Louis-François de Ferrières-Sauvebeuf

Louis-François de Ferrières-Sauvebeuf

Louis-François, comte de Ferrières-Sauvebeuf, en 1762 au château du Moulin dArnac en Corrèze, mort assassiné en 1814, fut recruté pour se charger de missions secrètes au Proche-Orient sous le ministère Vergennes. Pendant la Terreur, de décembre 1793 à juillet 1794, il fut instrumenté par le Comité de sûreté générale, devenant le plus redoutable des indicateurs de prison.

Sommaire

Diplomate et aventurier

Il était le quatrième fils de François de Ferrières-Sauvebeuf, comte de Ferrières-Sauvebeuf, et de Marguerite de Chastaignac de la Guyonnie.

Ce cousin de Mirabeau allié à la haute noblesse[1], fut dabord officier puis exerça, sous le ministre des Affaires étrangères Vergennes, le métier dagent secret. Il voyagea notamment en Italie d il passa au Proche-Orient, principalement en Turquie puis à Lattaquié en Syrie et de à Ispahan, en Perse (5 mai 1784), il consigna ses observations sur des guerres meurtrières dont il fut le témoin.

Il prétendit après coup avoir été éveillé alors aux sentiments de la liberté: « Jappris, écrit-il plus tard, à connaître avec les Tartares, cette fierté, premier sentiment de lhomme libre, qui na dautres chefs que ceux quil sest choisi lui-même, et qui frémit au seul nom dun maître inamovible ». Il aurait accompagné Agha-Méhémet dans ses expéditions guerrières, mais il chercha surtout, comme on le lui avait prescrit, « de détourner le shah de faire filer vers le Caucase les marchandises venant par caravanes dExtrême-Orient pour les ramener à Constantinople selon lancien usage »[2]. Il revint par Bagdad, traversa lAsie mineure et, arrivé à Constantinople, il se brouilla avec lambassadeur Choiseul-Gouffier. Puis il embarqua pour la France.

À Versailles, il intrigua contre Choiseul-Gouffier et convainquit le nouveau ministre Montmorin de décerner un blâme contre son ambassadeur.

À nouveau chargé de lettres ministérielles, il se mit en route pour Constantinople le 17 mai 1788 dans le but essentiel de régler des affaires privées. Il sagissait dune prise dintérêt dans un trafic de ventes darmes françaises à la Turquie. Sétant acquitté de sa mission officielle, il fut sèchement renvoyé par Marie-Gabriel-Florent-Auguste de Choiseul-Gouffier qui lui reprocha dinterférer dans la diplomatie franco-turque[3] -, il retourna en France par les Balkans, travesti en turc, mais fut arrêté non loin du front austro-turc, entre Nish et Belgrade. Soupçonné despionnage, il fut ramené enchaîné au camp du grand vizir, partageant la captivité de soldats et officiers hongrois, puis conduit avec eux à Constantinople il fut détenu quelques semaines.

Ayant été libéré, il débarqua à Toulon à la mi-octobre 1788, et, sa réputation dintrigant dangereux layant précédé, il fut dès son arrivée lobjet dune lettre de cachet et transféré au Lazaret puis au château dIf.

Relâché après quelques mois, il gagna Paris il arriva le 20 mai 1789. En janvier 1790, il fit imprimer les récits de ses voyages dans lesquels il règle ses comptes avec Choiseul-Gouffier[4]. En 1791, le comte de Ferrières-Sauvebeuf fréquentait la société aristocratique, quoiquil sen défendît par la suite. Il ne lui fut donc pas difficile, le moment venu, de donner à la police politique de la Terreur des indications sur tous ceux que, pour des raisons diverses, on voulait envoyer au Tribunal révolutionnaire. La Révolution fut surtout pour lui loccasion de pêcher en eaux troubles : « Extérieurement, il affichait le patriotisme avec les patriotes, au point quil fallait être connaisseur pour ne pas sy méprendre, et dans lintérieur de sa maison, il était aristocrate. » Le comte Beugnot dit quil vivait dans un appartement de deux pièces en rez-de-chaussée, quil avait décoré avec un luxe oriental, fumant la pipe sur un divan avec, à ses côtés, des rossignols en cage[5].

Indicateur dans les prisons de la Terreur

Cétait aussi un libertin dévoyé qui avait enlevé une demoiselle Théophile Heuvrard, âgée de quinze ans, quil séquestrait dans une « maison particulière »[n 1]. Le comité de la section du Nord avait fait libérer cette jeune fille qui retrouva ses parents. Mal noté par le comité de surveillance de sa section, celui-ci ordonna son arrestation qui eut lieu le 8 frimaire an II. Envoyé à la prison de la Force, il fut peu après appelé à témoigner à charge contre le duc Florent du Châtelet[6], et cest alors quil établit de premiers contacts épistolaires avec les membres du « grand » Comité de sûreté générale, celui qui officia en sappuyant sur la « loi des suspects » (17 septembre 1793). Il fut plusieurs fois convoqué et appelé à témoigner à charge, en diverses circonstances, et chaque fois reconduit en prison. De cette manière, il pensait pouvoir retarder son renvoi devant le Tribunal révolutionnaire.

Lui-même récemment sorti de prison à la suite dune affaire de chantage exercé contre des suspects, mis à la disposition de Vadier, Amar et de Jagot, le citoyen Dossonville fut chargé, à la veille du procès des Hébertistes, de « découvrir » les « complices » du prétendu « complot de létranger ». « Découvrir » signifiait en loccurrence localiser des preuve ou des témoins, et, au besoin, les inventer. Il sagissait du moins de repérer et didentifier dans les prisons des suspects déjà arrêtés afin de transmettre à la police politique et à laccusateur public du Tribunal révolutionnaire des notes accusatrices les concernant. Ces « complices » de la conspiration prétendue étaient des personnes plus ou moins impliquées dans des entreprises contre-révolutionnaires ou des délits supposés démigration, pour des faits remontant à des mois voire des années avant leur arrestation, mais dont les dossiers étaient quasiment vides. Quant au « complot de létranger », Saint-Just lui avait donné une sorte de définition à la veille des deux grands procès politiques du 24 mars (procès de Hébert) et du 4 avril 1794 (procès de Danton), dans son célèbre rapport prononcé à la Convention, courant ventôse an II. Il avait désigné tous ceux qui avaient pactisé en secret, pour des motifs divers, avec les agents à Paris des puissances coalisées, cest-à-dire essentiellement des hommes daffaires (Jean-Jacques Debeaune, les frères Junius et Emmanuel Frey, etc.) et des banquiers (Perrégaux, Augustin Monneron, Jean Conrad de Kock, Laborde de Méréville, William Herries, Walter Boyd Junior, William Ker, etc).

Etaient particulièrement visés les principaux dirigeants de la Commune de Paris dont on pensait quils rééditeraient sous peu un coup de force contre la Convention[n 2].

Par ses premiers renseignements, le ci-devant comte de Ferrières-Sauvebeuf, qui ne se faisait pas prier pour coopérer à contribué aux projets machiavéliques des membres du Comité de sûreté générale, projets qui allaient sous peu aboutir aux dénonciations de conspiration des prisons, assorties de listes de conspirateurs. Il a, ainsi quil le dit, dévoilé certaines informations dordre privé qui ont permis, avant la loi du 22 prairial an II, de donner une apparence de consistance aux accusations diligentées par laccusateur public. Dans une lettre à Fouquier-Tinville, en date du 9 prairial an II, il sexpliquait ainsi sur ses plus récents exploits:

Au citoyen Fouquier Tinville, accusateur public du tribunal révolutionnaire à Paris (très pressante). Les renseignements que je tai donné, citoyen, soit au sujet de Du Châtelet, de sa femme et de la citoyenne Grammont dont je savais les menées, ont pu te prouver que mon seul désir était dêtre utile à la République. Jai appris que Mirepoix a été guillotiné hier, je me contente de te demander si tu as connaissance quon lui a trouvé 150 000 livres en or. Il les avait au moment de son arrestation, et il a pris une voye bien difficile à déconcerter pour sassurer de cet argent et que je nignore pas. Quelques jours après mon arrestation, ce fut moi qui écrivis à Michel, encore administrateur de police, le seul conservé par le Comité de salut public, pour lavertir que les femmes Du Chatelet et Grammont étaient allées chez Belhomme par le moyen dun tiers qui entretenait correspondance avec elles, et la citoyenne Poix[n 3], pour soustraire Du Chatelet et elles mêmes au glaive de la loi.

Michel les fit réintégrer à la Petite Force ; et la dernière fois que je tai vu au tribunal jétais témoin dans laffaire du portefeuille pillé par la femme Beaune Winter[n 4], je te demandai si tu avais des renseignements sur les femmes Du Châtelet[7] et Grammont. Tu me dis quelles nétaient que suspectes. Me contentant de te rappeler mes notes, je ne ten dis pas davantage et tu vois que je ne métais pas trompé.

Cette affaire a dautres branches, relativement à une personne que tu connais bien, la Rochechouart, que tu as menacée de faire arrêter quand elle sollicitait pour (Reviers de) Mony guillotiné. Elle est nièce de la femme Du Châtelet, tu peux encore surveiller cette partie . Au sujet de Mirepoix, il faut bien user dadresse pour ravoir son or, parce que son homme daffaires est attaché à une maison diplomatique dune puissance amie de la France. Tu as également dans cette affaire un nommé Richard, homme daffaires de la ci-devant baronne de Montboissier[n 5] qui est à trente lieues dici. Jignore le nom de lendroit mais cest facile à savoir. Il avait toute la direction de largenterie qui, sans doute, na ni émigré ni été à la monnaie.

Tu as encore une citoyenne dans le cas de la déportation, rentrée après le décret et dont, à ce quon ma dit, on a arrangé laffaire et qui va être en possession des biens de sa tante qui sont immenses. La citoyenne Béthisy, cousine du prince de Lambesc, qui daprès son âge doit être déportée, et les biens de sa tante mis en séquestre. Ils sélèvent à plus de trois millions. Comme je connais tous les ci-devant de la première volée, je sais à peu près leurs péchés honteux, autant que la mémoire pourra men souvenir, je ten avertirai. Salut et fraternité. Ferrières-Sauvebeuf, à la maison darrêt de la Force, ce 9 prairial lan 2e[8].

