Carmel de la place Maubert

Carmel de la place Maubert

48°50′57″N 2°21′1″E / 48.84917, 2.35028

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Le carmel de la place Maubert, ou Monasterium de Mariae de Monte-Carmelo ou «  Grand Couvent », « Couvent des Barrés » était un couvent de Grands-Carmes (ancienne Observance) situé à côté de la place Maubert sur un emplacement occupé aujourd'hui par le Commissariat de police du 5e arrondissement de Paris, en bas de la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève.

Sommaire

Historique

En 1256, à la fin de de la première croisade, saint Louis revint en France avec six ermites carmes du Mont-Carmel qui s'installèrent sur les Quais de la Seine, en une maison près du port Saint-Paul où ils furent remplacés par les Célestins. En 1309, ces religieux obtinrent de Philippe le Bel une maison située dans la rue de la Montagne Sainte-Geneviève, la Maison du Lion. Puis le pape Clément V autorisa en 1305 ces religieux du Mont-Carmel à élever un monastère en rapport avec leur communauté. Ils firent bâtir une nouvelle chapelle en 1349 qu'ils transformèrent en église, les travaux étant financés par les deniers et les joyaux de la Reine Jeanne d'Evreux, près de la rue des Noyers et de la Place Maubert, qui était un gibet au XVIe siècle et servait de lieu d'exécution publique. La dédicace de cette église eu lieu le 16 mars 1353. Ils avaient une immense bibliothèque dont on a conservé le catalogue. En 1386, les Carmes agrandirent leur couvent en y ajoutant le Collège de Laon installé aussi Maison de Lion. Jean Soreth fut un illustre prieur de ce couvent et Jean de Saint-Samson aveugle, y fut religieux au début de sa vie au Carmel, lorsqu'il prit l'habit des carmes après la rencontre du Frère Matthieu Pinault [1] , saint André Corsini y resta trois ans, qu'on appelait le Frère sourd aveugle et muet à cause de sa tenue exemplaire, son silence, son refus d'écouter les nouvelles et la modestie de ses yeux [2] enfin, Sébastien Truchet inventeur français de renom et religieux carme. Leurs manteaux étaient rayés de blanc et de brun (tannés).

En 1658, à 2h du matin la Prévôté avertie par le Père Abbé du Couvent, arrêta douze frères en flagrant délit de faire bombance en cachette, de nuit, en temps de Carême ou d'abstinence avec douze perdrix, jambons et pâtés, du vin et des victuailles en abondance. Ils furent condamnés à se retirer en d'autres couvents[3].

En 1790, ce couvent dit des Grands-Carmes fut fermé par la Convention, le couvent transformé en Manufacture de fusils [4]; et les Carmes relogés chez ceux de la rue rue de Vaugirard. Jacques-Bruno-Joseph Housey, le procureur général, devenu le citoyen Housey, fit une déclaration de revenus [5] et donna la recette de l' eau de mélisse à la Société des pharmaciens de Paris. Ce couvent ne sera démoli en 1811 lors de de la création du marché couvert de la place Maubert inauguré en 1819 et de la rue des Carmes. « Le marché actuel de la place Maubert sera transféré sur l'emplacement de l'ancien couvent des carmes, près de cette place, et dont, à cet effet, nous faisons don à notre bonne ville de Paris » (article 5 du décret de Napoléon)

Sa description

Chapitre et Cloître, Victor Jean Nicolle

Le portail de la vaste église des Carmes était orné de plusieurs statues de reines, notamment de celle de Jeanne d'Évreux, leur bienfaitrice.

De deux maisons qui furent données aux Carmes et d'une chapelle de la Vierge qui fut conservée, les Carmes de la place Maubert formèrent leur couvent. Ils prirent d'abord le nom de Frères de Notre-Dame des Carmes du Mont; ils se firent aussi appeler les Frères de Notre-Dame du Mont-Carmel. Toutes les pierreries données par Jeanne d'Évreux, troisième femme de Charles-le-Bel, servirent à la construction de l'église.

