- Logogramme
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Cet article concerne la représentation d'un mot. Pour la représentation d'une organisation, voir logotype.
Un logogramme (du grec λόγος, « parole », ici « mot », et γράμμα, « caractère, lettre ») est un unique graphème notant un lemme (mot) entier et non seulement une partie de ses phonèmes. Dans la majorité des cas, rien n'indique, dans un logogramme, son signifiant (comment il doit être prononcé). En d'autres termes, c'est la plus petite unité significative du langage comme signe unique écrit qui représente un mot complet, indépendamment de la langue.
Un logogramme notant un élément abstrait de la réalité (comme une notion, un morphème ou un lemme) est un idéogramme. Celui qui représente directement, en le dessinant, un élément concret de la réalité est un pictogramme.
Systèmes logographiques
Le système logographique est le système d'écriture le plus ancien. En effet, il était utilisé par les langues des premières civilisations du Moyen-Orient, d'Afrique, d'Asie et d'Amérique comme par exemple :
- les hiéroglyphes de l'Égypte antique ;
- les hiéroglyphes hittites de la langue louvite parlée en Anatolie ;
- l'écriture cunéiforme du sumérien, de l'akkadien et d'autres langues sémitiques ;
- les sinogrammes pour la langue chinoise, diverses nationalités de Chine ainsi que le japonais, le coréen et le vietnamien ;
- l'écriture maya des différentes langues mayas.
Logogrammes courants des langues occidentales
Les langues occidentales à alphabet latin ont une très faible part de logogrammes dans leur écriture. Pourtant, parmi les quelques logogrammes utilisés, certains sont d'un emploi très courant.
C'est le cas des chiffres dits « arabes », par exemple. En effet, si l'on prend le logogramme 1, celui-ci correspond dans chaque langue à un signifiant différent. Ces chiffres étant, de plus, utilisés maintenant presque partout dans le monde, le nombre de signifiants que 1 peut représenter est très important :
- un ou une en français ;
- one (voire a ou an) en anglais ;
- uno ou una en castillan ;
- وَاحِد wāḥid en arabe ;
- ichi en japonais, etc.
De plus, dans une suite de logogrammes comme 10, 1 ne se lit plus un, one, etc. mais l'ensemble se dit, respectivement, dix, ten, diez, عَشْرَة (ʿašraʰ), jū, etc.
Outre les chiffres, d'autres logogrammes sont célèbres :
- l'esperluette, &, qu'on lira, selon sa langue, et, and, und, y, etc. ;
- l'arrobase, @, qu'on peut prononcer chez en français et at en anglais.
Les logogrammes ont cette caractéristique qu'ils permettent une grande intercompréhension écrite : un prix écrit « 100 € » par un Polonais restera compréhensible à un Basque sans qu'il puisse forcément le prononcer en polonais.
Sinogrammes
En outre, les sinogrammes (donc aussi les kanjis et les hanja) reposent principalement sur le système logographique : l'intercompréhension écrite reste alors possible, à divers degrés, entre locuteurs de langues très différentes comme le japonais ou le mandarin. Un Chinois lira, par exemple, le caractère 貓 māo tandis qu'il représentera neko pour un Japonais. Tous deux comprendront « chat ». On conçoit de plus qu'une écriture logographique implique un grand nombre de graphèmes différents pour représenter tous les lemmes du lexique (dans les faits, il est faux de penser qu'à chaque lemme corresponde un caractère unique ; l'article sur les sinogrammes explique pourquoi).
La principale difficulté de ces écritures, du reste, est que face à un caractère inconnu, et selon sa complexité, un lecteur peut ne pas être capable d'en deviner le sens, la prononciation, voire les deux, alors qu'avec un alphabet il est possible, au moyen d'un nombre limité de signes, de déchiffrer la prononciation de la majorité des mots d'une langue et de relier leur graphie à un signifiant, lequel appellera un signifié.
Par exemple, il n'y a pas besoin d'apprendre spécifiquement à lire et écrire le mot chat pour savoir le prononcer. À tout le moins, la seule difficulté réside dans la connaissance ou non du fait que la consonne finale est muette : n'importe quel francophone peut donc lire /ʃa/ (ou /ʃat/, par erreur) et relier ces sons au bon signifié (le contexte permettant de déduire qu'il ne peut pas s'agir du chas d'une aiguille). Bien sûr, le signifiant n'est pas toujours aisé dans l'écriture latine, surtout lorsque sont mis en jeu des mots d'emprunt mal intégrés comme design en français.
Pour les Chinois, mais pas pour les Japonais ou les Coréens, la déduction du signifiant et du signifié de 貓 est facilitée par le fait que la partie droite correspond à l'onomatopée du cri du chat et la partie gauche à la clef représentant un animal à griffes. Pourtant, la partie phonétique de cet idéo-phonogramme se lit miáo et non māo et la clef n'indique que de manière très générale qu'il s'agit d'un animal à griffes, lesquels sont très nombreux. Il serait donc exagéré d'affirmer que le signifiant comme le signifié se déduisent « naturellement » à la lecture. C'est du reste une idée reçue occidentale (« le chinois se lit comme un rébus ») contre laquelle s'élèvent des spécialistes des sinogrammes comme Viviane Alleton.
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