- Néogaullisme
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Gaullisme
Le gaullisme est la doctrine politique inspirée de Charles de Gaulle, même si lui-même refusait le terme. L'adjectif pour qualifier son action, ses opinions, etc. est « gaullien ».
Le sens du mot gaullisme a évolué dans le temps :
- Pendant la Seconde Guerre mondiale, le terme « gaulliste » était utilisé comme synonyme du mot « résistant » (FFL à l'extérieur et réseaux FFI en métropole), en particulier par les autorités allemandes et par le gouvernement de Vichy.
- Après la Libération, le terme gaulliste prend son sens actuel, plus politique, désignant les idées du général de Gaulle et ses partisans, par opposition aux autres partis et courants politiques.
L'emblème du gaullisme est la croix de Lorraine.
Sommaire
La « doctrine » gaulliste
Le mot doctrine utilisé ici est un peu excessif, le général de Gaulle étant un pragmatique qui adaptait les modalités de son action selon les circonstances, en ne gardant d'intangibles que quelques principes fixant des buts à atteindre.
Les grands principes du gaullisme
Une philosophie...
Le gaullisme est, au départ, une philosophie qui part du constat suivant :
- la France a pu faire de grandes choses par le passé, et être une des plus importantes nations du monde occidental, lorsqu'elle était tendue vers un destin commun (les Croisades et la chevalerie, le Grand Siècle de Louis XIV et le rayonnement de la culture française à travers l'Europe, la Révolution française et Valmy).
- À l'inverse, la France a en permanence la tentation de se replier sur ses querelles intérieures (politiques, sociales, intellectuelles), ce qui la ramène sur la voie du déclin.
En conséquence, pour qu'elle puisse donner le meilleur d'elle-même et prendre la tête des nations, la France doit en permanence être unifiée par un chef / un État / un projet / et articulée par des institutions politiques (un bipartisme efficace), économiques (le plan) et sociales (la participation) adéquates pour éviter les luttes internes.
Reste maintenant à démêler au sein du gaullisme cette philosophie patriotique de l'humanisme, héritière du christianisme (Charles de Gaulle participait avant guerre aux cercles démocrate chrétiens) mais aussi probablement de l'idéal de l'an II (Révolution française) puisque de Gaulle a dit en substance : « Il n'y a qu'une seule querelle qui vaille : celle de l'Homme. » Probablement, l'humanisme gaulliste est-il à la fois :
- Une finalité de la grandeur de la France, puisque le message que la France porte dans le monde est humaniste.
- Une conséquence à travers la politique sociale qui a pourtant pour premier objectif de souder la nation.
...qui guide de grands principes politiques
Par conséquent, sur le plan politique, le gaullisme traditionnel prône :
- L'indépendance de la France, par le refus de sa « vassalisation » à des organismes supranationaux (ONU, Communauté européenne, OTAN), à des superpuissances (États-Unis) ou aux puissances économiques et financières. Cette indépendance est défendue dans les domaines politiques, économiques, culturels, diplomatiques et militaires.
- Par extension, le respect à travers le monde des nations, entités culturelles façonnées par l'histoire et rempart des peuples contre les impérialismes (voir les discours sur le Québec libre, sur la guerre du Viêtnam (discours de Phnom Penh), etc.).
- Un pouvoir exécutif fort et stable qui donne au président de la république un rôle primordial.
- Un lien direct entre le chef et le peuple passant au-dessus des corps intermédiaires (élection du chef de l'État au suffrage universel direct, recours fréquent au référendum).
- Le rassemblement de tous les Français, au-delà du clivage gauche / droite, source de division et donc de déclin, via le lien direct du chef et du peuple et la politique sociale.
- Le refus du libéralisme économique classique au profit d'une économie orientée par l'État en vue d'un développement volontariste (la planification, l'aménagement du territoire, les grands projets publics, le keynésianisme. etc.).
- Le double refus du capitalisme (exploitation d'une classe par l'autre) et des socialismes révolutionnaires (lutte des classes) au profit d'une « troisième voie » sociale. Au-delà d'une protection sociale avancée, la participation (aux bénéfices, aux décisions, à la propriété de l'entreprise), aussi appelée l'association capital-travail, doit réconcilier les Français entre eux et aboutir à la fois à la justice et à l'efficacité.
