Tara Arctic

Tara Arctic

Tara (goélette)

Tara
La goélette Tara dans le port de BrestLa goélette Tara dans le port de Brest
Gréement : goélette à deux mâts
Débuts : 1989
Longueur hors-tout : 36 m
Maître-bau : 10 m
Tirant d’eau : 1.50 à 2.50 m
Déplacement : 130 tonnes
Voilure : 400 m²
Architecte : Bouvet - Petit
Équipage : 17 marins
Chantier : SFCN Villeneuve-la-Garenne
Port d’attache : Lorient France France

Tara, anciennement appelée Antarctica puis Seamaster, est une goélette destinée successivement à l'exploration, et à la défense de l'environnement. Dans le cadre de l'Année polaire internationale, en 2007-2008, ce voilier est utilisé en Arctique par l'expédition Tara Arctic dans le but de faire des relevés permettant de mieux comprendre les changements climatiques qui s'opèrent en Arctique.

Sommaire

Historique du bateau

Le TARA le 23 août 2009 devant Port Lay, Île de Groix

Tara a été construit en France à l’initiative de Jean-Louis Étienne, médecin explorateur, en 1989 et dessiné par les architectes navals Luc Bouvet et Olivier Petit. Appelé Antarctica, cette goélette a parcouru toutes les mers du globe jusqu’en 1996.

Puis elle fut reprise par Peter Blake sous le nom de Seamaster, pour en faire l’instrument principal de son programme de défense de l’environnement soutenu par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Malheureusement, l’aventure s’arrêta en 2001 sur le fleuve Amazone au Brésil. Peter Blake étant tué par des pirates, le bateau fut laissé à quai pendant 2 ans.

En 2003, le directeur général d’agnès b., Étienne Bourgois, reprit le bateau en le rebaptisant Tara. Il lança le projet Tara Expéditions pour faire prendre conscience de la fragilité de l’environnement. Depuis ce jour, Tara a fait 6 expéditions, a parcouru plus de 40 000 milles du nord au sud, avant de se lancer dans le projet, Tara Artic 2007-2008.

2007-2008 : l’expédition Tara Arctic

Carte de l'expédition Tara Arctic 2007-2008

De septembre 2006 à février 2008, dans le cadre de l’Année polaire internationale, Tara fut au cœur de l’Océan Arctique, pour étudier et comprendre les phénomènes de changements climatiques des hautes latitudes. Il servit de base pour DAMOCLES, programme scientifique de l’Union européenne.

Pour cela Tara s’est fait enserrer par la banquise le 3 septembre 2006 (par 79°53′N 143°17′E / 79.883, 143.283), s'est laissé dériver et s'en est libéré le 21 janvier 2008 (par 74°08′N 10°04′W / 74.133, -10.067), après 505 jours de dérive sur environ 1 800 kilomètres, a regagné le port de Longyearbyen au Svalbard, puis est revenu à Lorient le 23 février 2008.

Avec sa coque en « noyau d'olive », le bateau a pu se laisser bloquer par les glaces car il a été conçu pour résister aux pressions extrêmes que la banquise exerce. Analogue dans sa mission au Fram de Nansen, qui pesait 800 tonnes, la goélette Tara a bénéficié de la technologie moderne du soudage de l'aluminium, et n'a pesé que 190 tonnes au départ. Pour résister aux températures polaires, la coque est en aluminium, un métal qui, contrairement à l'acier, durcit et ne casse pas par grand froid.

Vincent Hilaire raconte la sortie des glaces[réf. nécessaire] :

« On a rééquilibré la goélette au mieux ; puis le 20 janvier 2008, 13 h 20, Samuel Audrain remet en marche les deux diesels de 0.5 MW, le safran tribord ayant été replacé ( la gîte de Tara ne permettait pas la remise du safran babord) ; la quille de glace formée s'est décollée et a glissé ; remise au cap délicate de Tara dans une glace friable mais encore puissante, puis avancée non moins délicate jusqu'au couloir libre, boulevard puis autoroute : il est 13 h ! Hervé Bourmaud, le capitaine, n'a jamais lâché la barre, le chef scientifique, Grant Redvers, a suivi toute l'opération ; et l'équipage entier derrière la manœuvre.

