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Brigade de sapeurs-pompiers de Paris
La Brigade de sapeurs pompiers de Paris (BSPP) est une unité du génie de l'armée de terre française mise à disposition du préfet de police (ministère de l'Intérieur), commandée par le général de division Joël Prieur[1] (2008). Comme le Bataillon de marins pompiers de Marseille (BMPM), c'est une formation militaire de sécurité civile chargée des missions dévolues aux pompiers, principalement :
- – lutte contre l'incendie ;
- – prévention ;
- – secours à personne ;
- – sauvetage.
Elle intervient pour l'agglomération parisienne, dans Paris et dans ses trois départements limitrophes : Hauts-de-Seine (92), Seine-Saint-Denis (93), Val-de-Marne (94). La devise de la BSPP est « Sauver ou périr ».
La BSPP assure également par convention la protection de sites spécifiques extérieurs à son secteur de compétence territoriale. Il s'agit de compagnies d'incendie spécialisées. Chacune de ces unités élémentaires spécialisées (UES) est commandée par un capitaine :
- Centre spatial guyanais de Kourou (Guyane) UES KOUROU (création 1969);
- Centre d'Essais de Lancement de Missiles CELM (délégation générale pour l'armement) de Biscarrosse UES BISCARROSSE (création 1966);
- Site d'extraction et de traitement du gaz naturel à Lacq-Artix UES LACQ-ARTIX (création 1963).
Par ailleurs, étant donné leur statut militaire, des pompiers de la BSPP peuvent être désignés pour des opérations extérieures : c'est notamment le cas au titre de la FINUL au Liban[2].
La BSPP comprenait 7 412 sapeurs-pompiers en 2005, dont 306 officiers, 1 359 sous-officiers et 5 747 militaires du rang, soit environ 114 pompiers pour 100 000 habitants. La moyenne nationale est de 382 pompiers pour 100 000 habitants, mais la zone couverte par la BSPP est très petite et permet donc des temps d'interventions courts avec un effectif réduit : on compte 9,2 pompiers par km2 dans la zone BSPP, contre 0,34 en moyenne en France. Avec 7 412 sapeurs-pompiers, la BSPP est le deuxième service de pompiers au monde derrière New York (16 000) et devant Londres (moins de 7 000).
Le budget annuel était de 323,7 millions d'euros en 2005, dont 78,2 % de soldes (rémunération et charges sociales), 10,5 % de matériel, 8,8 % d'investissement immobilier et 2,5 % de loyers et charges. Les contributeurs à ce budget sont les départements (29 %), la ville de Paris (26 %), le ministère de l'Intérieur (24 %) et les autres communes (21 %).
La BSPP est régie actuellement par les articles R.3222-13 à R.3222-18 du code de la défense.
Sommaire
Histoire
Pendant longtemps, la lutte contre l'incendie a été à la charge des habitants eux-mêmes ou bien des corps non spécialisés ; cette tâche fut donc confiée successivement au guet royal, au guet bourgeois, aux magistrats communaux. Les anciennes ordonnances de police de 1371, 1395 et 1400 imposaient aux propriétaires d'avoir en permanence un muid d'eau près de leur porte, mais ne donnaient aucune indication quant aux dispositions à adopter en cas d'incendie.
En 1524, le parlement de Paris ordonna que des habitants soient commandés chaque soir par le prévôt des marchands de Paris pour constituer le guet de nuit, que soient constituées des provisions d'eau dans chaque maison, et que des lanternes allumées soient mises aux fenêtres (premier éclairage public à Paris).
Le 7 mars 1670, une ordonnance de police imposa la présence au feu des corporations du bâtiment.
Le 31 juillet 1681, nombre de seaux et crocs fut distribués dans Paris et ses faubourgs, et déposés dans les couvents, chez les échevins, et chez les notables. Un dépôt central était situé à l'Hôtel de Ville, avec des dépôts secondaires indiqués aux habitants. Mais finalement, il n'y avait guère que les membres des communautés religieuses et des corporations du bâtiment aptes à intervenir, auxquels Louis XIV ajouta alors les Gardes suisses et françaises qui devaient « se porter à l'incendie à la première alerte ».
