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Île Sainte-Marguerite
Carte de l'île Sainte-Marguerite.Géographie Pays France Archipel Îles de Lérins Localisation Mer Méditerranée Coordonnées Superficie 2,1 km2 Géologie Île continentale Administration France Région Provence-Alpes-Côte d'Azur Département Alpes-Maritimes Commune Cannes Démographie Population 10 hab. Densité 4,76 hab./km2 Autres informations Découverte Préhistoire Fuseau horaire UTC+1 Géolocalisation sur la carte : France
Îles de France L'île Sainte-Marguerite est la plus grande des quatre îles de Lérins, en face de Cannes. Elle a servi de prison au légendaire Masque de fer.
Elle est séparée du continent par un détroit de 1 100 m peu profond. Elle s'étend d'ouest en est sur une longueur de 3 km, et sa largeur est de 900 m environ. On y trouve de très beaux bois d'eucalyptus, les plus anciens d'Europe, et de pins. La majorité de l'île est couverte par la forêt, domaine protégé appartenant à l'État ; c'est la deuxième forêt la plus visitée de France.
Sommaire
Histoire
Antiquité
L'île est d'abord occupée par une population celto-ligure, dont les premières traces remontent au VIe siècle av. J.‑C.. Les Ligures sont chassés par les romains[1], chassés à leur tour par une catastrophe naturelle provoquant un affaissement des îles de plusieurs mètres dans la mer. L'île Sainte-Marguerite s'appelait alors Lero (et Saint-Honorat, Lerina), du nom d'un demi-dieu ligure vénéré sur l'île, Lerôn.
L'île est mentionnée dès l'antiquité par les historiens. Pline l'Ancien parlait d'une cité romaine comprenant un port[2]. De fait, les fouilles entreprises autour du fort Royal ont révélé d'importants vestiges : maisons, peintures murales, mosaïques, céramiques datées du IIIe siècle av. J.-C. au Ier siècle de notre ère. En outre, les fondations d'un port et les épaves découvertes à l'Ouest de l'île semblent prouver que les navires romains faisaient escale à Lero.
Les légendes
Le nom donné à l'île serait celui d'une sœur de Honorat d'Arles (Saint Honorat), Marguerite. Au Ve siècle elle dirige une communauté de religieuses. Son frère qui vit dans l'île voisine ne peut la voir car l'île est interdite aux femmes. Le saint lui annonce alors qu'il ne viendra la voir qu'une fois l'an, à la floraison des amandiers, Marguerite adresse à Dieu de si ferventes prières qu'un amandier planté sur le rivage se met à fleurir tous les mois. Devant ce miracle, saint Honorat sent fondre sa rigueur ascétique.
Une autre légende qu’Honorat et sa sœur Marguerite ont combattu un dragon sur cette île qui, mortellement blessé, s’est envolé pour aller mourir dans les collines de l’arrière pays, sur le lieu du village aujourd’hui nommé Draguignan.
Une dernière légende relate l'arrivée d'Honorat sur les îles infestées de vermines et de serpents. Pour les rendre habitables, il déclenche un raz-de-marée, et reste lui-même au-dessus de la vague en se perchant en haut d'un palmier. C'est cette légende qui est à l'origine de la palme du blason de la ville de Cannes.
Bien entendu, au Ve siècle, ni les palmiers ni les amandiers n'étaient encore implantés sur les îles de Lérins. Saint Honorat n'a pas eu de sœur connue, sainte Marguerite était une martyre d’Antioche sans lien avec saint Honorat.
Le monastère fondé par saint Honorat sur l’île de Lerina est le plus ancien d’Occident.
Une collaboration difficile
Pendant la guerre de Trente Ans, les Espagnols se sont emparés des îles et les ont occupées de 1635 à 1637. Pour les reprendre, le gouverneur de Provence, le maréchal de Vitry, rassemble des milices sur la côte tandis que Richelieu envoie une flotte sous le commandement de Sourdis, archevêque de Bordeaux, et le comte d'Harcourt. Les îles sont finalement reprises. Les drapeaux espagnols sont saisis pour être exposés à la cathédrale Notre-Dame où un Te Deum célébra la victoire française.
L'énigme du masque de fer
Article détaillé : Homme au masque de fer.En 1687, le fort de Sainte-Marguerite, prison d'État, reçoit le fameux Masque de fer. Le masque était sans doute en cuir ou en velours. Son identité n'a jamais été établie. Tour à tour un frère adultérin de Louis XIV, un secrétaire du duc de Mantoue, un dévoyé de haute noblesse complice de l'empoisonneuse la Brinvilliers, Molière, Fouquet, un espion italien, etc.
Saint-Mars, chargé de la surveillance du Masque de fer, s'ennuyant à mourir à Sainte-Marguerite, finit par obtenir en 1698 la charge de gouverneur de la Bastille. Il emmène avec lui son prisonnier qui meurt en 1703.
