Posidonia oceanica

Posidonia oceanica

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Posidonia oceanica
 Posidonia oceanica
Posidonia oceanica
Classification classique
Règne Plantae
Sous-règne Tracheobionta
Division Magnoliophyta
Classe Liliopsida
Sous-classe Alismatidae
Ordre Najadales
Famille Posidoniaceae
Genre Posidonia
Nom binominal
Posidonia oceanica
(L.) Delile, 1813
Synonymes
  • Zostera oceanica L.
Classification phylogénétique
Clade Angiospermes
Clade Monocotylédones
Ordre Alismatales
Famille Posidoniaceae
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Posidonia oceanica, la Posidonie de Méditerranée, est une espèce de plante à fleurs aquatique de la famille des Posidoniaceae et endémique de la Méditerranée[1]. Ce n'est pas une algue, bien qu'elle vive sous l'eau ; il s'agit d'une plante angiosperme monocotylédone sous-marine. Comme toutes les plantes à fleurs, elle a des racines, une tige qui est ici rhizomateuse, et des feuilles rubanées[2] mesurant jusqu'à un mètre de long et disposées en touffes de 6 à 7. Elle fleurit en automne et produit au printemps des fruits flottants communément appelés « olive di mare » (« olives de mer ») en Italie.

Elle forme de vastes herbiers entre la surface et 40 m de profondeur. Ces herbiers constituent l'écosystème majeur de Méditerranée et jouent un rôle important dans la protection des côtes contre l'érosion. C'est dans ces herbiers que beaucoup d'organismes, animaux et végétaux, trouvent protection et alimentation.

Sommaire

Morphologie

Rhizome
Feuilles

P. oceanica présente des racines qui servent principalement à ancrer la plante au substrat, des rhizomes et des feuilles rubanées.

Les rhizomes, dont le diamètre peut atteindre un centimètre, poussent soit horizontalement (rhizomes plagiotropes), soit verticalement (rhizomes orthotropes). Les premiers ancrent la plante au substrat grâce à la présence, à la face inférieure, de racines lignifiées longues de 15 cm au maximum. Les seconds, augmentant la hauteur, freinent l'ensablement dû à une sédimentation continue[3]. Ces deux types de développement de la plante forment les mattes, formations à terrasse constituées de l'enchevêtrement de couches de rhizomes, racines et sédiments. De cette manière les Posidonies colonisent un terrain difficilement occupé par les algues qui, n'ayant pas de racines, ne peuvent se fixer sur des substrats meubles.

Les feuilles naissent des rhizomes orthotropes et sont rubanées, de couleur vert brillant devenant brun avec le passage du temps. Elles peuvent atteindre une longueur d'un mètre et demi, sont larges d'un centimètre en moyenne, et présentent de 13 à 17 nervures parallèles. Les extrémités sont arrondies et épaisses en réponse à l'action des mouvements des vagues et courants.

Elles sont organisées en touffes de 6 ou 7 feuilles, avec les plus anciennes à l'extérieur protégeant les plus jeunes au centre. Ces feuilles peuvent se diviser en trois catégories :

  • feuilles adultes : présentent des feuilles laminées photosynthétiques et dans une base séparée du bord des feuilles, une ligule concave,
  • feuilles intermédiaires : n'ont pas de base,
  • feuilles jeunes : sont pour la plupart de moins de 50 mm.

En automne la plante perd ses feuilles adultes les plus à l'extérieur, qui deviennent brunes et photosynthétiquement inactives ; pendant l'hiver naissent les nouvelles feuilles au centre.

