- Sark
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Sercq
Sercq Drapeau Armoiries Administration Statut politique Dépendance du bailliage de Guernesey Capitale Sercq Gouvernement
- Chef d'État
· Lieutenant-gouverneur
· Tenants
Élisabeth II
Fabian Malbon
Adrian et Pennie Wood HeyworthGéographie Superficie 5.5 km² Démographie Population (2002) 550 hab. Densité 100 hab./km² Langue(s) Anglais, Sercquiais Économie Monnaie Livre sterling Autres Fuseau horaire UTC +0 (hiver), UTC+1 (été) Domaine internet .gg Hymne Sarnia Chérie Devise {{{devise}}} Sercq ([sɛʁ], en sercquiais Sèr, en anglais Sark) est une petite île Anglo-Normande située dans la Manche, à l'est de Guernersey et à quelques kilomètres à l'ouest des côtes du Cotentin français.
Sercq est une seigneurie normande du bailliage de Guernesey, état dépendant de la Couronne britannique.
Sommaire
Histoire
D'abord pacifiée par les légions romaines, afin de protéger les routes commerciales, Sercq fut utilisée au XIIIe siècle comme repaire par le pirate français Eustache le Moine, après qu'il eut servi le roi Jean d'Angleterre. Cet ancien refuge de naufrageurs abritait alors une petite communauté celte depuis le IVe siècle. L'île fut proposée ensuite au seigneur de Saint-Ouen (à Jersey). Hélier de Carteret, reçut de la reine Élisabeth I la seigneurie de Sercq, sous condition qu’il la colonise : c'était alors une île peu peuplée, qu'il fallait protéger contre des bandes de pirates qui s'en servaient de base d’opérations. C’est avec une quarantaine de familles venues de la paroisse de Saint-Ouen que Carteret établit cette petite société féodale. Les colons avaient tout d'abord essayé d'établir un bailliage indépendant, mais le bailli de Guernesey se hâta de refuser les revendications des colons et d'affirmer l'autorité de la Cour royale de Guernesey sur l'île, ce qui est resté d'actualité.
Les trois siècles qui suivirent furent paisibles, en dehors des tensions franco-britanniques, auxquelles l'île fut forcément impliquée. La paix qui caractérise l'ère victorienne a permis la découverte de l'île par les premiers touristes, souvent des personnes de la haute société, dont le voyage passait par Guernesey ou Jersey. Le prince Louis Lucien Bonaparte y vint en 1862 pour étudier le sercquiais, issu du jersiais, dialecte insulaire normand.
Durant la Seconde Guerre mondiale, l'île fut occupée par les Allemands entre 1940 et 1945, comme les autres îles Anglo-Normandes. Contrairement à celle d'Aurigny transformée en camps, celle de Sercq ne conserve que peu de traces de cette période.
Après la guerre, l'île fut mieux connue par les guides de tourisme. En revanche, contrairement aux autres fiefs des bailliages de Jersey et de Guernesey, le seigneur y conserva intacts ses droits seigneuriaux. Dans les autres îles, ils furent abolis ou tranférés au domaine public. En revanche, toutes les seigneuries ont conservé leur existence juridique : les seigneurs continuent la tradition de la foi et de l'hommage, dans les mains du duc de Normandie (la Reine) ou de son réprésentant. Ils paient un cens qui est resté inchangé depuis le Moyen Âge.
En 1991 un physicien nucléaire français sans emploi, nommé André Gardes, tenta une invasion de Sercq, armé d'un fusil semi-automatique. Il fut arrêté par l'officier de police (lequel était à l'époque un fermier de la petite Sercq, Philip Perrée Junior) alors qu'il était assis sur un banc, en train de changer le chargeur[1].
En 1993, les frères Barclay rachètent Brecqhou.
Sercq fait juridiquement partie du bailliage de Guernesey. Elle n'a donc pas le rang d'État indépendant, mais c'est la seule seigneurie anglo-normande qui a gardé sa spécificité féodale, du fait de son caractère insulaire.