Puis à nouveau, les jours suivants, il sadressa Au citoyen Fouquier-Tinville, accusateur public du Tribunal révolutionnaire, à Paris.

« Tu es la vraie sentinelle du peuple, Fouquier, et je tai indiqué plus dune fois de vrais conspirateurs: ne croye pas quun seul motif dobtenir ma liberté ne pût me porter à donner les indices du crime. Libre, je lai dévoilé, et au moment jai perdu ma liberté, jai encore donné la trace des conspirateurs qui étaient à ma connaissance, comme je nai cessé den donner encore depuis que je suis en arrestation. Jécrivais au Comité de sûreté générale pour le prévenir dun enlèvement qui devait se faire. Quon en compulse les dates, huit jours après, tu as fait condamner à mort la princesse Lubomirska et celui[n 6] qui devait la soustraire à ta vigilance était déjà détenu à la Force[n 7].

Je tai écrit il y a quelques jours une lettre après le jugement de Mirepoix. Je crois cette lettre de conséquence pour les intérêts de la République, tu peux te la rappeler. Fais moi conduire dans ton cabinet, ou envoye moi ton substitut Lindon, et je lui ferai des déclarations importantes. Salut et fraternité. Signé : Ferrières-Sauvebeuf, à la maison darrêt de la Force, ce 13 prairial lan 2ème. »

Il fut, comme prévisible, pressenti avec un autre agent du même genre, un indicateur nommé Louis-Guillaume Armand[n 8], pour aider à la composition de la « fournée du 29 prairial » concoctée par Elie Lacoste, sous les directives de Barère de Vieuzac, Collot d'Herbois et Billaud-Varennes, et pour ce faire, il dut adresser des rapports quotidiens au Comité de sûreté générale. On lappela enfin, avec quelques autres, à témoigner à charge au cours de ce procès des prétendus complices de Batz, de Cécile Renault et dHenri Admirat. Il semble avoir particulièrement chargé les citoyens Comte et Ozanne, ses co-détenus à la Force, également les citoyens Prosper Soulès, Jean-Baptiste Marino, Dangé, et Froidure, anciens administrateurs de police issus de la Commune hébertiste.

Les principales listes de proscription

Le même jour de lexécution des cinquante-quatre « assassins des pères du peuple », habillés pour la circonstance de « chemises rouges », le Comité de sûreté générale reçut de nouvelles listes de proscription précédées de manifestations dautosatisfaction et de ses intentions à légard dune jeune prisonnière de seize ans, Geneviève de Montmort :

« Aux citoyens composant le Comité de sûreté générale

Citoyens, Je nai jamais connu aucun complot, je laurais dénoncé comme jai plusieurs fois fait connaître à laccusateur public Fouquier-Tinville ceux que je savais conspirer. Jai eu quelques talents en diplomatie, ce qui ma appris à connaître les hommes sans être leurs complices. Jai plus dune fois préjugé tel ou tel conspirateur parce que leur moral métait connu quoiquindirectement. Vous mavez demandé des indices, je vais vous donner ceux qui sont à ma connaissance. Mon but est dêtre utile à la république, plutôt que den faire le prix de ma liberté. A vous dire vrai, le silence dune prison nest pas incompatible avec le genre de travail je me livre: cest lhistoire de la révolution, celle de mes voyages. Mon style concis et vrai ma valu des éloges. Je vais tâcher den mériter de la postérité après lui avoir tracé le tableau de la Révolution. Partout, jai été le témoin oculaire et partout, je rendrai hommage à la gloire du peuple ; seulement, jai à regretter de navoir pucomme les autres détenus dans les maisons de suspicionréunir à moi une personne qui, depuis sept mois, me fait désirer un mariage dinclination. Au surplus, citoyens, vous êtes justes, et si on a à me reprocher que ma naissance, jai aussi prouvé que je métais mis moi-même au niveau de légalité par les services que jai rendus à la révolution. Jinvoque le Comité de salut public diplomatique et de dépôt des affaires étrangères.

Je vais vous indiquer les personnes qui mont paru devoir mériter votre surveillance. Il vous sera facile de les surveiller en faisant demander à leur domicile à Paris lasile quelles ont choisi depuis le décret qui les proscrit de Paris.

Moni et sa femme, 58 rue des Blancs-Manteaux. Ami et du même pays que Danton, ami de ladministrateur de police) Lafosse, qui a constamment écarté la dénonciation contre lui. Sa femme est la fille du procureur au Parlement Joly de Fleury. Ne pas la mettre à la Petite Force car elle a des liaisons avec les femmes Legrand et Mesnil-Simon[n 9].

Le ci-devant marquis de Saint-Simon, émigré, avait des liaisons avec la citoyenne Morville, demeurant à Villiers la Garenne, près Paris. Elle y vit avec Bellanger, américain qui était de la société de dEprémesnil, avec des Boulets son frère, qui loge au bois de Boulogne au parc du Ranelagh.

Une chanoinesse nommée comtesse Camille[n 10] était la maîtresse de Comte[n 11], conspirateur compris dans le rapport du citoyen Elie Lacoste, sa sœur un employé un général employé qui, je crois, est de Flers[n 12]. Cette Camille est du pays de Liège est sest absentée lors du décret contre les nobles[n 13], mais on peut savoir son adresse sous vingt-quatre heures (il le faut).

Le ci-devant marquis du Saillant, beau-frère de Mirabeau, son fils unique a émigré, mais il ne manque de rien en pays ennemi parce que la fille du Saillant a épousé le marquis dAragon, Florentin, qui a de grands biens dans la Toscane, sur lesquels du Saillant fils reçoit des secours. Du saillant et sa femme, sa fille et son gendre demeurent près de Lagny. On peut savoir ladresse de lendroit dans leur maison rue du Montparnasse[n 14].

La femme Richetot des Granges veuve Dasnières, a émigré à Turin avec un passeport pour deux enfants qui sont ceux de mon frère, des filles de neuf et dix ans. Elle a trouvé le moyen daller dans la maison de santé Belhomme[n 15].

La femme Champcenetz demeurant rue Honoré en face celle de lhôtel de Beauvau, native hollandaise, très intrigante, intime de la Rochechouart[n 16].

Le ci devant marquis des Réaux, rue de la Perle, au Marais, a été voir sa fille à Coblentz[n 17].

Un agent de dEprémesnil est labbé de Bercagny et le ci-devant marquis de Parny. Dans deux jours je puis faire savoir ladresse du premier, et le second logeait chez un ci-devant conseiller au Parlement rue du Gros-Chenêt, qui est mort. On pourrait savoir ladresse de Bercagny chez le citoyenne Réal, rue du Gros-Chenêt[n 18].

La citoyenne La Gornière, fort liée avec Reniac, officier de la garde du tyran, cherchait les moyens davoir un certificat de résidence pour La Guiche. cette femme connaît deux agents de cet émigré, jignore leur nom[n 19].

La citoyenne Béthisy, rue des Jeûneurs, rentrée en France avant le décret chez sa tante de Moulins, rue des Jeûneurs[n 20].

Giambonne, banquier, rue de Bondy. Gênois naturalisé. Son fils a fait un emprunt à Gênes pour le compte des ci-devant princes et le Giambonne de Paris, associé de son frère à Gênes a coopérer à lemprunt fait par le jeune Giambonne. Cela sest passé du temps de Laflotte, secrétaire dambassade. La fille de Giambonne, domiciliée chez son père, était la maîtresse du ci-devant duc de Choiseul qui était caché à Neuilly chez sa tante. Je le dénonçai inutilement à la police. Louis Roux, alors administrateur, fit faire la visite mal en ordre[n 21].

La femme Bonneuil, encore plus aristocrate que sa sœur la Desprémenil, fut fouettée au Palais-Royal lorsquelle était maîtresse de Cazalès. Elle létait en dernier lieu de Batz. Elle est à Sainte-Pélagie et peut donner bien des renseignements sur Batz, surtout la femme Buret, actrice des Italiens qui est à Sainte-Pélagie[n 22].

La femme Chevalier, veuve dun gouverneur dans lInde, avait prêté des fonds chez Prédicant, notaire guillotiné dans laffaire de la Marbeuf[n 23]. Elle loge rue Caumartin, n°17[n 24].

Un homme très dangereux et fin, Steibelt, Prussien, grand musicien. On peut savoir il loge chez Hermann, aux Écuries de Montmorency rue Feydau[n 25].

Une espagnole, belle jeune femme, liée avec la clique Chabot et surtout Julien de Toulouse, divorcée du ci-devant marquis de Montendre. Elle loge rue Neuve du Luxembourg près le boulevard[n 26].

La ci-devant présidente Champeron, mère démigrés, rue de la Michodière, n°8.

Gilibert major des Invalides, sest opposé avec Sombreuil[n 27] a donner des armes au peuple le 13 juillet (1789)

Le ci devant marquis de Montclar, aide de camp de Thiars qui opprimait le peuple de Rennes. Il est à la Conciergerie[n 28].

Si jétais sot je craindrais de donner des indices contre moi, et jaurais gardé le silence. Je le répète au comité encore une fois, je nai jamais eu de connivence avec aucun conspirateur. Mais avant la Révolution, étant fort répandu dans les grandes sociétés et connaissant le moral de différents personnages, jai pu juger de leur opinion depuis 89. Depuis ce temps jen ai rencontré plusieurs, sans avoir eu aucune liaison quelconque, ou du moins, point rapprochée. Je défie que personne puisse jamais me nommer, nayant jamais fréquenté leurs maisons. Avant la Révolution, ils ne savaient plus que mon nom, et plusieurs, en passant, mont fait des demi-confidences qui mont indiqué leur façon de penser, etc..

