Louis-François de Ferrières-Sauvebeuf

Louis-François de Ferrières-Sauvebeuf

Louis-François, comte de Ferrières-Sauvebeuf, né en 1762 au château du Moulin d’Arnac en Corrèze, mort assassiné en 1814, fut recruté pour se charger de missions secrètes au Proche-Orient sous le ministère Vergennes. Pendant la Terreur, de décembre 1793 à juillet 1794, il fut instrumenté par le Comité de sûreté générale, devenant le plus redoutable des indicateurs de prison.

Sommaire

Diplomate et aventurier

Il était le quatrième fils de François de Ferrières-Sauvebeuf, comte de Ferrières-Sauvebeuf, et de Marguerite de Chastaignac de la Guyonnie.

Ce cousin de Mirabeau allié à la haute noblesse[1], fut d’abord officier puis exerça, sous le ministre des Affaires étrangères Vergennes, le métier d’agent secret. Il voyagea notamment en Italie d’où il passa au Proche-Orient, principalement en Turquie puis à Lattaquié en Syrie et de là à Ispahan, en Perse (5 mai 1784), où il consigna ses observations sur des guerres meurtrières dont il fut le témoin.

Il prétendit après coup avoir été éveillé alors aux sentiments de la liberté: « J’appris, écrit-il plus tard, à connaître avec les Tartares, cette fierté, premier sentiment de l’homme libre, qui n’a d’autres chefs que ceux qu’il s’est choisi lui-même, et qui frémit au seul nom d’un maître inamovible ». Il aurait accompagné Agha-Méhémet dans ses expéditions guerrières, mais il chercha surtout, comme on le lui avait prescrit, « de détourner le shah de faire filer vers le Caucase les marchandises venant par caravanes d’Extrême-Orient pour les ramener à Constantinople selon l’ancien usage »[2]. Il revint par Bagdad, traversa l’Asie mineure et, arrivé à Constantinople, il se brouilla avec l’ambassadeur Choiseul-Gouffier. Puis il embarqua pour la France.

À Versailles, il intrigua contre Choiseul-Gouffier et convainquit le nouveau ministre Montmorin de décerner un blâme contre son ambassadeur.

À nouveau chargé de lettres ministérielles, il se mit en route pour Constantinople le 17 mai 1788 dans le but essentiel de régler des affaires privées. Il s’agissait d’une prise d’intérêt dans un trafic de ventes d’armes françaises à la Turquie. S’étant acquitté de sa mission officielle, il fut sèchement renvoyé par Marie-Gabriel-Florent-Auguste de Choiseul-Gouffier qui lui reprocha d’interférer dans la diplomatie franco-turque[3] -, il retourna en France par les Balkans, travesti en turc, mais fut arrêté non loin du front austro-turc, entre Nish et Belgrade. Soupçonné d’espionnage, il fut ramené enchaîné au camp du grand vizir, partageant la captivité de soldats et officiers hongrois, puis conduit avec eux à Constantinople où il fut détenu quelques semaines.

Ayant été libéré, il débarqua à Toulon à la mi-octobre 1788, et, sa réputation d’intrigant dangereux l’ayant précédé, il fut dès son arrivée l’objet d’une lettre de cachet et transféré au Lazaret puis au château d’If.

Relâché après quelques mois, il gagna Paris où il arriva le 20 mai 1789. En janvier 1790, il fit imprimer les récits de ses voyages dans lesquels il règle ses comptes avec Choiseul-Gouffier[4]. En 1791, le comte de Ferrières-Sauvebeuf fréquentait la société aristocratique, quoiqu’il s’en défendît par la suite. Il ne lui fut donc pas difficile, le moment venu, de donner à la police politique de la Terreur des indications sur tous ceux que, pour des raisons diverses, on voulait envoyer au Tribunal révolutionnaire. La Révolution fut surtout pour lui l’occasion de pêcher en eaux troubles : « Extérieurement, il affichait le patriotisme avec les patriotes, au point qu’il fallait être connaisseur pour ne pas s’y méprendre, et dans l’intérieur de sa maison, il était aristocrate. » Le comte Beugnot dit qu’il vivait dans un appartement de deux pièces en rez-de-chaussée, qu’il avait décoré avec un luxe oriental, fumant la pipe sur un divan avec, à ses côtés, des rossignols en cage[5].

Indicateur dans les prisons de la Terreur

C’était aussi un libertin dévoyé qui avait enlevé une demoiselle Théophile Heuvrard, âgée de quinze ans, qu’il séquestrait dans une « maison particulière »[n 1]. Le comité de la section du Nord avait fait libérer cette jeune fille qui retrouva ses parents. Mal noté par le comité de surveillance de sa section, celui-ci ordonna son arrestation qui eut lieu le 8 frimaire an II. Envoyé à la prison de la Force, il fut peu après appelé à témoigner à charge contre le duc Florent du Châtelet[6], et c’est alors qu’il établit de premiers contacts épistolaires avec les membres du « grand » Comité de sûreté générale, celui qui officia en s’appuyant sur la « loi des suspects » (17 septembre 1793). Il fut plusieurs fois convoqué et appelé à témoigner à charge, en diverses circonstances, et chaque fois reconduit en prison. De cette manière, il pensait pouvoir retarder son renvoi devant le Tribunal révolutionnaire.

