Léon Bakst

Léon Bakst
Léon Bakst par Witzel, 1917.
Bibliothèque nationale de France.

Léon Bakst (en russe : Лев Николаевич Бакст, Lev Nikolaïevicth Bakst), né Lev Samoïlovitch Rosenberg (Лев Самойлович Розенберг) à Grodno (Biélorussie) le 10 mai 1866 et mort à Paris le 27 décembre 1924, est un peintre, décorateur et créateur de costumes russe. Bakst est un pseudonyme tiré du nom de famille de sa grand-mère, Bakster (ou Baxter).

Marcel Proust, dans une lettre à Reynaldo Hahn, le 4 mai 1911, lui écrit : « Dites mille choses à Bakst que j’admire profondément, ne connaissant rien de plus beau que Schéhérazade ».

Sommaire

Jeunesse

Bakst est né à Grodno dans une famille de la bourgeoisie juive.

Après avoir accompli des études au Gymnase de la capitale impériale, il étudie, de 1883 à 1886, à l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg.

En 1891, il voyage en Italie, en Allemagne et en France où il se lie avec Alexandre Benois et ses amis. Il fréquente l'atelier de Jean-Léon Gérôme, suit des cours de l’Académie Julian et travaille à Paris avec Albert Edelfelt entre 1893 et 1896.

À cette époque, l'État russe lui commande une grande toile qu'il exécute à Paris d'après nature : L'Arrivée de l'amiral Avelane et des marins russes à Paris.

En 1898, il est l’un des fondateurs avec Diaghilev du mouvement Le Monde de l’Art (Mir Iskousstva).

Il fait dès ce temps plusieurs portraits comme celui de Filipp Maliavine (1899), Vassili Rozanov (1901), Andreï Biély (1905), Zinaïda Hippius (1906). Il devient également le professeur des enfants du grand-duc Vladimir Alexandrovitch, et, en 1902, reçoit des commandes du tsar Nicolas II.

En 1902 encore, sa carrière de décorateur débute au théâtre du ballet impérial de Saint-Pétersbourg pour une chorégraphie de Marius Petipa, Le Cœur de la Marquise.

À l’occasion de la révolution russe de 1905, il participe à de très nombreux journaux en Russie (Le Monde de l’Art, Trésors artistiques de Russie, Apollon, Zolotoe Runo, Satyricon, etc.), et dessine aussi des cartes postales restées célèbres.

En 1907, Léon Bakst engage une collaboration avec le jeune chorégraphe Michel Fokine, pour des ballets comme La Danse au flambeau ou Les Sylphides. Il dessine également des esquisses de costumes pour Anna Pavlova dans La Mort du cygne ou pour Ida Rubinstein dans Salomé.

En 1908, il expose en France à la Galerie nationale, et est chargé de l'aménagement décoratif de l'exposition russe au Salon d'automne. En parallèle, il monte en Russie une série de spectacles antiques comme Hippolyte d'Euripide ou Œdipe à Colonne de Sophocle.

Léon Bakst est alors le beau-frère du pianiste et compositeur Alexandre Siloti, cousin et professeur de Serguei Rachmaninov.

Les Ballets russes

Autoportrait.

Comme peintre, portraitiste et dessinateur, Léon Bakst affirme une personnalité puissante et raffinée : d’une part grâce à une diversité d’inspiration - puisée tour à tour en Orient, dans la vieille Russie ou la Grèce archaïque comme dans le romantisme français ou l’Italie de Carlo Goldoni -, d’autre part grâce au désir de participer de façon originale au renouveau de l’art contemporain, tout en refusant la dissociation de la forme humaine pratiquée par le cubisme.

Il devient, dès leur naissance, le collaborateur privilégié des Ballets russes, pour lesquels il réalise costumes et décors entre 1909 et 1921.

En 1912, il est nommé directeur artistique, ce qui lui permet, entre autres, de soutenir les audaces chorégraphiques et musicales de Vaslav Nijinski et Igor Stravinski.

Véritables tableaux finis, ses œuvres et ses dessins, où l'audace chromatique se conjugue avec le jeu subtil des plumes et des joyaux, du dissimulé et du dévoilé, mettent en valeur la présence physique des danseurs. Quant à ses décors, somptueux et sensuels, ils mêlent érotisme et violence. Parmi ses réalisations les plus marquantes, on compte Schéhérazade, L'Oiseau de feu, Jeux, Daphnis et Chloé, La Valse, Le Spectre de la rose ou L’Après-midi d’un faune.

