Translitération

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Transcription et translittération

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Contexte de l'écriture : transcription , translittération

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La translittération est l'opération qui consiste à substituer à chaque graphème d'un système d'écriture un graphème ou un groupe de graphèmes d'un autre système, indépendamment de la prononciation. Elle dépend donc du système d'écriture cible, mais pas de la langue.

La transcription est l'opération qui consiste à substituer à chaque phonème (on parle alors de transcription phonologique) ou à chaque son (transcription phonétique) d'une langue un graphème ou un groupe de graphèmes d'un système d'écriture. Elle dépend donc de la langue cible, un unique phonème pouvant correspondre à différents graphèmes suivant la langue considérée.

Par exemple, la lettre russe ч se translittère č (ce qui n'éclaire pas forcément sur sa prononciation), mais se transcrit tch en français et ch en anglais (ce qui correspond bien au même son, malgré deux écritures différentes).

Sommaire

Définitions plus détaillées

La translittération est l'opération qui consiste à substituer à chaque graphème d'un système d'écriture un graphème ou un groupe de graphèmes d'un autre système, indépendamment de la prononciation. Autrement dit, c'est l'écriture d'un mot ou d'un texte écrit avec un système, dans un autre système d'écriture. La translittération vise à être sans perte, de sorte qu'il devrait idéalement toujours être possible, en connaissant les règles de translittération, de reconstituer le texte original à partir de la translittération. Les deux systèmes d'écriture devraient donc être équipotents : une translittération ne peut être ambiguë et devrait être bijective. Pour atteindre cet objectif, les systèmes de translittération définissent souvent des conventions complexes pour traiter les graphèmes de l'écriture d'origine qui n'ont pas de correspondance évidente dans l'écriture d'arrivée.

La translittération s'oppose en cela à la transcription, qui substitue à chaque phonème (on parle alors de transcription phonologique) ou à chaque son (transcription phonétique) d'une langue un graphème ou un groupe de graphèmes d'un système d'écriture. Plus simplement, c'est l'écriture dans un système donné de mots ou phrases prononcés. La transcription vise également à être sans perte, de sorte qu'il devrait idéalement toujours être possible, en connaissant les règles de transcription, de reconstituer la prononciation originale à partir de la transcription. Pour les langues dont l'orthographe est phonétique ou quasi phonétique (par exemple l'espagnol ou le vietnamien), on peut donc considérer que l'écriture habituelle est une transcription.

La frontière entre translittération et transcription s'efface cependant quand un système de translittération utilise comme point de départ un système d'écriture purement phonétique. Par exemple, le hanyu pinyin peut être simultanément considéré comme un système de transcription de la langue chinoise et comme un système de translittération du bopomofo. Dans la pratique, il existe aussi des systèmes qui combinent transcription et translittération, c'est-à-dire qu'ils translittèrent une partie de l'écriture d'origine et qu'ils transcrivent le reste selon la prononciation.

La romanisation est soit un système de translittération d'une écriture non latine (comme le cyrillique ou l'arabe) vers une écriture latine, soit la transcription dans une écriture latine d'une langue utilisant une écriture non latine. Certains systèmes de romanisation ont un statut de norme officielle nationale ou internationale (normes ISO).

Utilisations

Les langues peuvent être transcrites de différentes façons, comme dans l'exemple du Chinois.

Utilisations communes à la transcription et à la translittération

Les transcriptions et les translittérations peuvent être utilisées dans un texte pour noter les termes issus de langues étrangères n'utilisant pas le même système d'écriture. Ainsi, les langues utilisant une écriture latine utilisent des méthodes de romanisation pour noter les mots russes, chinois, japonais

Utilisations de la transcription

Dans l'apprentissage d'une langue étrangère, même quand la langue enseignée utilise le même système d'écriture que la langue d'instruction, la transcription est utile pour fixer par écrit la prononciation correcte. Par exemple, pour un francophone apprenant l'allemand, on pourrait écrire chteufleur pour lui expliquer approximativement la prononciation du mot Stöffler.