En écrivant à la la Jules de Rochechouart que je puis lui faire prêter un millier décus, et demandant de cette manière son adresse à son mari qui est un bon imbécille près Chartres, on pourrait savoir son adresse. Jai vu cette femme plusieurs fois étant parente de mes nièces et avant quelle fut avertie quon voulait larrêter, elle amis dans sa conduite une publicité qui prouve quelle était de connivence avec Soulès[n 29]. Mais je puis prouver que je nai jamais eu loccasion de me trouver avec chabot. Elle lavait connu étant capucin et maître de mathématiques de ses neveux à Milhau, puis que je la dénonce et je veux bien être confron, avec elle, cela prouve que je nai eu aucune connivence coupable avec elle et que je ne la crois coupable que depuis que jai vu condamner les personnages avec qui il est constant quelle a intrigué. Et tout cela sest passé depuis mon arrestation ne layant vue que comme parente de mes nièces.

Je dois ajouter citoyen que, dans cette prison ci je passe dans lesprit de tous les détenus pour votre espion et celui du tribunal révolutionnaire. on me gratifie de 500 livres dappointements par mois de ce que jai été différentes fois au tribunal révolutionnaire comme témoin, et hier à votre comité. Si quelque chose me console cest que je ne suis pas du bord de ceux qui me craignent. »

Je prie de citoyen Jagot de me renvoyer ou de remettre au citoyen Billaud de Varennes le mémoire adressé au Comité de salut public que je lui ai laissé, étant au Comité de sûreté générale.

Le 1er messidor (an II), il écrivait à Elie Lacoste, membre du Comité de sûreté générale, pour lui dénoncer son propre frère qui avait quitté son appartement, pour aller loger chez la veuve Dasnières qui louait lancien appartement de Cazalès, du temps de la constituante: Joccupais, dit-il, une chambre dans la même maison, et cest que jai connu la figure de Batz qui venait chez Cazalès. Il ajoutait que son « éducation asiatique et arabe » lavait mis au-dessus du préjugé de classe.

Le 1er messidor, il écrivait au citoyen Fouquier-Tinville, accusateur public du Tribunal révolutionnaire, au Palais que lapprovisionnement de la prison était déplorable et que ceux qui en étaient chargés réalisaient de substantiels bénéfices sur le dos des détenus.

Tu mas sommé, Fouquier-Tinville, en présence du Comité de sûreté générale, de désigner les contre-révolutionnaires qui seraient à ma connaissance. Jai rempli avec zèle la tâche que tu mavais imposée, et sans craindre quon puisse jamais me reprocher la moindre connivence avec ceux que mon oeil politique a déjà désignés, et plusieurs ont même subi à ton Tribunal la peine de leurs forfaits. Il est une personne qui mérite ta double attention. Le 2 septembre fut une occasion à la femme Joli, fournisseuse des haricots de la Force, qui échappa au massacre, de se lier avec son juge libérateur, ladministrateur Dangé[n 30] le guillotiné. Depuis ce temps-, elle était connue pour sa maîtresse, venant tous les jours, ou dîner, ou faire des orgies chez elle qui se prolongeaient bien avant dans la nuit, et cela, jusquau moment de son arrestation. Et pendant tout ce temps-, jusquau moment il est parti dici pour aller se faire guillotiner, il a continuellement communiqué au-dehors par le moyen des fenêtres de la femme Joli qui sont au rez-de-chaussée sur la cour de la prison, et cette femme lui facilitait lentrevue journalière avec ses complices en les recevant chez elle. Dangé navait pas oublié celle qui lui rendait tant de services. Comme il avait du crédit à ladministration de police, parce que les nouveaux administrateurs étaient, comme lui, de la Commune du 10 août, et nêtre autres que Vixcheric et Dupomier venaient aussi chez la femme Joli, il avait eu le crédit non seulement de lui faire avoir la fourniture de la nourriture des prisonniers de Vincennes mais encore nous avait-il dit que la femme Joli fournirait aux suspects à cinquante sols par jour quand ce régime serait établi. En effet, Dangé avait fort bien recommandé son amie, car Bergot nous la installée pour nous fournir à manger; et comme il ne nous est permis de ne prendre que ce modique repas en vingt-quatre heures, sans pouvoir rien faire entrer du dehors, jai aperçu dans cette femme qui avait les principes de Dangé et ses complices a voulu sans doute soulever la prison en donnant, je ne dirai pas une nourriture mal apprêtée, je ne veux point parler de son peu de talent, mais insuffisante[n 31]. Nous avons calculé daprès ce quelle nous fournit à manger depuis huit jours que, sur les 50 sols, il y a dix sols de vin quelle ne fournit pas à diminuer, et que cest tout au plus si elle fournit pour 25 sols, et gagne au moins 16 sols par tête.

Hier, jai eu pour mon unique repas en vingt-quatre heures, à peine une once de viande, un hareng pourri et une cuillerée de poix de lan passé, encore nest ce que la seconde fois que nous mangeons de la viande depuis la décade. Je nai pas parlé de la soupe, car les chiens nen veulent quelque fois pas. Or je te dénonce la femme Joli comme dilapidant les deniers publics puisque les 50 sols par jours payés aux suspects sont tirés du trésor public, et en même temps comme complice de la scélératesse de Dangé et de ses confrères qui se réunissaient tous les jours chez elle, ainsi que lattesteront presque tous les prisonniers dont les fenêtres donnent sur cette cour, sont les fénêtres de la femme Joli. Le concierge ayant même voulu les faire fermer, ce quil ne put à cause du crédit de Dangé auprès de ses nouveaux confrères, tu pèseras dans ta sagesse des faits que jatteste et pour lesquels je trouverai cent témoins; salut et fraternité. Signé : Ferrières-Sauvebeuf, ce 1er messidor (Jen ai instruit le Comité de sûreté générale).

Ps: Sur la plainte faite au concierge que les tables servies par quinze navaient pas une nourriture suffisante, hier on nous servit par dix, et les plats avaient la même quantité de vivres que quand on était quinze, et encore chacun a-t-il quitté la table et gardé la faim. Il est donc visible que dans les huit jours que quinze étaient nourris comme hier dix, elle a gagné la nourriture de cinq personnes ce qui fait environ cent francs par jour quelle a soustrait par son calcul à raison de 300 prisonniers, et sans compter encore les 15 sols quelle gagne sur chacun

Le 3 messidor, cest Grégoire Jagot, membre du Comité de sûreté générale à qui il lui fut demandé dadresser ses lettres. Le projet en cours, dont la mise en œuvre fut confiée à Dossonville et supervisée par, principalement, Vadier, André Amar, Grégoire Jagot et Voulland, était de découvrir de fausses conspirations dans les grandes prisons et denvoyer de préférence à la mort des personnes riches et des témoins gênants. Le citoyen Louis Comte et plusieurs administrateurs de police hébertistes étaient dans la catégorie des témoins peu fiables ou bavards, quil fallait se dépêcher déliminer sans débats contradictoires, ce qui fut rendu possible par la loi du 22 prairial an II.

Il raconte ses discussions avec le citoyen Louis Comte, dans la cour de la prison de la Force et les visites que lui rend une ci-devant baronne hollandaise ayant le titre de comtesse chanoinesse , demeurant rue de Miromesnil[n 32].

Comme jétais une mauvaise langue, elle navait pas voulu se faire connaître (et je lui dis que) daprès son compliment elle pourrait aller prendre une autre fois ses ébats ailleurs. Camille se faisait prêter par une autre femme une permission de ladministration de police, trompait la vigilance du concierge. « Le lendemain si elle se fût présentée elle eût été arrêtée ».

Ce même homme avait été témoin que Comte écrivait à Camille avec une encre à secret entre les lignes des journaux que le guichetier portait à cette femme qui, sans doute, était du grand complot puisquelle fournissait à ses dépenses énormes et que je doute quelle pût avoir de pareilles ressources dans les restes surannés de ses appâts.

Le guichetier a quitté la Force pour le Plessis il est mort quelques jours après. Le général de Flers a épousé la sœur de Camille et ces deux femmes dune famille allemande sont peu favorables à notre Révolution. Elle loge rue de Miromesnil.

Il revient sur les affaires de lapprovisionnement de la prison de la Force cherchant à compromettre ladministrateur Dangé et la citoyenne Joli :

La personne que tu as envoyée hier a achevé la défaveur et les soupçons que lon avait ici contre moi. Je me suis expliqué avec ton agent[n 33] que je navais eu aucune accointance avec les personnes désignées et je lui ai démontré comment javais pu avoir mes renseignements (...) Il insiste auprès de Jagot sur les intelligences de ladministrateur de police Bergot avec ladministrateur de police Dangé et la « femme Joli », employée dans lapprovisionnement des prisons, quil voudrait bien faire guillotiner: « Je livre cette lettre au hasard mais jespère que ladresse la fera parvenir ». Ces considérations sont suivies dune longue liste de noms de personnes qui finiront pour certaines dans la charrette de Sanson.

En pièce jointe, Ferrières-Sauvebeuf adresse à Jagot un rapport sur les transfertsdits alors « transfèrements » – de prisonniers en maisons de santé. Non seulement les prix de pension de ces établissements ( on était censé échapper à Fouquier-Tinville - cest du moins ce quon racontait aux prisonniers -) mais la décision du transfert lui-même donnait lieu à trafic dargent. Plusieurs administrateurs de police étaient mouillés dans ces sombres affaires. Ils périrent généralement avec leurs victimes. Un avocat ou se prétendant tel, sétait fait une spécialité de négociateur de « transfèrements ». Il approchait les riches prévenus des Carmes ou de la Force, sous le prétexte de leur proposer une défense au cas ils seraient appelés au Tribunal révolutionnaire. En fait - et Ferrières-Sauvebeuf assure évidemment le contraire, et pour cause - Fouquier-Tinville fut intéressé au premier chef dans ces affaires crapuleuses, jusquà leur révélation scandaleuse au cœur de lhiver 1794. On exécuta rapidement la femme du fermier général Doué et dautres, comme Mmes de Grammont et du Châtelet, qui savaient combien ces opérations leur avait coûté[n 34].

Note sur Lainville si connu pour ses transfèrements.

Jai été témoin que Lainville, défenseur officieux, ayant obtenu de ladministration de police le transfèrement dun administrateur de la loterie et dun banquier pour aller en maison de santé etc.