Lui-même récemment sorti de prison à la suite d’une affaire de chantage exercé contre des suspects, mis à la disposition de Vadier, Amar et de Jagot, le citoyen Dossonville fut chargé, à la veille du procès des Hébertistes, de « découvrir » les « complices » du prétendu « complot de l’étranger ». « Découvrir » signifiait en l’occurrence localiser des preuve ou des témoins, et, au besoin, les inventer. Il s’agissait du moins de repérer et d’identifier dans les prisons des suspects déjà arrêtés afin de transmettre à la police politique et à l’accusateur public du Tribunal révolutionnaire des notes accusatrices les concernant. Ces « complices » de la conspiration prétendue étaient des personnes plus ou moins impliquées dans des entreprises contre-révolutionnaires ou des délits supposés d’émigration, pour des faits remontant à des mois voire des années avant leur arrestation, mais dont les dossiers étaient quasiment vides. Quant au « complot de l’étranger », Saint-Just lui avait donné une sorte de définition à la veille des deux grands procès politiques du 24 mars (procès de Hébert) et du 4 avril 1794 (procès de Danton), dans son célèbre rapport prononcé à la Convention, courant ventôse an II. Il avait désigné tous ceux qui avaient pactisé en secret, pour des motifs divers, avec les agents à Paris des puissances coalisées, c’est-à-dire essentiellement des hommes d’affaires (Jean-Jacques Debeaune, les frères Junius et Emmanuel Frey, etc.) et des banquiers (Perrégaux, Augustin Monneron, Jean Conrad de Kock, Laborde de Méréville, William Herries, Walter Boyd Junior, William Ker, etc).

Etaient particulièrement visés les principaux dirigeants de la Commune de Paris dont on pensait qu’ils rééditeraient sous peu un coup de force contre la Convention[n 2].

Par ses premiers renseignements, le ci-devant comte de Ferrières-Sauvebeuf, qui ne se faisait pas prier pour coopérer à contribué aux projets machiavéliques des membres du Comité de sûreté générale, projets qui allaient sous peu aboutir aux dénonciations de conspiration des prisons, assorties de listes de conspirateurs. Il a, ainsi qu’il le dit, dévoilé certaines informations d’ordre privé qui ont permis, avant la loi du 22 prairial an II, de donner une apparence de consistance aux accusations diligentées par l’accusateur public. Dans une lettre à Fouquier-Tinville, en date du 9 prairial an II, il s’expliquait ainsi sur ses plus récents exploits:

Au citoyen Fouquier Tinville, accusateur public du tribunal révolutionnaire à Paris (très pressante). Les renseignements que je t’ai donné, citoyen, soit au sujet de Du Châtelet, de sa femme et de la citoyenne Grammont dont je savais les menées, ont pu te prouver que mon seul désir était d’être utile à la République. J’ai appris que Mirepoix a été guillotiné hier, je me contente de te demander si tu as connaissance qu’on lui a trouvé 150 000 livres en or. Il les avait au moment de son arrestation, et il a pris une voye bien difficile à déconcerter pour s’assurer de cet argent et que je n’ignore pas. Quelques jours après mon arrestation, ce fut moi qui écrivis à Michel, encore administrateur de police, le seul conservé par le Comité de salut public, pour l’avertir que les femmes Du Chatelet et Grammont étaient allées chez Belhomme par le moyen d’un tiers qui entretenait correspondance avec elles, et la citoyenne Poix[n 3], pour soustraire Du Chatelet et elles mêmes au glaive de la loi.

Michel les fit réintégrer à la Petite Force ; et la dernière fois que je t’ai vu au tribunal où j’étais témoin dans l’affaire du portefeuille pillé par la femme Beaune Winter[n 4], je te demandai si tu avais des renseignements sur les femmes Du Châtelet[7] et Grammont. Tu me dis qu’elles n’étaient que suspectes. Me contentant de te rappeler mes notes, je ne t’en dis pas davantage et tu vois que je ne m’étais pas trompé.

Cette affaire a d’autres branches, relativement à une personne que tu connais bien, la Rochechouart, que tu as menacée de faire arrêter quand elle sollicitait pour (Reviers de) Mony guillotiné. Elle est nièce de la femme Du Châtelet, tu peux encore surveiller cette partie là. Au sujet de Mirepoix, il faut bien user d’adresse pour ravoir son or, parce que son homme d’affaires est attaché à une maison diplomatique d’une puissance amie de la France. Tu as également dans cette affaire un nommé Richard, homme d’affaires de la ci-devant baronne de Montboissier[n 5] qui est à trente lieues d’ici. J’ignore le nom de l’endroit mais c’est facile à savoir. Il avait toute la direction de l’argenterie qui, sans doute, n’a ni émigré ni été à la monnaie.

Tu as encore une citoyenne dans le cas de la déportation, rentrée après le décret et dont, à ce qu’on m’a dit, on a arrangé l’affaire et qui va être en possession des biens de sa tante qui sont immenses. La citoyenne Béthisy, cousine du prince de Lambesc, qui d’après son âge doit être déportée, et les biens de sa tante mis en séquestre. Ils s’élèvent à plus de trois millions. Comme je connais tous les ci-devant de la première volée, je sais à peu près leurs péchés honteux, autant que la mémoire pourra m’en souvenir, je t’en avertirai. Salut et fraternité. Ferrières-Sauvebeuf, à la maison d’arrêt de la Force, ce 9 prairial l’an 2e[8].

Puis à nouveau, les jours suivants, il s’adressa Au citoyen Fouquier-Tinville, accusateur public du Tribunal révolutionnaire, à Paris.

