Mithra

Mithra
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Mithra et le taureau, fresque de Marino.

Mithra ou Mithras est un dieu indo-iranien, fils d'Anahita, dont le culte connut son apogée à Rome aux IIe et IIIe siècles de notre ère.

Sommaire

Le culte

Article détaillé : Culte de Mithra.

Le mithraïsme était un culte (païen) contemporain du christianisme.

Mithra est une divinité indo-européenne. Plusieurs documents hittites confirment son existence dès le IIe millénaire avant J.-C. Dans la Perse antique, le culte obtint une véritable importance et commence à être un peu mieux connu[1].

Il se développa à Rome probablement à partir du Ier siècle de notre ère, sans que l'on sache exactement quand et comment il fut introduit dans l'empire. Selon l'historien Plutarque, le mithraïsme serait arrivé en Italie lors des expéditions de Pompée contre les pirates de Cilicie[2]. Toutefois, il semble que son introduction fut plus tardive et diverses hypothèses existent à ce sujet[3],[4].

Ce culte était particulièrement populaire dans les armées, essentiellement chez les soldats et les centurions bien que quelques légats soient attestés. Beaucoup d'esclaves et d'affranchis comptaient également parmi ses fidèles. Les sénateurs et chevaliers semblent par contre avoir été assez réticents à adhérer au mithraïsme. Les femmes en étaient probablement exclues bien que cela ne soit pas absolument sûr[5]. Le culte s'est principalement répandu en Italie, en Grande Bretagne, sur le Rhin et le Danube. En revanche, il semble n'avoir connu qu'un essor faible et tardif dans la partie orientale de l'Empire romain[6],[4]

Peu d'éléments sont connus sur le contenu du mithraïsme et les valeurs qu'il véhiculait. On suppose, à l'heure actuelle, que les valeurs d'amitié et de loyauté étaient primordiales. Seules deux scènes de la geste de Mithra sont actuellement bien connues et identifiées: sa naissance et la tauroctonie.

Mithra, qui s'est créé lui-même à partir de la roche (on dit pétrogène), est à la fois primogenitus et autogenitus. Cette scène est représentée sur de nombreuses statues.

La tauroctonie est sans conteste la scène la plus représentée dans les sanctuaires du dieu, qu'il s'agisse de sculptures, de bas-reliefs ou de fresques. Il semble qu'après avoir chassé le taureau, Mithra l'ait rattrapé et tué. Le sacrifice du taureau serait à l'origine de la vie, le sang de l'animal fertilisant la terre.

Le mithraïsme est un culte à mystères. Le fidèle devait subir une initiation pour être pleinement accepté parmi les plus fervents fidèles. Ce type de culte, contrairement à ce que l'on a longtemps cru, n'est pas d'origine "orientale" mais grecque[7]. Les initiés portaient chacun un grade bien précis: corbeau (corax), fiancé ou jeune marié (nymphus), le soldat (miles), le lion (leo), le Perse (Perses), l'Heliodrome (Heliodromus) et le Père (Pater). Ces grades sont principalement attestés en Italie, notamment par de nombreuses inscriptions et la mosaïque du sanctuaire de "Sette Sfere" à Ostie[8] ainsi que grâce au témoignage de Jérôme de Stridon[9].

Les sanctuaires

Le sanctuaire dédié à Mithra porte actuellement le nom mithraeum ou de mithrée. Dans l'Antiquité, on les appelait généralement speleaum (grotte) en Italie, ou templum (temple, sanctuaire) dans les provinces[10]. Ces sanctuaires étaient parfois installés à l'intérieur de grottes naturelles. Cependant, la plupart de ces temples étaient construits artificiellement et se contentaient de reproduire la forme d'une grotte : ils étaient généralement au moins partiellement souterrains. La grotte est sans conteste un lieu important pour les fidèles de Mithra puisque le dieu serait né dans l'une d'elles[11].

Les plafonds de certains sanctuaires représentent le ciel étoilé. Cela a amené plusieurs chercheurs à interpréter le culte de Mithra à travers l'astronomie et l'astrologie[12]. Cependant, ces interprétations sont généralement remises en question à l'heure actuelle[13].

