieux consacra un Évangéliaire de l'école de la cour de Charlemagne à l’Abbaye St Médard de Soissons. Inversement, le couvent de Tours sous le comte Vivien fit présent en 846 de la Bible de Vivien à Charles le Chauve, qui en fit don vers 869/870 à la cathédrale de Metz.

Peu d'enluministes du haut Moyen Âge ont laissé leur nom à la postérité. Dans le manuscrit d'une œuvre de Térence, provenant peut-être d'Aix-la-Chapelle, un des trois peintres, Adelricus, a caché son nom dans une ornementation de fronton d'une enluminure[4]. Selon ses propres affirmations, le savant moine de Fulda Brun Candidus, qui a passé quelque temps à l'école de la cour d'Aix-la-Chapelle sous Éginhard, a peint l'abside ouest de la basilique de Ratgar, consacrée en 819, au-dessus du sarcophage de St Boniface au couvent de Fulda[5]. Ainsi, on peut lui supposer un rôle imporant dans l'école de peinture de Fulda de la première moitié du IXe siècle. Il est hypothétique, mais pas invraisemblable qu'il a donc lui-même fait les enluminures de la Vie de l’abbé Eigil[6]. Le seul manuscrit, d'après lequel le jésuite Christophe Brouwer édita le texte dans son Sidera illustrium et sanctorum virorum, et dont il publia trois reproductions en gravure d'illustrations dans son Antiquitatum Fuldensium libri IV à Anvers en 1612, a probablement été détruit pendant la guerre de Trente Ans avec la bibliothèque de Fulda.

Les scribes d'un manuscrit se nommaient plus souvent que les enluminuristes dans un poème de dédicace ou dans un colophon. L'Évangile de Godescalc et le Psautier de Dagulf ont reçu leur nom d'après celui de leur scribe. Les deux se désignent comme chapelains, ce qui laisse penser que le scriptorium de l'école de la cour de Charlemagne était lié à la chancellerie[7]. Dans le Codex Aureus de St Emmeran, les moines Liuthard et Beringer se nomment scribes[8]. Plus un scriptorium était petit, plus les ambitions pour ses enluminures étaient limitées, et plus il était probable que les scribes faisaient aussi eux-mêmes les enluminures[9].

Le livre à l'époque carolingienne et sa transmission

Évangile de Godescalc (probablement Aix-la-Chapelle, entre 781 et 783), Fontaine de jouvence et page initiale (3v/4r).

Le livre, fabriqué avec beaucoup de travail et de matériaux onéreux était sans conteste un objet de luxe. Tous les manuscrits carolingiens sont écrits sur parchemin, car le papier, plus économique, n'arrive en Europe qu'au cours du XIIIe siècle. Les manuscrits somptueux les plus représentatifs, comme l'Évangile de Godescalc, l'Évangéliaire de St Médard de Soissons, l'Évangéliaire du Couronnement, l'Évangéliaire de Lorsch, ou la Bible de St Paul sont écrits à l'encre d'or ou d'argent sur du parchemin teinté de pourpre. Leurs couvertures sont ornées de plaques d'ivoire, fixées par des orfèvreries ornées de pierres précieuses. Pour les enluminures prédomine la gouache ; le dessin au trait, même colorié, est plus rare.

Le Psautier de Dagulf (Aix-la-Chapelle, avant 795) ne contient aucune enluminure, mais a été écrit avec des encres d'or et d'argent sur du parchemin teint en pourpre.

Environ 8000 manuscrits des VIIIe et IXe siècle nous sont parvenus[10]. (Nombre estimé d'après les connaissances des années 1960). Il est difficile d'estimer les pertes dues aux incursions normandes, aux guerres, aux iconoclasmes, aux incendies et autres causes violentes, à l'ignorance ou à la récupération des matériaux. Les inventaires de livres qui nous sont parvenus donnent des renseignements sur le volume des plus grandes bibliothèques. Pendant l'époque carolingienne, le nombre de livres de l'abbaye de St Gall passa de 284 à 428[11], l'abbaye de Lorsch en possédait 690[12] à la fin du IXe siècle et celle de Murbach 335[11]. Les testaments permettent de se représenter le volume des bibliothèques privées. Les 200 codex[13] légués par Angilbert à l'abbaye de St Riquier, parmi lesqels l'Évangéliaire d'Abbeville, doivent avoir représenté une des plus grandes bibliothèques. Eccard de Mâcon lègue environ 20 livres[13]. On ne connaît pas le volume de la bibliothèque de Charlemagne, qui a été vendue, d'après son testament, après sa mort. Dans la bibliothèque d'Aix-la-Chapelle se trouvaient disponibles tous les ouvrages importants, et parmi eux beaucoup de livres romains, grecs et byzantins[14] (Voir néanmoins à ce sujet l'article Pertes de livres pendant l'Antiquité tardive).

La plupart des manuscrits n'étaient pas du tout enluminés, et une petite part l'était sommairement. Dans la littérature sur l'histoire des arts n'entrent que les ouvrages majeurs de l'enluminure carolingienne. Les manuscrits somptueux – dans le cas des livres liturgiques – jouissaient d'une utilisation particulière. Les codex les plus onéreux n'avaient pas de fonction utilitaire, ils étaient conservés dans le trésor de l'église et servaient principalement pour des manifestations de représentation, comme l'indique le très faible nombre de traces d'utilisation[15]. Les illustrations sur un parchemin très durable dans un livre fermé sont bien protégées des influences extérieures, et longtemps les codex n'ont pas été rangés sur des étagères, mais dans des coffres, plus rarement dans des armoires fermées. C'est pourquoi les manuscrits carolingiens enluminés se sont relativement bien conservés, et bien des enluminures ont franchi les douze siècles dans un assez bon état. La plupart des manuscrits transmis sont complets, une transmission en fragments est rare. Mais il faut savoir que le nombre de manuscrits enluminés perdus est significatif, comme le montrent des illustrations qui sont des copies d'enluminures non parvenues jusqu'à nous[16]. Dans certains cas, on a la mention de codex enluminés qui ne nous sont pas parvenus, comme un « Psautier doré » de la reine Hildegarde des débuts de l'enluminure carolingienne[17].