« Tu es la vraie sentinelle du peuple, Fouquier, et je t’ai indiqué plus d’une fois de vrais conspirateurs: ne croye pas qu’un seul motif d’obtenir ma liberté ne pût me porter à donner les indices du crime. Libre, je l’ai dévoilé, et au moment où j’ai perdu ma liberté, j’ai encore donné la trace des conspirateurs qui étaient à ma connaissance, comme je n’ai cessé d’en donner encore depuis que je suis en arrestation. J’écrivais au Comité de sûreté générale pour le prévenir d’un enlèvement qui devait se faire. Qu’on en compulse les dates, huit jours après, tu as fait condamner à mort la princesse Lubomirska et celui[n 6] qui devait la soustraire à ta vigilance était déjà détenu à la Force[n 7].

Je t’ai écrit il y a quelques jours une lettre après le jugement de Mirepoix. Je crois cette lettre de conséquence pour les intérêts de la République, tu peux te la rappeler. Fais moi conduire dans ton cabinet, ou envoye moi ton substitut Lindon, et je lui ferai des déclarations importantes. Salut et fraternité. Signé : Ferrières-Sauvebeuf, à la maison d’arrêt de la Force, ce 13 prairial l’an 2ème. »

Il fut, comme prévisible, pressenti avec un autre agent du même genre, un indicateur nommé Louis-Guillaume Armand[n 8], pour aider à la composition de la « fournée du 29 prairial » concoctée par Elie Lacoste, sous les directives de Barère de Vieuzac, Collot d'Herbois et Billaud-Varennes, et pour ce faire, il dut adresser des rapports quotidiens au Comité de sûreté générale. On l’appela enfin, avec quelques autres, à témoigner à charge au cours de ce procès des prétendus complices de Batz, de Cécile Renault et d’Henri Admirat. Il semble avoir particulièrement chargé les citoyens Comte et Ozanne, ses co-détenus à la Force, également les citoyens Prosper Soulès, Jean-Baptiste Marino, Dangé, et Froidure, anciens administrateurs de police issus de la Commune hébertiste.

Les principales listes de proscription

Le même jour de l’exécution des cinquante-quatre « assassins des pères du peuple », habillés pour la circonstance de « chemises rouges », le Comité de sûreté générale reçut de nouvelles listes de proscription précédées de manifestations d’autosatisfaction et de ses intentions à l’égard d’une jeune prisonnière de seize ans, Geneviève de Montmort :

« Aux citoyens composant le Comité de sûreté générale

Citoyens, Je n’ai jamais connu aucun complot, je l’aurais dénoncé comme j’ai plusieurs fois fait connaître à l’accusateur public Fouquier-Tinville ceux que je savais conspirer. J’ai eu quelques talents en diplomatie, ce qui m’a appris à connaître les hommes sans être leurs complices. J’ai plus d’une fois préjugé tel ou tel conspirateur parce que leur moral m’était connu quoiqu’indirectement. Vous m’avez demandé des indices, je vais vous donner ceux qui sont à ma connaissance. Mon but est d’être utile à la république, plutôt que d’en faire le prix de ma liberté. A vous dire vrai, le silence d’une prison n’est pas incompatible avec le genre de travail où je me livre: c’est l’histoire de la révolution, celle de mes voyages. Mon style concis et vrai m’a valu des éloges. Je vais tâcher d’en mériter de la postérité après lui avoir tracé le tableau de la Révolution. Partout, j’ai été le témoin oculaire et partout, je rendrai hommage à la gloire du peuple ; seulement, j’ai à regretter de n’avoir pu – comme les autres détenus dans les maisons de suspicion – réunir à moi une personne qui, depuis sept mois, me fait désirer un mariage d’inclination. Au surplus, citoyens, vous êtes justes, et si on a à me reprocher que ma naissance, j’ai aussi prouvé que je m’étais mis moi-même au niveau de l’égalité par les services que j’ai rendus à la révolution. J’invoque le Comité de salut public diplomatique et de dépôt des affaires étrangères.

Je vais vous indiquer les personnes qui m’ont paru devoir mériter votre surveillance. Il vous sera facile de les surveiller en faisant demander à leur domicile à Paris l’asile qu’elles ont choisi depuis le décret qui les proscrit de Paris.

Moni et sa femme, 58 rue des Blancs-Manteaux. Ami et du même pays que Danton, ami de l’administrateur de police) Lafosse, qui a constamment écarté la dénonciation contre lui. Sa femme est la fille du procureur au Parlement Joly de Fleury. Ne pas la mettre à la Petite Force car elle a des liaisons avec les femmes Legrand et Mesnil-Simon[n 9].

Le ci-devant marquis de Saint-Simon, émigré, avait des liaisons avec la citoyenne Morville, demeurant à Villiers la Garenne, près Paris. Elle y vit avec Bellanger, américain qui était de la société de d’Eprémesnil, avec des Boulets son frère, qui loge au bois de Boulogne au parc du Ranelagh.

Une chanoinesse nommée comtesse Camille[n 10] était la maîtresse de Comte[n 11], conspirateur compris dans le rapport du citoyen Elie Lacoste, sa sœur un employé un général employé qui, je crois, est de Flers[n 12]. Cette Camille est du pays de Liège est s’est absentée lors du décret contre les nobles[n 13], mais on peut savoir son adresse sous vingt-quatre heures (il le faut).

