- Émeraude (minerai)
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Émeraude
Pour les articles homonymes, voir émeraude (homonymie).Émeraude
Catégorie IX : silicates
Émeraude à l'état brut - Brésil Général Formule brute silicate d'aluminium, de béryllium, avec du chrome
Be3Al2(SiO3)6::CrIdentification Couleur verte Classe cristalline et groupe d'espace dihexagonale-dipyramidale
Système cristallin hexagonal Clivage clivage basal faible Fracture conchoïdale Échelle de Mohs 7,5 - 8,0 Éclat vitreux Propriétés optiques Indice de réfraction Ne=1,560 à 1,596
No= 1,566 à 1,602Biréfringence Δ=0,004-0,007 ; uniaxe négatif Dispersion 2vz ~ 0,014 Polychroïsme bleu-vert / jaune-vert Trait blanc Autres propriétés Densité 2,70 - 2,78 Fusibilité fusible Solubilité soluble dans HF Caractères distinctifs Comportement chimique donne une perle vert clair quand on la chauffe Magnétisme aucun Radioactivité aucune Principales variétés L’émeraude est un minéral, du groupe des silicates, subgroupe des cyclosilicates, variété de béryl, dont la couleur verte provient de traces de chrome, de vanadium et parfois de fer. L'émeraude est une des quatre pierres précieuses.
Sommaire
Histoire
Le mot émeraude proviendrait du latin smaragdus, déformation du mot perse zamarat qui veut dire "cœur de pierre". Comme pour d’autres métaux et pierres précieuses, mythes et légendes se mêlent à la réalité historique lorsqu’on parle d’émeraude. On en évoque déjà la présence à Babylone, au IIe millénaire av. J.-C. servant de monnaie d’échange. À la période antique de l’Égypte, près de la mer Rouge, se trouvaient des mines d’émeraude, dont on a fabriqué des bijoux pour les grands de l'empire. Ces mines de Djebel Zabarah, redécouvertes en 1816 par l'explorateur français Frédéric Cailliaud, ont été abusivement surnommées mines de Cléopâtre. Elles étaient déjà épuisées, mais elles ne contenaient probablement que des gemmes de piètre qualité.
Dans l’antiquité, des auteurs comme Théophraste, Hérodote ou Pline l'Ancien mentionnent la présence d’émeraudes, et décrivent parfois des statues, voire des colonnes ou obélisques taillées dans cette pierre. On sait maintenant qu’il ne s’agissait pas de véritable émeraudes. À ces époques reculées, d’autres pierres aux reflets verts pouvaient facilement donner le change, et il existait déjà des imitations, notamment en verre. En revanche, il est concevable que des statuettes aient été taillées dans des blocs de minéraux à l’état brut, de moindre qualité.
À l’époque romaine, on évoque une lame d'émeraude utilisée comme instrument optique par l’empereur Néron, qui s’en serait servi pour corriger sa myopie lorsqu’il regardait les combats de gladiateurs[2]. À cette époque, on connaissait principalement une mine en Europe, celle d’Habachtal en Autriche. Découverte par des tribus celtes, elle a été également exploitée par les Romains.
Au XVIe siècle, les Espagnols découvrent en Amérique du Sud de nouveaux gisements, principalement en Colombie. La mine de Chivor sera exploitée à partir de 1545 et celle de Muzo en 1560.
En Inde, la pierre du « Grand Moghol », découverte en 1695, pèse 217,80 carats et mesure environ 10 cm. Elle porte des inscriptions religieuses. Elle a été achetée pour 2,2 millions de dollars par un anonyme.
Jusqu’au début du XXe siècle, on appelait également « émeraude orientale » une pierre radicalement différente : le corindon vert, dont la composition s’apparente à celle du rubis et du saphir.
Les plus belles émeraudes
Le Devonshire, un cristal brut d'un vert soutenu de 1 384 carats, est peut-être l'émeraude la plus célèbre. Extraite dans la mine de Muzo (Colombie), elle fut offerte en 1831 à William Cavendish, le 6e duc de Devonshire par l'empereur Pierre Ier du Brésil. En 1956, on a trouvé une émeraude de 11 000 carats, en Afrique du Sud. Les émeraudes les plus connues (et exposées) sont dans les villes suivantes :
- Palais de Topkapi à Istanbul (16 300 carats)
- Musée minéralogique de Moscou (11 130 carats)
- Kunsthistorisches Museum de Vienne : émeraude dite « de Moctezuma », bloc de calcaire couvert de cristaux d'émeraude qui fut offert à Cortés par le souverain aztèque ; flacon à parfum (2 680 carats)
- Vienne (2 200 carats)
- Trésor impérial d’Iran à Téhéran
- British Museum à Londres
- L'American Museum of Natural History à New York présente une gemme exceptionnelle, la Patricia.
- L'émeraude Isabella de 964 carats ayant appartenu à la famille d'Hernan Cortez, remontée en 1993 d'une épave engloutie en 1757 au large des côtes de la Floride par Victor Benilous[3] [4].