- Sur la méthode : le pragmatisme et le refus des carcans idéologiques en vue d'atteindre les objectifs fixés : indépendance et rayonnement de la France dans le monde, unité intérieure de la France au service du projet patriotique.
Gaullismes de droite et de gauche
Rassemblant des hommes de toutes origines politique autour de l'action d'un homme, le gaullisme est par nature divers. Du vivant du général de Gaulle, les différentes sensibilités du gaullisme s'effaçaient devant l'arbitrage du général de Gaulle. Celui-ci disparu, les différentes formes de gaullisme se sont affrontées plus frontalement [1]:
- « Le néogaullisme », « de droite » (Georges Pompidou, Jacques Chirac). Ce gaullisme, d'abord très proche du gaullisme traditionnel dans les années 1970, est ensuite « rentré dans le moule » des autres droites européennes, les néogaullistes défendant l'atlantisme, le libéralisme économique (conversion au début des années 1980) et la construction européenne. Cependant, le néogaullisme, même atlantiste, défend l'idée d'Europe-puissance indépendante des États-Unis.
- Le gaullisme social (Jacques Chaban-Delmas, Philippe Séguin, Nicolas Dupont-Aignan) : gaullistes défendant la démocratie sociale, sans toutefois remettre en cause le capitalisme (réformisme social-démocrate), ce gaullisme, attaché à la défense de l'indépendance nationale et au rôle de la France dans le monde, est le plus proche du gaullisme traditionnel.
- Le gaullisme « de gauche » (Louis Vallon, René Capitant) : fraction remettant en cause le capitalisme pour bâtir une troisième voie sociale. Voir le pan-capitalisme de Marcel Loichot, qui prévoyait de remettre progressivement, par la pratique d'une large distribution d'actions, le capital des entreprises aux mains de leurs salariés.
Historique du gaullisme
Le gaullisme de guerre (1940-1944)
Le gaullisme a commencé pendant la guerre, comme un mouvement uniquement patriotique. Il a rassemblé alors autour du général de Gaulle, les hommes de toutes tendances politiques qui voulaient lui apporter leur appui pour continuer le combat contre Hitler et le fascisme aux cotés des Alliés et rejeter l'armistice conclu par le maréchal Pétain. À partir de juillet et d'octobre 1940, De Gaulle a rejeté en outre les lois inconstitutionnelles, répressives et racistes instituées par Pétain, et s'est érigé en défenseur de la légalité républicaine.
Les gaullistes qui le pouvaient ont alors rejoint les territoires britanniques pour s'engager dans les Forces Françaises Libres, et combattre aux coté des Alliés, ou bien ils ont déclenché les mouvements de ralliement de diverses colonies françaises qui sont rentrées en guerre sous l'autorité de De Gaulle.
Les autres gaullistes, ceux qui ne pouvaient le rejoindre (c’est-à-dire la majorité) sont restés dans les territoires dirigés par Vichy, ou certains d'entre eux ont constitué des réseaux de propagande, de renseignements ou de sabotage contre les occupants. Finalement toutes ces organisations de résistance ont été rassemblées par Jean Moulin, au sein du Conseil national de la Résistance (CNR), sous les ordres du général de Gaulle qui a transformé son mouvement de France libre en France combattante, pour y rassembler les résistants de l'extérieur et de l'intérieur.
Mais de Gaulle ne s'est pas contenté de maintenir une partie des Français dans la lutte contre l'occupant allemand : il a aussi tout fait pour reconquérir la souveraineté française dans le camp allié, contre certaines pressions des gouvernants anglais et surtout américain qui ont longtemps joué contre lui la carte vichyste.
Lors de la Libération, la Résistance française a multiplié ses actions et paralysé les tentatives de riposte allemande au débarquement. Quant à la population française, elle a accueilli de Gaulle en triomphateur, forçant ainsi Roosevelt à reconnaître enfin pleinement le gouvernement provisoire installé en France par de Gaulle.
Le gaullisme politique (après 1944)
Mais de Gaulle, après avoir atteint son but de guerre et restauré la démocratie, a critiqué le régime des partis qui avait été selon lui pour la France, avant la guerre une source de faiblesse, et préconisé l'instauration d'un système cumulant la démocratie avec un exécutif fort.