Plaques d'ivoire de la couverture de l'Évangéliaire de Lorsch.

Les couvertures de livres en or, que l’on peut facilement fondre, ont rarement échappé aux pillages. Les plaques d'ivoire des couvertures se sont mieux gardées, mais en aucun cas en rapport avec le codex qu'elles ornaient initialement. Les cinq plaques de l’Évangéliaire de Lorsch se trouvent maintenant au musée du Vatican. Et au moins la plaque d'ivoire inférieure n'est pas un travail carolingien, mais un original de l'Antiquité tardive, comme on peut le constater par une inscription à son revers[18]. Les seules plaques d'ivoire que l'on peut dater avec certitude sont celles du psautier de Dagulf, qui sont décrites avec précision dans le poème de dédicace, et qui peuvent ainsi être identifiées avec deux plaques du musée du Louvre[19]. L'enluminure était en interaction étroite avec la sculpture sur ivoire. Les œuvres de petit format, facilement transportables, ont acquis un rôle important dans la transmission de l'art antique et byzantin. À l'opposé, la sculpture carolingienne en grandeur nature n'a laissé que quelques fragments, les travaux de joaillerie se sont mieux transmis. En relation avec l'enluminure, la couverture du codex aureus de St Emmeran, de l'école de la cour de Charles le Chauve, est intéressante.

Couverture du Codex Aureus de St Emmeran

En raison de la relativement bonne situation de leur transmission, l'enluminure et la sculpture miniature ont pour l'histoire des sciences une importance encore plus grande que pour les autres époques, parce que toutes les autres formes d'art carolingiennes se sont très mal conservées. Ceci est encore plus vrai pour la peinture murale monumentale, dont nous savons que c'était la forme principale de peinture carolingienne léguée aux temps ottonien et roman. On peut en déduire que toutes les églises, comme les palais, étaient recouvertes de fresques[1], mais les restes minimes qui nous sont parvenus ne permettent pas de se représenter vraiment cette splendeur d'images. Les mosaïques dans la tradition antique jouaient aussi un rôle, par exemple la chapelle du palais d'Aix-la-Chapelle était ornée d'une somptueuse coupole en mosaïque[1].

Précurseurs et influences

L'enluminure mérovingienne

Sacramentaire gélasien du pape Gélase Ier (France du nord-est, milieu du VIIIe siècle

La renaissance carolingienne se développe dans un véritable « vide culturel »[20] ; son centre est la résidence de Charlemagne à Aix-la-Chapelle. L'enluminure mérovingienne, nommée d'après la dynastie royale précédant les carolingiens en Francie, est restée purement ornementale. Les initiales tracées à la règle et au compas, les images titres avec des arcades et une croix, sont presque la seule forme d'illustration. À partir du VIIIe siècle, les ornements zoomorphes apparaissent, qui deviennent si envahissants que par exemple dans des manuscrits du couvent de femmes de Chelles on trouve des lignes entières où les lettres sont exclusivement des dessins d'animaux. À l'opposé de l'enluminure insulaire contemporaine à l'ornementation foisonnante, la mérovingienne tend à une organisation claire de la feuille. Un des scriptoriums les plus anciens et les plus productifs est le monastère de Luxeuil, fondé en 590 par le moine irlandais Colomban, et détruit en 732. L'abbaye de Corbie fondée en 662 développa son propre style d'illustration, assez marqué. Outre Luxeuil et Chelles, l'Abbaye St Vincent de Laon est un pôle d'enluminure mérovingienne. À partir du milieu du VIIIe siècle, ils sont fortement influencés par l'enluminure insulaire. Un évangéliaire d'Echternach montre que dans ce couvent, scribes et enluministes irlandais et mérovingiens coopèrent.

L'enluminure insulaire

Les enluminures du Codex aureus de Stockholm (Canterbury, milieu du VIIIe siècle) sont inhabituelles pour le style insulaire et anticipent sur l'école de la cour de Charlemagne.

Jusqu'à la renaissance carolingienne, les îles Britanniques sont le lieu de refuge de l'héritage romain-chrétien primitif, qui y produisent, par mélange avec des éléments celtiques et germaniques un style insulaire propre. Par son expression plus vigoureuse, privilégiant l'ornementation, et restant strictement à deux dimensions, il s'oppose par son antinaturalisme à la langue des formes antiques[21]. Ce n’est qu'exceptionnellement que les enluminures insulaires reprennent des éléments de formes classiques, comme le codex Amiatinus (Angleterre méridionale, vers 700), ou le codex aureus de Stockholm (Canterbury, milieu du VIIIe siècle)

Évangéliaire illustré par des moines irlandais au VIIIe siècle dans le monastère franconien de St Gall.

Par la mission venant d'Irlande et d'Angleterre méridionale (Colomban de Luxeuil), le continent européen est fortemement marqué par la culture conventuelle insulaire. Des moines irlandais fondent aux VIe et VIIe siècles dans toute la France, l'Allemagne, et même en Italie des abbayes, les soi-disantes abbayes écossaises. Celles-ci comprennent en particulier Annegray, Luxeuil, St Gall, Fulda, Würzburg, St Emmeran à Ratisbonne, Trèves, Echternach et Bobbio. Aux VIIIe et IXe siècles vient une autre vague missionnaire anglo-saxonne. Par cette voie parviennent sur le continent de nombreux manuscrits enluminés, qui exercent une forte influence sur les styles locaux, surtout dans l'écriture et dans l'ornementation. Alors qu'en Irlande et Angleterre, la production de livres s'effondre largement, en raison des invasions des Vikings à la fin du VIIIe siècle, la production d'enluminures dans le style insulaire se poursuit pendant quelques décennies sur le continent. À côté des travaux de cour carolingiens, cette branche de tradition se maintient, et marque dans la deuxième moitié du IXe siècle l’école franco-saxonne : les écoles de cour reprennent des éléments de l'enluminure insulaire, et surtout la page de titre.

