- Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec
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Yves Joseph de Kerguelen Seigneur de Trémarec Portrait d'Yves de KerguelenNaissance 13 février 1734
à LandudalDécès 3 mars 1797 (à 63 ans)
à ParisOrigine Royaume de France Allégeance Royaume de France
Royaume des Français
République françaiseArme Marine royale française
CorsaireGrade Contre-amiral Années de service 1750 - 1796 Conflits Guerre de Sept ans
Guerres de la Révolution françaiseFaits d'armes Bataille de Groix Distinctions Chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis Hommages Son nom est donné aux îles Kerguelen modifier Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec, né le 13 février 1734 au manoir de Trémarec, à Landudal dans le Finistère et décédé le 3 mars 1797 à Paris, est un officier de marine et un navigateur français du XVIIIe siècle. Il découvre les îles de la Désolation, auxquelles l'explorateur anglais James Cook, donnera le nom d'îles Kerguelen.
Sommaire
Biographie
Origines et famille
Son père, Guillaume-Marie de Kerguelen, seigneur du Carpont et de Trémarec (20 janvier 1701-27 décembre 1750), officier au régiment du Piémont, commandant un bataillon de milices gardes-côtes. Sa mère est Constance-Rose Morice de Beaubois (1702-1746). Orphelin à 16 ans, il se retrouve en charge de ses trois sœurs cadettes.
- Catherine Marie Anne de Kerguelen (1736-1810), elle épouse Louis-Charles Poillot de Marolles, chevalier, seigneur d'Auvilliers
- Anne-Marie de Kerguelen (1743-?)
- ?
N'ayant pas de fortune, il entre - après des études au collège des jésuites de Quimper - dans la Marine royale et intègre en juillet 1750 la compagnie des Gardes de la Marine au département de Brest où l'on formait les futurs officiers du grand corps des vaisseaux recruté uniquement dans la noblesse.
Débuts dans la Marine royale
Sa formation terminée, il embarque successivement sur les vaisseaux Le Prothe, Le Tigre, puis sur la frégate L'Héroine. ÀA l'issue de ces embarquements qui complètent sa formation, il est nommé enseigne de vaisseau et embarque sur la frégate L’Émeraude. Affecté ensuite au service du port de Brest, il reçoit le brevet de lieutenant d'artillerie et en 1757 rejoint Dunkerque pour commander une compagnie franche d'infanterie de vaisseaux. C'est dans cette garnison qu'il fait la connaissance de Marie-Laurence de Bonte, issue d'une famille flamande, qu'il épouse en 1758.
Son beau-père, ancien bourgmestre de Dunkerque arme Le Sage, un navire de 56 canons et 450 hommes d’équipage, à la course pendant la guerre de Sept Ans. Kerguelen en prend le commandement en janvier 1761. De mars à juillet 1761, il mène une campagne aux Antilles, qui se révèlera infructueuse mais qui lui permettra de se perfectionner et de se livrer à l'une de ses passions : l'hydrographie.
Promu lieutenant des vaisseaux du Roi en 1763, il effectue des relevés hydrographiques en Bretagne, ce qui détermine son admission à l'Académie de marine en tant que membre-adjoint. Il reste alors à terre jusqu'en 1767.
En 1767, il obtient le commandement de La Folle pour effectuer une campagne de protection des pêcheurs de morue en Islande. En 1768, il repart dans l’Atlantique nord au Groenland et à Bergen en Norvège avec la corvette L'Hirondelle et devient familier avec la navigation dans les mers froides. Il ramène en 1768 deux oursons blancs pour la ménagerie du roi Louis XV.
Première expédition
Kerguelen s'intéresse à ce qui est une des grandes préoccupations des milieux scientifiques et littéraires de son temps : l'existence d'un continent austral qu'on situait dans le Pacifique sud et dont Bouvet de Lozier avait cru apercevoir l'extrémité en 1739 (le cap Circoncision, en réalité l'île Bouvet).