Pour les langues utilisant des systèmes d'écriture logographiques (ce qui implique un nombre de graphèmes très élevé, comme en chinois), l'utilisation d'une transcription est très utile dans l'apprentissage de l'écriture par les enfants (que cette transcription soit une romanisation, comme le hanyu pinyin utilisé en Chine, ou non, comme le bopomofo utilisé à Taïwan).

Utilisations de la translittération

La stabilité des graphies obtenues (via les standards de normalisation, par exemple ISO et GOST cités sur cette page) ainsi que la possibilité de rétroconversion (retrouver l'alphabet original) destinent la translittération aux usages nécessitant un traitement rigoureux de l'écrit.

Elle est donc privilégiée par les bibliothèques[1] ou encore pour le traitement informatique des données textuelles. Les impératifs de saisie informatique et d'internationalisation expliquent en partie pourquoi la translittération est le plus souvent une romanisation. Par exemple, le système Paladij de notation du chinois en cyrillique (en admettant de le considérer comme une translittération alternative du bopomofo) est encore en vigueur en Russie, mais son usage reste en retrait du pinyin[2]. Inversement, il n'existe pas de système de translittération codifié du français en arabe, en russe ou en géorgien.

Elle est également en usage dans les recherches linguistiques et philologiques visant un public plus large que les spécialistes de la langue concernée: typologie, descriptions destinées aux revues généralistes, recherches étymologiques etc.[3]

Les différents types de transcriptions

La transcription dépend souvent des usages de la langue du transcripteur. Pour une même langue, un francophone pourra transcrire le son [ʃ] (dans chat) par le digramme ch, tandis qu'un anglophone choisira sh, un Allemand sch et un Polonais sz.

Une transcription phonétique peut se faire au moyen de l'alphabet phonétique international. Elle vise à représenter les sons tels qu'ils sont émis. On note une telle transcription entre crochets droits. Par exemple, le mot français prêtre se transcrit [pʁ̥ɛt̪ʁ̥]. Une autre transcription est celle dite phonologique, qui ne représente pas les sons émis mais les phonèmes d'une langue donnée. Elle est de compréhension plus facile pour les lecteurs de la langue donnée mais moins précise et l'on se sert pour elle de symboles variés plus ou moins proches de l'alphabet phonétique international, variant selon les auteurs, la langue notée, les époques (consulter cette liste). Elle s'écrit entre barres obliques. Le même mot prêtre se transcrit phonologiquement /prɛtr/.

Exemples

Cyrillique

La norme internationale la plus connue de translittération du russe porte le numéro ISO 9[4]. Dans sa dernière version (1995), ce système fait correspondre à chaque caractère cyrillique un caractère latin unique, ce qui rend les translittérations parfaitement réversibles sans la moindre ambiguïté.

On peut donner un exemple simple de la différence entre translittération et transcription : soit le patronyme Горбачёв ; celui-ci devra être translittéré Gorbačëv selon la norme ISO 9 (équivalence un caractère uniqueun caractère unique : à tout č doit correspondre un ч et inversement), mais sera transcrit Gorbatchof, Gorbachof ou encore Gorbatschow, selon la langue du transcripteur (équivalence phonétique approximative en tenant compte des usages de la langue cible, ici respectivement le français[5] , l'anglais et l'allemand).

Le standard ISO 9-95 (et les standards associés, notamment le GOST 7.79 - 2001 russe) est appliqué dans les cas où il faut retranscrire sans ambiguïté le mot ou le texte cyrillique en caractères latins, indépendamment de la prononciation, afin de pourvoir ensuite les reconstituer sans perte lors des traitements informatiques ou dans les bibliothèques. Le standard ne vise pas à se substituer à la transcription phonétique ni à être utilisé pour translittérer les toponymes. Il prévoit notamment le respect des normes traditionnelles et esthétiques basées sur la transcription phonétique et ne s'impose pas dans les champs d'applications autres que le traitement algorithmique de texte (GOST 7.79 - 2001. Paragraphe 4).

Le standard russe GOST 7.79 - 2001 - Système « B » s'éloigne sensiblement du standard ISO 9 en adoptant les phonèmes à deux lettres au lieu des signes diacritiques[6].