La dérive des glaces a donc dicté le mouvement du bateau : surprise ! Alors que les prévisions étaient d'un trajet de plus de 700 jours, la glace n'aura mis que 500 jours et évidemment aura été déviée plus vers la droite ( vent + Coriolis ): l'analyse exacte est en cours.

Un moment fort : non prévue a été la débâcle de septembre 2006 ; il a fallu ramasser à toute allure le matériel déposé sur la banquise qui s'écaillait. »

2009-2012 : Tara Océans

Du 5 septembre 2009 à septembre 2012, le Tara s'engage dans une nouvelle expédition et traversera les océans pour étudier le piégeage des molécules de gaz carbonique (CO2) par les micro-organismes marins comme le plancton[1]. La goélette part de Lorient et se dirige d'abord vers la Méditerranée, puis la mer Rouge, avant de longer les côtés jusqu'à l'Inde (arrivée prévue à Bombay en mars 2010), de redescendre vers les Mascareignes et Madagascar, passer Le Cap (en septembre 2010), faire le tour de l'Amérique du Sud avec un détour vers l'Antarctique, atteindre l'île de Pâques (mars 2011) puis sillonner le Pacifique jusqu'à Auckland (septembre 2011) et l'Australie, remonter vers le Kamtchatka via l'Indonésie et Tokyo (mars 2012), retraverser le Pacifique en direction des États-Unis puis vers le détroit de Bering pour contourner le Canada par l'Arctique afin d'atteindre New York (septembre 2012) et revenir à Lorient[2].

L'équipage comprend 14 personnes dont 5 marins et 4 reporters qui seront relevés tous les 3 mois et en permanence 5 scientifiques relevés quant à eux environ toutes les 3 semaines, en liaison et en collaboration avec une équipe de 100 chercheurs restés à terre.[2][1]. Dans les équipements scientifiques dont le montant se monte à 1,5 million d'euros, l'expédition embarque une rosette (océanographie), un cytométre en flux, un microscope 3D entre autres. Le coût de fonctionnement de l'expédition s'élève à 3 millions d'euros par an, entièrement financé par des fonds privés dont un tiers par Agnès Troublé[1].

Liste détaillée et chronologique des mers et des océans traversés

DAMOCLES

Le projet pilote DAMOCLES (Developping Arctic Modelling and Observing Capabillities for Long-term Environmental Studies) fait partie intégrante du projet Tara Artic 2007-2008. Ce projet de l’Union européenne, coordonné par Jean-Claude Gascard, vise à observer, comprendre et quantifier les changements climatiques en Arctique afin d’aider à la prise de décisions face au réchauffement de la planète. DAMOCLES regroupe 45 laboratoires, issus de 10 pays européens, des États-Unis et de Russie. Pour ces scientifiques, la goélette Tara a représenté un poste avancé incomparable.

Ils avaient pour mission de faire des mesures scientifiques concernant l'ensemble atmosphère-banquise-océan :

  • La basse atmosphère, étudiée grâce à un ballon : enregistrement des températures, de la vitesse du vent et de la pression atmosphérique sur six niveaux entre la surface et 2 000 m d’altitude.
  • Les données océanographiques : température, salinité, pression de l’eau jusqu’à 4 000 m de fond.
  • Les radiomètres indispensables pour rendre compte des modifications de l’albédo. La banquise recouverte de neige réfléchit 80 % du rayonnement solaire : c’est ce qu’on appelle l’albédo, le pouvoir réfléchissant. Avec la disparition de la glace, ce rayonnement sera absorbé par l’océan à 80 %, renforçant davantage encore son réchauffement.
  • La composition de la glace et les caractéristiques de la neige, lesquelles influent sur les échanges marins.
  • L’épaisseur des glaces autour de Tara.
  • Le “trou d’ozone de surface” de l’Arctique. Au printemps, les concentrations d’ozone chutent en effet dramatiquement à la surface de l’Océan Arctique et non dans la haute atmosphère comme c’est le cas en Antarctique, un phénomène encore mal expliqué.
  • L’origine des eaux douces de surface par analyse chimique de l’eau.
  • La nature des aérosols, des particules atmosphériques, et des polluants en suspension dans l’air.
  • L’analyse biologique des bactéries spécifiques de la glace.
  • La faune : les populations d’ours, de phoques, de renards polaires, de baleines, ou de morses ainsi que l’enregistrement sonore des mammifères marins.
  • L’étude du stress humain en milieu hostile.