- « Je me rendis à Versailles au mois de septembre 1770, pour proposer à M. le duc de Praslin, ministre de la Marine, le plan d'une campagne de découverte dans les mers antarctiques. Je vis que ce n'était pas le moment d'entreprendre de pareilles opérations. […] Les affaires s'étant [ensuite] arrangées avec la cour d'Angleterre, […] l'occasion devint favorable pour proposer le voyage de découverte. […] On me donna le commandement du vaisseau du Roi le Berrier, qui étoit à l'Orient. […] J'embarquai 14 mois de vivres pour 300 hommes d'équipage. […] Le premier jour de mai [ 1771 ], je mis à la voile. […] Je coupai la ligne le 10 juin par vingt-deux degrés de longitude occidentale du méridien de Paris, dont je me servirai toujours […] J'arrivai à l'Isle de France le 20 août. »
Lors de son escale à l’île de France, il est bien accueilli par le gouverneur des Roches et l'intendant Poivre. Il y rencontre également Commerson, Marion-Dufresne, et le jeune Lapérouse. Il y remplace son gros vaisseau contre la flûte La Fortune et la gabarre le Gros Ventre[1], deux navires plus légers, mieux adaptés à l'objet de sa mission. Le 12 février 1772, dans le sud de l'océan Indien, il aperçoit une terre où il croit voir le continent austral, et lui donne le nom de France australe. Il s'agit en fait des îles Kerguelen. Le gros temps empêche tout débarquement jusqu'au 14 février, jour où un enseigne, Charles-Marc Du Bois Guéhenneuc, peut débarquer et prendre possession du territoire au nom du roi[2].
La tempête sépare les navires, et Kerguelen poursuit sa route seul, abandonnant le Gros Ventre, commandé par Louis de Saint-Alouarn. Il arrive à Brest le 16 juillet 1772, tandis que le second navire l'attend et le recherche vainement. Celui-ci poursuivra les escales dans l'ordre annoncé, dans des conditions effroyables, vers Timor et les côtes australiennes avant de regagner l’Île de France, le 5 septembre. Malgré cette aventure, Lapérouse nous dit que Kerguelen fut reçu en France comme un nouveau Christophe Colomb. À Versailles, il fait au roi une description très optimiste des ressources des terres qu'il avait découvertes, convainquant le roi d'ordonner une seconde expédition. Le roi, content de ses services le nomme capitaine de vaisseau et lui remet la croix de Saint-Louis. Il ne sait pas encore que le Gros Ventre a réapparu, ni que les témoignages des survivants vont à l'encontre du sien.
Seconde expédition
Le 26 mars 1773, c'est à bord du Roland et de L'Oiseau, deux lourds navires, qu'Yves-Joseph de Kerguelen part de Brest, pour un deuxième voyage d'exploration de la France australe. La mission va même au-delà puisque embarquent avec lui des colons prêts à s'installer sur la nouvelle terre. Kerguelen commande Le Roland, Rosnevet L'Oiseau. Kerguelen est rattrapé par ses mensonges, juste après son départ on apprend que Le Gros ventre le second navire de son précédent voyage n'est pas du tout perdu et que son capitaine réfute les description de Kerguelen. Le camp de base pour la conquête du continent austral est l'Isle de France. Un senau la Dauphine lui est fourni en renfort.
En suivant la même route que l'année précédente, l'expédition retrouve les côtes déjà visitées des îles qui deviendront l'archipel des Kerguelen. Mais elles sont bien différentes des descriptions idylliques qui avaient justifié l'expédition; le relief et les conditions météorologiques ne permettront qu'une courte incursion à terre le 6 janvier 1774. Et Kerguelen renonce, au grand regret des scientifiques et du second de l'expédition. Parmi ces scientifiques, on trouve notamment le naturaliste Jean Guillaume Bruguière. Peut-être Kerguelen a-t-il mieux à faire à Madagascar avec le comte Beniowski, un aventurier hongrois qu'il avait déjà rencontré à deux reprises à l'île de France puis en métropole.