Héritage de l'Antiquité

Portrait de Térence, l'auteur. Copie carolingienne d'un modèle antique (Lotharingie, peut-être Aix-la-Chapelle, vers 825).

Le retour à l'Antiquité est par excellence la caractéristique de l’art carolingien. L'adaptation programmatique à l’art antique s'oriente de façon systématique vers l'empire romain tardif, se coule dans l'idée fondamentale de renovatio imperii romani (Rénovation ou refondation de l'Empire romain), en se posant comme héritier de l’Empire romain dans tous les domaines. Les arts s'adaptent comme parties essentielles du courant de la renaissance carolingienne.

Pour accueillir l'art antique, il est très important d'étudier les œuvres originales, qui sont encore conservées en grand nombre à Rome. Pour les artistes et les érudits du nord, qui ne connaissaient pas l'Italie de première main, les œuvres d’enluminure paléo-chrétienne jouent un rôle d'intermédiaire important, car à côté de la petite sculpture, seul le livre pénètre immmédiatement dans les ateliers et les bibliothèques au nord des Alpes. Il est possible de démontrer que le scriptorium de Tours avait aussi des originaux antiques comme modèles. C'est ainsi que des peintures du Vergilius Vaticanus se trouvaient en possession de la bibliothèque de Tours : elles ont été décalquées et se retrouvent dans des Bibles[22]. D'autres manuscrits en possession de bibliothèques importantes étaient la Genèse de Cotton et la Bible Leo du Ve siècle[23]. Beaucoup de livres illustrés de l'Antiquité ne nous sont plus accessibles que par ces copies carolingiennes.

Byzance

Les quatre Évangélistes dans l’Évangéliaire du Trésor enluminé par des artistes italo-byzantins (Aix-la-Chapelle, début du IXe siècle).

Outre les œuvres originales, l'art byzantin a transmis l'héritage antique, en poursuivant une production selon une tradition très continue. Cependant la querelle des images, qui mine entre 726 et 843 le culte des images religieuses, et attire une vague de destructions de ces images, provoque une large coupure dans la continuité de la tradition. Byzance possède avec l’exarchat de Ravenne une solide tête de pont en Occident, jusqu'au VIIIe siècle. Les artistes qui se sont enfuis de Byzance devant la répression suivant l'interdiction des images se mettent à travailler aussi pour l'art romain[20]. Charlemagne attire des artistes de cette Italie marquée par Byzance, pour créer les œuvres de ce qu'on appelle l'école du Palais.

Italie

L'Italie n'a pas été importante uniquement comme transmetteur de l'art classique et de celui de Byzance. Rome voit un mouvement très marqué de rénovation, qui est en rapport avec la renaissance carolingienne française[24]. Pour son rôle de protecteur de la papauté, le royaume des Francs se maintient très proche de Rome, qui malgré son déclin depuis l'époque des invasions barbares apparaît toujours comme le caput mundi, la tête du monde. Dans les années 774, 780/781 et à l'occasion de son couronnement comme empereur en 800, Charlemagne lui-même y séjourne un certain temps.

Après la conquête en 774 de la Lombardie par Charlemagne, de riches courants culturels en sortent vers le nord. Les enluminures de l'école de la cour de Charlemagne montrent des similitudes avec les travaux lombards, et déjà les nouvelles idées des rois francs pour commander des manuscrits de prestige pourraient être ramenées à des exemples de la cour de Pavie, alors capitale lombarde[25].

Développement de l'enluminure carolingienne

Il n'y a pas de style carolingien unitaire. À la place se sont formées trois branches, qui remontent à des écoles d'enluminure très différentes. Deux écoles sont rattachées à la cour de Charlemagne à Aix-la-Chapelle vers 800 : l'école de la cour et l'école du Palais. Sur cette base se développent des styles d'ateliers marqués, avant tout à Reims, Metz et Tours, qui ne restent productifs guère plus que deux décennies. Ils dépendent fortement de la tradition du scriptorium associé, du contenu et de la qualité de la bibliothèque déjà présente, ainsi que de la personnalité du mécène. Un troisième style, largement indépendant de celui des écoles de cour, perpétue l'enluminure insulaire sous le nom d’école franco-saxonne, qui domine l'enluminure vers la fin du IXe siècle.

Les deux écoles de la cour de Charlemagne ont en commun une contradiction directe avec le langage de l'antiquité, ainsi qu'une recherche sans précédent de la clarté de la mise en page de l'enluminure. Autant les enluminures insulaire et mérovingienne privilégient les arabesques abstraites et les animaux schématisés, autant l'enluminure carolingienne reprend les ornements classiques de l’ove, de la palmette, des pampres et de la feuille d’acanthe. Dans l’enluminure figurative, les artistes s'efforcent de donner une représentation compréhensible de l'anatomie et de la physiologie, du relief des corps et des espaces, ainsi que des effets de lumière sur les surfaces. C'est surtout cet élément de vraisemblance qui domine les écoles précédentes, dont les représentations du monde réel, à l'opposé de leurs images abstraites, sont « insatisfaisantes », pour ne pas dire ridicules[26].