Les partis politiques, objets de ses critiques, se sont défendus et il s'est considéré, ne pouvant appliquer son programme, comme contraint de démissionner.
Le « gaullisme » a alors pris une autre signification : il a cessé d'être un mouvement de résistance et de rétablissement de la démocratie. Le gaullisme est devenu un mouvement politique décidé à soutenir les idées de Charles de Gaulle sur la nécessité d'un pouvoir démocratique mais fort, auquel on avait ajouté un volet social : la volonté d'associer le capital et le travail. Certains anciens vichystes se sont alors ralliés au gaullisme comme d'anciens cadres communistes, tandis que certains de ses compagnons de lutte de la France libre et de la résistance qui avaient pris position à gauche ont combattu son Rassemblement du peuple français (RPF).
Comme la Quatrième République avait rapidement évolué dans le sens d'un régime de prépondérance de l'Assemblée, avec des gouvernements de coalition éphémères et ne parvenant pas à prendre les décisions, les gaullistes l'ont combattu sans merci associant parfois leurs voix au Parlement à celles des communistes.
Mais le régime de la IVe République était affaibli par l'incapacité de ses gouvernements de coalition à résoudre les problèmes de la décolonisation. Après un sursaut sous la présidence du Conseil de Pierre Mendès France (ancien aviateur de la France Libre, puis ministre de De Gaulle au Comité d'Alger (CFLN) et au gouvernement provisoire), qui a réussi à mettre fin pour la France à la guerre d'Indochine et à décoloniser la Tunisie, la IVe République a sombré à nouveau dans l'immobilisme : l'insurrection algérienne a entrainé une répression militaire puis un divorce de la métropole, non seulement avec les indigènes, mais aussi avec les Français d'Algérie, jusqu'à la tentative de coup d'État du 13 mai 1958 fomenté à Alger, par des activistes de droite et d'extrême droite et de l'armée encouragés par la population française locale.
Le gouvernement central a été incapable de riposter à ce mouvement et a affecté de le prendre sous son égide en nommant le commandant en chef Salan rallié aux rebelles comme son représentant en Algérie.
De Gaulle, l'ancien libérateur, a paru alors à beaucoup le seul recours et le président de la république René Coty l'a appelé à prendre la Présidence du Conseil.
Les mouvements politiques gaullistes ont eu plusieurs noms suivant les époques :
- Rassemblement du peuple français (RPF) (1947-1953) ;
- Union pour la nouvelle République (UNR) (1958-1962) ;
- Union pour la nouvelle République - Union démocratique du travail (UNR-UDT) (1962-1967) ;
- Union des Démocrates pour la Ve République (UDVe) (1967-1968) ;
- Union des démocrates pour la République (UDR) (1968-1976)[2] ;
- Rassemblement pour la République (RPR) (1976-2002).
Le(s) gaullisme(s) après de Gaulle
Le néo-gaullisme des années 1970
Les successeurs de Charles de Gaulle - Georges Pompidou, Jacques Chirac, ... - ont toutefois normalisé le programme gaulliste en l'alignant sur celui des droites européennes (capitalisme libéral, atlantisme, Europe supranationale, etc.). On parle alors parfois de « néo-gaullisme » et non plus de gaullisme. Ainsi, le néo-gaullisme moderne n'a gardé du gaullisme que l'idée d'une France forte au sein d'une Europe indépendante.
La conversion libérale et européenne (années 1980-1990)
La mutation fondamentale est intervenue sous les présidences de Georges Pompidou et de Valéry Giscard d'Estaing et s'est poursuivie dans la première moitié des années 1980. La rapide diffusion à travers le monde des idées du libéralisme économique sur les modèles britannique (1979) et américain (1980) parallèlement à l'affrontement idéologique avec les gouvernements socialistes de la présidence de François Mitterrand (après 1981) ont entraîné la conversion de la majorité du RPR au libéralisme économique. Les mesures du gouvernement Jacques Chirac de 1986 - 1988 en sont l'illustration. Seconde grande mutation : la conversion officielle du RPR à l'idée européenne, suite au revirement de Jacques Chirac sur cette question (contrairement à l'appel de Cochin), avec en particulier la campagne menée par lui, contre une minorité menée par Charles Pasqua et Philippe Séguin, en faveur du traité de Maastricht).