Delainville promettait depuis longtemps à un anglais, nommé Richard, vieux, infirme, de le faire transférer chez Belhomme. Ce dernier, pour accélérer fit remettre à Lainville, par sa femme, un acompte par avance de 1400 livres comme il la dit devant plusieurs détenus, ce qui prouve que Delainville aimait se faire payer davance.

Deux mois avant mon arrestation, instruit de la réputation de Lainville, javertis Michel de le surveiller. Je le vis arriver à la Force conduit par Fiquet et Mennessier, administrateurs de police que javais averti depuis mon arrestation. Car Delainville disait avec mystère que les transfèrements coutaient fort chers et ne se présentait que charitablement comme intermédiaire. Pendant huit jours quil fut à la Force, il trouva le moyen dintriguer pour obtenir sa liberté et lon disait encore ici publiquement quil avait arrangé pendant sa détention pour deux mille écus de transfèrements.

Titon[n 35] sétait plaint quil lui en avait demandé 6000 livres pour aller chez belhomme. Le Comité de sûreté générale a savoir que Delainville était lentremetteur entre les femmes Grammont, Du Chatelet et la ci devant princesse de Poix.

Jen avertis Fouquier-Tinville car Delainville se donnait dans le monde pour son ami intime et offrait à beaux deniers comptant son crédit auprès de lui.

Ayant dîné, environ trois mois avant mon arrestation, chez le citoyen Coffinhal avec les députés de mon département, presque tous mes camarades de collège et avec le citoyen Fouquier-Tinville, revenant avec lui dans la même voiture jusquau Palais, je lui demandai s'il connaissait Delainville. Il me répondit que cétait un intrigant, quil lavait chassé de son cabinet une bonne fois pour toutes, mais quil pourrait bien lui tomber dans les mains. Je connus la chaleur de cette expression, et jai pensé que, ne pouvant tromper personne sur son prétendu crédit auprès de Fouquier Tinville, il avait pris le parti des transferts en maison de santé qui lui ont été si lucratifs. Signé: Ferrières-Sauvebeuf.

Dans une lettre en date du 5 messidor, adressée à Grégoire Jagot qui réceptionnait ses dénonciations, il donnait de nouveaux renseignements sur les personnes suivantes:

De Coster et la Plaigne sont associés, prêteurs dargent à La Trémoille, Boulogne et autres. Ils logent ensemble rue Richer. La femme La Plaigne a une promesse de femme de chambre de Madame[n 36].

Verrier, même genre dagioteur, rue des petits Pères.

Le baron de Saint-Marceau, demeurant place de la Révolution. Sa femme est hollandaise. Elle a été en Angleterre avec sa sœur dont le mari a émigré. Elles sont, précise-t-il, revenues après le décret sur les émigrés. Mme de Rastignac[n 37], également hollandaise, les accompagnait. On la trouve rue Saint-Georges.

Labbé Romé et Saint Charles, illuminés dans le style de dom Gerle et de Suzanne Labrousse. On les trouve rue du Gros-Chenêt.

La femme Aveneau, anglaise, maîtresse de Lacroix guillotiné. Elle faisait des dépenses énormes avec son mari et sa sœur à la Chaussée dAntin[n 38]. Le ci-devant comte de Saint-Paul, rue Chabanais, et les femmes Briqueville et Luci. La femme de Saint-Paul est sœur de la femme Rassay. Elles sont des liaisons avec Aveneau et sa femme. Elles ont aussi des rapports avec Anisson Du Perron, guillotiné, qui payait deux femmes de cette société. La Briqueville est parente de la guillotinée Canisy. La Luci, très jolie. La femme Saint-Paul sait leur adresse[n 39].

La baronne de Molo[n 40], originaire des Pays-Bas, maîtresse de Guillaume de Croissy, administrateur de la Caisse des Billets de secours, épargné à l'Abbaye. Elle a logé dans le même hôtel que moi et elle trafiquait de ses appâts. Elle a effectué plusieurs voyages aux Pays-Bas, je la crois très dangereuse. On la trouve rue du Faubourg-Poissonnière.

La femme auteur Beaunoir, maîtresse de Froidure, très intrigante, ayant son mari émigré à Bruxelles. Elle nest plus chez elle après laccident arrivé à son ami Froidure. Sa campagne est à vingt lieues de Paris. Très intrigante, elle avait son mari émigré à Bruxelles, et elle logeait rue des Fossés Montmartre, n°73. Mais elle nest plus chez elle depuis laccident qui est arrivé à son ami Froidure. On la trouvera dans sa campagne à vingt lieues de Paris[n 41].

La femme Magalon. Son mari a passé en Amérique. Sa fille ainée a épousé Bongars, écuyer du tyran, et la cadette, de Tilières qui a acheté le château du ci-devant monsieur, près dEssonne ils sont tous[n 42].

Le ci-devant marquis de Lavalette intimement lié avec la Sainte-Amaranthe, du club de lhôtel Massiac, loge rue Basse Saint-Denis[n 43].

Vous avez sans doute rempli toutes les précautions de sûreté générale en faisant arrêter une infinité de personnes qui nont parues que suspectes, et qui cependant sont contre-révolutionnaires. La prison du Luxembourg et celle de Port-Libre en sont des ramassées mon oeil politique pourrait vous en désigner qui, peut-être, auront échappé à la clairvoyance de vos agents, soit par une astuce à ne point se montrer, soit encore par des moyens que je pourrais connaître comme ayant bien vécu dans le grand monde avant la Révolution, et comme ayant pu indirectement connaître depuis ce temps leur façon de penser ou leurs liaisons. Car les aristocrates étaient plein dune jactance insolente à laquelle jai pu facilement les reconnaître.

Pour changer de cadre, Ferrières-Sauvebeuf se propose comme mouton de la prison du Luxembourg, ou bien à Port-Libre, à Saint-Lazare ou encore aux Anglaises. on ne sait s'il y est donné suite.

Une nouvelle dénonciation détaillée en date du 8 messidor arriva bientôt dans les bureaux du Comité de sûreté générale, à ladresse du citoyen Jagot, membre du Comité de sûreté générale:

Jai remis hier soir à la personne que tu mas envoyée une pièce qui peut te convaincre de mes principes. Elle est la suite de la conduite franche et bien prononcée que jai manifestée depuis la révolution, si le Comité de sûreté générale veut me croire susceptible dêtre utile à la République de la manière que jai indiquée. Jai offert en même temps toute sûreté de ma personne, mais la qualité dex-noble que jai effacée par une conduite révolutionnaire ne fera pas sans doute un titre unique de proscription pour moi puisque de bons citoyens nés dans ma ci-devant caste, servent si bien la République même comme membres de la convention et du Comité de salut public. Dans tous les cas jattendrai dans le silence de ma conscience que le comité porte sur moi une décision quelconque. Seulement, je demanderai quil me soit permis dêtre réuni comme tant dautres détenus dans une maison de suspicion à celle qui est lobjet dune inclination qui, en mappelant au titre de père de famille peut faire présumer que ma conduite une fois libre serait celle dun citoyen qui voudrait concourir à la gloire de son pays.

Jai su par lancien compagnon du secret détenu avec Comte que Camille est maintenant à Montargis. Comte, qui disait toutes ses affaires, nen ayant pas fait mystère, elle y est ou y était avant que Comte ne sût sa traduction au Tribunal révolutionnaire. Elle sy était retirée avec sa mère et sa sœur, femme du général de Flers dont jai déjà fait mention.

Lagent secret que tu mas envoyé mas demandé si, par le moyen de ma prétendue[n 44] qui est à la petite Force, je ne pourrais pas y avoir des renseignements. Jai profité dun moment il y avait des maçons dans le corridor qui avoisine la porte de la cour des femmes pour causer un moment à travers la porte et voici ce que jai pu en savoir, nayant pas eu le temps den apprendre davantage.

La femme Romey qui était intéressée dans la maison de santé de La Chapelle y est depuis un mois. Jai su que Romey avait un petit intérêt dans le courant de la maison et les meubles pour la mise de fonds, mais que La Feuillide (lhomme daffaires Jean-François Capot de Feuillide) qui a été guillotiné, y avait une grande valeur dont Romey a hérité, nayant produit ni annoncé aux agents de la république aucun compte entre lui et La Feuillide. Comme Romey et sa femme tenaient des jeux comme la Sainte-Amaranthe, on peut éplucher la conduite de ces deux êtres très intrigants et très liés avec De Coster dont jai fait mention hier.

La femme Laborde y est avec sa fille qui avait fait hommage de sa fortune au fils du ci-devant prince de Poix. Cette jeune femme avait émigré en Angleterre, mais elle est revenue pour conserver sa fortune et son mari quoiquelle ait divorcé pour la forme; Ce qui le prouve est la liaison quelle continue avec la femme La Fayette, tante de son mari qui est également à la Petite Force[n 45].

Il y eut un jour une querelle entre deux femmes, la Montréal[n 46], maîtresse de langlais Boyd, du complot de Batz, et la femme ou maîtresse du député guillotiné Delaunay dAngers[n 47], tout en se faisant des reproches mutuels sur leurs liaisons avec les gens qui causaient maintenant leur chagrin. Montréal convient que Batz était venu chez elle. Jai su que Froidure[n 48] la protégeait beaucoup, layant fait laisser huit jours chez elle lors de la levée de scellés.

Un exemple qui manque à faire cest pour lagiotage sur linscription sur le grand livre. Il y a un homme à qui jai offert en payement une partie dinscription sur le grand livre, et je sais quil a dit quil en était fâché parce quelles perdaient beaucoup sur la place. Or je ferai en sorte de recevoir de lui une proposition par écrit du déchet ? quil accepte et je crois très politique de faire un exemple de cet agiotage comme on en a fait de celui de largent et de lor.

Une autre manière de connaître bien des aristocrates, cest de savoir à qui un peintre nommé Darnaud a vendu des portraits de la scélérate Corday. Il lavait peinte au Tribunal et jai su quil en avait fait beaucoup (de gravures ?) et vendu cher en haine de Marat. Jignore ladresse de Darnaud. On pourrait la savoir chez les marchands de gravure.

