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Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec
Pour les articles homonymes, voir Kerguelen (homonymie).Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec Naissance 13 février 1734
LandudalDécès 3 mars 1797 (à 63 ans)
ParisOrigine Français, Breton Allégeance Royaume de France
Royaume de France
République françaiseArme Corsaire Grade Contre-amiral Service 1750 - 1796 Conflits Guerre de Sept ans
Guerres de la Révolution françaiseFaits d’armes Bataille de Groix Hommage Nom donné aux îles Kerguelen Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec (13 février 1734, manoir de Trémarec, Landudal (Finistère) - 3 mars 1797, Paris) est un officier de marine et un navigateur français, découvreur des mers australes.
Sommaire
Un marin talentueux
N'ayant pas de fortune, il embarque à 16 ans comme garde-marine dans la Marine royale après des études dans un collège de jésuites. À l’occasion d'une affectation à Dunkerque, il épouse en 1758 Marie-Laurence de Bonte. Son beau-père, ancien bourgmestre de Dunkerque arme le Sage, un navire de 56 canons et 450 hommes d’équipage, la course pendant la guerre de Sept Ans. Kerguelen en prend le commandement en 1761 pour mener une campagne aux Antilles, qui se révèlera très fructueuse.
Lieutenant de vaisseau en 1763, il effectue des relevés hydrographiques en Bretagne, ce qui détermine son admission à l'Académie de marine en tant que membre-adjoint.
En 1767, il obtient le commandement de La Folle pour effectuer une campagne de protection des pêcheurs de morue en Islande. En 1768, il repart dans l’Atlantique Nord (Groenland et Bergen) avec la corvette l'Hirondelle et devient familier avec la navigation dans les mers froides. Il ramène en 1768 deux oursons blancs pour la ménagerie du roi Louis XV.
Première expédition
« Je me rendis à Versailles au mois de septembre 1770, pour proposer à M. le duc de Praslin, ministre de la Marine, le plan d'une campagne de découverte dans les mers antarctiques. Je vis que ce n'étoit pas le moment d'entreprendre de pareilles opérations. […] Les affaires s'étant [ensuite] arrangées avec la cour d'Angleterre, […] l'occasion devint favorable pour proposer le voyage de découverte. […] On me donna le commandement du vaisseau du Roi le Berrier, qui étoit à l'Orient. […] J'embarquai 14 mois de vivres pour 300 hommes d'équipage. […] Le premier jour de mai [ 1771 ], je mis à la voile. […] Je coupai la ligne le 10 juin par vingt-deux degrés de longitude occidentale du méridien de Paris, dont je me servirai toujours […] J'arrivai à l'Isle de France le 20 août. »
Lors de son escale à l’île de France, il est bien accueilli par le gouverneur des Roches et l'intendant Poivre. Il y rencontre également Commerson, Marion-Dufresne, et le jeune Lapérouse. Il y remplace son gros vaisseau contre la flûte La Fortune et la gabarre le Gros Ventre, deux navires plus légers, mieux adaptés à l'objet de sa mission. Le 12 février 1772, dans le sud de l'océan Indien, il aperçoit une terre où il croit voir le continent austral, et lui donne le nom de France australe. Il s'agit en fait des îles Kerguelen. Le gros temps empêche tout débarquement jusqu'au 14 février, jour où un enseigne peut débarquer et prendre possession du territoire au nom du roi.
La tempête sépare les navires, et Kerguelen poursuit sa route seul, abandonnant le Gros Ventre. Il arrive à Brest le 16 juillet 1772, tandis que le second navire l'attend et le recherche vainement. Celui-ci poursuivra les escales dans l'ordre annoncé, dans des conditions effroyables, vers Timor et les côtes australiennes avant de regagner l’Île de France le 5 septembre. Malgré cette aventure, Lapérouse nous dit que Kerguelen fut reçu en France comme un nouveau Christophe Colomb. À Versailles, il fait au roi une description très optimiste des ressources des terres qu'il avait découvertes, convainquant le roi d'ordonner une seconde expédition. Il ne sait pas encore que le Gros Ventre a réapparu, ni que les témoignages des survivants vont à l'encontre du sien.