La mise en ordre claire de l’enluminure n’est qu'une partie de la réforme carolingienne de l'art du manuscrit. Elle fait un tout avec le soin de la rédaction d'éditions modèles des livres bibliques, ainsi que la mise au point d'une écriture unifiée et claire, la minuscule caroline. De plus, tout le canon des écritures antiques est repris, avant tout comme élément de segmentation du texte et d'ornementation : par exemple l’onciale et la demi-onciale.

Types de livres illustrés et de motifs iconographiques

Par la mise en relation entre le texte et l'image, le livre devient un instrument de diffusion de la pensée de la renaissance dans l'Empire. Au centre des efforts de renouveau, pour une uniformisation de la liturgie, se tient l’évangéliaire. Le psautier est le premier type de livre de prières. Environ au milieu du IXe siècle, le spectre des livres illustrés s'élargit à la Bible intégrale et au sacramentaire. L'exécution de ces livres liturgiques, par l’admonitio generalis de 789 est explicitement confiée à des mains expérimentées : perfectae aetatis homines[27].

L'Évangéliste Matthieu dans l’Évangéliaire du Couronnement (Aix-la-Chapelle, peu avant 800).

L'ornement majeur des évangéliaires est la représentation des quatre Évangélistes. Le Christ en gloire, image du Christ sur son trône, n'est que rarement représenté au début. Les images de Marie ou d'autres saints n'apparaissent guère pendant toute la période carolingienne. En 794, le synode de Francfort avait étudié l’iconoclasme byzantin, et interdit l'iconodulie, mais donné à l'enluminure la tâche de l'enseignement et de l'instruction. La position officielle des milieux entourant Charlemagne à ce sujet est illustrée par les Libri Carolini (en), dont l'auteur est sans doute Théodulf d'Orléans[28]. Une des premières représentations du Christ en gloire date de 781/783, soit quelques années avant cette prise de position, dans l'Évangile de Godescalc. Après qu'un synode franc eut relâché en 825 ces prescriptions, la gamme des thèmes dignes d'illustrations s'élargit surtout dans les écoles de Metz et de Tours[29]. Depuis le milieu du IXe siècle, le motif du Christ en gloire devient un motif central, surtout dans les évangéliaires et Bibles de Tours[30], et appartient maintenant, avec les images des Évangélistes, à un cycle iconologique stable. Dans l'Évangile de Godescalc apparaît pour la première fois le motif de la Fontaine de jouvence, qui est repris dans l'Évangéliaire de St Médard de Soissons. Un nouveau motif est l’adoration de l'Agneau pascal. Une partie constante de l'évangéliaire est les tables canoniques, texte du canon de la messe encadré par des arcades. L'école de la cour de Charlemagne se distingue en les plaçant sur une architecture de trône, qui manque dans les écoles de Reims et de Tours. Les enlumineurs ont repris la page de titre des enlumineurs insulaires.

Représentation de Charles le Chauve dans la Bible de Vivien : au-dessus de lui la main divine (Tours, 845/846).

Depuis l'époque de Louis le Pieux, un motif central est un portrait du roi, qui appparaît avant tout dans les manuscrits de Tours. Compte tenu du programme de prise de possession de l’héritage romain, dans la direction d'une rénovation, et ainsi d'une légitimation de la royauté, ce motif acquiert une importance particulière. Par comparaison de ces images avec les descriptions dans la littérature contemporaine, comme la Vita Karoli Magni d'Éginhard ou la Gesta Hludowici de Thégan, on peut conclure qu'il s'agit de portraits typologiques dans l'esprit et selon l’exemple des portraits impériaux romains, enrichis en éléments de portrait réalistes[31]. Le caractère sacré de la dignité impériale est thématisé dans presque toutes les images carolingiennes de l’empereur, qui apparaissent ainsi surtout dans les livres liturgiques. Souvent la Main de Dieu appparaît au-dessus de l'empereur. L'illustration la plus indubitable est la connotation sacrée d'une enluminure représentant Louis le Pieux auréolé, portant la croix, comme illustration de De laudibus sanctae crucis de Raban Maur[2].

Représentation de Céphée dans le manuscrit Aratea de Leyde.

À côté des livres liturgiques, peu de livres laïcs sont illustrés, parmi lesquels des copies de catalogues de constellations de l'Antiquité tardive jouent un rôle important. Parmi ceux-ci émerge un Aratea de Leyde de 830-840, qui a été recopié plusieurs fois ultérieurement. Le Physiologus de Berne (Reims, 825-850) est le manuscrit illustré de sciences naturelles le plus important des Physiologus. Un livre d'enseignement important pour le Moyen Âge est l'œuvre de Boèce De institutione arithmetica Libri II, enluminé vers 840 à Tours pour Charles le Chauve[32]. Parmi les œuvres de littérature classique il faut mentionner en particulier des manuscrits de comédies de Térence, réalisés en 825 en Lotharingie[4] ainsi que dans la deuxième moitié du IXe siècle à Reims[33], ainsi qu'un manuscrit de poèmes de Prudence[34], qui pourrait provenir de l'abbaye de Reichenau et être enluminé au troisième tiers du IXe siècle.

Les scènes de la vie de tous les jours sont particulièrement nombreuses dans les livres de Psaumes, comme dans celui d'Utrecht, dans le psautier de Stuttgart, le psautier doré de St Gall. D'autres livres, comme un martyrologe de Wandalbert de Prüm[35] (Reichenau, troisième quart du IXe siècle) présentent occasionnellement des images des mois, avec les activités paysannes au cours de l'année, des images de dédicace, ou des représentations de moines en train d'écrire. Mais les livres historiographiques ou juridiques n'ont pas l'honneur de l'enluminure. La littérature en langage populaire, qui n'est qu'à peine codifiée, n'est de loin pas digne d'une enluminure. Ceci est vrai même pour les poèmes bibliques ambitieux comme le livre des évangiles d'Otfried de Wissembourg.