Un fameux club bien aristocratique était au-dessus du café de Chartres. On peut en compulser la liste. Je saisis cette occasion de dire que je nai jamais été daucun club quelconque. Si le nom de Ferrières se trouve dans les listes de clubs ou de maisons de jeu, cétait le ci-devant marquis de Ferrières qui nest point mon parent, mon nom pour me distinguer étant Ferrières-Sauvebeuf.

En me remémorant peu à peu je pourrai, citoyen, ajouter de nouveaux renseignements. Jai peu causé avec toi au Comité, mais jai trop voyagé pour ne pas connaître les hommes. Et toi, citoyen, ton expérience peut te faire juger en peu de temps lhomme qui se déguise davec celui qui est franc. Je crois tavoir paru tel. Je me livre tout entier à ton jugement. Jai fait part de mes réflexions à lhomme que tu mas envoyé. Ses idées sont les mêmes que les miennes à ton sujet et cest avec confiance que je lai adopté pour mon intermédiaire avec le Comité de sûreté générale.

Lintérêt de la République te fait lui rendre compte de mes observations. Ajoute je te prie lopinion que tu as de moi et je consens à être jugé par elle. Voilà citoyen lexpression de mon dévouement à ta loyauté car je lai reconnu facilement. Jajouterai peu à peu ce qui me reviendra à la mémoire, car, sept mois de prison et nulle communication au-dehors, sont bien dans le cas de pouvoir me faire oublier le nom des personnes quil me serait facile de livrer à un sérieux examen, soit en les rencontrant dans les lieux publics de Paris, soit en les voyant dans les prisons. Mais si jétais transféré dans un autre, la réputation dont jai ici lapanage resserrerait les rangs à mon égard et me rendrait presque impossible loccasion davoir des renseignements particulier sur les individus contre révolutionnaires qui mont paru que suspects. Dans tous les cas je men rapporte à ta justice. Salut et fraternité, signé :Ferrières-Sauvebeuf.

Le 17 messidor an II, Ferrières-Sauvebeuf, toujours aussi zélé, évoquait, dans une lettre à Jagot son transfert momentané. Il parlait de son désir pressant de se marier avec la jeune Geneviève de Montmort, détenue à la Force, puis passa aux dénonciations proprement dites, attirant lattention de ses correspondants sur des détenus pouvant « présenter un intérêt » :

Bernières et la femme Desmarets, Cul de sac Taitbout.

Lex-président (Le) Mérat (sa femme est à Bruxelles, etc.)

La Balme qui a épousé la sœur de lémigrée dAsnières[n 49].

Les femmes Auguié et Rousseau. Son mari a acheté une terre 80 000 livres à son frère. Rue du Faubourg poissonnière[n 50].

Mortarieu, de Montauban, ami du maire Godail, marquis de Cieurac guillotiné. Rue et hôtel Ventadour,.

La femme Pulchérie sœur démigré[n 51].

Le ci-devant marquis de Cubières a un ermitage à Versailles[n 52].

Les frères Thélusson. Un émigré (rentré), rue du Chemin Vert[n 53]

Lex-abbé dHumières, très lié avec la femme Rochechouart.

En marge: « il est arrêt. Il logeait au Lycée près rue Saint-Honoré, passage de Valois.  »

Bonard, agent du duc des Deux Ponts et sa femme, demeurant à Villiers-la-Garenne[n 54].

Les frères Gaston, abbé, frère du Gaston de la Vendée.

(En marge) « sen informer », et lajout suivant « rue et hôtel du Bouloy ».

Alexandre et sa femme, ex-portier du club des Arcades, vendeurs dargent, rue de la Loi face au Théâtre de la République.

La femme Mariage, femme de chambre de Mme dAsnières.

Ferrières-Sauvebeuf terminait sa liste en parlant des 400 000 francs promis par le vieux comte de Montmort, détenu, à sa petite fille quil désirait épouser en prison.

Jusquau 9 thermidor, Ferrières-Sauvebeuf continue dhonorer le contrat tacite qui le lie au Comité de sûreté générale. La veille encore, 8 thermidor an II, il sadressait « au citoyen Jagot membre du Comité de sûreté générale »:

« Jétais pénétré de ce que ton incommodité ne te permettant pas daller au comité, je craignais que les hébertistes administrateurs de police sachant que je suis à leurs trousses cherchaient à me perdre dans lesprit des membres du comité, mais jai su par lagent que tu mas envoyé, que tu as chargé le citoyen Louis du Bas Rhin dinformer le comité de ma correspondance. Lordre donné hier au nouveau concierge est inique de toute manière car cela soumettrait au pouvoir des administrateurs des pièces quils pouvaient chercher à rendre illusoires ou au moins, désigner à leur vengeance les personnes qui ont le courage de combattre leur hypocrisie. Au surplus le comité est juste, cela me rassure entièrement.

Voici des renseignements que me fournit la mémoire, à mesure que je me rappelle les événements :

La femme Josset de Saint-Laurent dont le mari a été guillotiné est une intrigante de la première classe, ainsi que létait son mari[n 55]. Elle est en liberté et pendant quelle était en prison, elle a su envoyer à Amiens sa femme de chambre, et comme les scellés étaient dans sa maison, en cassant un carreau de vitre, ses agents sintroduisirent dans sa chambre étaient cousues des pièces très probantes contre lle dans les rideaux de son lit, et entre autres, sa correspondance pendant son émigration quelle est venue à bout de cacher. Je fus instruit de cela. il y a même eu un procès-verbal de fait, et les voisins, appelés en témoignage au sujet de lintroduction dans la maison, et quoique prisonnier, jécrivis une lettre à André Dumont, commissaire de la Convention à Amiens pour quil eut à se méfier de la femme Saint-Laurent. Jignore s'il a reçu ma lettre, mais il est bon de sassurer de la femme Saint-Laurent très liée alors avec Hébert. Je tenais cela dun détenu qui était ici. Elle demeure rue pont aux Choux, près la rue saint-pierre, n°3.

Duvivier, beau-frère de lancien ministre Vergennes était ministre plénipotentiaire du tyran à Hambourg. Son neveu létait près lElecteur de Cologne et ils avaient une correspondance très suivie ensemble. Son neveu avait fait faire un achat de quatre missions en draps pour habiller les émigrés. en outre ce Duvivier obtint de Luillier et de Raisson, alors secrétaire du département, une levée de scellés chez sa sœur, veuve de lancien ministre. Je ne sais s'il les a récompensés mais il remit une bourse de cent jetons dargent à La Chevardière, membre du département, qui fut sur le champ les porter au Président de la Convention. Il est lié avec tous les revenus de Coblents et sa sœur, femme du vieux ministre Vergennes, a tripoté pour les biens de ses deux fils émigrés. Duvivier loge près de la Pompe à feu sur le chemin de Paris.

Pour trouver une fournée daristocrates, il faut prendre la liste des personnes composant le club de 89. Je préviens que je nai jamais mis les pieds dans aucun club quelconque.

Le ci-devant comte de Durfort, ministre à Florence, avait également tripoté son retour en France après le délai de trois mois fixé par la loi pour les ministres rappelés de leurs ambassades, sans quoi ils étaient réputés émigrés.

Garat, neveu du ministre, beau chanteur de la Capette, est allé à Rouen faire oublier quil était avec Hermann et Steibelt à la journée des poignards, et à celle du 10 août.

Le ci-devant marquis de Salvert, également à ces journées, était écuyer de la Capette. Il loge rue des Champs-Elysées avec sa femme[n 56].

La ci-devant marquise Sophie de Jaucourt faisait des vers contre la Révolution et les montrait en cachette à Dorat-Cubières, son chevalier, le digne ami dHébert qui a fort bien joué son rôle[n 57]. Elle était en outre très liée avec le conspirateur Salm-Kyrbourg qui ne faisait en public le patriote que pour en imposer à ses créanciers avant le décret qui interdit la prise de corps pour dettes, et depuis ce temps , il déclamait hautement contre la Convention. Comme on faisait de la musique quelquefois chez la femme Jaucourt, jy ai été deux ou trois fois et ny revint que quand je vis que sa maison était ainsi composée pour la société. Elle loge rue de Vaugirard, près celle du Regard[n 58].

Lancien intendant du Limousin chez qui logeait labbé dAutichamp, rue du Faubourg Poissonnière, aristocrate très connu, et ami de Berthier.

Les deux femmes Damas et Langeron[9] ont émigré et leurs affaires ont été arrangée par Luiller qui sest tué à Sainte-Pélagie. Elles disaient avoir quitté leurs maris que pour leur préserver du pain, et quils étaient émigrés[n 59].

Le frère de Chénier député, qui avait été plusieurs fois en Angleterre, répandait le jour de la prise de la Bastille de petits écus aux ouvriers qui étaient sur la place de Grève, en les engageant à crier « vive le duc dOrléans ». Je lai entendu de mes oreilles lorsque jallais attaquer la Bastille.

La vieille femme de lancien ministre Maurepas qui existait avant mon arrestation était si imbue de lancienne tyrannie, quoiquayant fait sa méridienne dans son fauteuil et dans le salon de compagnie en se réveillant entendit parler de la Convention et dit avec vivacité:
- Eh, pourquoi le roy ne fait il pas mettre tous ces drôles à la Bastille ?, je dirait à Mr. de Maurepas de faire expédier des lettres de cachet.
Certes, ce propos qui fit rire bien du monde nen prouve pas moins que la radoteuse venait de rêver à la séance tyrannique tenue à Versailles le 21 juin 1789. Je tiens cela du ci-devant marquis du Saillant qui y était présent et dont jai déjà parlé dans mes notes. La femme Maurepas demeure rue de la Planche, faubourg saint-Germain.

Le ci-devant duc de Nivernois a conservé fort longtemps sa correspondance avec la citoyenne Mortemart[n 60] à Londres. Il suffit de faire rendre compte à ses gens daffaires de ses revenus, et on verra les sommes quil a pu faire passer à Londres. Cétait le chevalier Lecourt, guillotiné avec la Du Barry, qui était l’(intermédiaire. Jai su ça à la Force de Lecourt qui était détenu ici.