A cette époque, il y avait alors obligation de maintenir en bon état les puits et puisards, ainsi que tous les moyens de puisage. Cependant, les résultats n'étant pas ceux espérés, en 1699, pour remédier à cette situation, François Dumouriez du Perrier se fit accorder par privilège royal et pour trente ans la construction et la fourniture exclusive des pompes à incendie nouvelles avec boyaux de cuirs[3].
En 1716, François Dumouriez du Perrier est nommé par Louis XIV au poste de Directeur général des Pompes publiques pour remédier aux incendies, sans que le Public soit tenu de rien payer. Il devient le premier pompier professionnel de France.
En 1719, 17 pompes publiques sont réparties dans cinq quartiers de Paris, entretenues et manipulées par une quarantaine de gardiens et sous-gardiens[4], les premiers pompiers de Paris. Ils ne sont pas encore professionnels :
- trois pompes dans le couvent des Augustins, tenues par Duhamel (serrurier), Herbain (potier), Quenet (menuisier), Laisné (cordonnier), Duhamel (menuisier), Monneton (serrurier), Corbonnot (serrurier) et Legrand (cordonnier) ;
- trois pompes dans le couvent des Carmes, tenues par de La Potte (cordonnier), Pelletier (menuisier), Saintbon (menuisier), Pelletier (serrurier), Carel (menuisier), Baumail dit Montauban (cordonnier), Pied, et Jean (relieur) ;
- trois pompes dans le couvent de la Mercy, tenues par Paris (cordonnier), Granger et Granger (cordonniers), Blanvillain (menuisier), Pilon (cordonnier), Vlu (cordonnier), Champion (tapissier) et Fendoré (cordonnier) ;
- trois pompes aux petits Pères, tenues par Robert (cordonnier), Ferrand, Thibou (serrurier), Le Bret (maître brodeur), Lacour (cordonnier), Masson, Couillard, Compagnon (maître brodeur)
- quatre à l’Hôtel de ville ;
- une chez François Dumouriez du Perrier, rue Mazarine.
En 1722, Louis XIV fonde la Compagnie des Gardes des Pompes du Roy, toujours sous la direction de Dumouriez.
Huit brigades sont créées aux Augustins, aux Carmes, à La Mercy, aux Petits Pères, à La Trinité, aux Jésuites, à l'Oratoire, et aux Capucins. Les pompes sont réparties dans 21 dépôts. Chaque brigade est composée de septs hommes : un inspecteur, un brigadier, un sous-brigadier, deux gardes, et deux sous-gardes. Ils ne sont pas encore des professionnels du feu puisqu'ils exercent toujours leur métier de base (cordonniers, menuisiers, etc.) Dumouriez est secondé par son frère, lieutenant. En outre, quatre hommes sont nommés pour servir de Haut le pied (ou Avertisseurs). La première compagnie de pompiers de Paris comportait alors 62 hommes[5].
Dumouriez dirige la compagnie jusqu’à sa mort. Son fils lui succède.
À la suite de l’incendie de l’ambassade d’Autriche qui cause la mort d'une centaine de convives le 1er juillet 1810, Napoléon Ier charge le ministre de l’intérieur et le préfet de police de trouver une nouvelle organisation pour remplacer le corps des gardes pompiers. La proposition d’une formation militaire est retenue et officialisée par décret impérial du 18 septembre 1811. Il devient le Bataillon de sapeurs-pompiers de Paris, le 18 septembre 1811, puis le Régiment de sapeurs-pompiers de Paris en 1867. Il prend le nom de Brigade de sapeurs-pompiers de Paris le 1er mars 1967 en vertu du décret no 67-155 du 28 février 1967.
Si la devise des sapeurs pompiers français est Courage et dévouement, celle des sapeurs pompiers de Paris est Sauver ou périr.
Organisation opérationnelle
La BSPP comprend 81 casernes dont 76 centres de secours, et est organisée en trois groupements d'incendie, chacun étant commandé par un officier supérieur du grade de colonel ou lieutenant-colonel :
- premier groupement d'incendie : Nord-Est de Paris et Seine-Saint-Denis (le poste de commandement est implanté à Montmartre). Ce groupement comptait en 2005 1 792 sapeurs-pompiers.
- deuxième groupement d'incendie : Sud-Est de Paris et Val-de-Marne (PC Masséna, XIIIe arrondissement). Ce groupement comptait en 2005 1 807 sapeurs-pompiers.