L'enluminure à l'époque de Charlemagne

L'Évangéliste Marc dans l'Évangéliaire de Lorsch (Aix-la-Chapelle, vers 810).

La culture mérovingienne du livre très influencée par l'illustration insulaire se perpétue telle quelle au changement de dynastie des souverains franciques. Ceci change brutalement à la fin du VIIIe siècle, quand Charlemagne (règne de 768 à 814) réunit les plus grands esprits de son temps à sa cour d'Aix-la-Chapelle, en vue de réformer toute la vie intellectuelle. Après son voyage en Italie de 780/781, Charlemagne nomme directeur de l'école de la cour le britannique Alcuin, qu'il a connu à Parme, et qui a auparavant dirigé l'école d'York. D'autres savants à la cour de Charlemagne sont Paul Diacre, ou Théodulf d'Orléans, qui enseignent aussi les enfants de Charlemagne ainsi que les jeunes nobles de la cour. Beaucoup de ces savants, après quelques années, sont nommés abbés ou évêques en des endroits importants de France, car l'idée de la restauration est liée avec la volonté de faire rayonner les performances spirituelles de la cour vers l'ensemble de l'empire. C'est ainsi que Théodulf est nommé évêque d'Orléans, Alcuin en 796 évêque de Tours. Après lui, c'est Éginhard qui prend la direction de l'école de la cour.

Vers 800 se créent à la cour de Charlemagne deux groupes très différents de manuscrits de prestige pour l'usage liturgique dans les grandes abbayes et les sièges épiscopaux. Ces deux groupes sont désignés soit par leurs œuvres majeures : « groupe d'Ada » et « groupe de l'Évangéliaire du Couronnement de Vienne », soit respectivement « école de la cour » et « école du Palais » de Charlemagne. Les textes des manuscrits sont en étroite ressemblance, mais les enluminures n'ont aucune parenté stylistique. Le rapport entre les deux écoles est donc débattu depuis longtemps. Pour le groupe de l'Évangéliaire du Couronnement de Vienne, on a maintes fois suggéré un autre mécène que Charlemagne[22], mais les indices sont néanmoins en faveur d'une localisation à la cour d'Aix-la-Chapelle[36].

Le groupe d'Ada ou école de la cour

Représentation du Christ en gloire dans l'Évangile de Godescalc (probablement Aix-la-Chapelle, 781/783).

Le premier manuscrit de prestige que Charlemagne commande entre 781 et 183, soit immédiatement après son voyage à Rome, est l'Évangile de Godescalc, nommé d'après son scribe. Il est possible que cette œuvre ne soit pas encore exécutée à Aix-la-Chapelle, mais dans la ville palatine de Worms[17] La grande page initiale, les lettres ornées et une partie de l'ornementation sont du style insulaire, rien ne rappelle le style mérovingien. La nouveauté est constituée par l'écriture, ainsi que dans l'enluminure par des éléments d'ornement empruntés à l'Antiquité, motifs plastiques et figuratifs. Les enluminures en pleine page – le Christ en gloire, les quatre Évangélistes et la Fontaine de jouvence – tendent vers un réalisme des corps et une liaison logique avec l'espace environnant, et ceci constituera une base stylistique pour les œuvres ultérieures de l'école de la cour. Le texte est écrit à l'encre d'or et d'argent sur un parchemin pourpré.

Ce qu'il y a de commun aux manuscrits du groupe d'Ada, qui se trouve alors certainement à la cour d'Aix-la-Chapelle, est une distinction consciente d'avec l'héritage de l'Antiquité, ainsi qu'un programme graphique cohérent. Ils s'orientent ainsi probablement de préférence vers les modèles de l'antiquité tardive de Ravenne[37]. À côté de cadres splendides d'architecture ornée de pierres précieuses imitant des arcades, des pages initiales ornées dans le style insulaire, la composition présente des images des Évangélistes en grand format, ce qui sera la base de beaucoup de variations des manuscrits du groupe. Pour la première fois depuis l'époque romaine, les corps, habillés de vêtements amples et riches, montrent leur forme, prennent une nouvelle corpulence, et l'espace reprend ses trois dimensions[38]. Les images ont une certaine horreur du vide, et des paysages de trônes remplissent les pages autour des quatre Évangélistes.

L'Évangéliste Matthieu dans les Évangiles d'Ada (Aix-la-Chapelle, vers 800).

Vers 790 paraissent la première partie du manuscrit d'Ada, et un Évangéliaire de St Martin des Champs. Il s'ensuit le Psautier de Dagulf nommé d'après son scribe, vers 795, qui a été commandé par Charlemagne lui-même, selon le poème de dédicace, et qui est destiné à une offrande au pape Adrien Ier. Avant la fin du VIIIe siècle, on compte l’Évangéliaire d'Abbeville et celui de Londres[39], vers 800, l'Évangéliaire de St Médard de Soissons, ainsi que la deuxième partie du manuscrit d'Ada, et en 810, l'Évangéliaire de Lorsch. Un fragment d'un évangéliaire à Londres[40] clôt la liste des manuscrits enluminés de l'école de la cour. Elle paraît se disperser après la mort de Charlemagne[28]. Et son influence jusqu'alors si puissante sur l'enluminure ne paraît laisser que peu de traces dans les décennies suivantes[28]. On ne peut en trouver qu'à Fulda, à Mayence, à Salzbourg, dans les environs de St Denis, ainsi que quelques scriptoriums franciques du nord-est[16].

Le groupe de l'Évangéliaire du Couronnement de Vienne, ou école du Palais

L'Évangéliste Jean dans l’Évangéliaire du Couronnement (Aix-la-Chapelle, peu avant 800).