Le RPR regroupait alors trois tendances :
- Une aile libérale (Édouard Balladur, Nicolas Sarkozy) dont les idées libérales, européennes et atlantistes ne se différenciaient plus de celles de la droite libérale classique incarnée par une partie de l'UDF.
- Une aile gaulliste classique (Charles Pasqua, Philippe Séguin), à la fois plus sociale et plus nationaliste (« souverainiste »), et proche du gaullisme historique des années 1950-1960.
- Un « centre » incarné par Jacques Chirac, qui oscille entre le libéralisme et un humanisme hérité du radicalisme ou du gaullisme.
L'UMP et la fin du gaullisme ? (2002)
Cependant, la puissance de l'influence libérale sur l'ensemble des mouvements politiques de droite (et aussi de gauche) à travers le monde, mais aussi la difficulté, 20 ou 30 ans après sa mort, à imaginer ce qu'aurait été la politique du général de Gaulle, ont conduit le RPR à se banaliser au sein des droites européennes. La conséquence logique en a été la fusion avec l'UDF. Après l'élection présidentielle de 2002, le mouvement « gaulliste » Rassemblement pour la République (RPR) s'est dissous dans un grand parti de droite : l'Union pour un mouvement populaire (UMP).
La transformation du RPR en UMP, parti dominant dans la droite française avec un programme nettement libéral et pro-européen (impulsé par Nicolas Sarkozy) pose, dans les premières années du XXIe siècle la question de la pérennité du gaullisme dans la vie politique française. Le remplacement de Jacques Chirac par Nicolas Sarkozy à la présidence de la République en 2007 marque pour beaucoup d'observateurs la fin du gaullisme.[réf. nécessaire]
Néanmoins, depuis la disparition du RPR, des mouvements revendiquent le maintien de la doctrine gaulliste.
Certains sont associés ou proches de l'UMP comme le Mouvement Initiative et Liberté, le cercle Nation et République, les comités Notre République, le club Nouveau Siècle, l'Union des démocrates pour le progrès (UDP), ou Le Chêne (créé par Michèle Alliot-Marie en 2006). De son côté, Debout la République, fondé en 1999 par Nicolas Dupont-Aignan, a été un mouvement associé à l'UMP jusqu'au départ de celui-ci dans le but de défendre ses idées indépendamment.
D'autres ont convergé avec des personnes ou des mouvements héritiers de la gauche jacobine (Jean-Pierre Chevènement) autour de valeurs communes souverainistes et sociales.
Les partisans d'une ligne indépendante se sont eux regroupés en de multiples associations et clubs de réflexion, tels que Initiative Gaulliste, l'Union gaulliste, l'Union gaulliste pour une France républicaine, l'Action pour le renouveau du gaullisme et de ses objectifs sociaux, le Cercle Jeune France ou l'Académie du Gaullisme, que l'Union du peuple français a réunifié pour partie d'entre eux.
Notes et références
- ↑ http://www.wikipolitique.fr/Gaullisme WikiPolitique
- ↑ En 1968, un cartel électoral regroupe les gaullistes de l'Union des démocrates pour la Ve République et les libéraux de la Fédération Nationale des Républicains Indépendants (FNRI) sous le nom d'Union pour la défense de la République (UDR), à ne pas confondre avec le parti précité.
Voir aussi
Bibliographie
- Raymond Aron, Mémoires, Juilliard, 1983.
- Serge Berstein, Histoire du Gaullisme, Perrin, 2001, ISBN 2-262-01155-9
- Charles Saint-Prot, La Pensée française. Pour une nouvelle Résistance. Paris-Lausanne: L'Âge d'homme, 2002.
- Michel Winock, Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France, Seuil, 2004, 432 pages.
- André Figueras, Les Gaullistes vont en enfer, La Librairie française, 1965
Liens externes
- Centre d'Information sur le Gaullisme
- Gaullisme
- Charles de Gaulle sur sa vision économique, la Participation, le capitalisme, le communisme, interviewé par Michel Droit
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