Caractéristiques
L’émeraude est composée de silicate d'aluminium et de béryllium, auquel s’ajoute du chrome, du vanadium et du fer. Le système cristallin de l’émeraude est hexagonal. Sa dureté varie entre 7,5 et 8 sur l'échelle de Mohs. L’émeraude est légèrement dichroïque (vert-jaune ou vert-bleu). Sa densité varie de 2,7 à 2,9. En joaillerie, on la taille principalement en « émeraude » (rectangle à pans coupés), en « cabochon », en « poire » ou en « ovale ». L’émeraude est une des pierres précieuses les plus chères. La présence très fréquente d’inclusions, gracieusement appelées « givres » ou poétiquement "jardin", n’est pas un handicap, car elle peut attester de l'origine de la pierre ; certaines originalités cristallographiques sont très recherchées par des collectionneurs (étoile à six branches, appelée émeraude trapiche).
La plupart des émeraudes sont traitées avec des huiles ou des résines, c'est pourquoi il est déconseillé de les nettoyer par la technique des ultrasons. Surtout aussi a cause de leur fragilité ( inclusions ou fractures )
L’identification des émeraudes, notamment pour établir les liens entre les gisements connus (62 gisements dans 19 pays) et les anciennes pierres, se fait par spectrométrie de masse, en mesurant la proportion de ses isotopes d’oxygène. Le rapport 18O/16O varie de 7 à 25 selon les gisements.
Formation
Les émeraudes sont rares, car leur formation nécessite des conditions géologiques exceptionnelles :
- Le béryllium, composant principal du béryl, se trouve en effet surtout dans le magma de la croûte terrestre.
- Le chrome, le vanadium et le fer, qui transforment le béryl en émeraude, sont plutôt situés dans le manteau terrestre.
Entre deux types de gisements connus, Brésil et Colombie, on remarque des différences marquantes :
- Au Brésil, les émeraudes se sont formées, pour certaines, il y a deux milliards d’années, et d’autres, environ 600 millions d’années. Les cristaux se sont solidifiés en se mélangeant à un mica noir, et possèdent des inclusions minérales. Elles manquent souvent de pureté.
- En Colombie, la formation remonte à 65 millions d’années, quand des mouvements tectoniques ont amené des minéraux à 300 °C au contact d’une couche sédimentaire datant du début du Crétacé, environ 135 millions d’années avant notre ère. Cette couche contenait des fossiles aquatiques, dont les coquilles de calcaire s’étaient dissoutes, et offrait ainsi des cavités qui ont permis au magma de former des cristaux extrêmement purs.
Nomenclature de l'émeraude
- Émeraude sans remplissage constaté:Emeraude,
- Émeraude avec présence d’huile ou de résine:Emeraude,
- Émeraude fortement imprégnée de résines durcies facilement visible en surface à la loupe: Emeraude traitée,
- Émeraude imprégnée de colorant: Béryl traité ou émeraude traitée,
Liens utiles: Décret français,CIBJO,International Colored Gemstone Association
Production actuelle
La Colombie est le plus important producteur mondial (60 % de la production, 6 millions de carats pour l’année 1995) : mines de Chivor, Muzo, Peña Blanca et de Coscuez. Non seulement la Colombie est championne de la quantité mais également de la qualité. Ses émeraudes sont généralement plus pures que celles ayant d’autres provenances. La banque nationale de Colombie possède une collection de magnifiques pierres.
La répartition entre les principaux pays producteurs est la suivante :
Pays Gisements % production Colombie Chivor, Muzo, Peña Blanca et de Coscuez 60 % Zambie 15 % Brésil Nova Era, Minas Gerais 12 % Russie Oural 4 % Zimbabwe Sandawana 3 % Madagascar 3 % Autres – Pakistan, Afghanistan (vallée du Pandjchir),
Australie, Tanzanie, Autriche, Norvège,États-Unis3 % Source : Statistiques du ministère des Mines et de l’Énergie colombien, données 2000.
Notes et références
- ↑ The Emerald Deposits of Muzo, Colombia By Joseph E. Pogue, Ph. D., Evanston, Illinois. Vol. LV, 1917 (Arizona Meeting, September, 1916)
- ↑ Cf. Suétone, Vie de Néron, ch. XXXII.
- ↑ Plongée magazine, n°16, Médiums au secours du trésor aztèque, p.18
- ↑ The Isabella Emerald, Cortes Treasure
Aucune référence sur les travaux publiés par l'équipe de Nancy qui a travaillé sur les gisements d'émeraude depuis de nombreuses années,alors que le texte écris s'est largement inspiré des publications de cette équipe. A modifier SVP.
Giuliani gaston, chercheur IRD giuliani@crpg.cnrs-nancy.fr
Liens internes
- Trapiche (minéraux) Le cas de l'émeraude trapiche
Liens externes
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