Un deuxième groupe de manuscrits, d'origine localisée aussi à Aix-la-Chapelle[29], mais clairement distinct du groupe d'enluminures de la cour, reste plutôt dans la tradition hellénistique-byzantine, et se regroupe autour de l’Évangéliaire du Couronnement de Vienne. Il est fondé vers 800. Selon la légende, c'est l'empereur Otton III du Saint Empire Romain Germanique qui aurait trouvé ce manuscrit de prestige au moment de l'ouverture du tombeau de Charlemagne en 1000. Depuis, ce manuscrit des plus importants sur le plan artistique, fait partie du Trésor impérial, et les empereurs et rois allemands prêtent leur serment de couronnement sur cet Évangéliaire. Les manuscrits du groupe de l'Évangéliaire du Couronnement de Vienne proviennent de l'école du Palais, et non de l'école de la cour de Charlemagne. Trois autres manuscrits connus appartiennent à ce groupe : l’Évangéliaire de la salle du trésor, l’Évangéliaire de Xanten, un évangéliaire d'Aix-la-Chapelle[41], qui remontent tous au début du IXe siècle.

Évangéliste dans l’Évangéliaire de Xanten, (Aix-la-Chapelle, début du IXe siècle).

Les manuscrits du groupe de l'Évangéliaire du Couronnement de Vienne n'ont pas de prédécesseurs de leur temps en Europe du nord. La virtuosité sans effort avec laquelle les formes de l'antiquité tardive sont réalisées doit avoir été apprise par les artistes à Byzance, peut-être en Italie[29]. Par comparaison avec le groupe d'Ada de l'école de la cour, il leur manque en particulier l'horreur du vide. Les personnages des Évangélistes, animés par des élans dynamiques, sont représentés dans la position des philosophes antiques. Leurs corps modelés avec force, leurs paysages aérés et lumineux, leurs personnifications mythologiques et autres motifs classiques donnent aux œuvres le caractère atmosphérique et illusionniste de la peinture hellénistique.

À l'époque de Charlemagne, l'école du Palais est un cas relativement particulier de l'enluminure, qui reste dans l'ombre de l'école de la cour[29]. Après la mort de Charlemagne, c'est plutôt cette école de peinture qui prendra une influence bien plus forte que l'école d'Ada sur l'enluminure carolingienne.

L'enluminure à l'époque de Louis le Pieux

Évangéliaire d'Ebbon : l'Évangéliste Matthieu (Reims, entre 816 et 835).

Après la mort de Charlemagne, sous le règne de Louis le Pieux (règne de 814 à 840), l'art de la cour se déplace vers Reims, où dans les années 820 et le début des années 830, sous l'archevêque Ebbon de Reims, on apprécie surtout l'Évangéliaire du Couronnement de Vienne. Avant sa nomination à Reims en 816, Ebbon a été considéré comme le « bibliothécaire de la cour » d'Aix-la-Chapelle[42], et il apporte l'héritage de la renaissance carolingienne. Les enlumineurs rémois enracinés dans une autre tradition graphique transforment le style de toute manière déjà vivant de l'école du Palais en un style de dessin expressif, avec des lignes en tourbillons nerveux et des personnages dans une extase agitée. Les images à grands traits épais et déchiquetés montrent le plus grand éloignement possible de la construction tranquille de l'école de la cour. À Reims et dans l'abbaye d'Hautvillers proche émergent comme chefs-d'œuvre vers 825 l'Évangéliaire d'Ebbon, et peut-être du même artiste l'extraordinaire Psautier d'Utrecht, illustré en noir et blanc avec des dessins à la plume, ainsi que le Physiologus de Berne et l'Évangéliaire de Blois[43]. Les 166 illustrations du Psautier d'Utrecht présentent, à côté des illustrations paraphrasant les psaumes, de nombreuses scènes de la vie de tous les jours.

Illustration de psaumes dans le Psautier d'Utrecht (Reims, vers 825).

À côté de la cour impériale réapparaissent peu à peu les grands monastères et sièges épiscopaux de l'Empire avec des scriptoriums puissants. Alcuin, précédemment conseiller religieux et culturel de Charlemagne, est délégué abbé à St Martin de Tours, pour porter les idées de la renaissance dans cette ville importante de l'Empire. Sous l'influence critique d'Alcuin, le scriptorium fleurit, mais au début, l'enluminure manque aux manuscrits. On ne la trouvera en quantité que sous ses successeurs. Dans la querelle des images, Alcuin est évidemment critique envers les représentations de personnages[23], si bien que les Bibles faites sous son autorité sont ornées uniquement avec de remarquables tables canoniques, comme la Bible d'Alcuin[44].

Initiale C dans le Sacramentaire de Drogon (Metz, 842).

Sous l'archevêque Drogon de Metz (823–855), un bâtard de Charlemagne, l'école de Metz s'associe à l'école de la cour. Le sacramentaire de Drogon est le chef-d'œuvre de cet atelier, dont les travaux conservés comprennent un manuel de calcul astronomique[45]. La contribution originale de l'école de Metz est l'initiale historiée, une lettre ornée peuplée de représentations scéniques, qui deviendra l'élément le plus original de toute l'enluminure médiévale.

Les écoles de cour de Charles le Chauve et de Lothaire

Charles le Chauve dans le Codex aureus de St Emmeran (probablement St Denis, vers 870).

Après la partition de l'Empire carolingien au traité de Verdun en 843, l'enluminure carolingienne atteint son apogée, autour du roi maintenant de Francie occidentale Charles le Chauve (roi de 840 à 877, empereur de 875 à 877). Le directeur de l'école de la cour de Charles le Chauve est Johannes Scotus Eriugena, qui formule la théorie artistique destinée à orienter les concepts esthétiques de l'ensemble du Moyen Âge. C'est l'abbaye de Tours qui prend la tête de l'enluminure, sous l'abbé Adalhard (834–843) et le comte Vivien (844–851). À partir d'environ 840, des Bibles complètes illustrées de format géant voient le jour, destinées en particulier aux fondations de nouveaux monastères, et parmi elles, la Bible de Moutier-Grandval (vers 840) et la Bible de Vivien (846). Après la paix entre les fils de Charlemagne, l'abbaye resserre les liens avec Lothaire. L'école de Tours atteint son apogée artistique avec l’Évangéliaire de Lothaire. L'atelier de Tours est sous l'influence directe et puissante de l'école de Reims. Le scriptorium de Tours est le seul, dans toute l'ère carolingienne, qui soit resté productif sur plusieurs générations, mais sa destruction par les Normands en 853 achève sa prospérité.

