- Four à boulets
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Un four à boulets, ou four à rougir les boulets, est un équipement thermique militaire qui a été utilisé du XVIIe siècle au XIXe siècle pour chauffer au rouge les boulets servant de projectiles pour les canons qui défendaient le littoral contre les attaques maritimes. Bien qu'il est avéré que les propriétés incendiaires d'un boulet porté au rouge ait pu provoquer des incendies lors de certaines batailles au sol[1]. La probabilité de détruire un bâtiment de cette manière était assez faible[2].
En ce qui concerne les fours côtiers, son intérêt devait être d'améliorer les propriétés balistiques du projectile; du fait de la faible surface exposée d'une cible. La chaleur d'un boulet permet de corriger certains paramètres lors d'un tir, des perturbations qui peuvent être dues au vent par exemple, et en optimiser la trajectoire à la cible[réf. souhaitée]. Il était assez vraisemblable que le boulet devait ricocher plusieurs fois à la surface de l'eau pour toucher son but[réf. nécessaire]. Cette technique était souvent la plus efficace pour dissuader les navires de s'approcher des côtes, plus par la menace représentée que par l'efficacité, compte tenu de la faible précision de l'artillerie de l'époque. L'efficacité était telle que le général Bernadotte affirmait que la fumée d'un four à boulets aperçu au loin par un navire de guerre pouvait suffire pour le dissuader d'approcher des côtes.
Actuellement il reste en France les vestiges de neuf anciens fours à boulets, notamment sur la pointe d'Erquy[3] en Bretagne ou encore sur les îles de Lérins (Sainte-Marguerite et Saint-Honorat) au large de Cannes.
Plusieurs géométries différentes ont été utilisées pour la construction des fours à boulets. De nombreux fours étaient constitués d'un tunnel incliné dans lequel on déposait les boulets sur des rigoles parallèles situées selon l'axe principal du tunnel. Les boulets étaient laissés dans le four le temps suffisant pour atteindre une température de l'ordre de 800 à 900°C. La durée de chauffe était variable selon le type de fours, entre vingt minutes et une heure et quart.
De tels équipements ont aussi été installés sur des navires, en dépit des risques encourus[4]. Par exemple, le USS Constitution disposait d'un tel four en 1813[5], ainsi que le Merrimack, en 1862.
Sources
Bibliographie
- Annales de la société scientifique et littéraire de Cannes-Grasse, 1992-1993
Tome XXXVIII
- Diderot, Encyclopédie Militaire
- Stéphane Esclamanti, Le four à boulets rouges, Cahiers du cercle d’histoire et d’archéologie des Alpes-maritimes
n°9 saison 2001/2002
- Stéphane Esclamanti, Étude pour la réhabilitation d’un four à réverbère, EHESS, 1999
- Stéphane Esclamanti, Sophie Mespoulhé, Étude préalable à la restauration des fours à boulets rouges des îles de Lérins (commune de Cannes), Nice, http://www.architecture2001.com/html/partir.html Centre européen de Formation PARTIR - École d'architecture de Paris la Villette / Office national des forêts des Alpes-Maritimes, 1999
Les travaux, inaugurés le 23 mai 2001, ont été réalisés grâce à un mécénat de la Fondation Maxime Goury-Laffont
- J. Peter, Maîtres de forges et maîtres fondeurs de la marine sous Louis XIV, Éditions Economica, 1996
- J. Peter, L’artillerie et les fonderies de la marine sous Louis XIV, Éditions Economica, 1996
Notes et références
- Siège mené par l'électeur de Brandebourg à Stralfund 1675[réf. insuffisante].
- Batailles de terre et de mer, Comte E.Bouët-Willaumez[réf. insuffisante]. Description du Ville-de-Paris par le commandant de frégate par intérim Dompierre D'Hornoy[réf. insuffisante].
- Fort-la-Latte. Dans l'enceinte du
- combat de Prairial, le Scipion manque d'être la proie des flammes quand un boulet anglais détruit le four, dispersant les boulets rouges qu'il contient (naval history of great britain - vol i, 1794, british and french fleets). Voir par exemple William James, Naval History of Great-Britain, vol. 1, page 168 : lors du
- Voir l'extrait de la lettre du capitaine Charles Stewart au Secrétaire à la Navy, William Jones, datée du 5 décembre 1813 : "I have constructed a portable sheet iron furnace for heating red hot shot ("un fourneau en tôle pour chauffer les boulets rouges") of the following dimensions which would answer as well for land service as sea service. . . . The construction of the pipe is such as it gives it a great draught. From its dimensions you can readily conceive it occupies little room, and is calculated to set to the back of our Galley where it interferes with nothing -- My purpose is only to use it against the enemy's ships of such force as would render our safety precarious, (if we cannot otherwise escape) by bringing them under our stern battery and firing red hot shot in their hull. They [Stewart's furnaces] are not very expensive and all our frigates having them, the use of which might facilitate then escape from a superior force by the contusion they would be thrown into if not the destruction of am enemy that is not disposed to contend with us on fair and equal terms." Ce document peut être retrouvé dans la biographie que consacrent Claude G. Berube & John A. Rodgaard à Stewart, "A Call to the Sea", pages 73 & 74.
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