Le ci-devant marquis du Saillant, beau-frère de Mirabeau, son fils unique a émigré, mais il ne manque de rien en pays ennemi parce que la fille du Saillant a épousé le marquis d’Aragon, Florentin, qui a de grands biens dans la Toscane, sur lesquels du Saillant fils reçoit des secours. Du saillant et sa femme, sa fille et son gendre demeurent près de Lagny. On peut savoir l’adresse de l’endroit dans leur maison rue du Montparnasse[n 14].

La femme Richetot des Granges veuve Dasnières, a émigré à Turin avec un passeport pour deux enfants qui sont ceux de mon frère, des filles de neuf et dix ans. Elle a trouvé le moyen d’aller dans la maison de santé Belhomme[n 15].

La femme Champcenetz demeurant rue Honoré en face celle de l’hôtel de Beauvau, native hollandaise, très intrigante, intime de la Rochechouart[n 16].

Le ci devant marquis des Réaux, rue de la Perle, au Marais, a été voir sa fille à Coblentz[n 17].

Un agent de d’Eprémesnil est l’abbé de Bercagny et le ci-devant marquis de Parny. Dans deux jours je puis faire savoir l’adresse du premier, et le second logeait chez un ci-devant conseiller au Parlement rue du Gros-Chenêt, qui est mort. On pourrait savoir l’adresse de Bercagny chez le citoyenne Réal, rue du Gros-Chenêt[n 18].

La citoyenne La Gornière, fort liée avec Reniac, officier de la garde du tyran, cherchait les moyens d’avoir un certificat de résidence pour La Guiche. cette femme connaît deux agents de cet émigré, j’ignore leur nom[n 19].

La citoyenne Béthisy, rue des Jeûneurs, rentrée en France avant le décret chez sa tante de Moulins, rue des Jeûneurs[n 20].

Giambonne, banquier, rue de Bondy. Gênois naturalisé. Son fils a fait un emprunt à Gênes pour le compte des ci-devant princes et le Giambonne de Paris, associé de son frère à Gênes a dû coopérer à l’emprunt fait par le jeune Giambonne. Cela s’est passé du temps de Laflotte, secrétaire d’ambassade. La fille de Giambonne, domiciliée chez son père, était la maîtresse du ci-devant duc de Choiseul qui était caché à Neuilly chez sa tante. Je le dénonçai inutilement à la police. Louis Roux, alors administrateur, fit faire la visite mal en ordre[n 21].

La femme Bonneuil, encore plus aristocrate que sa sœur la Desprémenil, fut fouettée au Palais-Royal lorsqu’elle était maîtresse de Cazalès. Elle l’était en dernier lieu de Batz. Elle est à Sainte-Pélagie et peut donner bien des renseignements sur Batz, surtout la femme Buret, actrice des Italiens qui est à Sainte-Pélagie[n 22].

La femme Chevalier, veuve d’un gouverneur dans l’Inde, avait prêté des fonds chez Prédicant, notaire guillotiné dans l’affaire de la Marbeuf[n 23]. Elle loge rue Caumartin, n°17[n 24].

Un homme très dangereux et fin, Steibelt, Prussien, grand musicien. On peut savoir où il loge chez Hermann, aux Écuries de Montmorency rue Feydau[n 25].

Une espagnole, belle jeune femme, liée avec la clique Chabot et surtout Julien de Toulouse, divorcée du ci-devant marquis de Montendre. Elle loge rue Neuve du Luxembourg près le boulevard[n 26].

La ci-devant présidente Champeron, mère d’émigrés, rue de la Michodière, n°8.

Gilibert major des Invalides, s’est opposé avec Sombreuil[n 27] a donner des armes au peuple le 13 juillet (1789)

Le ci devant marquis de Montclar, aide de camp de Thiars qui opprimait le peuple de Rennes. Il est à la Conciergerie[n 28].

Si j’étais sot je craindrais de donner des indices contre moi, et j’aurais gardé le silence. Je le répète au comité encore une fois, je n’ai jamais eu de connivence avec aucun conspirateur. Mais avant la Révolution, étant fort répandu dans les grandes sociétés et connaissant le moral de différents personnages, j’ai pu juger de leur opinion depuis 89. Depuis ce temps là j’en ai rencontré plusieurs, sans avoir eu aucune liaison quelconque, ou du moins, point rapprochée. Je défie que personne puisse jamais me nommer, n’ayant jamais fréquenté leurs maisons. Avant la Révolution, ils ne savaient plus que mon nom, et plusieurs, en passant, m’ont fait des demi-confidences qui m’ont indiqué leur façon de penser, etc..

En écrivant à la la Jules de Rochechouart que je puis lui faire prêter un millier d’écus, et demandant de cette manière son adresse à son mari qui est un bon imbécille près Chartres, on pourrait savoir son adresse. J’ai vu cette femme plusieurs fois étant parente de mes nièces et avant qu’elle fut avertie qu’on voulait l’arrêter, elle amis dans sa conduite une publicité qui prouve qu’elle était de connivence avec Soulès[n 29]. Mais je puis prouver que je n’ai jamais eu l’occasion de me trouver avec chabot. Elle l’avait connu étant capucin et maître de mathématiques de ses neveux à Milhau, puis que je la dénonce et je veux bien être confron,té avec elle, cela prouve que je n’ai eu aucune connivence coupable avec elle et que je ne la crois coupable que depuis que j’ai vu condamner les personnages avec qui il est constant qu’elle a intrigué. Et tout cela s’est passé depuis mon arrestation ne l’ayant vue que comme parente de mes nièces.