On peut considérer Tours comme le siège de l'école de la cour de Charles le Chauve, mais après la destruction du monastère, c'est vraisemblablement la basilique de St Denis près de Paris qui reprend ce rôle[30]. Charles le Chauve y est nommé abbé laïc en 867. De l'époque d'après 850 proviennent certains manuscrits particulièrement richement ornés, comme le Psautier de Charles le Chauve (après 869) et un fragment du sacramentaire de Charles le Chauve. Les manuscrits somptueux sont le codex aureus de St Emmeran, qui est enluminé vers 870 sur commande de Charles le Chauve et vers la même époque la Bible de St Paul, écrite en encre d'or sur fond pourpre, avec 24 enluminures en pleine page et 36 pages initiales ornées.

L'école de la cour de Lothaire s'est probablement établie à Aix-la-Chapelle[46]. Elle reprend le style de l'école du Palais de Charlemagne, et maintient apparemment des liens étroits avec le scriptorium de Reims, comme le montre l’Évangéliaire de Kleve.

L'enluminure hors des écoles de cour

Initiale d'un psautier de Corbie (vers 800). Amiens, Bibliothèque Municipale

Tandis que les illustrations les plus importantes ont vu le jour dans les cours carolingiennes ou dans des abbayes ou sièges épiscopaux étroitement liés avec la cour, beaucoup d'ateliers monacaux cultivent leurs propres traditions, marquées en partie par l'enluminure insulaire, ou même le style mérovingien. Dans certains cas, cela conduit à des réalisations originales.

L'art du livre de l'abbaye de Corbie a déjà joué un rôle important pour l'enluminure à l'ère mérovingienne, et l'écriture de cette abbaye est censée avoir été la base de la minuscule caroline. On remarque un psautier de Corbie[47] (vers 800), dont les initiales ornées n'ont rien à voir avec celles de l'enluminure insulaire, mais qui anticipent sur l’enluminure romane. Dès vers 788 voit le jour à l’abbaye du Mondsee le Psautier de Montpellier, richement décoré, qui est probablement réalisé pour un membre de la famille ducale de Bavière.

Un cas particulier est formé par les Bibles et les évangéliaires, qui ont été écrits au premier quart du IXe siècle sous la direction de l'évêque Théodulf d'Orléans. Théodulf est, à côté d'Alcuin, le grand théologien de la cour de Charlemagne, et vraisemblablement l'auteur des Libri Carolini. Il est encore plus porté à l'iconoclasme qu'Alcuin, si bien que les codex de son scriptorium[48], sont certes des manuscrits de prix écrits d'encre d'or et d'argent sur fond pourpre, mais l'ornementation s'y limite à des tables canoniques. Un évangéliaire de l'abbaye de Fleury[49], qui dépend du diocèse d'Orléans, contient à côté de 15 tables canoniques uniquement une enluminure avec les symboles des Évangélistes.

Illustration pour De Laudibus Sanctae Crucis de Raban Maur (Fulda, vers 840)[2].

L'école de Fulda est apparemment une des rares dans la succession de l'école de la cour d'Aix-la-Chapelle[28]. Cette dépendance paraît dans l’Évangéliaire de Fulda à Würzburg[50] du milieu du IXe siècle. Mais en outre, elle fait aussi des emprunts à des modèles grecs, comme la silhouette auréolée de Louis le Pieux dans une copie du De Laudibus Sanctae Crucis[2] de Raban Maur : poème en image, complètement entouré de texte, qui prend exemple sur des représentations de Constantin le Grand[51]. Raban Maur, un élève d'Alcuin, est jusqu'en 842 abbé de l'abbaye de Fulda.

Le passage à l'art ottonien

Le Psautier doré de St Gall (2e moitié du IXe siècle, avant 883) est le manuscrit le plus célèbre de l'école de St Gall.

Après la mort de Charles le Chauve en 877 commence pour l'art graphique une époque infructueuse pour environ un siècle. L'enluminure ne survit que dans les abbayes – la plupart du temps à un niveau modeste – et les cours des seigneurs carolingiens ne jouent plus aucun rôle. Avec le changement des rapports de force, les monastères de la Francie orientale prennent une importance croissante. Surtout le style des initiales de l'abbaye de St Gall, mais aussi les enluminures des abbayes de Fulda et de Corvey prennent un rôle d'intermédiaire vers l’enluminure ottonienne. D’autres centres monacaux de Francie orientale sont les scriptoriums de Lorsch, de St Emmeran à Ratisbonne, de Würzburg, du Mondsee, de Reichenau, de Mayence et de Salzbourg. C'est surtout ceux à proximité des Alpes qui entretiennent des échanges artistiques étroits avec l'Italie du nord.

Page initiale IN PRINCIPIO de la deuxième Bible de Charles le Chauve (St Amand, entre 871 et 873).
Le Christ en gloire du sacramentaire de Petershausen (Reichenau, vers 970) est une copie de l'original du Christ en gloire dans l’Évangéliaire de Lorsch (Aix-la-Chapelle, vers 810).