La chapelle de la Vierge, conservée dans le nouveau plan, défigurait l'édifice par sa position. Beaucoup de tableaux étaient relatifs à la Vierge. Six colonnes et autant de pilastres soutenaient une grande arcade qui servait de niche à une statue de la Vierge, placée sur un petit rocher, et qui tenait d'une main l'enfant Jésus, et de l'autre un petit scapulaire qu'elle présentait à Simon Stock à genoux à ses pieds. Le cintre de la niche était rempli par de petits anges qui portaient des banderoles, sur lesquelles on lisait des louanges en l'honneur de Marie. Au-dessus de la niche était un fronton dans le tympan duquel il y avait un cercle bleu où était écrit Decor Carmeli (gloire du Carmel). À côté du petit œuvre du scapulaire était la sacristie: on voyait au-dessus de la porte un tableau assez ancien, qui représentait la Vierge avec une couronne de marquis sur la tête, une robe rouge, un voile bleu semé d'étoiles et un scapulaire à la main.

On conservait dans cette sacristie plusieurs reliquaires précieux, entre autres une image d'argent de la Vierge tenant un enfant entre ses bras, et d'une main un petit vase de cristal contenant de son Saint-Lait, et de l'autre un vase de cristal où il y aurait eu des cheveux du Christ. Ce reliquaire avait été donné par Guy de Boulogne, évêque et cardinal, qui avait béni l'église. L'autre reliquaire, encore plus précieux, avait été donné aux Carmes en 1368, par la reine Blanche de Castille, veuve de Philippe VI. Il était d'or, enrichi de pierreries, et renfermait quelques-uns des clous qui avaient servi à la passion de J.-C.

Dans cette même église, il y avait une chapelle de Notre-Dame du Mont-Carmel, décorée d'une grande menuiserie à colonnes corinthiennes cannelées, assez bien exécutées. Le scapulaire y attirait un grand concours de peuple[6].

Intérieur : tombeau de Gilles Corrozet, libraire, qui, le premier, publia une description de la capitale de France  ; et les tombeaux du cardinal Michel Du Bec, mort à Avignon, en 1318, mais qui voulut que son corps fût transporté dans l'église des Carmes de Paris, et du père Félix Buhi, qui, en 1681, prouva par de solides raisonnements que le pape n'était ni infaillible, ni au-dessus des conciles. En 1784, un monument sépulcral fastueux fut aussi placé dans l'église élevé par M. Boullenois à la mémoire de M. Boullenois père, avocat et auteur du Traité de la personnalité et de la réalité des lois, Ce monument, placé dans cette église vingt-deux ans après la mort de celui dont il devait honorer la mémoire, fut fabriqué en Italie, et coûta plus de cent mille écus à la famille. C'était le tombeau le plus fastueux de Paris  : des matières précieuses, des marbres les plus rares, jaune et vert antiques, lapis-lazuli, des portraits en mosaïque, bronze, argent, furent employés. Il fut transféré en assez mauvais état au Cloître du Musée des Monuments français [7]

Les carmes montraient souvent une chaire de pierre pratiquée dans un des murs de leur cloître et racontaient que cette chaire avait servi à saint Albert le Grand, à saint Bonaventure et à saint Thomas d'Aquin pour enseigner à leurs nombreux élèves.