Beniowski avait obtenu du roi Louis XV mission de former un établissement français à Madagascar. Le style et les méthodes de Beniowski avaient déjà inquiété le gouverneur de l'île de France. Kerguelen fait profiter Beniowski du matériel prévu pour la colonisation de la France australe et l'accompagne dans une répression violente des villageois malgache.
Difficultés du retour
Au retour à Brest, les choses se passent mal. Louis XV était mort, les soutiens de Kerguelen au ministère de la marine avaient changé. Kerguelen est traduit en Conseil de guerre sous les chefs d'accusation suivants : embarquement d'une fille clandestine (il avait fait embarquer une jeune fille de 14 ans, Louise Seguin), un enrichissement personnel par trafic de pacotille, avoir mal commandé, n'avoir pas obéi aux instructions mais curieusement sa collusion avec Beniowski n'est pas évoquée (y avait-t-il eu un plan secret ?) mais on lui reproche surtout l’interruption de son voyage et la description avantageuse qu'il avait faite de terres inhabitables, ceci afin de promouvoir l'expédition. Le dossier du procès conservé aux archives de la marine à Brest ne permet pas de trancher.
Kerguelen est traduit en conseil de guerre et condamné à six ans de forteresse et à la radiation de l'état des officiers du roi. Il est emprisonné au château de Saumur, dont le gouverneur, Dupetit-Thouars, est le père du futur héros d'Aboukir.
Dernières aventures
Il est libéré en 1778, réintègre la Marine et repart faire la guerre de course sur la corvette La Comtesse de Brionne.
En 1782, Kerguelen publie sa Relation de deux voyages dans les mers australes. Un arrêt condamne immédiatement cet ouvrage au pilon, pour offense envers la justice du roi.
Trois ans plus tard, James Cook appellera ces terres « îles de la Désolation », puis îles Kerguelen.
Il se rallie à la Révolution, il est fait contre-amiral. Arrêté en 1794, il est libéré, retrouve son grade et participe à la bataille de Groix le 16 juin 1795. Il est mis à la retraite en 1796. Kerguelen meurt l'année suivante, à Paris, à l’âge de 63 ans.
Notes et références
Sources et bibliographie
- (Piere Marie François) de Pages, Voyages autour du monde et vers les deux poles, par terre et par mer, pendant les années 1767, 1768, 1769, 1770, 1771, 1772, 1773, 1774 & 1776. 2 volumes Moutard, Paris, 1782.
- (Yves-Joseph de) Kerguelen de Trémarec, Relation des Combats et des évènements de la Guerre Maritime de 1778 entre la France et l'Angleterre, mélée de reélexions sur les manœuvres des Généraux; et terminée par un précis de la guerre présente, des causes de la destruction de la Marine, et des moyens de la rétablir.Imprimerie de Patris Paris An 9 - 1801
- Relation de deux voyages dans les Mers australes & des Indes, faits en 1771, 1772, 1773 & 1774, La Découvrance, (ISBN 2-84265-140-5).
- Auguste Dupouy, Le Breton Yves de Kerguelen, La Renaissance du livre, Paris-Bruxelles, 1928.
- Alain Boulaire, Kerguelen, Le phénix des mers australes, France-Empire, 1997.
- Isabelle Autissier, Kerguelen, le voyageur du pays de l'ombre, Grasset 2006, 312 pages, (ISBN 2-246-67241-4).
- Serge Duigou, L'Australie oubliée de Saint-Allouarn, Editions Ressac, Quimper, 1989.
- Amiral de Brossard : Kerguelen. Tome 1 : Le découvreur. Tome 2 : Le découvreur et ses îles. Editions France-Empire, 1970.
- Gracie Delépine, Histoires extraordinaires et inconnues dans les mers australes, Kerguélen, Crozet, Amsterdam et Saint-Paul, Ed. Ouest France, Rennes, 2002. (ISBN 2-7384-6680-X)
- Philippe Godard et Tugdual de Kerros, Louis de Saint Aloüarn, lieutenant des vaisseaux du Roy : un marin breton à la conquête des terres australes, éditions Les Portes du Large, 2002.
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