Je dois ajouter citoyen que, dans cette prison ci je passe dans l’esprit de tous les détenus pour votre espion et celui du tribunal révolutionnaire. on me gratifie de 500 livres d’appointements par mois de ce que j’ai été différentes fois au tribunal révolutionnaire comme témoin, et hier à votre comité. Si quelque chose me console c’est que je ne suis pas du bord de ceux qui me craignent. »

Je prie de citoyen Jagot de me renvoyer ou de remettre au citoyen Billaud de Varennes le mémoire adressé au Comité de salut public que je lui ai laissé, étant au Comité de sûreté générale.

Le 1er messidor (an II), il écrivait à Elie Lacoste, membre du Comité de sûreté générale, pour lui dénoncer son propre frère qui avait quitté son appartement, pour aller loger chez la veuve Dasnières qui louait l’ancien appartement de Cazalès, du temps de la constituante: J’occupais, dit-il, une chambre dans la même maison, et c’est là que j’ai connu la figure de Batz qui venait chez Cazalès. Il ajoutait que son « éducation asiatique et arabe » l’avait mis au-dessus du préjugé de classe.

Le 1er messidor, il écrivait au citoyen Fouquier-Tinville, accusateur public du Tribunal révolutionnaire, au Palais que l’approvisionnement de la prison était déplorable et que ceux qui en étaient chargés réalisaient de substantiels bénéfices sur le dos des détenus.

Tu m’as sommé, Fouquier-Tinville, en présence du Comité de sûreté générale, de désigner les contre-révolutionnaires qui seraient à ma connaissance. J’ai rempli avec zèle la tâche que tu m’avais imposée, et sans craindre qu’on puisse jamais me reprocher la moindre connivence avec ceux que mon oeil politique a déjà désignés, et plusieurs ont même subi à ton Tribunal la peine de leurs forfaits. Il est une personne qui mérite ta double attention. Le 2 septembre fut une occasion à la femme Joli, fournisseuse des haricots de la Force, qui échappa au massacre, de se lier avec son juge libérateur, l’administrateur Dangé[n 30] le guillotiné. Depuis ce temps-là, elle était connue pour sa maîtresse, venant tous les jours, ou dîner, ou faire des orgies chez elle qui se prolongeaient bien avant dans la nuit, et cela, jusqu’au moment de son arrestation. Et pendant tout ce temps-là, jusqu’au moment où il est parti d’ici pour aller se faire guillotiner, il a continuellement communiqué au-dehors par le moyen des fenêtres de la femme Joli qui sont au rez-de-chaussée sur la cour de la prison, et où cette femme lui facilitait l’entrevue journalière avec ses complices en les recevant chez elle. Dangé n’avait pas oublié celle qui lui rendait tant de services. Comme il avait du crédit à l’administration de police, parce que les nouveaux administrateurs étaient, comme lui, de la Commune du 10 août, et n’être autres que Vixcheric et Dupomier venaient aussi chez la femme Joli, il avait eu le crédit non seulement de lui faire avoir la fourniture de la nourriture des prisonniers de Vincennes mais encore nous avait-il dit que la femme Joli fournirait aux suspects à cinquante sols par jour quand ce régime serait établi. En effet, Dangé avait fort bien recommandé son amie, car Bergot nous l’a installée pour nous fournir à manger; et comme il ne nous est permis de ne prendre que ce modique repas en vingt-quatre heures, sans pouvoir rien faire entrer du dehors, j’ai aperçu dans cette femme qui avait les principes de Dangé et ses complices a voulu sans doute soulever la prison en donnant, je ne dirai pas une nourriture mal apprêtée, je ne veux point parler de son peu de talent, mais insuffisante[n 31]. Nous avons calculé d’après ce qu’elle nous fournit à manger depuis huit jours que, sur les 50 sols, il y a dix sols de vin qu’elle ne fournit pas à diminuer, et que c’est tout au plus si elle fournit pour 25 sols, et gagne au moins 16 sols par tête.

Hier, j’ai eu pour mon unique repas en vingt-quatre heures, à peine une once de viande, un hareng pourri et une cuillerée de poix de l’an passé, encore n’est ce que la seconde fois que nous mangeons de la viande depuis la décade. Je n’ai pas parlé de la soupe, car les chiens n’en veulent quelque fois pas. Or je te dénonce la femme Joli comme dilapidant les deniers publics puisque les 50 sols par jours payés aux suspects sont tirés du trésor public, et en même temps comme complice de la scélératesse de Dangé et de ses confrères qui se réunissaient tous les jours chez elle, ainsi que l’attesteront presque tous les prisonniers dont les fenêtres donnent sur cette cour, où sont les fénêtres de la femme Joli. Le concierge ayant même voulu les faire fermer, ce qu’il ne put à cause du crédit de Dangé auprès de ses nouveaux confrères, tu pèseras dans ta sagesse des faits que j’atteste et pour lesquels je trouverai cent témoins; salut et fraternité. Signé : Ferrières-Sauvebeuf, ce 1er messidor (J’en ai instruit le Comité de sûreté générale).