Il existe également d'autres normes de translittération du russe vers l'alphabet latin, dont l'ALA-LC et le BGN/PCGN[7].

Grec

Article détaillé : Romanisation du grec.

La transcription du grec ancien ne soulève pas de grands problèmes : en effet, l'alphabet grec de l'époque est relativement peu ambigu (à un graphème correspond le plus souvent une seule interprétation phonétique) et une transcription sera très proche d'une translittération. Par exemple, γνῶθι σεαυτόν pourra être transcrit gnothi seauton et translittéré gnỗthi seautón (ou gnȭthi seautón). La translittération fera juste intervenir les accents (et les quantités vocaliques). Il est possible de retrouver facilement l'original, même à partir d'une transcription floue.

Le grec moderne est toutefois plus difficile à traiter. En effet, sa prononciation s'est modifiée en donnant naissance à nombre de phonèmes écrits de manières différentes ainsi qu'à des valeurs phonétiques de certaines lettres très éloignées de nos habitudes. L'une des modifications les plus « gênantes » est l'iotacisme, qui a fait se prononcer [i] six graphèmes différents qui en grec ancien n'étaient pas confondus. De même, ε et αι se prononcent [ɛ] ; ο et ω valent tous deux [ɔ]. Ainsi, la translittération et la transcription seront parfois très éloignées de l'original (ce qui est l'indice d'une orthographe complexe : en effet, il n'est pas possible de noter directement, à l'écoute, un mot grec moderne sans en connaître la graphie).

Voici comme exemple concret le vers suivant d’Odysséas Elýtis :

Στην αρχαία εκείνη θάλασσα που εγνώριζα (Journal d'un avril invisible, « Samedi 11 »).

Une transcription (phonétique et avec les accents) possible serait stin arkhéa ekíni thálassa pu egnóriza. On compte quatre [i], écrits η, ει et ι, et deux [ɛ], écrits αι et ε. Si l'on veut proposer une translittération qui permettrait de reconnaître le texte original, il est nécessaire de distinguer ces graphies. On pourrait par exemple adopter la translittération du grec ancien : stên archaía ekeínê thálassa pou egnốriza, laquelle sera très éloignée de la transcription et demandera au lecteur de connaître des règles de lecture moins intuitives.

Le problème se pose donc pour les noms propres actuels : faut-il choisir la transcription ou la translittération ? Par exemple, Γιάννης Αλευράς se translittère Giánnês Aleurás mais se transcrit Yánnis Alevrás, voire Yannis Alévras si l'on utilise l'accent aigu en suivant les conventions françaises. De même, Βασίλης Κοντογιαννόπουλος translittéré sera plus proche des habitudes françaises car son prénom vaudra Basílês, qui permet de reconnaître Basile, alors que la transcription, Vasílis, voire Vassilis, masque le lien avec Basile. Quant au patronyme, il peut être surprenant de constater qu'il se translittère Kontogiannópoulos et se transcrit Kondoyannópulos (ou Kondoyannopoulos).

Toutes ces questions sont résolues par la normalisation : la norme internationale ISO 843:1997 Information and Documentation. Conversion of Greek characters into Latin characters est adaptée à toutes les écritures grecques "independant of the period in which it was used, i.e. it applies to monotoniko and polytoniko scripts from all periods of Classic or Modern Greek (archaic, alexandrian, hellenistic, byzantine, katharevousa, dimotiki etc.)". Elle propose des règles de transcription et des règles de translittération. Pour ce qui est des noms propres, la constitution d'autorités au niveau international propose là aussi des solutions adaptées en particulier par les bibliothèques du monde entier. En France, l'accès aux formes normalisées des noms propres est donné par la Bibliothèque nationale de France : http://catalogue.bnf.fr rubrique Autorités> Autorités BnF. La règle est de proposer la forme translittérée.

Hébreu

Article détaillé : transcription de l'hébreu.

Un code officiel de translittération de l'hébreu en caractères latins a été édité en 1956 par l'académie israélienne de la langue hébraïque [8].

À titre d'exemple, on peut citer le nom « Josué » (en hébreu : יהושע), translittéré en yehôšua`.

