Jean de Saint-Samson

Jean de Saint-Samson
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Le Musicien Aveugle,Ciego tocando la zanfonía Georges de la Tour

Jean de Saint-Samson fut un religieux grand-carme de Dol et de Rennes, issu de la réforme du Carmel de Rennes dite aussi Réforme de Touraine.

Sommaire

Biographie

Jean du Moulin, en religion Jean de Saint-Samson (ou Joannes a Sancto Samsone, Jan de Sainct-Samson , 1571-1636) né à Sens-de-Bretagne le 29 décembre1571, de Pierre du Moulin , contrôleur des tailles , et Marie d'Aiz, dans une famille de trois enfants, devenu aveugle suite à un accident à l'âge de deux ans, mais d'après Albert le Grand dès le berceau suite à une petite vérole. Albert Le Grand (écrivain) en fait un adolescent mystique prédestiné et appelé à la sainteté dès l'enfance, d'autres biographes Brémond un mendiant aveugle, devenu mystique à partir de sa rencontre providentielle avec Matthieu Pinault à Paris. Orphelin de père et de mère à l'âge de dix ans, il fut élevé par un tuteur, Zacharie d'Ais qui lui appris les lettres latines et à jouer de musique : de l'épinette, de la viole, de la mandore, du luth, de la harpe, de la flûte et surtout, de l'orgue. À douze ans, il tenait l'orgue du couvent dominicain de sa ville. Il aimait beaucoup les vers de Ronsard.

Ancien Carmel de Dol-de-Bretagne

Il monte à Paris. Il devient comme beaucoup d' aveugles, organiste, puis il tombe dans l'indigence et devient mendiant et musicien aveugle (il jouait de 14 instruments de musique) dans le quartier latin, à la mort de ses proches (il avait un frère secrétaire et trésorier de la Gendarmerie de France, qu'il était venu rejoindre à Paris à l'âge de 25 ans) ; Il loge chez un épicier, et le matin un petit garçon le conduit dans l'église du Carmel de la Place Maubert où il joue de l'orgue, et communie chaque jour, se confessant à un frère Carme, le Père Jacques, restant en oraison ; Il rencontre Matthieu Pinault du Carmel de la Place Maubert. Devenu carme grâce à Matthieu Pinault, qui devient son ami, il fréquente le couvent de la Place Maubert à Paris ( 1504-1506), puis prend l'habit de frère au carmel de Dol-de-Bretagne après avoir sorti l'âme de son frère du Purgatoire, et prononce ses vœux en 1507[1] et prend le nom religieux de Jean de Saint-Samson en l'honneur du saint du lieu, Samson de Dol dont le tombeau se trouve dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne.

Rennes, Grande maison des Carmes

En 1612 il part au couvent de Rennes et soigne les victimes de la peste, au Champ de Saint-James, accompagnant les agonisants inlassablement, et il gagne une grande réputation de thaumaturge en soignant les malades des fièvres, prononçant sur eux l'oraison suivante qui se disait à Saint Pierre de Rome : Dominus JESUS, qui curavit socium Petri a febribus quibus Petrum tenebatur, ipse curet famulum tuum a febri qua laborat ; In Nomine Patri et Filii et Spiritus Sancti Amen[2].

Rennes, Ancienne chapelle des Carmes

Il s'occupa pendant 25 ans des novices.

Jean de Saint-Samson fut le principal collaborateur du Philippe Thibaut, carme angevin célèbre, à l'origine de la Réforme de Touraine (connu jusqu'à la cour de Marie de Médicis) et qui surveillait les états mystiques de Jean de Saint Samson, mais finit par lui donner l'autorisation de dicter des livres à ses frères après l'approbation de son premier traité De la consommation du Sujet en son Objet, par les grands carmes comme par les carmes déchaux.

Pensée

Grand-carme et non carme déchaux, il fut donc lié à la Réforme de Touraine de Carmes de France, cette réforme comporte une observation stricte de la règle d'origine, liée la contemplation et à l'oraison.Il était spécialiste de l'oraison, la prière des carmes par excellence, laquelle était pour lui incessante, en particulier de l' oraison aspirative propre à la Réforme de Touraine.