Ps: Sur la plainte faite au concierge que les tables servies par quinze n’avaient pas une nourriture suffisante, hier on nous servit par dix, et les plats avaient la même quantité de vivres que quand on était quinze, et encore chacun a-t-il quitté la table et gardé la faim. Il est donc visible que dans les huit jours que quinze étaient nourris comme hier dix, elle a gagné la nourriture de cinq personnes ce qui fait environ cent francs par jour qu’elle a soustrait par son calcul à raison de 300 prisonniers, et sans compter encore les 15 sols qu’elle gagne sur chacun

Le 3 messidor, c’est Grégoire Jagot, membre du Comité de sûreté générale à qui il lui fut demandé d’adresser ses lettres. Le projet en cours, dont la mise en œuvre fut confiée à Dossonville et supervisée par, principalement, Vadier, André Amar, Grégoire Jagot et Voulland, était de découvrir de fausses conspirations dans les grandes prisons et d’envoyer de préférence à la mort des personnes riches et des témoins gênants. Le citoyen Louis Comte et plusieurs administrateurs de police hébertistes étaient dans la catégorie des témoins peu fiables ou bavards, qu’il fallait se dépêcher d’éliminer sans débats contradictoires, ce qui fut rendu possible par la loi du 22 prairial an II.

Il raconte ses discussions avec le citoyen Louis Comte, dans la cour de la prison de la Force et les visites que lui rend une ci-devant baronne hollandaise ayant le titre de comtesse chanoinesse , demeurant rue de Miromesnil[n 32].

Comme j’étais une mauvaise langue, elle n’avait pas voulu se faire connaître (et je lui dis que) d’après son compliment elle pourrait aller prendre une autre fois ses ébats ailleurs. Camille se faisait prêter par une autre femme une permission de l’administration de police, trompait la vigilance du concierge. « Le lendemain si elle se fût présentée elle eût été arrêtée ».

Ce même homme avait été témoin que Comte écrivait à Camille avec une encre à secret entre les lignes des journaux que le guichetier portait à cette femme qui, sans doute, était du grand complot puisqu’elle fournissait à ses dépenses énormes et que je doute qu’elle pût avoir de pareilles ressources dans les restes surannés de ses appâts.

Le guichetier a quitté la Force pour le Plessis où il est mort quelques jours après. Le général de Flers a épousé la sœur de Camille et ces deux femmes d‘une famille allemande sont peu favorables à notre Révolution. Elle loge rue de Miromesnil.

Il revient sur les affaires de l’approvisionnement de la prison de la Force cherchant à compromettre l’administrateur Dangé et la citoyenne Joli :

La personne que tu as envoyée hier a achevé la défaveur et les soupçons que l’on avait ici contre moi. Je me suis expliqué avec ton agent[n 33] que je n’avais eu aucune accointance avec les personnes désignées et je lui ai démontré comment j’avais pu avoir mes renseignements (...) Il insiste auprès de Jagot sur les intelligences de l’administrateur de police Bergot avec l’administrateur de police Dangé et la « femme Joli », employée dans l’approvisionnement des prisons, qu’il voudrait bien faire guillotiner: « Je livre cette lettre au hasard mais j’espère que l’adresse la fera parvenir ». Ces considérations sont suivies d’une longue liste de noms de personnes qui finiront pour certaines dans la charrette de Sanson.

En pièce jointe, Ferrières-Sauvebeuf adresse à Jagot un rapport sur les transferts – dits alors « transfèrements » – de prisonniers en maisons de santé. Non seulement les prix de pension de ces établissements (où on était censé échapper à Fouquier-Tinville - c’est du moins ce qu’on racontait aux prisonniers -) mais la décision du transfert lui-même donnait lieu à trafic d’argent. Plusieurs administrateurs de police étaient mouillés dans ces sombres affaires. Ils périrent généralement avec leurs victimes. Un avocat ou se prétendant tel, s’était fait une spécialité de négociateur de « transfèrements ». Il approchait les riches prévenus des Carmes ou de la Force, sous le prétexte de leur proposer une défense au cas où ils seraient appelés au Tribunal révolutionnaire. En fait - et Ferrières-Sauvebeuf assure évidemment le contraire, et pour cause - Fouquier-Tinville fut intéressé au premier chef dans ces affaires crapuleuses, jusqu’à leur révélation scandaleuse au cœur de l’hiver 1794. On exécuta rapidement la femme du fermier général Doué et d’autres, comme Mmes de Grammont et du Châtelet, qui savaient combien ces opérations leur avait coûté[n 34].

Note sur Lainville si connu pour ses transfèrements.

J’ai été témoin que Lainville, défenseur officieux, ayant obtenu de l’administration de police le transfèrement d’un administrateur de la loterie et d’un banquier pour aller en maison de santé etc.

Delainville promettait depuis longtemps à un anglais, nommé Richard, vieux, infirme, de le faire transférer chez Belhomme. Ce dernier, pour accélérer fit remettre à Lainville, par sa femme, un acompte par avance de 1400 livres comme il l’a dit devant plusieurs détenus, ce qui prouve que Delainville aimait se faire payer d’avance.

Deux mois avant mon arrestation, instruit de la réputation de Lainville, j’avertis Michel de le surveiller. Je le vis arriver à la Force conduit par Fiquet et Mennessier, administrateurs de police que j’avais averti depuis mon arrestation. Car Delainville disait avec mystère que les transfèrements coutaient fort chers et ne se présentait que charitablement comme intermédiaire. Pendant huit jours qu’il fut à la Force, il trouva le moyen d’intriguer pour obtenir sa liberté et l’on disait encore ici publiquement qu’il avait arrangé pendant sa détention pour deux mille écus de transfèrements.

Titon[n 35] s’était plaint qu’il lui en avait demandé 6000 livres pour aller chez belhomme. Le Comité de sûreté générale a dû savoir que Delainville était l’entremetteur entre les femmes Grammont, Du Chatelet et la ci devant princesse de Poix.

J’en avertis Fouquier-Tinville car Delainville se donnait dans le monde pour son ami intime et offrait à beaux deniers comptant son crédit auprès de lui.