Géographie
Sercq
Sercq est une petite île d'une superficie de cinq kilomètres carrés dans l'archipel des îles Anglo-Normandes. Elle est située à environ 11 km à l'ouest de Jersey. L'île se compose de deux parties distinctes communément appelée la petite et la grande Sercq. Elles sont reliées par « la Coupée », un isthme étroit qui ne fait que 3 mètres de large dans sa partie supérieure, bordés des deux côtés par un à pic d'une centaine de mètres. Des barrières de sécurité n'y ont été installées qu'en 1900 (auparavant, les enfants traversaient le passage à quatre pattes pour éviter de tomber). La totalité de l'isthme est couvert aujourd'hui par un étroit chemin bétonné, construit en 1945 par des prisonniers de guerre allemands, sous la direction des Royal Engineers, le génie militaire de l'armée britannique.
L'île est desservie uniquement par la mer, pour le fret et pour les passagers, depuis Saint-Pierre-Port.
Brecqhou
Article détaillé : Brecqhou.La seigneurie de Sercq compte en plus une petite île, nommée Brecqhou, située à l'ouest de Sercq dont elle n'est séparée que par un étroit chenal d'une quarantaine de mètres à marée basse. L'île a une superficie de 65 hectares et forme l’une des 40 « tenures » qui découpent Sercq. C'est une île privée dont le rachat en 1993 par les frères Barclay, Sir David et Sir Frederick Barclay, deux milliardaires britanniques, a eu certaines incidence sur la tranquillité et les institutions de Sercq.
Population
Actuellement, elle est peuplée d'environ 600 habitants (les Sercquiais).
Langue et dialecte
Comme pour les autres îles Anglo-normandes, on parle majoritairement l'anglais sur Sercq.
Le sercquiais, langue normande de Sercq, est linguistiquement proche du jersiais, dont le dialecte fut apporté sur l'île par les premières familles jersiaises au XVIe siècle mais influencé par le guernesiais. Ces langues sont des formes insulaires du normand. Le sercquiais, actuellement minoritaire, est en voie de disparition. D'une façon générale, le franco-normand reste encore la langue usuelle non écrite des quelque 600 insulaires.
Climat
La profusion des rhododendrons, azalées, magnolias, genêts, hortensias et camélias fait de Sercq un jardin extraordinaire. Cette richesse botanique, due au climat humide et doux qu'entretient le Gulf Stream (les gelées sont pratiquement inconnues), est pour beaucoup dans le succès que rencontre l'île auprès des Britanniques, d'où l'importance économique du tourisme, qui l'a fait connaître.
Tourisme et économie
L'île, qui a gardé un charme inchangé depuis l'époque où Victor Hugo s'y promenait, est devenue une destination de tourisme recherchée. C'est le principal secteur d'activité. Les véhicules automobiles y sont interdits, à l'exception des tracteurs, ce qui fait de la bicyclette et des carrioles tirées par des chevaux des moyens de transport privilégiés.
Par ailleurs, la situation du bailliage de Guernesey comme état non ressortissant de l'Union européenne, a permis le développement d'un nombre très important de qui y sont domiciliées. Sercq compte ainsi quelques unes de ces sociétés, mais l'incidence sur l'économie locale n'est pas connue.
Politique
Statut
Sercq était jusqu'en 2008 considérée comme le dernier état féodal d'Europe, mais officiellement, l'île est et reste une seigneurie. Seule l'introduction de la représentation complète par le suffrage universel a mis fin à l'ancienne forme héréditaire de représentation, datant de 1604. Voir l'article Histoire récente, ci-dessous.
Régime féodal et seigneurial
Comme les autres fiefs des îles anglo-normandes, le fief de Sercq est tenu par le seigneur des mains du duc Élisabeth II (survivance de la partie insulaire du duché de Normandie). L'île avait été partagée en 40 parcelles (quarantaine tènements) par le premier seigneur de l'île, Hélier de Carteret, en 1565. Ces tènements ont été transmis à leurs successeurs par droit d'aînesse, mais seuls 39 d'entre eux pouvaient siéger aux plaids que préside le sénéchal, nommé par le seigneur. Ce droit a été supprimé en avril 2008, quand la loi électorale a été substantiellement réformée et le privilège des tenants d'avoir automatiquement un vote au parlement aboli. La conséquence politique de cette institution ne modifie en rien la concession du fief de Sercq à son titulaire actuel, par Élisabeth II, au même titre que les autres seigneuries de Guernesey et de Jersey, lequel conserve ses droits féodaux et son siège aux chefs plaids. La question d'une remise en cause des droits seigneuriaux ne semble apparemment pas posée.