- troisième groupement d'incendie : Ouest de Paris et Hauts-de-Seine (PC Courbevoie-La Défense). Ce groupement compte un peu moins de 2 000 sapeurs-pompiers.
Chaque groupement d'incendie est composé de huit compagnies d'incendie et d'un service médical, chaque compagnie comprenant entre 2 et 4 centres de secours. Il y a également :
- le groupement formation instruction qui est divisé en deux sites :
- le CIR : Centre d'instruction des recrues situé au Fort de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne)
- le CFC : Centre de Formation des Cadres situé au fort de la Briche Saint Denis (Seine-Saint-Denis)
- le groupement des soutiens, qui comprend trois compagnies : compagnie quartier-général, compagnie hors-rang, compagnie des services ainsi que les cinq unités élémentaires spécialisées (Lacq-Artix, Biscarrosse, Kourou, le Louvre, Bibliothèque nationale de France).
Ce groupement est implanté sur de multiples sites du secteur de la brigade notamment Champerret, Pouchet, Gennevilliers-Port, Port Royal, Voluceau, Masséna. Chacun de ces sites ayant une vocation d'appui administratif, opérationnel et logistique.
Casernes par groupement d'incendie et par compagnie
Voici la liste des centres de secours, classés par groupement et par compagnie. Pour chaque compagnie le poste de commandement (PC) en gras. L'État-major de groupement est en gras-italique.
1er groupement d'incendie 7e Cie 9e Cie 10e Cie 12e Cie 13e Cie 14e Cie 24e Cie 26e Cie Blanche
Saint-HonoréMontmartre
Boursault
Clichy-la-Garenne
Saint-OuenLandon
Bitche
PantinMénilmontant
CharonneAulnay-sous-Bois
Le Blanc Mesnil
Drancy
Tremblay en FranceClichy-sous-Bois
Bondy
Livry-GarganMontreuil
Neuilly-sur-Marne
VillemombleSaint-Denis
Aubervilliers
La Courneuve
Pierrefitte2e groupement d'incendie 1re Cie 2e Cie 8e Cie 11e Cie 15e Cie 17e Cie 22e Cie 23e Cie Chaligny
Nativité
VincennesMassena
Ivry-sur-Seine
PoissyRousseau
Château d'eauSevigné
ParmentierChampigny
Nogent-sur-Marne
Noisy-le-GrandCréteil
Joinville-le-Pont
Maisons-Alfort
Villeneuve St G.Rungis
Choisy-le-Roi
Villejuif
Vitry-sur-SeineSaint-Maur
Sucy-en-Brie
Villecresnes3e groupement d'incendie 3e Cie 4e Cie 5e Cie 6e Cie 16e Cie 21e Cie 27e Cie 28e Cie Port-Royal
Montrouge
PlaisanceColombier
La Monnaie
MalarChamperret
Dauphine
LevalloisGrenelle
Auteuil, Paris 16eBoulogne
Meudon
Saint-Cloud
SèvresLe Plessis-Clamart
Antony
Bourg-la-Reine
ClamartGennevilliers
Asnières
Colombes
Gennevilliers-PortPuteaux
Courbevoie
Nanterre
Rueil-MalmaisonSélection et instruction
Pour les personnels intervenants (« militaires du rang »), il s'agit d'un engagement initial de cinq ans ou d'un volontariat de l'armée de terre (VDAT) de un an renouvelable. Il faut être de nationalité française, âgé entre 18 et 25 ans, avoir un casier judiciaire vierge et être titulaire au minimum d'un BEPC. La sélection comporte trois jours de tests sportifs, tests psychomoteurs, entretien de motivation ainsi qu'une visite médicale.
L'instruction se fait au Groupement Formation Instruction (GFI), au fort de Villeneuve-Saint-Georges. La première période se déroule sur deux mois, avec la formation en secourisme (PSE1 & PSE2 + modules spécifiques), et la formation militaire de base (par exemple le tir).
Puis, le sapeur fait un stage de deux mois en compagnie d'incendie où il assure des interventions de secours à victime (VSAV) et des opérations diverses. Il profite de cette phase pour se perfectionner et préparer la suite de sa formation.
Le sapeur revient au Groupement Formation Instruction pour sa formation incendie et sauvetage de deux mois. Il retourne ensuite dans sa compagnie d'affectation et peut alors participer à tous les types d'interventions.