Ayant dîné, environ trois mois avant mon arrestation, chez le citoyen Coffinhal avec les députés de mon département, presque tous mes camarades de collège et avec le citoyen Fouquier-Tinville, revenant avec lui dans la même voiture jusqu’au Palais, je lui demandai s'il connaissait Delainville. Il me répondit que c’était un intrigant, qu’il l’avait chassé de son cabinet une bonne fois pour toutes, mais qu’il pourrait bien lui tomber dans les mains. Je connus la chaleur de cette expression, et j’ai pensé que, ne pouvant tromper personne sur son prétendu crédit auprès de Fouquier Tinville, il avait pris le parti des transferts en maison de santé qui lui ont été si lucratifs. Signé: Ferrières-Sauvebeuf.

Dans une lettre en date du 5 messidor, adressée à Grégoire Jagot qui réceptionnait ses dénonciations, il donnait de nouveaux renseignements sur les personnes suivantes:

De Coster et la Plaigne sont associés, prêteurs d’argent à La Trémoille, Boulogne et autres. Ils logent ensemble rue Richer. La femme La Plaigne a une promesse de femme de chambre de Madame[n 36].

Verrier, même genre d’agioteur, rue des petits Pères.

Le baron de Saint-Marceau, demeurant place de la Révolution. Sa femme est hollandaise. Elle a été en Angleterre avec sa sœur dont le mari a émigré. Elles sont, précise-t-il, revenues après le décret sur les émigrés. Mme de Rastignac[n 37], également hollandaise, les accompagnait. On la trouve rue Saint-Georges.

L’abbé Romé et Saint Charles, illuminés dans le style de dom Gerle et de Suzanne Labrousse. On les trouve rue du Gros-Chenêt.

La femme Aveneau, anglaise, maîtresse de Lacroix guillotiné. Elle faisait des dépenses énormes avec son mari et sa sœur à la Chaussée d’Antin[n 38]. Le ci-devant comte de Saint-Paul, rue Chabanais, et les femmes Briqueville et Luci. La femme de Saint-Paul est sœur de la femme Rassay. Elles sont des liaisons avec Aveneau et sa femme. Elles ont aussi des rapports avec Anisson Du Perron, guillotiné, qui payait deux femmes de cette société. La Briqueville est parente de la guillotinée Canisy. La Luci, très jolie. La femme Saint-Paul sait leur adresse[n 39].

La baronne de Molo[n 40], originaire des Pays-Bas, maîtresse de Guillaume de Croissy, administrateur de la Caisse des Billets de secours, épargné à l'Abbaye. Elle a logé dans le même hôtel que moi et elle trafiquait de ses appâts. Elle a effectué plusieurs voyages aux Pays-Bas, je la crois très dangereuse. On la trouve rue du Faubourg-Poissonnière.

La femme auteur Beaunoir, maîtresse de Froidure, très intrigante, ayant son mari émigré à Bruxelles. Elle n’est plus chez elle après l’accident arrivé à son ami Froidure. Sa campagne est à vingt lieues de Paris. Très intrigante, elle avait son mari émigré à Bruxelles, et elle logeait rue des Fossés Montmartre, n°73. Mais elle n’est plus chez elle depuis l’accident qui est arrivé à son ami Froidure. On la trouvera dans sa campagne à vingt lieues de Paris[n 41].

La femme Magalon. Son mari a passé en Amérique. Sa fille ainée a épousé Bongars, écuyer du tyran, et la cadette, de Tilières qui a acheté le château du ci-devant monsieur, près d’Essonne où ils sont tous[n 42].

Le ci-devant marquis de Lavalette intimement lié avec la Sainte-Amaranthe, du club de l’hôtel Massiac, loge rue Basse Saint-Denis[n 43].

Vous avez sans doute rempli toutes les précautions de sûreté générale en faisant arrêter une infinité de personnes qui n’ont parues que suspectes, et qui cependant sont contre-révolutionnaires. La prison du Luxembourg et celle de Port-Libre en sont des ramassées où mon oeil politique pourrait vous en désigner qui, peut-être, auront échappé à la clairvoyance de vos agents, soit par une astuce à ne point se montrer, soit encore par des moyens que je pourrais connaître comme ayant bien vécu dans le grand monde avant la Révolution, et comme ayant pu indirectement connaître depuis ce temps là leur façon de penser ou leurs liaisons. Car les aristocrates étaient plein d’une jactance insolente à laquelle j’ai pu facilement les reconnaître.

Pour changer de cadre, Ferrières-Sauvebeuf se propose comme mouton de la prison du Luxembourg, ou bien à Port-Libre, à Saint-Lazare ou encore aux Anglaises. on ne sait s'il y est donné suite.

Une nouvelle dénonciation détaillée en date du 8 messidor arriva bientôt dans les bureaux du Comité de sûreté générale, à l’adresse du citoyen Jagot, membre du Comité de sûreté générale:

J’ai remis hier soir à la personne que tu m’as envoyée une pièce qui peut te convaincre de mes principes. Elle est la suite de la conduite franche et bien prononcée que j’ai manifestée depuis la révolution, si le Comité de sûreté générale veut me croire susceptible d’être utile à la République de la manière que j’ai indiquée. J’ai offert en même temps toute sûreté de ma personne, mais la qualité d’ex-noble que j’ai effacée par une conduite révolutionnaire ne fera pas sans doute un titre unique de proscription pour moi puisque de bons citoyens nés dans ma ci-devant caste, servent si bien la République même comme membres de la convention et du Comité de salut public. Dans tous les cas j’attendrai dans le silence de ma conscience que le comité porte sur moi une décision quelconque. Seulement, je demanderai qu’il me soit permis d’être réuni comme tant d’autres détenus dans une maison de suspicion à celle qui est l’objet d’une inclination qui, en m’appelant au titre de père de famille peut faire présumer que ma conduite une fois libre serait celle d’un citoyen qui voudrait concourir à la gloire de son pays.