Seconde expédition
Le 26 mars 1773, peu avant d'apprendre la survie des marins du "Gros Ventre", partent de Brest le vaisseau Rolland (417 hommes), armé en flûte avec 36 canons (au lieu de 64 canons) et la frégate l’Oiseau, armé de 26 canons (au lieu de 36 canons). L'expédition comprenait l’ingénieur-constructeur Marrier de la Gâtinerie, les astronomes M. Du Marsais et Le Paute Dagelet, un médecin naturaliste, un dessinateur, ainsi que trois femmes, dont Louise Seguin, une jeune fille embarquée de nuit juste avant le départ. Kerguelen a eu la faiblesse d'embarquer cette fille clandestine, âgée de 14 ans, qui va créer, selon les termes du conseil de guerre, "une rivalité préjudiciable au bien du service, en altérant la concorde qui doit régner dans un vaisseau et en affaiblissant même le respect dû à l'autorité ". À l'Île de France, les amis de Kerguelen ont été remplacés et l'accueil est froid. Suivant les instructions royales, les autorités de l’île affectent à l'’expédition un petit senau, la Dauphine. L’expédition doit affronter la tempête et les hommes sont affectés du scorbut. En décembre, on constate la morne réalité de la France australe : Kerguelen n'y débarque toujours pas, ses subordonnés découvrent un paysage sévère, pas de flore ni de faune terrestre. Trois ans plus tard, James Cook appellera ces terres « îles de la Désolation », puis îles Kerguelen.
Difficultés du retour
De retour en France, les officiers du bord font valoir leurs griefs : l’embarquement clandestin de Louise Seguin, un enrichissement personnel par trafic de pacotille ; mais on lui reproche surtout l’interruption de son voyage et la description avantageuse qu'il avait faite de terres inhabitables, ceci afin de promouvoir l'expédition.
Kerguelen est traduit en conseil de guerre et condamné à six ans de forteresse et à la radiation de l'état des officiers du roi. Il est emprisonné au château de Saumur, dont le gouverneur, Dupetit-Thouars, est le père du futur héros d'Aboukir.
Dernières aventures
Il est libéré en 1778, réintègre la Marine et repart faire la guerre de course sur la corvette La Comtesse de Brionne.
Il se rallie à la Révolution, il est fait contre-amiral. Arrêté en 1794, il est libéré, retrouve son grade et participe à la bataille de Groix le 16 juin 1795. Il est mis à la retraite en 1796. Kerguelen meurt l'année suivante, à Paris, à l’âge de 63 ans.
Voir aussi
Bibliographie
- (Piere Marie François) de Pages, Voyages autour du monde et vers les deux poles, par terre et par mer, pendant les années 1767, 1768, 1769, 1770, 1771, 1772, 17773, 1774 & 1776. 2 volumes Moutard, Paris, 1782.
- (Yves-Joseph de) Kerguelen de Trémarec, Relation des Combats et des evenements de la Guerre Maritime de 1778 entre la France et l'Angleterre, mélée de reflexions sur les manoeuvres des Généraux; et terminée par un précis de la guerre présente, des causes de la destruction de la Marine, et des moyens de la rétablir.Imprimerie de Patris Paris An 9 - 1801
- Relation de deux voyages dans les Mers australes & des Indes, faits en 1771, 1772, 1773 & 1774, La Découvrance, (ISBN 2-84265-140-5).
- Alain Boulaire, Kerguelen, Le phénix des mers australes, France-Empire, 1997.
- Isabelle Autissier, Kerguelen, le voyageur du pays de l'ombre, Grasset 2006, 312 pages, (ISBN 2-246-67241-4).
- Serge Duigou, L'Australie oubliée de Saint-Allouarn, Editions Ressac, Quimper, 1989.
- Amiral de Brossard : Kerguelen. Tome 1 : Le découvreur. Tome 2 : Le découvreur et ses îles. Editions France-Empire, 1970.
Liens externes
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