Reproduction

P. oceanica

P. oceanica se multiplie par reproduction ou par multiplication asexuée par moyen de stolons[4].

La reproduction a lieu lors de la production des fleurs et des fruits. Les fleurs sont hermaphrodites, regroupées dans une inflorescence verte en forme d'épi et renfermées derrière des bractées florales. Le pédoncule est attaché au rhizome au centre de la plante. Le pistil est formé d'un ovaire uniloculaire qui se continue par un style et se termine avec un stigmate. L'androcée est constitué de trois étamines à anthères courtes. La floraison dépend de facteurs environnementaux (lumière et température) et endogènes (âge et taille de la plante), mais survient en septembre et octobre dans les herbiers les plus proches de la surface de l'eau tandis que dans les herbiers les plus profonds elle est repoussée de deux mois environ. Le pollen dans les anthères est sphérique mais devient filamenteux aussitôt relâché dans les eaux[5]. Il n'existe pas de mécanisme de reconnaissance entre le pollen et le stigmate pouvant éviter l'autofécondation[6]. La pollinisation est hydrophile et peut aboutir à la croissance des fruits, quoique certains de ceux-ci n'aboutiront pas à maturation, qui a lieu dans les six mois. Une fois mûrs, les fruits se détachent et flottent à la surface de l'eau.

Le fruit, peu charnu et communément appelé « oliva di mare » (« olive de mer ») en Italie, est similaire à une drupe, présentant un péricarpe poreux et riche d'une substance huileuse permettant la flottaison. En se décomposant, le fruit libère une unique graine (recouverte d'une fine membrane mais sans un vrai et propre tégument[6]), qui, en coulant, germera si les conditions de profondeur et de fond le permettent. Pour qu'elle pousse, la plante doit avoir trouvé un substrat d'humus. La germination commence avec l'émission d'une petite racine blanche du côté supérieur et d'une petite feuille du côté inférieur. Grâce à la reproduction, la plante colonise de nouvelles régions, diffusant également les herbiers dans d'autres zones, et garantit la diversité génétique.

La multiplication asexuée par stolons, permettant l'expansion dans l'herbier même, a lieu avec les rhizomes plagiotropes, qui poussent à environ 7 cm par an et colonisent de nouvelles zones. Une accumulation de sédiments et la diminution de l'espace pour pousser horizontalement stimule la croissance verticale des rhizomes, formant ainsi les mattes.

Matte

La croissance verticale des rhizomes mène à la formation d'une structure appelée matte, constituée d'un enchevêtrement de rhizomes morts et de racines entre lesquelles est resté du sédiment. Uniquement la partie supérieure de cette structure est formée de plantes vivantes[4].

La formation des mattes dépend en grande partie des rythmes de sédimentation ; une haute vitesse de sédimentation peut mener à l'étouffement des rhizomes en les couvrant de sable ; au contraire, une sédimentation trop lente peut mener au détachement des rhizomes et donc à la régression de l'herbier[7]. Les rhizomes peuvent rester à l'intérieur des mattes pendant des milliers d'années parce que leur décomposition est très lente[3]. Les mattes elles-mêmes poussent très lentement ; leur croissance est estimée être d'un mètre par siècle[3].

Adaptation à la vie marine

Les Posidonies ont, comme toutes les Spermatophytes, évolué morphologiquement et physiologiquement pour leur permettre de vivre dans l'eau.

On voit dans beaucoup des organes des parenchymes facilitant l'échange de gaz partout dans la plante, et formant un fin « treillis » entre les feuilles, rhizomes et racines.

Les feuilles n'ont pas de stomates et ont une cuticule légère pour faciliter la diffusion d'ions et de dioxyde de carbone. Les Posidonies peuvent également absorber les nutriments par leurs feuilles.

Parfois les plantes vivent dans un substrat anoxique (manquant d'oxygène). C'est pour cette raison que les racines, en plus d'aider à l'ancrage de la plante et à sa nutrition, ont le rôle de réserve d'oxygène produit par photosynthèse des feuilles.