Le vêtement des Carmes

Leur vêtement rayé leur fit donner le nom de «  Barrés » ce qui donna aussi son nom à Porte des Barrés et la Rue des Barrés  : Un Graduel des Carmes de la Place Maubert représentait dans un miniature de l'Introït de la Messe de Noël Jésus et Marie vêtus en Carmes, avec chape blanche et scapulaire, montés sur un âne, fuyant en Égypte. Les Carmes lorsqu'ils passèrent d'Orient en Europe, portaient des chapes barrées de blanc et de couleur brune ( tannée ). Ce vêtement serait relatif au le manteau qu'Élie jeta à son disciple Elisée, lorsqu'il fut enlevé dans un char de feu, noirci dans ses parties extérieures, tandis que le dedans et ce qui se trouva renfermé dans les plis conservait sa blancheur naturelle. Ils quittèrent ces chapes bigarrées après le chapitre général tenu à Montpellier en 1287, et depuis cette époque ils portèrent une robe noire, avec un scapulaire et une capuche de même couleur, et par-dessus une ample chape et un camail de couleur blanche. Ils prirent le scapulaire, parce que cet habillement avait été montré quelques années auparavant, par la sainte Vierge, au bienheureux Simon Stock, leur sixième général. La confrérie du Scapulaire attirait bien du monde dans leur église [8]

Fontaine des Carmes de la place Maubert

Cette fontaine, construite d'abord près du couvent de ces religieux, fut détruite en 1674 et rebâtie ensuite au milieu de la place Maubert. Les deux vers latins qui lui servaient d'inscription étaient aussi de Jean Santeuil[9].

Qui tôt venales populo locus exhibet escas,

Hic prœbet faciles, ne sitis urat, aquas

Carrefour des Carmes

Place formée par la rencontre des rue de la Montagne Sainte-Geneviève, rue des Noyers, rue Saint-Victor et de rue de Bièvre, ainsi que de la place Maubert.

Marché des Carmes

Notes et références

  1. Henri Brémond Histoire du Sentiment religieux en France
  2. Annales des Carmes déchaussez de France... Louis de Sainte-Thérèse page 240.
  3. Histoire physique, civile et morale de Volume 1 Par Jacques-Antoine Dulaure page 43
  4. Une révolution à l'œuvre : le faubourg Saint-Marcel (1789-1794) Par Haim Burstin page 705
  5. 27 février 1790. Déclaration des revenus,rentes et fondations du couvent et collège royal des Grands-Carmes de la place Maubert, fournie par M. Jacques Imbert, prieur du couvent, et M. Jacques-Bruno-Joseph Housey, procureur, avec catalogue de la bibliothèque et état résumé des produits et charges. Les revenus s'élèvent à 34.661 livres 9 sols 10 deniers, savoir : i° 19.8601, loyers de plusieurs maisons ; 2° 2.1131 l6s 2d, produit des fermes de Chelles et de Puteaux ; 3° 9.1951 6S 2d, rentes sur le roi ; 4° 1.oi217s 6d, fondations ; 5° 2.4801, loyer des chaises de l'église et privilèges de bougies. Les charges s'élèvent à 10.5661 I7S 4d, savoir : i° 601 5S id pour rentes foncières ; 2° 2.4741 pour rentes viagères ; 3° 8.0321 12S 3d pour décimes, honoraires et réparations. Il est dû à la maison, en rentes sur le roi, loyers échus et autres, la somme de 19.2371 10s 3d ; mais elle doit à divers fournisseurs la somme 2.8231 Cité dans L'église de Paris pendant la révolution française, 1789-1801, Volume 1
  6. Le culte de la Sainte Vierge dans toute la catholicité ... Agnès Égron - 1842 page 340
  7. Histoire de Paris: composée sur un plan nouveau, Volume 5 Par Georges Touchard-Lafosse
  8. Image du Vêtement des grands Carmes Dans Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires
  9. Tableau historique et pittoresque de Paris: depuis les Gaulois - Page 631 Johannes de Sancto Victore

Annexes

  • Archives Nationales  : Carmes, place Maubert. 1318-1791. H5 3927 à 3929, L 927 et 928, LL 1489 et 1490, S 3734 à 3738.

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • [lire en ligne] Epitaphier du Vieux-Paris, source majeure.
  • [lire en ligne] Joyaux et Pierreries donnés par Jeanne d'Evreux aux Carmes Archives de l'art français: recueil de documents
  • [lire en ligne] Les Grands Carmes de Paris dans Abbayes, monastères et couvents de Paris Paul et Marie-Louise Biver.
  • [lire en ligne] Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, Volume 2 Par Jean Lebeuf

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