Depuis mars 2005, la Brigade est dotée d'une section de Jeunes sapeurs pompiers. Cette formation dure deux ans. Elle est ouverte aux jeunes Franciliens (75, 92, 93, 94) ayant 14 ans minimum et 16 ans maximum. Un bon niveau sportif est requis. Le brevet de JSP sanctionne cette formation. Au programme de l'instruction il y a du sport, des manœuvres incendie, du secourisme, de l'instruction civique et de l'instruction militaire. La formation est composée de 60 samedis après-midi sur deux ans (soit 30 par an). Pour faire acte de candidature, on peut se rendre sur la site des pompiers de Paris, rubrique « cadets de la BSPP ».
Interventions
La BSPP réalise environ 1 171 interventions par jour. En 2005 :
- 1er groupement d'incendie : 159 136 interventions dont 10 289 incendies ;
- 2e groupement d'incendie : 128 419 interventions dont 5 532 incendies ;
- 3e groupement d'incendie : 139 948 interventions dont 4 838 incendies.
Paris ayant plus de 2 millions d'habitants, et chaque département en ayant environ 1,3 million, il y a au total 6,16 millions d'habitants dans la zone couverte par la BSPP (1999). Cela représente :
- par jour : 19 interventions pour 100 000 habitants ;
- par an : 7 300 interventions pour 100 000 habitants (contre 6 000 interventions par habitant sur toute la France), dont 331 incendies pour 100 000 habitants ;
- par sapeur-pompier : 64 interventions par an (contre 16 en France). Ces chiffres sont à relativiser, du fait qu'une intervention nécessite entre trois et plusieurs dizaines de personnes. Par ailleurs, les effectifs prennent en compte les personnels administratifs, de formation, d'encadrement et de logistique, qui eux n'interviennent pas. Un sapeur en compagnie d'incendie fait donc en réalité plus d'interventions.
De manière détaillée :
Interventions de la BSPP Nature de l'intervention 2002 2003 2004 Fausses alertes 10135 13777 17158 Incendies 18850 18347 16062 Accidents de circulation 27584 23837 23003 Secours à victimes 280394 286690 280815 Assistances à personnes 16559 16379 16098 Faits d'animaux 2 224 2 135 2457 Eau-gaz-électricité 21882 22538 20069 Protection des biens 4 583 3 958 4 562 Pollution 79 98 96 Reconnaissances-recherches 44172 40699 35548 Totaux 426402 428458 415868 Par jour 1 168 1 174 1 136 Jumelage
Depuis le 13 juillet 2002, la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris est jumelée avec le New York City Fire Departement [6].
Voir aussi
Articles connexes
Notes et références
- ↑ Époux de Dominique Prieur, qui a travaillé comme directrice des ressources humaines de la BSPP.
- ↑ http://www.defense.gouv.fr/ema/operations_exterieures/liban/breves/04_08_09_liban_intervention_de_la_bspp_sur_un_incendie
- ↑ Chef de Bataillon A. Arnaud, Pompiers de Paris, France Sélection, Paris, 1958
- ↑ Almanach royal pour l'an 1719, publié par Laurent d’Houry, Paris, 1719
- ↑ Almanach royal pour l’an 1728, publié par la Veuve d’Houry, Paris, 1728. La liste des Pompes du Roy est absente de l’Almanach royal entre 1721 et 1727.
- ↑ Site officiel : FDNY
Bibliographie
- Allô Dix-Huit, Association pour le développement des oeuvres sociales des sapeurs-pompiers de Paris, Brigade des sapeurs-pompiers, Paris, mensuel (ISSN 0983-3889)
- Aristide Arnaud, Pompiers de Paris : des origines à nos jours, Paris, France-Sélection, 1985 (ISBN 2-85266-008-3)
- Philippe Cart-Tanneur et Catherine Pugeault, Sapeurs-pompiers de Paris : la Brigade, Massin, Paris, 2001
- Didier Rolland, Sapeurs pompiers de Paris : culture et traditions, Atlante, Saint-Cloud, 2005 (ISBN 2-912671-21-3)
- Ludovic Roubaudi, Le 18, Le Dilettante, Paris, 2004, (ISBN 2-84263-092-0)
Liens externes
- Site officiel
- Rapport d'activité 2006 (fichier PDF, 54p.)
- Site de reconversion des Pompiers de Paris
- Association des médecins sapeurs-pompiers de Paris
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