Interpretation francais/langue des signes quebecoise

Interpretation francais/langue des signes quebecoise

Interprétation français/langue des signes québécoise

Signe en LSQ pour le mot « interprète ».

Sommaire

Repère historique

Il y a fort longtemps que les personnes sourdes communiquent entre elles au moyen d'une langue de signes structurée. La première école publique destinée aux personnes sourdes a été fondée au XVIIIe siècle par l'abbé Charles Michel de l'Épée. Comme pour les langues vocales, il existe aujourd'hui des centaines de langues de signes différentes. Un peu partout, des interprètes professionnels en langue des signes permettent aux communautés sourdes et entendantes de passer outre les obstacles à la communication qu'entraîne la surdité.

Interprétation auprès des sourds au Québec

Au Québec, les sourds communiquent entre eux dans leur propre langue depuis très longtemps. Au cours des années, la langue des signes utilisée au Québec a subi différentes influences en provenance de la langue des signes française (LSF) et de la langue des signes américaine (ASL). Remarquez que l'appellation langue des signes québécoise (LSQ) existe comme telle depuis le début des années 80. À cette époque, avec pour chef de file le regretté Raymond Dewar, la communauté sourde québécoise entame une réflexion sur son identité en tant que groupe. Il en résulte une fierté renouvelée vis-à-vis de la langue des signes, sa richesse, sa complexité et une prise de conscience des spécificités des traits culturels partagés par les Sourds, on parlera alors de culture sourde.

Interprétation français-LSQ

L'interprétation en langue des signes est parfaitement comparable à l'interprétation entre deux langues parlées : de l'anglais au français, de l'anglais au japonais, etc. La profession d'interprète français-langue des signes québécoise n'existe de façon organisée que depuis les années 1980 au Québec. Auparavant, les échanges entre les Sourds et leur entourage se faisaient de façon informelle grâce à la collaboration de leurs proches ou d'intervenants dans le milieu de la surdité.

Avant la mise sur pied du Certificat en interprétation visuelle de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et sauf pour quelques sessions données à l'École d'interprétation et de traduction de l'université d'Ottawa, aucun programme de formation d'interprète en langue des signes n'était disponible au Québec ou dans ses environs immédiats. Ainsi, la profession d'interprète en langue des signes était généralement acquise par la pratique, parfois avec l'aide d'un interprète expérimenté et par la fréquentation de la communauté sourde.

L'Année internationale des personnes handicapées en 1981 a favorisé le développement de la profession. L'Association québécoise des interprètes francophones en langage visuel (AQIFLV) fut fondée en 1982. Elle est désormais dissoute. Le gouvernement met sur pied un service d'interprétariat en milieu scolaire de niveau post-secondaire. Lors du Sommet québécois sur la déficience auditive tenu en 1986, le manque d'interprètes ainsi que certaines faiblesses d'ordre qualitatif furent évoqués. En octobre 1987, l'AQIFLV, qui prône la reconnaissance professionnelle des interprètes, entérinait un projet de programme universitaire axé sur la formation d'interprètes en langage visuel, projet qui s'est concrétisé en septembre 1990 à l'UQAM.

Comment devenir interprète en langue des signes

Pour devenir interprète pour les sourds et les malentendants, il faut suivre une formation spécialisée. Mais avant tout, il faut aussi connaître les langues de travail : nous parlons du français et de la langue des signes québécoise (LSQ). Devenir interprète en langue des signes, c'est donc un projet à long terme :