Le ci-devant marquis de Noailles, ambassadeur du tyran à Vienne en Autriche était lagent de Dumouriez pour attirer lEmpire à nous faire la guerre. Il a toujours affecté laristocratie la plus ardente, et un nommé Mons, employé dans le temps aux affaires étrangères, qui fut à Vienne lors de la déclaration de guerre, peut donner sur ce politique courtisan des renseignements suffisants. Cest le fils de la ci-devant maréchale de Noailles qui vient dêtre guillotinée. Il demeure avec sa femme à saint-Germain.

Hénin alors premier commis des affaires étrangères, rue dAnjou-Saint-Honoré, très aristocrate. Il mavait fait donner une lettre de cachet de lavant dernier tyran pour avoir osé me plaindre de la tyrannie ministérielle. Hénin était le bras droit et le conseil de Montmorin.

La ci-devant princesse Joseph Monaco, connue par son aristocratie et ses relations avec Baussancourt guillotiné. Son mari commandait dans la Vendée. Elle sétait échappée à la surveillance de la section mais elle fut rattrapée en même temps que Baussancourt. Le ci-devant duchesse de Praslin sa tante, qui est à Neuilly, a caché longtemps dans sa maison le ci-devant duc de Choiseul, son neveu, ensuite émigré, qui commandait au 12 juillet les dragons du tyran. Je la dénonçai à ladministrateur Louis Roux, il y a bien longtemps, et il la laissa sévader[n 61].

Le frère du ci-devant marquis de Saint-Simon, qui se fait toujours battre sur les frontières dEspagne, est encore à Paris mais jignore son logement. Il avait une grande liaison avec son frère qui doit entretenir sans doute correspondance avec lui. Jai su par un prisonnier qui a fait la guerre en Amérique avec lui quil était à Paris avant le décret du 27 germinal. Il serait facile à trouver.

La ci-devant comtesse dOssun, dame datours de la Capette est connue pour avoir trempé dans toutes les factions. Elle est à la caserne de la rue de Sèvres[n 62].

Voilà, citoyen, ce que ma mémoire ma fourni pour linstant, et je ne cesserai jamais de me rendre utile à la république. Je te prie instamment de faire donner des ordres pour que ladministration de police ne sarroge pas dêtre intermédiaire pour recevoir et faire passer les lettres au Comité de salut public et de sûreté générale. certes ils ne sont pas sots dans un moment ils se savent dénoncés de toute part, dexiger que des concierges placés dehors nouvellement et qui sont leurs affidés, leurs envoyent les lettres de détenus, et pouvant surtout leur désigner celles des mécontents qui auraient déjà manifesté leurs plaintes. Au surplus tout est calme dans cette prison, les successeurs émules et écoliers des Hébert et Chaumette qui avaient entassé dans les prisons leurs ennemis pour ensuite en faire leurs victimes, par le moyen des vexations horribles quils exercent envers les détenus afin de les porter à une apparence de révolte, et ensuite appeler sur eux la force armée pour les septembriser. bien, les scélérats nont pas réussi aujourdhui, à peine avons nous pu toucher à une partie du mauvais repas quon renouvellera demain, aussi détestable chacun sest levé de son banc la faim dans la bouche et la confiance en nos représentants dans le cœur. Signé: Ferrières Sauvebeuf, le 8 thermidor an 2eme.

Après la Terreur

Le 11 thermidor, il se vantait davoir rendu de grands services, se félicitait de lexécution de Robespierre, et ayant écrit à Barère de Vieuzac qui, disait-il, lui « a rendu justice en pleine Convention », il demandait sa liberté.

Lorsquil sortit de prison, Ferrières-Sauvebeuf eut à rendre des comptes à ceux qui, comme Lecointre de Versailles, avaient connaissance de son rôle dans les prisons. il fut désigné dans une de ses dénonciations contre les anciens terroristes Barère, Collot, Billaud, Vadier et Amar : « Je les accuse davoir souffert que les mêmes témoins entretenus, nourris dans les prisons, et connus vulgairement sous le nom de « moutons », déposassent à charge contre les prévenus; et lon distinguait, parmi ces témoins, Ferrières-sauvebeuf, ex-noble, et Leymerie, secrétaire dAmar ».

Pour sa défense, le délateur argua que ses employeurs avaient eux-mêmes désigné les nouveaux administrateurs exagérés ou Hébertistes qui étaient à ses yeux les vrais coupables.

Il avait épousé en prison, « par contrainte », la jeune Marie-Bénigne-Geneviève Rémond de Montmort, fille mineure du marquis de ce nom, quil avait visitée à plusieurs reprises à la Petite Force et qui était enceinte. Il avait désormais un seul but, recouvrer des créances quil estimait revenir à sa femme, notamment deux effets au porteur provenant du banquier Duruey, guillotiné, sélevant à 50 000 et 170 000 livres.

Il chercha à se faire employer au ministère des Affaires étrangères et fut envoyé en mission en Italie par Delacroix. Chacun ignorait alors ce quil avait fait durant la Terreur puisque la plupart de ses victimes avaient été exécutées.

Prévenu despionnage le 6 floréal an VII, il fut arrêté. Fouché laurait fait libérer pour lembaucher et salarier comme indicateur de police. Par le frère de son épouse, il chercha à approcher Talleyrand pour obtenir une mission à létranger. Le ministre lui opposa, peut-on supposer, une fin de non recevoir car il ne fut pas employé.

Arrêté de 1804 à 1811, peut-être pour avoir pris part aux « conspirations anglaises », il fut détenu au fort de Joux dans le Jura. Libéré, il se retira dans ses terres à la fin de lEmpire. On prétend quil organisa un « sérail » au château de Montmort, mais il est certain quil mourut assassiné. On ignore les motifs de cet assassinat mais peut-être avait il rapport avec son rôle sous la Terreur.