Fausses translittérations ou traductions ?

Dans les médias écrits, il est courant de pratiquer une translittération qui consiste à représenter grossièrement un mot étranger dans le respect flou de sa graphie d'origine. Quand l'alphabet de départ est déjà latin, cette fausse translittération se fait le plus souvent en abandonnant les diacritiques et autres signes n'existant pas dans la langue d'arrivée. Le résultat est cependant lu comme une transcription mais celle-ci n’a parfois plus rien à voir avec la prononciation de départ.

Par exemple, le patronyme Горбачёв est rendu par Gorbatchev. Le ё russe, écrit normalement sans tréma (qui s'utilise surtout dans les ouvrages pédagogiques ; le patronyme Горбачёв est donc couramment écrit en cyrillique Горбачев), se prononce ici [o] et non [e] et le в final [f]. Le rendre, en alphabet latin, par Gorbatchev, amène à le prononcer d'une manière très différente de la prononciation originale, avec un [e] et un [v].

Ce procédé s'est dorénavant imposé comme un véritable procédé de traduction de tous les noms propres russes comportant -е- ou -ё- dans l'original, indépendammant de la prononciation effective : Gorbatchev rejoint Khrouchtchev, mais aussi Brejnev (dont la finale se prononce [if] en russe), le nom de ville Орёл [ʌr'oɫ] se traduit officiellement Orel[9]

Le cas est très fréquent avec des alphabets latins modifiés, comme celui du polonais. Les caractères étendus absents des claviers courants sont simplement omis, sans que l'on adapte cependant l'orthographe pour qu'elle représente mieux la prononciation réelle. Ainsi, le nom du pape Jean-Paul II, Wojtyła (avec un l barré, prononcé [w]) est simplement écrit Wojtyla, avec un l normal. Le locuteur français devrait donc prononcer cette fausse translittération [wɔʒti'la, v-] mais la prononciation la plus fréquente [vɔjti'la] est un compromis finalement assez proche de la prononciation polonaise [vɔj'tɪwa] auquel ne manque que la valeur réelle du ł (abstraction faite de la place de l'accent d'intensité, sur l'avant-dernière syllabe en polonais, et la valeur de [ɪ], plus proche du [e] que du [i] français). De même Lech Walesa, écrit Lech Wałęsa en polonais, se prononce dans cette langue [ˈlɛx vaˈwɛ̃ŋsa] qu'une transcription empirique française pourrait approximativement rendre par « Lekh Vawensa ». Inversement, l'usage polonais exige la transcription des noms étrangers traditionnels : Shakespeare s'écrit donc en polonais Szekspir, mais l'on garde la graphie française pour Chirac.

Translittération en interprétation

Dans le milieu de l'interprétation auprès des personnes sourdes ou malentendantes, la translittération est l'opération qui consiste à reproduire le message sonore en message visible sur les lèvres pour le bénéfice des malentendants qui pratiquent la lecture labiale. L'expression « interprétation orale » est également utilisée pour désigner la translittération.

Notes et références

  1. Regeln für die alphabetische Katalogisierung in wissenschaftlichen Bibliotheken (Instruktionen für die alaphabetischen Kataloge der preussischen Bibliotheken von 10 mai 1899), 4. Nachdr., Leipzig, 1965.
  2. Tant dans les recherches linguistiques que dans les sources lexicographiques. Toutefois, le dictionnaire de référence chinois-russe en 4 volume de I. M. Oshanin [translit. Ošanin] (Moscou 1983-1984) donne les deux translittérations.
  3. Pour la France, on peut renvoyer à la pratique du Bulletin de la Société de linguistique de Paris.
  4. S. Aslanoff, Manuel typographique du russiste. Paris, Institut d'Etudes slaves, 1986.
  5. Où ce principe se heurte à la norme désormais établie chez les traducteurs, cf. infra
  6. [1] GOST 7.79 - 2001 - Système « B »
  7. [pdf][2]
  8. [3] ou [4] [5] norme ISO
  9. В.Г. Гак, Б.Б. Григорьев, Теория и практика перевода (французский язык), Москва, Интердиалект, 1999 : 433.

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