L'impression la plus considérable de l'art Léon Bakst fut certainement provoquée par Schéhérazade. En ce décor simplifié, ramené à quelques lignes où jouent violemment deux couleurs dominantes et complémentaires, le rouge et le vert, où toutes les rutilances s'exaltent, les yeux découvrent une jouissance nouvelle. Léon Bakst fixe les visions fugitives que suggère le poème. Tous les effets du ballet sont dominés par sa conception de peintre : « avec la plus grande frugalité d'éléments, il obtient la plus grande puissance et la plus grande opportunité d'effet. Il réalise ainsi, lui aussi, une orchestration colorée qui s'adapte à la coloration orchestrale».

Léon Bakst peint aussi, en parallèle, de nombreux paysages et des portraits d’artistes du monde des lettres et des arts dont ceux de Ivan Bounine, Vaslav Nijinski, Anna Pavlova, Blaise Cendrars, Claude Debussy, Alexandre Benois, Léonide Massine, Ida Rubinstein ou Michel Fokine.

Lui-même a été l’objet de portraits peints par Boris Koustodiev, Jean Cocteau, Amedeo Modigliani ou Pablo Picasso.

Parmi les écrivains avec lesquels il a collaboré, on dénombre : Robert de Montesquiou, Gabriele D'Annunzio, Emile Verhaeren, André Gide ou Edith Wharton.

Influence et postérité

Son élève devenu le plus célèbre est Marc Chagall. Il eut également pour élève Jean Reschofsky (1905-1998).

Les dons exceptionnels de Léon Bakst comme coloriste et graphiste se sont déployés librement sur la scène jusqu’à sa mort prématurée, en raison d'un œdème du poumon : ils ont contribué au triomphe des Ballets russes - influençant même la mode à travers, notamment, les grands couturiers Worth, Paul Poiret et Jeanne Paquin, avec qui il collabora, ou, sur le plan théâtral, son ami Vsevolod Meyerhold -, ainsi qu’à une nouvelle conception du décor de peintre et de la mise en scène, en opposition avec l'esthétique d'Edward Gordon Craig.

Le premier, Léon Bakst a osé des coloris éclatants, un mélange de fantaisie et de symétrie qui, par l’audace des lignes et des plans, ont élargi le plan scénique et ont prolongé les perspectives. Ainsi a-t-il marqué de son empreinte l'avant-garde, la peinture, les arts décoratifs et scénographiques de la première moitié du siècle.

Principales créations

Ouvrages sur Léon Bakst

  • Arsène Alexandre, L'Art décoratif de Léon Bakst, suivi de Jean Cocteau, Notes sur les ballets, Maurice de Brunoff, Paris, 1913
  • André Levinson, L'œuvre de Léon Bakst pour La Belle au bois dormant, Maurice de Brunoff, Paris, 1922
  • André Levinson, Histoire de L.Bakst, H.Reynaud, Paris, 1924
  • Louis Réau, Denis Roche, Inedited works of Léon Bakst, Brentano's, New-York, 1927
  • Léon Bakst, The Fine Art Society, Londres, 1976
  • Dominique Carson, Bakst, Flammarion, Paris, 1977
  • Irina Proujan, Bakst, Théâtre, Ballets, Décors, Costumes, Éditions Aurora, Léningrad, 1986
  • Alexandre Schouvaloff, Léon Bakst, Éditions Scala, Paris, 1991
  • Diana Souhami, Bakst, The Rothschild Panels of The Sleeping Beauty, Philip Wilson Publishers, Londres, 1992
  • Bakst, Sensualism Triumph, Dansmuseet, Stockholm, 1993
  • Charles Spencer, Léon Bakst and the ballets russes, Academy Editions, Londres, 1995
  • John Bowlt, Theater of Reason / Theater of desire, The Art of Alexandre Benois and Léon Bakst, Thyssen-Bornemisza Fondation / Skira, Milan, 1998
  • Elisabeth Ingles, Bakst, L'Art du théâtre et de la danse, Parkstone Press, Londres, 2000
  • Charles Spencer, Bakst in Greece, Gema Publications, Athènes, 2009
  • Carlo Santoli, Le théâtre français de Gabriele D'Annunzio et l'art décoratif de Léon Bakst, PUPS, Paris, 2009

Galerie

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Liens externes

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(fr) Site officiel de Léon Bakst

(en) Léon Bakst dans Artcyclopedia


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