Dans ce qui constitue aujourd'hui la France du nord, se développent de manière renforcée à partir de la seconde moitié du IXe siècle l'école franco-saxonne (pour franco-anglo-saxonne), dont la beauté des livres reste largement limitée à l'ornementation, en revenant à l'enluminure insulaire. Un rôle précurseur est joué par l'abbaye de St Amand ; en outre apparaissent dans ce mouvement les abbayes de St Vaast à Arras, de St Omer et de St Bertin. Un exemple précoce de ce style est le Psautier de St Omer, écrit dans le deuxième quart du IXe siècle pour Louis le Germanique. Le manuscrit le plus important de l'école franco-saxonne est la deuxième Bible de Charles le Chauve, qui voit le jour entre 871 et 873 dans le couvent de St Amand.

Ce n'est que vers 970 que prend place dans l'enluminure un style nouveau, de forme bien changée, sous les nouveaux augures de la maison seigneuriale maintenant saxonne[52]. L'art ottonien sera désigné, par analogie avec la carolingienne, « renaissance ottonienne », mais celle-ci ne s'appuie presque pas directement sur les modèles antiques. Bien plus, elle s'appuie sur l'enluminure carolingienne, influencée par l'art byzantin. C'est ainsi que se développe l’enluminure ottonienne, un langage marqué de formes propres et homogènes. Elle débute néanmoins sur des adaptations d'œuvres carolingiennes. C'est ainsi qu'à la fin du Xe siècle, dans l'abbaye de Reichenau, le Christ en gloire de l'Évangéliaire de Lorsch a été exactement recopié, en réduction, sur le sacramentaire de Petershausen et le codex de Gero.

Notes et références

  1. a, b et c Kluckert 2007
  2. a, b, c et d Österreichische Nationalbibliothek, Cod. 652, Vienne, cf.Mütherich et Gaehde 1979, p. 54–55
  3. Rome, Vallicelliana.
  4. a et b Rome, Vaticana, Vat. lat. 3868, cf. Stiegemann et Wemhoff 1999, t.2, p.719–722
  5. Vita Aegili II c. 17, 131–137
  6. (de) Christine Ineichen-Eder, « Künstlerische und literarische Tätigkeit des Candidus-Brun von Fulda. », dans Fuldaer Geschichtsblätter, 1980, p. 201-217 
  7. Fillitz 1990, p. 25
  8. Walther et Wolf 2005, p. 98
  9. Jakobi-Mirwald 2004, p. 149
  10. Riché 1981, p. 249
  11. a et b Riché 1981, p. 251
  12. Walther 1995, p. 47
  13. a et b Riché 1991, p. 393
  14. Grimme 1988, p. 34
  15. Jakobi-Mirwald 2004, p. 215
  16. a et b Mütherich 1999, p. 564
  17. a et b Mütherich 1999, p. 561
  18. Bering 2002, p. 219
  19. (de) Magnus Backes et Regine Dölling, Die Geburt Europas, München, Naturalis Verlag, p. 96 
  20. a et b Panofsky 1990, p. 58
  21. Panofsky 1990, p. 60
  22. a et b Jakobi-Mirwald 2004, p. 239
  23. a et b Bering 2002, p. 137
  24. Bering 2002, p. 110
  25. (de)John Mitchell : Charlemagne, Rome et le testament des Lombards, cf. Stiegemann et Wemhoff 1999, t.2 p.104
  26. Panofsky 1990, p. 62
  27. (la) Georg Heinrich Pertz, « Capitularia regum Francorum 1 », dans Monumenta Germaniae Historica 3, Leges in folio 1., Hannover, 1991 (1re éd. 1835) (ISBN 3-7772-6505-5), p. 53–62 
  28. a, b, c et d Holländer 1993, p. 248
  29. a, b, c et d Holländer 1993, p. 249
  30. a et b Holländer 1993, p. 253
  31. Laudage, Hageneier et Leiverkus 2006
  32. Bamberg, Staatsbibliothek, Msc.Class.5. cf. Stiegemann et Wemhoff 1999, t.2, p.725–727
  33. Paris, Bibliothèque Nationale, Lat. 7899. cf. Mütherich et Gaehde 1979, p. 26–27
  34. Bern, Burgerbibliothek, Cod. 264. cf. Mütherich et Gaehde 1979, p. 28–29
  35. Rome, Vaticana, Reg. lat. 438. cf. Musée archiépiscopal de Cologne 1992, p. 82–83
  36. Voir p.ex. Fillitz 1990, p. 22
  37. Jakobi-Mirwald 2004, p. 238
  38. Bierbrauer et coll. 1983, col. 842
  39. London, British Library, Harley Ms. 2788.
  40. London, British Library, Cotton Clausius B. V.
  41. Brescia, Biblioteca Queriniana, Ms. E. II.9.
  42. Grimme 1988, p. 45
  43. Paris, Bibliothèque Nationale, Lat. 265.
  44. Monza, Bibl. Capitolare, Co. G. I.
  45. Madrid, Biblioteca Nacional, Cod. 3307. cf. Mütherich et Gaehde 1979, p. 88–89
  46. Bering 2002, p. 134
  47. Amiens, Bibliothèque Municipale, Ms. 18. cf. Fillitz 1990, p. 34 et Stiegemann et Wemhoff 1999, p. 811–812
  48. Bible de Théodulf d'Orléans, Paris, Bibliothèque Nationale Lat. 9380 ; trésor de la cathédrale du Puy-en-Velay, Manuscrit du Puy ; Bibliothèque Municipale de Tours, Évangéliaire de Tours, Ms. 22 ; Berne, Burgerbibliothek, Évangéliaire de Fleury, Cod. 348. cf. Bering 2002, p. 135
  49. Berne, Burgerbibliothek, Cod. 348. cf. Mütherich et Gaehde 1979, p. 52–53
  50. Würzburg, Universitätsbibliothek, Mp. theol. fol. 66
  51. Grimme 1988, p. 53
  52. Panofsky 1990, p. 64

Annexes

Bibliographie

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