Notes

  1. Elle était la fille de Louis-Charles Heuvrard et Elisabeth Brucelle, quil fit arrêter le 15 pluviôse suivant comme parents démigrés. Leur fils de onze ans ayant disparu, Ferrières-Sauvebeuf les avait dénoncés comme « parents démigré » : « tout notre crime, écrivait le malheureux père de famille, se réduit à avoir résisté à un ex-noble qui avait des vues criminelles sur ma fille. Déjà, il lavait enlevée de la maison paternelle et la tenait en réserve dans une maison particulière qui est à sa dévotion. Mais notre comité de la section du Nord nous la fait rendre et ce lâche ravisseur a été enfermé à la Force. Cest du fond de sa prison que, pour se venger de ce que nous lui avions enlevé sa proie, il nous a accusé davoir un enfant émigré ». Ils furent libérés après la Terreur.
  2. Les meneurs « hébertistes » de la Commune de Paris, formaient, autour de Jean-Nicolas Pache et avec la protection discrète de certains membres des comités, comme Bertrand Barère de Vieuzac, Nicolas Billaud-Varennes, Jean-Marie Collot dHerbois, Marc Alexis Vadier, André Amar, Grégoire Jagot, une tendance ultra-démagogique, dite « exagérée », qui avait provoqué par la force larrestation des Girondins, et dont Robespierre et Saint-Just avaient de bonnes raisons de se méfier. Quelques uns dentre eux comme Andres Maria de Guzman, François Desfieux, Berthold de Proly, Ulric Dubuisson, Vincent puis quelques administrateurs de police, furent condamnés au terme de procès successifs ou ils furent amalgamés à dautres personnes qui navaient rien à voir avec eux. Quoiquarrêtés, certains membres de cette faction redoutable, comme Jean-Nicolas Pache ou Antoine Joseph Santerre, durent leur salut à la protection discrète de membres du Comité de sûreté générale
  3. Nathalie de Laborde, princesse de Poix par son mariage avec Tristan de Noailles
  4. Bertha Winter épouse de Jean-Jacques Debeaune, agent daffaires de la Commune de Paris qui contracta avec le ministre de la guerre Jean-Nicolas Pache un marché gigantesque de fournitures militaires garanti sur un emprunt dit des trois fils du roi dAngleterre et dont les effets furent désastreux.
  5. Née de Lamoignon
  6. Labbé Charles-Geoffroy de la Trémoille, frère du prince de Talmont.
  7. À force dargent La Trémoille avait obtenu son transfert de la force à lHospice du tribunal révolutionnaire pour rejoindre, à toutes fins utiles, la princesse Lubomirska qui était en sursis momentané pour avoir (faussement) déclaré son état de grossesse
  8. Louis-Guillaume Armand, ancien garde du corps avait eu lopportunité de rencontrer le baron de Batz à deux ou trois reprises, et, placé par Dossonville et le Comité de sûreté générale à Sainte-Pélagie, il terrorisa certaines prisonnières comme Melle Marie de Grandmaison et Mme dEprémesnil pour leur soutirer des fausses dénonciations contre Batz
  9. Marie-Anne Bourgoin, sœur de lactrice de ce nom, elle épousa en prison le comte de Mesnil-Simon
  10. Jeanne-Catherine dHallet, baronne dHallet, comtesse de Camille, chanoinesse dAllemagne, demeurant rue de Miromesnil
  11. Louis Comte, agent anglo-hébertiste compris dans la fournée dite des chemises rouges et exécuté le 29 prairial an II. IL aurait pu aussi bien être condamné avec les « hébertistes » ou les « Dantonistes ». Albert Mathiez lui a consacré une étude dans ses Études robespierristes ; 2e série : « La conspiration de lÉtranger, Danton et Louis Comte », p. 74-103. Il montre quil fut une sorte dagent secret infiltré dans les hautes sphères politiciennes. En prison à la Force, il est pressé de faire de fausses dénonciations contre Batz lors du procès de Hébert et de ses co-accusés.
  12. le général de Flers, guillotiné.
  13. Le décret du 27 germinal-5 floréal an II (16-24 avril 1794 concernant la répression des conspirateurs, l'éloignement des nobles et la police générale.
  14. La comtesse du Saillant, née Mirabeau, sœur du célèbre tribun, avait un salon politique très fréquenté au début de la Révolution. Sa fille Françoise-Charlotte de Lasteyrie du Saillant avait épousé le fameux comte Joseph François louis Gaspard Ximénès dAragon, homme de lettres
  15. Ferrières-Sauvebeuf devait dénoncer sans relâche lépouse de son frère, née Richetot des Granges, veuve du marquis dAsnières. Devenue lépouse du marquis de Sauvebeuf lainé, qui navait pas encore dhéritiers, lindicateur Ferrières-Sauvebeuf fit tout ce qui était humainement possible pour la faire condamner. Il insistait sur son émigration, et ses liens supposés avec des ennemis de létranger. Elle échappa pourtant à la guillotine mais mourut en sortant de prison.
  16. Mme de Champcenetz, troisième épouse du gouverneur des Tuileries, était née Albertine-Elisabeth van Nyvenheim,et fut la tante de Mme Armand de Polignac. Ancienne maîtresse de Louis XV, elle avait hérité dune partie de la fortune immense de son premier mari, M. Pater, et lavait investie dans limmobilier parisien et dans plusieurs résidences dont les châteaux de Neuilly et de Soisy. Politisée - elle soutint les patriotes hollandais en 1787 -, Mme de Champcenetz était revenue démigration et intriguait avec la comtesse de Rochechouart qui participa au financement lacquittement du général Miranda au Tribunal révolutionnaire. Elles œuvrèrent aux projets chimériques dévasion de Marie-Antoinette. La tête de Mme de Rochechouart, citée et compromise lors du procès des Hébertistes, fut bientôt mise à prix, et elle passa à temps en Suisse devenant un temps la maîtresse de Willaim Wickham, chargé daffaires anglais en Suisse après le départ de sir Robert Fitzgerald. Mme de Champcenetz fut arrêtée à Neuilly et était déjà détenue aux Anglaises quand Ferrières-Sauvebeuf la désigna au Comité de sûreté générale. Elle échappa elle aussi de justesse à la guillotine.
  17. Il fut guillotiné comme sen vanta Ferrières-Sauvebeuf le 28 messidor suivant
  18. Le conseiller au Parlement Jacques Duval dEprémesnil, élu député de la noblesse de lélection de Paris, fort connu pour ses positions corporatistes qui entraînèrent son arrestation spectaculaire au milieu de ses collègues parlementaires, avait été détenu à lile Sainte marguerite. De retour à Paris, il avait appuyé le vote par ordre mais il fit volte face en juin 1789, participant au comité Polignac. A lAssemblée, il fut hostile aux réformes libérales, et à partir de 1792, il entra dans lactivisme contre révolutionnaire avec ses proches amis et parents. Lex-abbé Claude Armel Legras de Bercagny - qui épousa sa belle fille en 1794 - était lun deux et fut arrêté en 1793 lorsquil était fournisseur aux armées, secrétaire du citoyen Lenoble. Bercagny échappa et se cacha - comme son ami Regnaud de Saint Jean dAngély -, et également le marquis de Parny, frère aîné du chevalier de ce nom.
  19. Reine Pomme de La Gornière était intervenue en faveur du marquis de Laguiche qui était en effet un des amis intimes du baron de Batz. Emigré rentré, il était reçu par Marie de Grandmaison à Charonne et on laccusa davoir participé aux tentatives dévasion de la ci-devant reine Marie-Antoinette. Le marquis de La Guiche était protégé par Delaunay d'Angers qui fut exécuté avec Danton. Cité par Ferrières Sauvebeuf et également dans le rapport dElie Lacoste, La Guiche fut arrêté et exécuté en messidor. M. de Regnac fut exécuté, comme sen vanta Ferrières-Sauvebeuf, le 28 messidor. Mme de La Gornière échappa à léchafaud.
  20. Il sagit de la marquise dArgenteuil de Moulins qui était réputée pour sa bonté. Victorine de Chastenay, qui la très bien connue, parle de son intervention efficace dans laffaire démigration de sa nièce, Melle de Béthisy, qui était lunique dépositaire de lénorme fortune de sa famille émigrée. Elle raconte aussi que la future Joséphine fréquentait son salon de Mme de Moulins, et Lewis Goldsmith, qui avait aussi entendu parler de ces dames, ajoute, que la future impératrice joua un rôle efficace dintermédiaire entre la police politique et Mlle de Béthisy. Cette dernière échappa à léchafaud, conserva la fortune de sa famille, et épousa un peu plus tard le comte Gribowki, gentillhomme polonais, joueur et habitué de la société de Mme de Sainte-Amaranthe au Palais-Royal.
  21. La famille Giambonne qui résidait rue de Bondy à Paris, dans une villa palladienne construite au milieux dun parc, dans lactuel quartier de la République, avait été arrêtée et Octave Giambonne le banquier, octogénaire, était mort subitement en prison. Il neut donc pas à rendre compte, au tribunal révolutionnaire, à laffaire demprunt évoquée par Ferrières-Sauvebeuf. Son épouse, ancienne maîtresse de Louis XVla « dame à la rose » de Boucheret leur fille, Mme Bellanger des Boulletsdivorcée dun confident de Madame du Barry contre lequel Farrières-Sauvebeuf se serait battu en duel –, étaient particulièrement menacées. Mme des Boullets était émigrée rentrée et en relation avec toute la société contre révolutionnaire. Selon toute apparence, son affaire démigration avait été « arrangée » par ladministrateur Louis Roux qui sétait fait une spécialité de la « désémigration » des riches suspects. Il est intervenu, entre autres, dans la délicate affaire démigration de la comtesse de Périgord. Arrêté, Roux fut retrouvé « suicidé » dans sa cellule.
  22. Mme de Bonneuil, née Michelle Sentuary, était connue pour sa grande beauté et son indulgence pour les jeunes gens, dont André Chénier. Elle aimait aussi les homme riches comme Nicolas Beaujon et les hommes brillants comme le député Cazalès dont elle fut, en effet, la maîtresse sous la Révolution et le Directoire. Gravement compromise avec son beau-frère et sa sœur dEprémesnil, en relation damitié avec le baron de Batz qui sallia à sa famille, elle était une des victimes désignées du fameux complot de létranger auquel on voulait alors donner consistance. Mais cest sa sœur, Mme dEprémenil, qui fut citée à comparaître au Tribunal révolutionnaire, sans doute pour avoir refusé de révéler ce quelle savait des activités de son mari et de Batz qui était un ami intime. Elle partagea en cela le sort de lactrice Melle Marie Burette, adoptée avec sa sœur par le sieur Babin de Grandmaison, elle aussi amie intime de batz. Persécutée et menacée par Dossonville et Armand en prison, elle avait refusé, elle aussi au péril de sa vie, de donner de nouveaux noms en pâture aux membres de la police politique
  23. La marquise de Marbeuf, née Mlle Michel de Tharon, fille dun administrateur et directeur de la Compagnie des Indes, extrèmement riche, sœur de la duchesse de Lévis-Mirepoix guillotinée elle aussi, propriétaire du château de Champ-sur-Marne.
  24. Le notaire Prédicant, comme ses collègues Dufouleur et Fourcaut de Pavant, gérait la fortune de personnes émigrées et suspectes, et ils furent guillotinés pour complicité avérée avec des suspects. On ignore la destination des sommes déposées par Mme Chevalier, mais la marquise de Marbeuf, qui était à la tête dune énorme fortune, menacée de mort, avait cherché à soustraire ses biens à la confiscation en signant chez Prédicant des pièces anti-datées.
  25. Ce musicien était, avec Hermann, un habitué du salon de Mme dEprémesnil rue Bertin-Poirée
  26. Fille du financier espagnol Llovera elle participa aux tentatives de corruption de conventionnels lors du procès de Louis XVI
  27. Ci-devant gouverneur des Invalides. Sa fille Maurille lui avait sauvé la vie en septembre 1792, lors des massacres de lAbbaye.
  28. Montclar fut guillotiné comme sen vanta Ferrières-Sauvebeuf le 28 messidfor suivant
  29. Administrateur de police hébertiste, guillotiné le 29 prairial an II
  30. François Dangé, épicier et administrateur de police hébertiste, guillotiné le 29 prairial an II
  31. Les détenus de lan II, tous sans exception, sont obsédés par une possible réédition des massacres de septembre 1792. Mme Roland, Olympe de Gouges et beaucoup dautres en parlent dans leurs écrits. Or ces massacres redoutés seraient, selon eux, provoqués par un soulèvement suscité dans les prisons surpeuplées. Ferrières-Sauvebeuf exprime ses craintes de prisonnier.
  32. La ci-devant baronne d'Hallet dite comtesse de Camille, demeurant en effet rue de Miromesnil
  33. Il sagit de Dossonville qui était à la disposition et l'instrument de Amar et de Jagot
  34. Contrairement à ce quécrit G. Lenotre, Fouquier-Tinville qui était joueur et endetté, nétait pas un homme probe. Cest la légende. Le citoyen Aucane, qui le connaissait de longue date, était un des témoins du goût immodéré de laccusateur public pour les tripots et il na pas été désintéressé, comme dautres membres ou jurés du tribunal. Une lettre accusatrice de la marquise de Paysac, dautres encore, témoignent de ces pratiques ignorées par lhistoriographie.
  35. Maximilien Titon, membre du Parlement de Paris
  36. Sur De Coster et Denuelle de La Plaigne, associés en affaires et se partageant la même femme, prêteurs dargent à labbé de La Trémoille, Boulogne et autres dans l'affaire de l'emprunt dit des trois fils du roi d'Angleterre, dite « l'affaire Beaune-Winter ». Mme Denuelle de la Plaigne fut arrêtée avec son amant De Coster mais ils échappèrent à l'échafaud. Leur fille Eléonore, très jolie personne, fut, sous lEmpire, la maîtresse de Napoléon. Mais lEmpereur fit exiler Mme de La Plaigne et du Coster jugés intrigants.
  37. Mme de Chapt de Rastignac
  38. Allusion aux détournements dont Delacroix, envoyé en mission en Belgique, fut accusé
  39. Mme Aveneau née Tufts, anglaise dorigine, aurait été une maîtresse de Jean-François Delacroix guillotiné avec Danton. Ils recevaient le comte Paultrier de Saint-Paul, ancien commis au Bureau de la guerre, sa femme née Françoise Aveneau de La Grancière - qui avait maison ouverte on donnait à jouer, rue Chabannais, et sa belle-sœur nommé Rassé. De leur société, également Mme Luci, femme dun député, et surtout Mme Carbonnel de Briqueville, belle sœur de Marie-Anne-Charlotte de Loménie, comtesse de Canisy, cest-à-dire Marie-Anne de Loménie, divorcée du comte Hervé Carbonnel de Canisy. Elle avait été arrêtée avec les membres de sa famille, les Loménie de Brienne, et exécutée dans la même fournée que Madame Elisabeth de France. Mme de Briqueville, arrêtée, se cacha dans le bois de Boulogne et passa le cap de thermidor grâce au marquis de Parny
  40. Peut-être Mme de Courville, née baronne de Mello
  41. Mme Robineau de Beaunoir, née Adélaïde Bertin dAndilly, fille naturelle de Bertin des parties casuelles, épouse séparée de lauteur dramatique Robineau de Beaunoir, tenait une maison de jeu courue rue Traversière Saint-Honoré, en association avec le chevalier embastillé Dejean de Manville, demi frère de Mme de Sabran. Son établissement fut, rappelle-t-il, longtemps protégé par un administrateur de police de la Commune qui était intéressé aux profits de la maison de jeu. Pour ce motif et dautres, Froidure fut en effet exécuté le 29 prairial, soit une semaine plus tôt. « Mme Robineau de Beaunoir qui avait demandé une permission officielle de résider à Paris fut finalement arrêtée malgré les porotections qu'elle s'était ménagée chez les Montagnard. »
  42. Il sagit Mme de Magallon de La Morlière dont le mari était le célèbre navigateur de ce nom. Il désigne la fille aînée de cette dame, Ursule de Magallon, qui épousa en 1789 un M. de Bongars, écuyer cavalcadour. M. Caroillon de Tilières qui épousa la seconde fille, était nouveau propriétaire du château du ci devant Monsieur, près dEssonne, ils étaient retirés. Le Comité de sûreté générale donna ordre de faire arrêter cette famille.
  43. Mme de Davasse de Saint-Amarand guillotinée avec ses enfants le 29 prairial. Membre du club de colons opposé aux Amis des noirs, le sieur Thomas de Lavalette, propriétaire aux Antilles, fut arrêté et guillotiné la veille du 9 thermidor
  44. Sa « fiancée » prétendue, la jeune Geneviève de Montmort
  45. Lépouse de banquier Laborde était une demoiselle Nettine dont la fortune était considérable. Elle était ainsi apparentée aux banquiers Walckiers qui jouèrent un rôle important dans la révolution brabançonne, et à la grande banque internationale. Son fils Laborde de Méréville, alors émigré, était en affaire avec Jacob Péreyra, qui contribua au coup de force du 31 mai 1793 contre la convention, et plusieurs de ceux qui comparurent au Tribunal révolutionnaire aux côtés de Jacques-René Hébert.
  46. Nicole Vignier de Montréal, la maîtresse de Walter Boyd quelle épousa à Londres à sa sortie de prison
  47. Delaunay appartint au premier Comité de sûreté avec Alquier, Osselin, Chabot, Basire et Julien de Toulouse. Louise Cosme descoings autrefois attachée à Mesdames tante de de Louis XVI était très liée avec Mme Hébert, lépouse du père Duchesne, et également avec André de Guzman et labbé dEspagnac exécutés avec Danton
  48. Administrateur de police de la commune hébertiste
  49. Mme dAsnières devenue en secondes noces Mme Ferrières-Sauvebeuf, sa propre belle-sœur
  50. Sœur de Mme Campan, Mme Rousseau était femme du maître darmes du dauphin, et fut guillotiné. Elle avait été « remueuse des enfants de France » et citée à ce titre dans le Livre rouge des pensions. Mme Auguié, autre sœur, attachée à la reine, avait été citée à comparaître comme témoin dans la procédure relative aux événements du 6 octobre 1789. Elle habitait alors rue Neuve du Luxembourg. Sachant quon allait larrêter et quelle avait toute chance dêtre traduite au Tribunal révolutionnaire, elle se suicida. Sa fille a épousé le maréchal Ney.
  51. Il sagit peut-être de Pulchérie de Valence, fille de Mme de Genlis
  52. Ancien écuyer de Louis XVI, botaniste distingué, homme de culture, dévoué à la cour de 1789 à 1792. Il était Frère du chevalier de Cubières et recevait dans son ermitage à Versailles fut donné, en 1789, une « fête de lamour » en lhonneur de la reine. Il avait été arrêté et était alors détenu aux Récollets à Versailles. Le fils, Amédée Despans-Cubières, quil avait eu de Mme de Bonneuil, son ancienne maîtresse, avait été confié aux enfants de la République.
  53. Les fils du banquier suisse Thélusson, autrefois en affaires avec Necker, dont l'hôtel particulier de la rue de Provence par Ledoux, était célèbre.
  54. Il sagit peut-être du fils du chevalier Bernard de Bonnard, ancien gouverneur des enfants dOrléans (avant Mme de Genlis)
  55. Marion Latour épouse du sieur Josset de Saint-Laurent, était la belle sœur de Josset de Saint-Ange qui tenait un célèbre tripot au Palais-Royal
  56. Née Victoire de Vaucanson, Mme de Salvert eut un salon et un théâtre privé à Popincourt
  57. Allusion discrète au double visage de Hébert qui « ne pensait pas comme il écrivait ».
  58. Sophie Marie-Louise de Chaponay de Morancé avait épousé Alexandre Charles Bénigne de Jaucourt dont elle était séparée depuis dix ans. Fille unique et orpheline, elle menait une vie indépendante, cultivant les muses et entretenant des relations étroites avec le chevalier Michel de Cubières, secrétaire général de la Commune hébertiste. Ne bénéficiant plus des gros revenus de ses plantations aux Antilles, Mme de Jaucourt vivait sur un train plus modeste, se partageait entre son hôtel particulier de la rue de Vaugirard, n 1497-1499, et une petite maison de campagne, « habitation simple et philosophique » sur les hauteurs de Romainville. Arrêtée sur dénonciation du citoyen Stanley, du Comité de la section Mutius Scoevola, elle fut incarcérée le 18 septembre 1793 à la caserne de Vaugirard comme « soupçonnée davoir des parents émigrés ». Une lettre adressée le 18 frimaire an II à Hébert, dans laquelle elle demandait justice et liberté, fut interceptée par le Comité de sûreté générale. Il sen fallait de peu quelle ne fût impliquée dans le complot des Hébertistes et cest dans ces circonstances que Ferrières-Sauvebeuf attira lattention sur elle. Elle dut attendre le 24 vendémiaire an III pour obtenir sa liberté.
  59. Impliqué dans l'affaire de Danton, Pierre Marie Lhuillier, président du directoire du Département, se suicida.
  60. La duchesse de Mortemart, fille du duc de Brissac, lamant de Mme du Barry, massacré à Versailles
  61. Fille du maréchal de Stainville, Melle de Choiseul dont la mère était détenue dans un couvent par ordre du clan choiseul, avait elle-même vécu dans un couvent avant dépouser le prince Joseph de Monaco dont elle eut plusieurs enfants qui étaient encore en bas âge au début de la Révolution. Emigée en Italie Mme Vigée-Lebrun la rencontra, la princesse revint en France et fut arrêtée une première fois. Sous le coup dun nouveau mandat darrêt, elle se cacha, mais, découverte, elle fut envoyée à Sainte Pélagie sous le nom de la citoyenne « Caroline Monaco ». Elle fut transférée aux Anglaises on vint la chercher le 8 thermidor an II pour comparaître au Tribunal. Son exécution retardée de vingt- quatre heures, eut lieu place du Trône, au moment , à lHôtel de Ville, les Robespierristes étaient arrêtés.
  62. Geneviève de Grammont, comtesse dOssun, suivit la faille royale aux tuileries. Citée avec la duchesse de Polignac dans les pamphlets hostiles à Marie-Antoinette, arrêtée au lendemain du 20 juin 1791, comme complice du départ de la famille royale, relâchée. Arrêtée et détenue aux Oiseaux rue de sèvres. Exécutée avec la princesse de Monaco le 9 thermidor an II