Il se fait lire de nombreux écrits spirituels comme il le faisait déjà à Paris, dicte beaucoup, des écrits spirituels et mystiques comme Epithalame, ou l'Aiguillon de l'Amour de Dieu dédié à son fils spirituel Monseigneur Antoine Revol, évêque de Dol, des conseils à l’usage des supérieurs, des lettres et des cantiques, en tout plus de 5000 pages. Il s'était fait sans doute lire par ses frères les mystiques flamands, en particulier Ruysbroeck.

C'est un des plus grands écrivains mystiques, qu'on surnomma le saint Jean de la Croix français[3] : Mais lorsqu'on lui demanda s'il avait lu les écrits deJean de la Croix, il répondit que«  oui, et qu'ils étaient fort excellents, mais qu'il existait encore une vie par dessus cela » (Oeuvres complètes, I, 365 ) . Et, il ne le cite pas mais Thérèse d'Avila et Jean de Jésus-Marie. Hein Blommestijn fait une vingtaine de rapprochements avec l'oeuvre du saint espagnol : thèmes et termes communs comme « écorce », ou « aiguillon »[4]. Sainte Thérèse de Lisieux reprit dans Histoire d'une Ame, certains de ses thèmes spirituels, comme l' « Offrande en holocauste » qui fut sa prière de consécration. Il avait une dévotion particulière pour la Passion[5]. Il était souvent en extase après la communion et il ressentait la présence du Saint Sacrement. Sa devise était Toujours mourir[6]. Il avait une grande dévotion à la Passion et faisait de sa vie un continuel martyre, se mortifiant beaucoup, en particulier dans la nourriture. Albert Le Grand (écrivain) le décrit persécuté par tous les démons de l'enfer .

Rennes Chapelle des Carmes clef de voute.jpg

Sa mort

Il meurt à Rennes le 14 septembre 1636, jour de la fête de l' Exaltation de la Sainte-Croix en prononçant ces morts « Christo crucifixus sum Cruci  » et est enterré dans l’ancienne église de Toussaints. Le jour de ses obsèques, la foule accourut, on fit toucher à son corps des chapelets, on prit ses vêtements comme reliques, on fit de images de cire et des voeux, il était vénéré comme un saint. Son premier éditeur fut le P. Donatien de Saint-Nicolas. Albert Le Grand (écrivain) le mentionne dans son livre, Les vies des saints de la Bretagne Armorique et le déclare Vénérable mais il ne fut jamais béatifié à Rome[7].

Son tombeau

Plusieurs miracles[8] eurent lieu sur sa tombe, dans l'église des Carmes de Rennes, dans la chapelle Notre-Dame de Pitié, près du tombeau de Robert Cupif, évêque de Dol  : un Président du Parlement de Rennes, Luc Godard, Seigneur des Loges, suite à la promesse faite s'il guérissait d'un mal incurable, lui fit construire un tombeau de marbre avec gravée l'Epitaphe suivante :

Cellule de Carme
Latin
Français

HOC SUB MARMORE QUIESCIT VEN. FR. JOANNES A SANCTO SAMSONE,

Carmel. Reform. Laïcus, Observantiae Rhedonensis

Vere caecus Illuminantissimus, quo

Sapientius aut fusius hoc saeculo scripsit nemo de rebus mysticis, et vera contemplatione.

VITAM DUXIT

Austeritate et laboribus asperam

Coelestium contemplatione suavem

Daemonum continuo conflictu horribilem

Angelorum consortio jucundissimam

Humilitate ad ima depressam

Ardore Seraphico in Deum transformatum

QUOTIDIANA SYNAXI REFECTUS

Pabulum caeleste ccasto pectore etiam ad sex horas inconsumptum

nativo calore in amorem verso.

Quippe delicias putat Christus, purissimo sinu teneri.

QUID PLURA

in vita sua fecit monstra, in morte mirabilia opreatus est;

Quae si linguae mortalium sileant, istius saxa sepulchri perpetuo loquentur.