Évolution

Comme toutes les Spermatophytes marines, P. oceanica a évolué des Angiospermes qui poussaient dans les zones entre la terre et la mer et qui pouvaient donc mieux résister aux brèves périodes d'immersion dans l'eau. Quand la pollinisation anémogamique est devenue hydrophile, les plantes avaient abandonné la terre ferme. Les premiers fossiles de posidonies, plus exactement de l'espèce appelée Posidonia cretacea, remontent au Crétacé (comme l'indique son nom), il y a 120 Ma, tandis que dans l'Éocène, il y a 30 Ma, apparaît la Posidonia parisiensis. Lors de la crise de salinité du Messinien, survenue il y a 6 Ma dans la Méditerranée, on vit une baisse de la diversité génétique des Posidonia ; seulement les espèces pouvant supporter la haute salinité y survécurent. Dans la réserve naturelle régionale des îles de Stagnone di Marsala on peut trouver des herbiers dans des zones de salinité allant jusqu'à 46-48 %[8].

Taxonomie

Linné décrit l'espèce dans son Systema Naturae, l'appelant Zostera oceanica. En 1813 Delile la renomme en Posidonia oceanica. Le genre Posidonia appartient, selon la plupart des botanistes, à la famille des Posidoniaceae, mais certains auteurs le rangent avec les Potamogetonaceae[9], ou avec les Najadaceae[10], ou encore avec les Zosteraceae[11]. L'ordre varie selon les classifications. Selon la classification classique, ce sont des Najadales et selon la classification APG II, les Posidoniaceae sont placées parmi l'ordre des Alismatales (cette classification considère également les deux ordres précédents synonymes)[12].

Elle tire son nom du dieu de la mer grec, Poséidon (Ποσειδών), tandis que l' « oceanica » fait référence au fait qu'autrefois cette espèce était beaucoup plus répandue.

Distribution géographique

Carte avec la distribution géographique en bleu foncé

Cette espèce ne se trouve qu'en Méditerranée, occupant environ 3 % du bassin (correspondant à une superficie d'environ 38 000 km²), et étant une espèce clé de l'écosystème marin.

Un signe sans équivoque de la présence d'un herbier de Posidonia oceanica est la présence de feuilles en décomposition, dites « banquettes », sur la plage. Celles-ci jouent également un rôle dans la protection des plages contre l'érosion. Selon la partie IV du Testo Unico Ambientale de l'Italie[13], les feuilles de Posidonie sur les plages sont considérées comme déchets solides et doivent donc être éliminées. Selon certains ces feuilles peuvent être utilisées comme compost, mais c'est interdit par la loi italienne 748/84[14], qui interdit l'usage de « algues et plantes aquatiques » en compost[15].

On trouve également sur les plages, surtout en hiver, des « ballons » marrons composés de fibres de Posidonie formés par les vagues ; en Italie ils sont appelés « egagropili ».

Écologie

Egagropili

Posidonia oceanica vit entre 1 et 30 mètres de profondeur, et exceptionnellement jusqu'à 40 m dans des eaux très limpides. Elle peut supporter des températures allant de 10 à 28°C. C'est une plante nécessitant une salinité relativement constante, ce qui la rend rare près des embouchures de cours d'eau ou des lagunes. Elle nécessite également une forte luminosité. Elle colonise les fonds sablonneux ou vaseux, et se fixe grâce à ces rhizomes. Elle forme lentement de vastes herbiers à densité élevée (environ 700 plantes par mètre carré). La productivité primaire des feuilles des herbiers va de 68 à 147 g C.m-2.année-1, tandis que celle des rhizomes va de 8,2 à 18 g C.m-2.année-1. Une petite partie de cette productivité (de 3 à 10 %), est utilisée par les herbivores, un pourcentage plus élevé par les organismes décomposeurs et un autre pourcentage à l'intérieur des mattes, dans les feuilles et rhizomes[16].