Lieux
Le fort
Bâti par Richelieu, il a été renforcé par les Espagnols puis par Vauban et servit de prison d'état, puis, après la Révolution, de prison militaire. Il accueille désormais le Musée de la Mer présentant des collections d'archéologie sous-marine. On peut également visiter la cellule du Masque de fer, ainsi que celles dans lesquelles furent enfermés six pasteurs protestants français après la révocation de l'édit de Nantes. L'ex-maréchal Bazaine y fut détenu durant huit mois. Il s'en est évadé de manière épique le 10 août 1874. L'évêque de Gand Maurice de Broglie a également été détenu sur l'île durant dix mois en 1812, c'est lui qui y fera planter des eucalyptus. Après la conquête de l'Algérie, plusieurs dirigeants de tribus insoumises sont envoyés sur l'île par les autorités françaises.
Outre le Musée de la Mer, le fort abrite un centre d'hébergement, ainsi qu'une salle d'aquariums méditerranéens.
Fours à boulets
L'île est équipée de deux fours à rougir les boulets situés respectivement à l'est (pointe du Dragon) et à l'ouest, permettant d'alimenter en boulets chauffés au rouge les batteries de canons placées sur ces points stratégiques pour la défense des côtes contre les navires ennemis qui tentaient d'approcher. Deux fours similaires sont installés aux extrémités est et ouest de Saint-Honorat, les navires ennemis pouvaient ainsi être pris sous leurs feux croisés.
Ces fours maçonnés ont été construits sous les ordres du général Bonaparte en 1793. Ils étaient constitués d'une cavité (gouttière) horizontale et légèrement inclinée dans laquelle on enfournait une vingtaine de boulets froids en métal à l'extrémité haute. Les boulets s'accumulaient en bas de la cavité à proximité immédiate du foyer placé latéralement et dont les fumées chaudes remontaient à contre-sens des boulets vers la cheminée située au-dessus de la zone d'insertion des boulets.
La mise en température initiale durait environ une heure et on obtenait ensuite des boulets chauffés au rouges toutes les 35 minutes. Les artilleurs utilisaient des pinces ou des crochets pour tirer les boulets brûlants hors du four et charger les canons.
Le Grand Jardin
Le jardin botanique
Le Grand Jardin, unique propriété privée de Sainte-Marguerite, est un jardin botanique de 13 750 m² cultivé depuis des siècles[3]. Son nom ne peut d'ailleurs pas être modifié. Ce parc est situé au sud de l'île, dans sa partie la plus protégée et la plus fertile, face à l'Île Saint-Honorat.
On y trouve des cyprès, des cèdres du Liban, des palmiers, beaucoup d'arbres fruitiers : bananiers, citronniers, orangers, pamplemoussiers, figuiers, amandiers, oliviers et des milliers de fleurs : géraniums, roses, plantes exotiques, et une importante collection d'iris[4].
D'illustres propriétaires
La propriété compte trois bâtiments, dont les dates de construction sont très controversées : la maison du gouverneur, où est installé le propriétaire ; la maison des métayers destinée à ses proches, et la très remarquable tour carrée, réservée aux invités de marque, couverte d'un toit-terrasse panoramique.
Le domaine est protégé par un mur édifié sur les ordres du cardinal de Richelieu. L'ensemble des bâtiments aurait été construit entre le XIIe siècle et le XVIIe siècle et le domaine a été le refuge de propriétaires célèbres, les moines de Lérins, le roi de France, Louis XIV, le Duc de Guise ou le gouverneur de Provence ; mais aussi le maire de Marseille, après la Révolution... Plus récemment, la propriété appartenait en 1840 au Cannois Jean-François Tournaire, en 1889 à Paul Jubelin, médecin de la Marine, puis à Félix Sue, patron des fours à chaux de Rocheville. Ce dernier occupant l'a revendue en 1928 au sculpteur danois Viggo Jarl qui en est resté propriétaire jusqu'à la vente du domaine, pour 5 MF, en 1982, à un promoteur cannois, Claude Muller[5], qui a revendu ce lieu, en 2008[6], pour 38 M€[5], à Vijay Mallya, industriel indien[7].
Un chantier naval existe sur l'île depuis le passage des Romains en l'an -122. Le chantier de l'Estérel, auparavant à Cannes-la-Bocca, s'y est installé, devenant le seul chantier capable de traiter des yachts de 50 m entre l'Italie et La Seyne-sur-Mer.
Depuis son installation, il est soumis à des procédures judiciaires d'écologistes requérant sa fermeture[8].
Références
- Strabon, Géographie
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle, III, 79
- Le parc botanique sur Patrimoine de France.
- Etude botanique sur l'île de Sainte-Marguerite.
- Jean-Paul Fronzes, « Cannes : la propriété de rêve échappait à l'ISF », dans Nice-Matin, 11 novembre 2009.
- Vente de la propriété en 2008.
- Vijay Mallya, propriétaire du Jardin D'Eden sur l'île Sainte-Marguerite, dans Nice-Matin, 29 octobre 2008 E.P.,
- en ligne sur www.cannes.maville.com « Sainte-Maguerite : le chantier naval sort de la tempête », dans Nice-Matin, 18 février 2009,
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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