A Rome, la Basilique Saint-Clément-du-Latran possède dans ses sous-sols des vestiges d'un temple mithraique.

En France on a trouvé des sanctuaires dédiés à Mithra à Angers[14], Biesheim, Bordeaux, Bourg-Saint-Andéol[15] ,[16], Septeuil et Strasbourg.

En Belgique, seul le sanctuaire mithriaque de Tirlemont[17][18] est aujourd'hui attesté.

Notes et références

  1. M. Clauss, The Roman Cult of Mithras, New-York, 2000, p. 3-8.
  2. Plutarque, Vie de Pompée, XXIV, 7
  3. R. Beck, The Mysteries of Mithras: a New Account of their Genesis, in The Journal of Roman Studies, t. 88, 1998, p. 115-128
  4. a et b I. Noll, The mysteries of Mithras in the Roman Orient : the problem of origins, in Journal of Mithraic Studies, t. 2, 1977, p. 53-68
  5. J. David, The Exclusion of Women in the Mithraic Mysteries: Ancient or Modern?, in Numen, t. 47/2, 2000, pp. 121-141.
  6. M. Clauss, Cultores Mithrae: Die Anhängerschaft des Mithras-Kultes, Stuttgart, 1992, p. 235
  7. W. Burkert, Les cultes à mystères dans l'Antiquité, Paris, 1992, p. 14
  8. M. Beard, J. North, S. Price, Religions de Rome, Paris, 2006, p. 285; CLAUSS (M.), The Roman Cult of Mithras, New York, 2000, pp. 133-138.
  9. Jerome, Lettres, CVII (Ad Laetam), 2.
  10. M. Clauss, The Roman Cult of Mithras, New York, 1992, p. 42.
  11. H. Lavagne, Importance de la grotte dans le Mithriacisme en Occident, in Études mithriaques : actes du 2e congrès international de Téhéran, du 1er au 8 septembre 1975, Téhéran-Liège, 1978, pp. 271-278 (Acta Iranica, n° 17).
  12. R. Beck, Planetary Gods and Planetary Orders in the Mysteries of Mithras, Leiden, 1988 (Études préliminaires aux religions orientales dans l’Empire romain, n° 109)et surtout D. Ulansey, The Origins of the Mithraic Mysteries, New-York-Oxford, 1989.
  13. J. Alvar, Romanising Oriental Gods: Myth, Salvation and Ethics in the Cults of Cybele, Isis and Mithras, Leiden-Boston, 2008, p. 98 & 351; M. Clauss, Mithras und die Präzession, in Klio, t. 83/1, 2001, pp. 219-225.
  14. Inrap, découverte d'un temple de Mithra à Angers
  15. Liste des sanctuaires dédiés à Mithra
  16. Lieux sacrés à Bourg-Saint-Andéol
  17. Marleen Martens, The Mithraeum in Tienen (Belgium): small finds and what they can tell us, in Marleen Martens, Guy de Boe, éd., Roman mithraism : the evidence of the small finds, Bruxelles, 2004, p. 25-48
  18. Olivier Latteur, Un sanctuaire de Mithra à Tirlemont, in Wavriensia-Racines, t. 58, n°6, (2009), p. 285-295.


Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Jaime Alvar, Romanising Oriental Gods: Myth, Salvation and Ethics in the Cults of Cybele, Isis and Mithras, Leiden-Boston, 2008.
  • Manfred Clauss, Cultores Mithrae: die Anhängerschaft des Mithras-Kultes, Stuttgart, 1992.
  • Manfred Clauss, The Roman Cult of Mithras, New York, 2000.
  • Robert Turcan, Mithra et le Mithriacisme, 180 p., Les Belles Lettres, Collection Histoire, Paris, 1993, ISBN 2-251-38023-X
  • Jean-Christophe Piot, Les Lions de Mithra, 30 6p., Gramond-Ritter, Marseille, 2006, ISBN 2354300018, ISBN 978-2354300012
  • Martin Vermaseren, Mithra, ce dieu mystérieux, Coll. Religions, 291, Bruxelles, editions Sequoia, 1960, 158p.

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