Les herbiers présentent une limite supérieure et une limite inférieure. La première, là où commence l'herbier en partant de la côte, est plutôt nette, tandis que la seconde, où finit l'herbier, peut être de quatre types :

  • Limite progressive et climatique : avec l'augmentation de la profondeur on voit une diminution de la densité des plantes parce que la lumière y est plus rare. Elle est caractérisée par la présence de rhizomes plagiotropes qui finissent de manière improvisée.
  • Limite nette : le type de substrat ne permettant pas la progression des rhizomes (par exemple avec un passage de substrat sablonneux à rocheux). Elle est caractérisée par une absence de mattes et la présence d'une haute densité de touffes de feuilles.
  • Limite érosive : elle est liée à l'hydrodynamisme élevé ne permettant pas l'avancée des herbiers. Elle est caractérisée par une haute densité et la présence de mattes.
  • Limite régressive : les eaux turbides limitent la pénétration de la lumière. On n'y trouve que des mattes morts.

Dans les régions à bas hydrodynamisme, provoquant plus de sédimentation, les mattes peuvent monter de manière que les feuilles n'arrivent pas à la surface de l'eau. Se crée de cette manière une barrière appelée récif barrière. Entre la barrière et le littoral peut se former une lagune, empêchant l'herbier d'avancer vers la côte. Les récifs barrière jouent un rôle primordial dans la protection des côtes contre l'érosion.

Dans les régions à fort hydrodynamisme, en revanche, les rhizomes peuvent être arrachés, créant des formations dites intermattes constituées de canaux d'érosion.

Biocénoses associées à Posidonia oceanica

Les caractéristiques propres à la Posidonie, sa croissance et sa biomasse, sont toutes des facteurs régissant les biocénoses animales et végétales associées à Posidonia oceanica. On peut distinguer les biocénoses épiphytes (bactéries, algues et Ectoproctes colonisant les feuilles et rhizomes de la plante), animaux sessiles et vagiles et des organismes saprophages.

Biocénoses épiphytes

À proximité de la base des feuilles et sur les feuilles jeunes on trouve des bactéries et des Diatomées, sur la partie centrale des algues rouges et brunes, et sur ces algues ainsi que sur les extrémités des feuilles des algues filamenteuses.

Les biocénoses épiphytes sont mangées par des mollusques gastéropodes, des crustacés amphipodes et des annélides polychètes et jouent un rôle très important dans la chaîne alimentaire des herbiers de Posidonies, en prenant en compte le fait que peu d'organismes peuvent se nourrir directement des tissus végétaux de la plante, désagréables pour les herbivores dû au haut pourcentage de glucides, de carbone et d'azote et à cause de la présence de phénols. Les épiphytes peuvent également endommager les Posidonies ; en augmentant le poids, ils peuvent faire tomber prématurément les feuilles, diminuer la lumière et bloquer l'échange de gaz et l'absorption des nutriments à travers les feuilles.

Biocénoses animales et saprophages

Pinna nobilis sur P. oceanica

La faune associée aux herbiers de Posidonies est constituée d'animaux sessiles qui vivent sur le substrat de feuilles et rhizomes, et d'animaux vagiles capables de bouger à l'intérieur de l'herbier. Il y a également des organismes vivant à l'intérieur des mattes, principalement saprophages. Des études menées par Gambi et al en 1992[17] ont démontré qu'environ 70 % de la population animale des herbiers est herbivore. Les plus abondants sont les échinodermes, particulièrement Paracentrotus lividus, l'un des organismes peu nombreux pouvant se nourrir des feuilles de la plante. Les carnivores sont à leur tour représentés par des poissons, mollusques, annélides polychètes et crustacés décapodes.

Parmi les mollusques on trouve Pinna nobilis, bivalve le plus grand de Méditerranée, vivant presque exclusivement dans les herbiers ; elle est menacée d'extinction causée par la pollution et le grand intérêt porté sur cette espèce par les collectionneurs[18].

Les poissons sont, quant à eux, représentés par les Labridés et Sparidés, presque tous carnivores. On trouve peu de grands poissons, et pendant l'année on assiste à des variations dans l'abondance de ceux-ci dû aux migrations et l'ajout d'individus d'autres régions. Dans les herbiers superficiels on trouve beaucoup d'exemples de Sarpa salpa, un herbivore représentant de 40 à 70 % des poissons présents dans les herbiers en été[19].