Quelques résultats :

  • La dérive a été de 5 200 km soit 2 600 km en « ligne droite » ; la plus grande dérive a été de 50 km par jour et la moyenne fut de 10 km par jour,
  • L'essentiel de la trajectoire a été au-delà du 80e parallèle ; et Tara s'est approché à 170 km du pôle Nord, le 28 mai 2007,
  • Il a été enregistré 230 nuits complètes, 230 jours permanents et 47 jours « ordinaires » polaires,
  • L'enregistrement de la température de l'air la plus faible a été de - 41°C, la plus chaude + 9°C ; le nombre de jours au dessus de 0°C a été de 50 jours entre le 9 juin et le 18 septembre 2007,
  • Le ballon-sonde s'est élevé jusqu'à 1 500 m d'altitude mais a rencontré des problèmes de givre,
  • En ce qui concerne la glaciologie, il a été mesuré une épaisseur moyenne de glace de 1,5 m, mesurée à l'EM31 (radar spécialisé) ; il a été effectué des carottages et a été enregistré des données sismiques,
  • La sonde Océan spécifiée en conductivité-salinité, température, densité (CTD) a été parfois endommagée mais a recueilli toutefois des données significatives.

Caractéristiques techniques de Tara

Tara est le plus grand dériveur polaire du monde. Il a été conçu pour résister à la compression des glaces en mouvement et aux très basses températures.

  • Architectes : Bouvet – Petit
  • Chantier : SFCN
  • Pavillon : français
  • Classification : Bureau Veritas – 13/3 (E)
  • Longueur : 36 mètres
  • Largeur : 10 mètres
  • Tirant d’eau : 1,5 mètre à 2,5 mètres
  • Poids : 130 tonnes
  • Matériau de la coque : aluminium
  • Mâts : 2 de 27 mètres
  • Voilure : 400 m2
  • Propulsion à moteurs Diesel : 2 x 350 chevaux
  • Énergie : 2 x 22kW, panneaux solaires et éoliennes
  • Autonomie : 5 000 milles
  • Moyen de communication : Iridium, Standard B et C, radio BLU
  • Matériel : 2 semi-rigides équipés de 40 et 30 chevaux, 4 temps
  • Réservoir de fioul : 45 m3
  • Unité de déssalinisation : 200 L⋅h-1
  • Réservoir d’eau : 6 000 litres
  • Réservoir d’eaux usées : 7 000 litres
  • Capacité de couchages : 17 personnes
  • Traitement des déchets : 1 broyeur et 1 compacteur
  • Habitacle : alors que l'habitacle du Fram, une goélette à trois mâts construite en 1892 pour des expéditions polaires, était doublé en poils de renne et de feutre dans du linoléum, celui de Tara a été réalisé en une peau de mousse synthétique en sandwich entre des plaques de contreplaqués, qui évite ainsi tout contact avec l'aluminium de la coque. Les vitres sont en double-vitrage plexiglas. La ventilation est assurée afin d'éviter toute condensation d'humidité.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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Notes et références

  1. a , b  et c Sur le site Le Figaro.fr
  2. a  et b « Tara Océans, une expédition inédite », in Metro, jeudi 3 septembre 2009, p. 8
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