- Maurice Beniowski
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Maurice Auguste, baron Aladar de Beniowski (polonais : Mauritus Augustus Aladar de Beniowski) (né en 1741 (ou 1746?) à Vrbovo, Hongrie - mort le 23 mai 1786 à Madagascar) est un aventurier hongrois du XVIIIe siècle.
Sommaire
Biographie
Jeunesse et captivité
Issu d'une famille noble du comitat de Nytra (Hongrie), il s'engage dans l'armée de la Confédération de Pologne. Décoré du ruban de l'ordre de l'Aigle Blanc, il accède au grade de colonel lorsqu'il est fait prisonnier par les Russes et envoyé dans un bagne de Sibérie.
En 1771 (le 12 mai), il parvient à s'échapper après avoir soumis toute la garnison chargée de la garde des bagnards. En compagnie d'environ quatre-vingt cinq personnes (dont quelques femmes, mais surtout des exilés et prisonniers comme lui), il s'empare d'une corvette, le 'Saints-Pierre-et-Paul' (un 3 mâts de pêche, 36 m, 240 tonneaux) et fuit par la mer avec ses compagnons. À bord de ce vaisseau, dont il a pris le commandement, il contourne le Kamtchatka (presqu'île du Kamtchatka), navigue jusqu'aux côtes de l'Amérique (Alaska), puis descend jusqu'au Japon, Formose… et débarque au port de Canton.
Parvenu en Chine à Macao le 22 septembre 1771, il manifeste le désir de rentrer en Europe pour livrer à la France des plans secrets ourdis par la Russie en Europe. Quoique la réalité des plans secrets russes n'ait jamais été démontrée, la France soutient alors la Confédération de Pologne contre l'expansion russe en Europe centrale.
Le retour en Europe
Parvenu en France, Beniowski impressionne par sa hardiesse. Sa fidélité à la France mérite une récompense et l'on craint qu'il aille livrer à d'autres nations les connaissances que sa longue navigation lui a procurées. Aussi, lorsque Maurice Beniowski propose un plan de conquête de Formose, le comte de Boynes, ministre de la Marine, choisit de l'envoyer fonder un établissement de traite à Madagascar.
Les moyens accordés à Beniowski sont considérables. Tout un corps de troupe - les Volontaires de Beniowski - est levé dans Paris pour accompagner le baron vers Madagascar. Mais il apparaît rapidement que les plans de Beniowski vont au-delà des intentions du ministre qui le charge d’approvisionner et de gouverner l'île de France. Le baron désire en effet établir une véritable colonie à Madagascar.
L'exploration de Madagascar
Parvenu à Madagascar, Beniowski informe par courrier des progrès rapides de sa conquête. En quelques mois, il s'allie à certains chefs locaux, il assèche des marais sur lesquels une ville est fondée (Louisbourg), construit un fort à l'intérieur des terres (le fort de Boynes…), bâti des hôpitaux, lève des troupes d'indigènes qui reconnaissent le roi de France pour leur suzerain. En peu de temps l'île est conquise. Et Beniowski accompagne ses lettres d'une comptabilité détaillée des travaux, ainsi que les plans de chacun des bâtiments construits.
Dans le même temps, il demande des moyens toujours plus élevés à l'île de France en hommes, en vaisseaux, en marchandises, en argent... ce que l'intendant général Maillart refuse en l'absence de justification des dépenses. Beniowski s'indigne auprès du ministre et accuse Maillart de vouloir faire échouer son entreprise et de soutenir des intérêts privés dans le commerce avec Madagascar… Alors que des bœufs par centaines, du riz par milliers de livres, des esclaves, attendent seulement des vaisseaux pour passer à l'île de France, pourquoi le gouverneur préfère-t-il se tourner vers les Indes pour commercer à des conditions bien moins avantageuses?
À Paris, les demandes du baron Beniowski restent lettre morte. Turgot, faisant un bref passage au ministère de la Marine, tente de rappeler à Beniowski les contours de sa mission, mais sa lettre ne lui parviendra jamais. Toutefois, le destin de Beniowski finit par croiser celui de quelques noms illustres. En 1773, alors que Kerguelen mouille dans la baie d'Antongil, il ne trouve pas la moindre provision auprès de l'établissement français. En revanche, Beniowski lui demande son aide pour incendier un village d'indigènes voisins.
Deux années après l'installation de Beniowski à Madagascar, Monsieur de Sartines, le nouveau ministre finit par ordonner une commission d'enquête à laquelle participe La Pérouse. Cette commission met au jour la supercherie : les constructions dessinées par le baron dans ses lettres n'ont jamais existé; les forts se résument à quelques cabanes entourées d'une palissade pourrie, le corps des Volontaires a été décimé par les maladie, l'intérieur de l'île n'a jamais été vraiment exploré, les indigènes ont déserté le littoral et ne veulent plus commercer avec les étrangers. Même le choix de l'implantation de la ville de Louisbourg, les pieds dans l'eau, n'aurait pas pu être plus mauvais. Au final, trois cents des hommes de Beniowski sont morts et deux millions de livres ont été dépensées.
Il faut se résigner, conclut la commission avec l'intendant Maillart, à considérer la comptabilité de notre établissement à Madagascar comme celle d'un navire perdu corps et biens.
Mort
Pourtant, Beniowski n'est pas inquiété dans l'immédiat. Il émigre en Angleterre, puis en Amérique, à Saint-Domingue (Haïti). Partout, il cherche des capitaux pour reprendre son œuvre à Madagascar. C'est à cette période de sa vie qu'il écrit ses mémoires. Ses fables prennent de l'ampleur : de la chasse à l'ours blanc en Sibérie jusqu'à son sacre comme roi de Madagascar, la somme d'exploits quotidiens du baron parvient à impressionner quelques crédules. Il monte une nouvelle expédition, aborde sur la côte occidentale, où il est attaqué par les indigènes. La plupart de ses compagnons sont massacrés. On le tient pour mort, il réapparaît à l'Est de l'île, ayant réussi à faire le tour de l'île en pirogue, et c'est là qu'il s'en prend à un établissement français. Un régiment part de l'île de France à sa poursuite, et il est abattu au cours d'une brève échauffourée.
Arts et Littérature
Les aventures du compte de Beniowski ont inspiré plusieurs écrivains :
- Juliusz Słowacki, le poète polonais, en a fait le héros d'un de ses poèmes les plus remarquables
- Kotzebue le met en scène dans son drame : Die Verschwörung in Kamtchatka (Leipzig, 1895), qui a été plusieurs fois réimprimé et traduit en diverses langues
- Louise Muhlbach l'a mis en scène dans un de ses romans
En France,
- Alexandre Duval a fait jouer en 1800 un opéra comique intitulé Beniowski ou les Exilés du Kamtchatka, sur une musique de Boieldieu
- Prosper Cultru, enfin, a écrit sa biographie Un empereur de Madagascar, Benyowszky, en 1906.
Bibliographie
- M. Beniowski, Voyages et mémoires du Comte Beniowski, contenant les opérations militaires en Pologne, son exil au Kamtchatka, son évasion, Paris, 1791, réed. 1863
- Christophe Grosdidier, Volontaire de Beniowski, Éditions du Baobab (Mayotte), 2007
- Maurice-Auguste Beniowski, Mémoires et Voyages (3 tomes, trad. du polonais par Eric Morin-Aguilar), Éditions Noir sur Blanc, 1999
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