Le seigneur
Article détaillé : Liste des seigneurs de Sercq.Le seigneur de Sercq est à la tête du gouvernement de l'île de Sercq (dans le cas d'une femme, le titre est « Dame »). Depuis 1974 John Michael Beaumont (1927-) est le vingt-deuxième seigneur de Sercq, titre dont il a hérité par sa grand-mère en 1974.[2] Beaucoup des lois de l'île, en particulier celles qui traitaient du rôle du seigneur et de la manière dont il héritait, étaient restées inchangées depuis leur entrée en vigueur en 1565, sous la reine Élisabeth I.
Droits seigneuriaux
Selon le « droit de colombier », seul le Seigneur peut garder des pigeons. C'est un symbole du droit de justice qui appartient au seigneur, et qui est exercé par le sénéchal. Il est également interdit à tous les habitants de l'île (hormis le seigneur), de posséder une chienne non stérilisée, depuis qu'au XVIIe siècle des attaques d'animaux errants eurent lieu contre les troupeaux de moutons.
Par exemple, jusqu'à 2008, le Seigneur était la seule personne sur l'île à pouvoir posséder une chienne non stérilisée. La possession des pigeons est aussi un privilège traditionnel du Seigneur : c'est un droit seigneurial et non féodal.
Chefs Plaids
Les Chefs Plaids, parlement de l'île, sont constitués de 40 tenants (les propriétaires de terres dont la subdivision remonte aux 40 familles d'origine) et 12 députés du Peuple (élus pour un mandat de trois ans). Le sénéchal est le président des Chefs Plaids, auxquels le Seigneur (ou son délégué) doit assister. Après le changement actuel, qui était préparé depuis quelques années et qui fut finalement adopté par le Chefs Plaids puis accepté par le Conseil privé en 2008, les Chefs Plaids seront élus librement.
Originellement, les Chefs Plaids étaient des séances particulières du tribunal de l'île ou les jurés élus « avec le conseil du peuple » gouvernaient l'île depuis 1572. « Avec le conseil du peuple » – originellement, cela signifiait que la tête de chaque famille avait un vote dans ces séances. Mais en 1604, ce droit fut réduit aux 39 familles qui possédaient les plus vieilles parcelles. Ces familles avaient un statut élevé parce qu'ils étaient requis pour le Seigneur qui devait avoir 40 hommes armés sur l' île. Maintenant, ces familles sont une minorité. Les 12 députés du Peuple, la seule répresentation de la majorité, ont été introduits en 1922.
Transition démocratique
En 2006, Sercq a entamé des réformes démocratiques pour se mettre en conformité avec la Convention européenne des droits de l'homme. Ces réformes s'expliquent par les pressions exercées par les frères Sir David et Sir Frederick Barclay, propriétaires du Daily Telegraph, richissimes nouveaux tenants (propriétaire terrien féodal) que les lois de Sercq empêchaient de mener leurs affaires rondement[3]. En l'occurrence, les frères Barclay avaient acheté l'îlôt de Brecqhou pour 2,3 millions de livres en 1993, et semblaient souhaiter en disposer sans égard pour la législation locale, qui interdit notamment les hélicoptères.
Sous la pression, apparemment, de la couronne britannique, le 4 octobre 2006, les membres du parlement de l'île (les chefs plaids) votèrent la fin du régime féodal, à la majorité de vingt-trois voix pour un système de représentation à un niveau, une voix contre et quatorze abstentions. Vingt-huit « conseillers » remplaceront désormais les quarante tenants et les douze députés du peuple. Les conseillers recevront le titre honorifique Sieur ou Madame autrefois réservé aux tenants. Sercq est donc, à ce jour, en conformité avec les recommandations du Conseil de l'Europe.
Le 10 décembre 2008, la petite île a tourné la page de plus de 400 ans de féodalité de type ancien, en organisant les premières élections entièrement démocratiques de son histoire. Cette élection n'a toutefois pas mis à bas le statut féodal et seigneurial de l'île, mais l'a fait évoluer. Les habitants ont pu élire, pour la première fois, l'intégralité des membres de leur parlement local, les Chefs Plaids. Le scrutin s'est tenu dans la salle de billard du siège du gouvernement de l'île. Les 56 candidats pour 28 sièges, représentaient près de 10% de la population de l'île[4].