  1. Devenir bilingue français-LSQ;
  2. Apprendre à maîtriser les techniques de l'interprétation;
  3. Acquérir une attitude professionnelle.
  • Devenir bilingue
La langue des signes s'acquiert comme n'importe quelle autre langue naturelle; comme l'allemand, le micmac, l'espagnol... Ainsi, les parents sourds transmettent leur langue (au Québec c'est généralement la langue des signes québécoise) comme langue maternelle. Plusieurs interprètes ont des parents sourds et, dans leur cas, le français est une langue seconde. Pour les autres personnes dont les parents sont entendants, apprendre la LSQ c'est aussi facile et aussi difficile que n'importe quelle autre langue étrangère. Les débuts sont généralement faciles et la progression est rapide, comme aux beaux jours de nos tout premiers cours d'anglais : Jack is a student, Mary is a girl... Puis le contenu se complique et c'est là que nous perdons des joueurs.
Devenir bilingue, c'est autre chose que de s'amuser à reproduire quelques signes qui nous paraissent si évidents. C'est autre chose que d'ajouter des signes en suivant les phrases en français, ceci pour des sourds qui vous comprennent parce qu'eux connaissent mieux le français que vous la LSQ. Il faut donc apprendre la langue des signes de la même façon qu'une langue étrangère. Le temps d'apprentissage dépend surtout de nos aptitudes et de notre motivation.
Être bilingue, c'est être capable d'exprimer naturellement ses pensées les plus complexes de façon fluide, tout en étant compris sans effort par les autres. Pour être interprète, il faut faire un pas de plus et être capable d'exprimer les pensées les plus complexes d'une autre personne, de façon fluide et naturelle, même si nous sommes en désaccord avec le message, tout en étant compris sans effort par l'interlocuteur.
Pour devenir interprète auprès des sourds et des malentendants, il faut une formation!
  • Un savoir-faire...
Il ne suffit pas de savoir signer pour savoir interpréter. Parce qu'il y a beaucoup de préjugés sur les Sourds et leur langue, trop de personnes ignorent que la LSQ est une langue à part entière et que seul un interprète compétent peut assurer un passage fidèle d'une langue à l'autre. La profession d'interprète en langue des signes est l'amalgame de connaissances préalables (culturelles et linguistiques), d'un savoir-faire spécifique et d'attitudes professionnelles. Le processus d'interprétation est fort complexe, il faut apprendre à transmettre instantanément un message avant même de savoir le contenu final de ce qui va se dire. On demande à l'interprète de se substituer à l'orateur, de faire preuve d'autant de conviction, sans égard pour le contenu. Il suit le flot de la parole : tout en traduisant ce qui est dit, il écoute ce qui suit et enchaîne naturellement... L'interprète écoute et parle simultanément : toute une gymnastique!
On distingue trois situations génériques correspondant à des niveaux de compétence spécifique :
  1. le face-à-face (niveau junior);
  2. les réunions (niveau intermédiaire);
  3. les conférences (niveau senior).
Chaque situation comporte des caractéristiques propres et l'interprète doit apprendre à maîtriser chacune d'elle. Pour devenir interprète français-langue des signes québécoise, il n'existe au Québec qu'une seule formation reconnue par le gouvernement : le certificat de premier cycle en interprétation visuelle de l'UQAM. Pour s'y inscrire, les candidats interprètes doivent réussir une évaluation attestant de leur maîtrise des langues de travail.
Une fois la technique maîtrisée, l'interprète en langue des signes auprès des sourds et des malentendants doit apprendre à agir selon les règles de l'art...
  • Les qualités d'un interprète compétent
En dépit de son cheminement académique, l'interprète en langue des signes diplômé doit encore poursuivre sa formation professionnelle, car l'interprétation n'est pas seulement une affaire de savoir-faire mais également d'attitudes professionnelles. Au cours de sa carrière, l'interprète devra prendre de nombreuses décisions qui sortiront de la problématique des équivalences sémantiques. Il s'agit d'un point très délicat, car ces décisions peuvent avoir des incidences sur l'intégrité des personnes en cause. C'est alors que l'interprète devra prendre appui sur les règles de la profession.
Au Québec, l'Association québécoise des interprètes francophones en langage visuel (AQIFLV) a déjà assumé le rôle de regrouper les interprètes et translitérateurs auprès des personnes sourdes à l'échelle provinciale. Aujourd'hui, l'Association professionnelle n'existe plus mais les interprètes et les employeurs ont toujours recours au code déontologique de la profession. De plus, des professionnels de l'interprétation poursuivent le mandat d'évaluer les interprètes en langue des signes. Ces personnes sont à même d'attester du niveau de maîtrise (junior, intermédiaire, senior) des interprètes par le biais d'un test d'évaluation reconnu par les principaux organismes du milieu de la surdité. Toutefois, la compétence d'un interprète se vérifie également par la qualité de ses interventions, par son souci d'offrir un service approprié en fonction de la clientèle et de la situation, par son engagement, sa préparation et, finalement, par son adhésion aux principes éthiques qui encadrent sa pratique professionnelle.
La compétence de l'interprète repose sur un certain nombre de critères :
(tiré de la brochure produite par le Centre québécois de la déficience auditive L'interprétation visuelle et tactile, Montréal, 1993, p. 9-10)
  • L'interprète a une connaissance pertinente du monde et de la culture des personnes sourdes ou malentendantes.
  • L'interprète connaît plusieurs modes de communication, dont celui qu'utilise la personne qui fait appel à ses services.
  • L'interprète est relativement familier avec le sujet traité au cours de la séance d'interprétation.
  • L'interprète possède une grande capacité d'attention et de concentration.
  • L'interprète ne remplace pas la personne sourde ni la personne entendante. Le messager ne doit pas éclipser le message.
  • L'interprète compétent doit se soumettre à certaines règles qui relèvent de la déontologie.
Les personnes qui doivent engager des interprètes font face à un problème de taille : comment s'assurer de la qualité des services? Un des premiers moyens est de vérifier auprès des consommateurs. Ceux qui se plaignent des services d'interprétation le font rarement pour le plaisir! Toutefois, la satisfaction de la clientèle n'est qu'un indice assez éloigné des compétences réelles en interprétation. En effet, les consommateurs peuvent donner leur appréciation du discours qui leur est accessible sans possibilité de juger la fidélité.
Dans un autre ordre d'idées, des personnes compétentes en signes mais peu renseignées sur la profession d'interprète peuvent rendre un jugement défavorable parce qu'elles se rendent compte que l'interprète n'utilise pas les mêmes mots que la personne qui parle. Or, en interprétation, cette situation est fréquente sinon inévitable! Pour évaluer la justesse d'un acte d'interprétation il faut pouvoir comparer les deux discours et voir si les intentions, le style, le contenu ont été transmis intégralement et adéquatement dans le respect des langues et des cultures des personnes présentes. À moins de bien connaître la langue des signes et de pouvoir comparer le discours initial avec le discours interprété, il est donc très difficile d'évaluer la compétence d'un interprète! Le minimum que vous puissiez faire, c'est de vous assurer que l'interprète est diplômé et qu'il est membre de son association professionnelle. Ainsi, vous pourrez faire valoir vos droits auprès de l'association concernée.

Santé des interprètes

Références

La version originale de cet article a été rédigée et publiée dans le site sur l'interprétation en langue des signes québécoise (désormais fermé) par Danielle-Claude Bélanger, interprète, enseignante et conseillère pédagogique au cégep du Vieux Montréal (Québec), actuellement chargée de cours au Département de linguistique et de didactique des langue à l'Université du Québec à Montréal UQAM et conseillère pédagogique au Collège de Maisonneuve.

Liens internes

  • [1] Cours de LSQ

Sur l'interprétation

Sur la langue des signes

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