Les feuilles mortes sont colonisées par des microorganismes et des champignons. Un groupe de saprophages en particulier, annélides polychètes (Lysidice ninetta, Lysidice collaris et Nematonereis unicornis), et crustacés isopodes (Idotea hectica, Limnoria mazzellae), dites « borers », creusent, pour se nourrir et répandre leur habitat, des galeries à l'intérieur des bases des feuilles encore attachées aux rhizomes pendant des années[20],[21].

Les feuilles, une fois dégradées par les vagues et courants et les microorganismes et échouées sur les plages, servent de refuge à des insectes et des crustacés amphipodes et isopodes.

Phytosociologie

P. oceanica parmi d'autres plantes aquatiques

Du point de vue phytosociologique, P. oceanica représente l'espèce caractéristique de l'association Posidonietum oceanicae (Molinier, 1958). Cette association est caractéristique des fonds sablonneux et boueux des plaines infralittorales, à l'intérieur de laquelle on distingue divers groupes dépendants : sur les rhizomes, des biocénoses de l'association Flabellio-Peyssonnelietum squamariae (Molinier 1958), tandis que sur les feuilles on distingue l'association épiphyte Myrionemo-Giraudietum sphacelariodis (Van der Ben, 1971). Ces groupes ne sont pas exclusifs aux Posidonies mais se trouvent également sur les feuilles d'autres Angiospermes aquatiques et sur les Cystoseires.

Importance de l'écosystème

L'herbier de Posidonies constitue l'écosystème majeur de la Méditerranée, c'est-à-dire le plus développé et complexe. L'herbier de Posidonies est donc l'écosystème le plus important de la Méditerranée et est déclaré « site d'importance communautaire » par une directive de l'Union européenne[22].

Dans l'écosystème côtier la Posidonie tient un rôle fondamental pour diverses raisons :

  • Elle libère environ 20 litres d'oxygène par jour pour chaque m² d'herbier[7].
  • Elle produit et exporte de la biomasse soit dans les écosystèmes limitrophes, soit en profondeur.
  • Elle abrite de nombreuses espèces de poissons, céphalopodes, bivalves, gastéropodes, échinodermes et urochordés.
  • Elle consolide les fonds des côtes, contribuant à freiner le transport de sédiments dû aux courants.
  • Elle agit en tant que barrière, limitant l'érosion des côtes en limitant la force des courants.
  • Elle protège les plages de l'érosion avec les feuilles échouant sur les côtes, particulièrement en hiver.

Les herbiers de Posidonies rétrécissent chaque année dans toute la Méditerranée[23], phénomène grandissant d'année en année dû à la pression démographique humaine sur le littoral.

La perte des herbiers a des effets négatifs non seulement sur les Posidonies mais également sur d'autres écosystèmes ; la perte d'un seul mètre linéaire d'herbier peut entraîner la perte de plusieurs mètres de plage dû à l'érosion[4]. De plus, le rétrécissement des herbiers amène une biodiversité moindre et une détérioration de la qualité de l'eau.

Les causes du rétrécissement sont :

  • la pollution ;
  • la pêche au chalut[24] ;
  • la pratique de sports nautiques (endommagements dus aux ancres, hydrocarbures, détergents, peintures, déchets solides, etc...)[25] ;
  • la construction d'habitations sur le littoral, entraînant l'installation d'égouts menant les décharges à l'eau, augmentant la turbidité de l'eau et diminuant ainsi la photosynthèse[26] ;
  • la construction de digues et autres barrières modifiant la sédimentation[27] ;
  • l'eutrophisation des eaux côtières, provoquant une croissance anormale des algues épiphytes, qui bloquent la lumière et diminuent ainsi la photosythèse[28].