SISTE ITAQUE VIATOR

Et, si me amas, hic Deum adora in suis gloriosum

Obiit in Carmelo Rhedonensi vere mundo Crucifixus, in Festo exaltationis S. Crucis,

14 Septembris 1636.


SOUS CE MARBRE REPOSE LE VENERABLE JEAN DE SAINT SAMSON Carmel réformé, laïc, Observance de Touraine, Aveugle vraiment illuminé, Très sage et inspiré en ce siècle il écrivit beaucoup de choses sur la mystique, et la contemplation
IL PASSA SA VIE
Dans l' austérité et ses travaux, il parvint à une suave contemplation des choses célestes, par son combat continel contre les démons, Dans un dialogue très agréable avec les anges Dans l' humilité il s'est enfoui dans les abîmes Transformé en Dieu par une ardeur toute Séraphique

QUE DIRE DE PLUS  ?
Durant sa vie il fit des merveilles, durant sa mort des miracles
Si les langues se taisent, les pierres de son sépulcre parleront toujours

« Et, si tu m'aimes, adore ce Dieu glorieux en ses oeuvres »

Crucifié au monde dans le Carmel de Touraine, Fête de l'Exaltation de la Sainte Croix 14 septembre 1636


  • Il a eu quelques disciples : Dominique de Saint-Albert[9], Léon de Saint-Jean[10], Marc de la Nativité, Maur de l'Enfant-Jésus
  • Le 20 juillet 1990, les Carmes déchaux donnent aux Grands Carmes de France le crâne de Frère Jean de Saint-Samson gardé jusqu’alors dans leur couvent d’Avon. Son tombeau se trouve chez les Carmes de Bourges.
  • Il serait fêté le 24 juin.

Œuvres

Jean de Saint-Samson laissait de très nombreux écrits mystiques, parmi lesquels l’Épithalame, ou poème d’amour, ainsi que des textes sur l’Eucharistie. Ses principaux biographes et éditeurs sont le P. Donatien de Saint-Nicolas puis le P. Sernin-Marie de Saint-André, Carme déchaussé. Il publie sa Vie et ses Œuvres en 1641 à Paris. Aux dires d' Albert Le Grand il avait composé plus de cent traités de théologie mystique, comme le Traité de la Tribulation ou le Traité de la Préparation à la mort. Ses écrits manuscrits étaient conservés aux archives de Rennes - ou d'Ile-et-Vilaine.

etc. [11]

Citations

  • « Pourquoi suis-je donc créé, ô mon amour et ma vie, sinon pour vous aimer sans vos dons et pour devenir amour en amour, vous désirant tout entier, vous voulant tout entier en vous même, sans vos dons, en nous seul, tout entier, totalement ? »

Bibliographie

Œuvres complètes
éditions contemporaines
  • 1 - L'Aiguillon, les flammes, les flèches et le miroir de l'Amour de Dieu.
  • 2 - Méditations et Soliloques, édition critique par Hein Blommestijn.
  • La Pratique essentielle de l'amour - Par Jean de Saint-Samson - Éditions du Cerf.
  • Épithalame ou Chant d'Amour - Seuil, 1997.
  • Directions pour la vie intérieure - Collection la Vigne du Carmel - 1948.
éditions anciennes 

Biographies et hagiographies:

  • [lire en ligne] GALLICA Albert le Grand (écrivain), Les vies des saints de la Bretagne Armorique, La Vie du Vénérable Frère Jean de Saint Samson.
  • [lire en ligne] GALLICA Les vies des saints de Bretagne et des personnes d'une éminente piété qui ont vécu dans la même province. T. 2 /, avec une addition à l'Histoire de Bretagne, par Dom Gui-Alexis Lobineau, (1666-1727).
  • Vie du vénérable frère Jean de Saint-Samson..., par le R. P. Sernin-Marie de Saint-André, Carme déchaussé, Paris, 1881.
  • [lire en ligne] Histoire du Sentiment religieux en France, Henri Brémond, de l' Académie française. L'Invasion Mystique, Chapitre V, Jean de Saint-Samson.
  • Le vénérable Frère Jean de Saint-Samson : sa vie et sa doctrine par Jérôme de la Mère de Dieu, Ed. de la vie spirituelle, 1925.
  • Jean de Saint-Samson (1606-1612) : un moine guérisseur au temps de la grande peste à Dol, Suzanne-Marie Boucheraux Le rouget de Dol numéro 43, 3eme trimestre 1983
  • Frère Jean de Saint-Samson, O.C. (1571-1636) et sa lecture spirituelle ... Par Otger Steggink (O.Carm)Collège Internat. des Grands Carmes, 1950.
  • (en) Wilfrid McGreal, John of St. Samson, (Faversham, Kent: Carmelite Press, 1962)
  • (en) Emanuele Boaga, Perfect Union with God: the Venerable John of Saint-Samson, (Rome: Carmelite Institute, unpublished course notes, 1986.
  • (en) Robert Stefanotti, The Phoenix of Rennes: The Life and Poetry of John of St. Samson, 1571-1636, (New York: Peter Lang, 1994).
Histoire du Carmel et spiritualité
  • Bouchereaux Suzanne-Marie : La réforme des Carmes en France et Jean de Saint-Samson, Librairie philosophique J. Vrin, 1950.
  • Dominique de Saint-Albert: sa vie et sa correspondance avec Jean de Saint-Samson Par Suzanne Paul Michel, Dominique de Saint-Albert.
  • Un cantique spirituel de Jean de Saint-Samson dans Analecta Ordinis Carmelitarum, 1949. Madame Paul-Henri Michel, née Suzanne Bouchereaux (1901-1979).
  • Les Origines de la Réforme Des Carmes En France Au XVIIe siècle Par P. W. Janssen O. Carm, P. W. Janssen Sur Google Books

[2]

  • [lire en ligne] Persée :Suzanne-Marie Bouchereaux. La réforme des Carmes en France et Jean de Saint Samson, Catta Étienne Revue d'histoire de l'Église de France - Année - 1951 - Volume - 37 Numéro - 130 - p. 210-216.
Divers
  • Vivre sans voir : les aveugles dans la société française du Moyen âge, par Zina Weygand sur Google Book

Notes et références

  1. Cf. Albert Le Grand
  2. « Seigneur Jésus, qui a guéri la belle-mère de Pierre des fièvres qui la prenaient, guérit ce malade ton ami, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit »
  3. lequel évoquait dans la Montée du Carmel un Dieu Dieu venu pour les aveugles
  4. Jean de la Croix en France Par André Bord page 44
  5. Les manuscrits de ses œuvres sont conservées aux Archives Départementales d’ Ille-et-Vilaine.
  6. En latin Quotidie morior, une devise connue.
  7. Les vies des saints de la Bretagne Armorique ensemble un ample catalogue chronologique et historique des evesques d'icelle... et le catalogue de la pluspart des abbés, blazons de leurs armes et autres curieuses recherches... (5e éd.) / par fr. Albert Le Grand,... ; reveu et corrigé par messire Guy Autret, chevalier, seigneur de Missirien ; augmenté de plusieurs vies des saints de Bretagne, par le mesme, par missire Julien Nicole
  8. Cf. Albert Le Grand
  9. Dominique de Saint-Albert: sa vie et sa correspondance avec Jean de Saint-Samson Par Suzanne Paul Michel, Dominique de Saint-Albert Impr. Daily American Publishing, 1950
  10. [1]
  11. Dans la Biographie universelle, ancienne et moderne de Joseph Fr. Michaud sont citées 1° Le vrai esprit du Carmel. 2° Le cabinet mystique. 3° Règles de conscience et de conversation. 4° Le miroir et les flammes de l'amour divin, composé à la prière de Revol, évêque deDol. 5° Les soliloques. 6° Les contemplations. 7° Méditations pour les retraites, ou Exercices de dix jours. 8° Lumières et règles de discrétion pour les supérieurs. 9° Recueil de ses lettres spirituelles. 10° De la simplicité divine. 11° De l'effusion de l'homme hors de Dieu et de sa réfusion en Dieu. 12° et 13° La mort des saints précievse devant Dieu, ou L'art de putir et de mourir saintement. 14° Observations tur la règle des carmes. 15° La conduite des novices. 16° Divers traités (ils sont au nombre de sept). 17° Poésies mystiques, qui contiennent des cantiques spirituels

Liens externes


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