La majorité des électeurs s'est prononcée en faveur des partisans du « féodalisme » et au détriment de ceux des « réformes » prévues par les frères Barclay, notamment l'abolition du caractère héréditaire du poste de seigneur et le cumul par le sénéchal, nommé par le seigneur pour trois ans, du pouvoir judiciaire et exécutif. En fin de compte, seuls cinq partisans des Barclay ont été élus, ils ont aussitôt annoncé, par mesure de rétorsion, et immédiatement commencé à mettre en œuvre, la fermeture de toutes leurs entreprises (hôtel, commerces, entreprises de construction, agences immobilières) sur l'île et licencié leurs 140 employés, c'est-à-dire un habitant sur quatre, sachant qu'il n'existe pas de système de sécurité sociale à Sercq, donc pas d'allocations de chômage. Kevin Delaney, directeur du Sark Estate Management, qui regroupe les intérêts des Barclay sur l'île a annoncé qu'ils ferment leurs firmes, mais qu'il n'ont pas l'intention de les vendre[5],[6]
À Jersey, les États (parlement), réunis en session le 12 décembre 2008, ont envoyé un message de soutien à l'île-sœur, et le premier ministre a annoncé le lundi suivant envisager une aide financière à Sercq, en espérant "ne pas devoir la prélever sur l'aide à l'outremer"[7], [8].
Le nouveau parlement se réunit tous les trois mois et fonctionne par le biais de comités spécifiques (l'équivalent des commissions dans les conseils municipaux français), auquels peuvent toutefois être adjoints des membres non élus. Ces comités rédigent des rapports et des propositions qui sont discutées en séance plénière des Chiefs Plaids. Dans les discussions, on note que tracteur, seul véhicule motorisé autorisé à Sercq, pourrait se voir concurrencé dans certains cas par quelques véhicules électriques [9]
Droit coutumier normand
Comme sur les autres îles Anglo-normandes, le droit coutumier normand est encore applicable à Sercq.
- Clameur de Haro
Parmi les lois de Sercq figure la clameur de haro, article de la coutume de Normandie qui existe également dans tout le bailliage, ainsi que dans le bailliage de Jersey : par ce moyen coutumier, une personne qui s'estime lésée peut obtenir la cessation immédiate de toute action qu'elle considère enfreindre ses droits. À cet effet, elle doit, en présence d'un témoin, réciter le Notre Père en français (alors que la population est aujourd'hui anglophone), et s'écrier (en français également) : « Haro, Haro, Haro ! À mon aide, mon Prince, on me fait tort ! » La « clameur » doit ensuite être enregistrée à l'office du greffe dans les vingt-quatre heures. Toutes les actions contre cette personne doivent alors cesser jusqu'à ce que l'objet du différend soit entendu par la cour de justice. Cette coutume n'est pas utilisée fréquemment : la dernière « clameur » enregistrée a été prononcée en juin 1970 pour empêcher la construction d'un mur de jardin. La clameur de haro existe toujours, d'une façon différente, dans les autres îles de l'archipel, également régies par la coutume de Normandie.
Liens externes
Notes et références
- ↑ (fr) Article L'ïle aux vaisseaux fantômes sur le site de Libération, paragraphe 3.
- ↑ Article du site officiel de Sark
- ↑ (en) After 450 years, feudal outpost votes for democracy, dépêche Associated Press reprise dans USA Today, [1].
- ↑ Premières élections sur l'île de Sercq, AFP, 10 décembre 2008
- ↑ (en) Barclays shut down Sark interests, 11 décembre 2008, BBC News Online
- ↑ (en) More than 100 job losses in Sark, 11 décembre 2008, Channel Television
- ↑ (en) Jersey support for 'sister' Sark, 12 décembre 2008, BBC News Online
- ↑ (en) Jersey to help Sark 'how it can', 15 décembre 2008, BBC News Online
- ↑ D'après les minutes de la séance d'avril 2009 : texte ici.
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