De nos jours, les herbiers de Posidonies sont menacés par la compétition avec deux algues tropicales accidentellement introduites dans la Méditerranée, Caulerpa taxifolia[29] et Caulerpa racemosa[30]. Les deux présentent une croissance rapide qui suffoque les Posidonies.

Posidonia oceanica comme bioindicateur

Plongeur parmi les Posidonies

On utilise Posidonia oceanica comme bioindicateur depuis environ vingt années[31]. La plante présente toutes les caractéristiques nécessaires à un bon bioindicateur :

  • elle est une espèce benthique ;
  • elle a un long cycle vital ;
  • elle est présente dans toute la Méditerranée ;
  • elle a une grande capacité de concentration de pollution dans ses tissus ;
  • elle est très sensible aux changements dans l'écosystème.

Il est possible de connaître l'état d'une région côtière en étudiant les herbiers de Posidonies qui y sont présents.

On peut les étudier des manières suivantes :

  • analyse et suivi des limites inférieures ;
  • analyse de la densité de l'herbier ;
  • analyse phénologique ;
  • analyse lépidochronologique.

Analyse des limites inférieures

Il existe une corrélation entre les limites inférieures et la transparence de l'eau. Sur cette base est proposé un tableau qui met en relation les deux variables (tableau 1), qui peut s'appliquer à tout genre de limite inférieure sauf érodée parce que conditionnée par l'hydrodynamisme du fond[31].

Tableau 1: Corrélation entre profondeur du limite inférieure et la transparence de l'eau (de Pergent et al., 1995)
Profondeur de limite inférieure (m) Transparence de l'eau
de 0 à -15 Basse transparence
de -15 à -25 Peu de transparence
de -25 à -35 Transparence
inférieure à -35 Transparence élevée

Densité des touffes de feuilles

Pour ce qui est de la densité, elle dépend de la profondeur à laquelle est situé l'herbier, de la luminosité et du type de substrat. Les touffes sont calculées par m², les herbiers étant divisés en cinq types[32].

Tableau 2: Classification des herbiers en fonction de la densité des touffes (de Giraud, 1977)
Classe Densité des touffes Estimation de densité
I au-delà de 700 touffes/m² Herbier très dense
II de 400 à 700 touffes/m² Herbier dense
III de 300 à 400 touffes/m² Herbier peu dense
IV de 150 à 300 touffes/m² Herbier très peu dense
V de 50 à 150 touffes/m² Semi-herbier

Pergent en 1995[31] et Pergent-Martini en 1996[33] ont proposé une autre classification qui met en relation la densité des touffes avec la profondeur, trouvant ainsi quatre types de densité. On peut trouver trois types d'herbier :

  • herbier en équilibre : la densité y est normale ou exceptionnelle ;
  • herbier dérangé : la densité y est basse ;
  • herbier très dérangé : la densité y est anormale.

On a également fait un tableau pour indiquer cela.

Tableau 3: Classification des herbiers en fonction de la densité des touffes et de la profondeur de 20 à 30 m (de Pergent et al., 1995)
Profondeur (m) Herbier très dérangé Herbier dérangé Herbier en équilibre
Densité anormale (touffes/m2) Densité basse (touffes/m2) Densité normale (touffes/m2) Densité exceptionnelle (touffes/m2)
20 Moins de 61 Entre 61 et 173 Entre 173 et 397 Plus de 397
21 Moins de 48 Entre 48 et 160 Entre 160 et 384 Plus de 384
22 Moins de 37 Entre 37 et 149 Entre 149 et 373 Plus de 373
23 Moins de 25 Entre 25 et 137 Entre 137 et 361 Plus de 361
24 Moins de 14 Entre 14 et 126 Entre 126 et 350 Plus de 350
25 Moins de 4 Entre 4 et 116 Entre 116 et 340 Plus de 340
26 Moins de 106 Entre 106 et 330 Plus de 330
27 Moins de 96 Entre 96 et 320 Plus de 320
28 Moins de 87 Entre 87 et 311 Plus de 311
29 Moins de 78 Entre 78 et 302 Plus de 302
30 Moins de 70 Entre 70 et 294 Plus de 294