Références

  1. Marie-Geneviève de Vassan-Mirabeau avait épousé le marquis de Ferrières-Sauvebeuf. Voir Paul Huet, Histoire généalogique des Ferrières-Sauvebeuf, Abbeville, 1903.
  2. Roman dAmat, notice « Ferrières-Sauvebeuf »
  3. Observations sur les Mémoires de M. le Comte de Ferrières-Sauvebeuf, Paris, 1790.
  4. L'Année littéraire, 1790, t. 290.
  5. Beugnot, Revue française, 1838, t. IX-X, p. 270.
  6. Voir à son sujet les importantes recherches de Arnaud de Lestapis publiées dans les Annales historiques de la Révolution française, 1953, p. 104-126 et 316-379.
  7. Diane-Adélaîde de Rochechouart-Mortemart, duchesse Florent du Châtelet-Lomont
  8. Cité par Olivier Blanc, « les Indics de la Révolution », LHistoire, 1983. Voir de même auteur La Corruption sous la Terreur, Paris, 1992.
  9. Voir sur ces dames les travaux de Arnaud de Lestapis, « Un grand corrupteur, le duc du Châtelet », AHRF, 1953

Brochures

  • Louis-François de Ferrières-Sauvebeuf, Mémoires de voyage..., Paris, 1790.
  • Adieux de Ferrières Sauvebeuf à Lecointre de Versailles (an III).
  • Aux citoyens jurés du Tribunal révolutionnaire, (Paris), le 17 frimaire an II.
  • Ferrières-Sauvebeuf à Lecointre de Versailles, an III. (attestation des gardiens de la Force en sa faveur)
  • Maurice Tourneux, IV, 22704 à 22707
  • Alexandre Tuetey, Répertoire des sources manuscrites de lhistoire de Paris pendant la Révolution, volumes, IX, X et XI.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Louis-François de Ferrières-Sauvebeuf de Wikipédia en français (auteurs)

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