Analyses phénologiques

Les analyses phénologiques étudient de divers paramètres utiles pour décrire l'état des plantes :

  • moyenne du nombre de feuilles par âge (adulte, moyenne, jeune), par touffe de feuilles
  • longueur et épaisseur des feuilles par âge et touffe
  • pourcentage de tissu brun (feuilles non photosynthétiques)
  • Leaf Area Index (index de superficie foliaire), superficie de feuilles par m²
  • coefficient A : pourcentage de feuilles sans bout.

Analyses lépidochronologiques

L'analyse lépidochronologique consiste en l'étude des cycles de vie des feuilles de P. oceanica. Une fois morte, la feuille se détache du rhizome à sa base ; ces feuilles s'accumulant ont des variables qui changent selon des cycles annuels, utiles pour l'étude des changements ambientaux[34]. On peut :

  • estimer la biomasse produite par année, soit en termes de l'allongement des rhizomes, soit en production de feuilles,
  • estimer la production des fleurs et le nombre de reproductions ;
  • mésurer la concentration de métaux lourds dans les tissus de la plante.

Usage

Par le passé on utilisa les feuilles comme isolant dans la construction des toits, comme lit pour les animaux ou pour emballer des objets fragiles (en Italie on l'appelait « alga dei vetrai » (« algue des vitraux »). En pharmacologie on utilisait les feuilles pour soigner des inflammations et des irritations. En certaines régions méditerranéennes elles sont encore utilisées dans l'alimentation des animaux. On étudie actuellement la possibilité d'utiliser Posidonia oceanica pour la production de biogaz[35].

Autre

En 2006 on trouva dans les Baléares une plante de Posidonia oceanica longue d'environ 8 km et estimée âgée de 100 000 ans. La plante se trouve dans un herbier de 700 km² allant de la région d'Es Freus (Formentera) à la plage de Las Salinas (Ibiza). L'identification de la plante fut possible grâce à l'usage de marqueurs génétiques. Sa découverte fut aléatoire, cet herbier abritant cent millions d'exemples de cette espèce. Certains estiment que cette plante est l'un des organismes vivants les plus grands et les plus vieux du monde[36].

Annexes

Notes

  1. Sur les 9 espèces de Posidonia, 8 se trouvent sur les côtes australiennes. Posidonia oceanica est pour sa part endémique en Méditerranée.
  2. de forme étroite et allongée, en ruban.
  3. a , b  et c Boudouresque et al, op. cit.
  4. a , b  et c Mazzella et al, op. cit.
  5. (en) H.T. Clifford et al., The Families of the Monocotyledons: Structure, Evolution, and Taxonomy, Springer, 1985, page 316, (ISBN 3540430393)
  6. a  et b (en) Klaus Kubitzki (éd.), Flowering Plants. Monocotyledons, volume 4, Springer, 1990, page 405, (ISBN 3540640614)
  7. a  et b Boudouresque et Meinesz, 1982, op. cit.
  8. (en)[pdf] S. Calvo et al., Stagnone di Marsala, Sicily - Italy
  9. Posidonia K.D. Koenig
  10. (en) GBIF Portal
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  13. (it) D.Lgs. 152/2006
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  15. (it) Massimo Centemero, « Se la posidonia à compostabile », La Nuova Ecologia, 2005
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  17. (en) M. C. Gambi et al., « Depth and seasonal distribution of some groups of the vagile fauna of the Posidonia oceanica leaf stratum: structural and trophic analyses », P.S.Z.N. I: Marine Ecology 13 n. 1: 17-39, 1992, (ISSN 01739565)
  18. (it) Pinna nobilis, Ministero dell'Ambiente e della Tutela del Mare
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Bibliographie

  • (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Posidonia oceanica ».
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  • (it) Posidonia oceanica in Mare, Regione toscana - Ambiente e territorio.

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