J’ai su par l’ancien compagnon du secret détenu avec Comte que Camille est maintenant à Montargis. Comte, qui disait toutes ses affaires, n’en ayant pas fait mystère, elle y est ou y était avant que Comte ne sût sa traduction au Tribunal révolutionnaire. Elle s’y était retirée avec sa mère et sa sœur, femme du général de Flers dont j’ai déjà fait mention.

L’agent secret que tu m’as envoyé m’as demandé si, par le moyen de ma prétendue[n 44] qui est à la petite Force, je ne pourrais pas y avoir des renseignements. J’ai profité d’un moment où il y avait des maçons dans le corridor qui avoisine la porte de la cour des femmes pour causer un moment à travers la porte et voici ce que j’ai pu en savoir, n’ayant pas eu le temps d’en apprendre davantage.

La femme Romey qui était intéressée dans la maison de santé de La Chapelle y est depuis un mois. J’ai su que Romey avait un petit intérêt dans le courant de la maison et les meubles pour la mise de fonds, mais que La Feuillide (l’homme d’affaires Jean-François Capot de Feuillide) qui a été guillotiné, y avait une grande valeur dont Romey a hérité, n’ayant produit ni annoncé aux agents de la république aucun compte entre lui et La Feuillide. Comme Romey et sa femme tenaient des jeux comme la Sainte-Amaranthe, on peut éplucher la conduite de ces deux êtres très intrigants et très liés avec De Coster dont j’ai fait mention hier.

La femme Laborde y est avec sa fille qui avait fait hommage de sa fortune au fils du ci-devant prince de Poix. Cette jeune femme avait émigré en Angleterre, mais elle est revenue pour conserver sa fortune et son mari quoiqu’elle ait divorcé pour la forme; Ce qui le prouve est la liaison qu’elle continue avec la femme La Fayette, tante de son mari qui est également à la Petite Force[n 45].

Il y eut un jour une querelle entre deux femmes, la Montréal[n 46], maîtresse de l’anglais Boyd, du complot de Batz, et la femme ou maîtresse du député guillotiné Delaunay d’Angers[n 47], tout en se faisant des reproches mutuels sur leurs liaisons avec les gens qui causaient maintenant leur chagrin. Montréal convient que Batz était venu chez elle. J’ai su que Froidure[n 48] la protégeait beaucoup, l’ayant fait laisser huit jours chez elle lors de la levée de scellés.

Un exemple qui manque à faire c’est pour l’agiotage sur l’inscription sur le grand livre. Il y a un homme à qui j’ai offert en payement une partie d’inscription sur le grand livre, et je sais qu’il a dit qu’il en était fâché parce qu’elles perdaient beaucoup sur la place. Or je ferai en sorte de recevoir de lui une proposition par écrit du déchet ? qu’il accepte et je crois très politique de faire un exemple de cet agiotage comme on en a fait de celui de l’argent et de l’or.

Une autre manière de connaître bien des aristocrates, c’est de savoir à qui un peintre nommé Darnaud a vendu des portraits de la scélérate Corday. Il l’avait peinte au Tribunal et j’ai su qu’il en avait fait beaucoup (de gravures ?) et vendu cher en haine de Marat. J’ignore l’adresse de Darnaud. On pourrait la savoir chez les marchands de gravure.

Un fameux club bien aristocratique était au-dessus du café de Chartres. On peut en compulser la liste. Je saisis cette occasion de dire que je n’ai jamais été d’aucun club quelconque. Si le nom de Ferrières se trouve dans les listes de clubs ou de maisons de jeu, c’était le ci-devant marquis de Ferrières qui n’est point mon parent, mon nom pour me distinguer étant Ferrières-Sauvebeuf.

En me remémorant peu à peu je pourrai, citoyen, ajouter de nouveaux renseignements. J’ai peu causé avec toi au Comité, mais j’ai trop voyagé pour ne pas connaître les hommes. Et toi, citoyen, ton expérience peut te faire juger en peu de temps l’homme qui se déguise d’avec celui qui est franc. Je crois t’avoir paru tel. Je me livre tout entier à ton jugement. J’ai fait part de mes réflexions à l’homme que tu m’as envoyé. Ses idées sont les mêmes que les miennes à ton sujet et c’est avec confiance que je l’ai adopté pour mon intermédiaire avec le Comité de sûreté générale.

L’intérêt de la République te fait lui rendre compte de mes observations. Ajoute je te prie l’opinion que tu as de moi et je consens à être jugé par elle. Voilà citoyen l’expression de mon dévouement à ta loyauté car je l’ai reconnu facilement. J’ajouterai peu à peu ce qui me reviendra à la mémoire, car, sept mois de prison et nulle communication au-dehors, sont bien dans le cas de pouvoir me faire oublier le nom des personnes qu’il me serait facile de livrer à un sérieux examen, soit en les rencontrant dans les lieux publics de Paris, soit en les voyant dans les prisons. Mais si j’étais transféré dans un autre, la réputation dont j’ai ici l’apanage resserrerait les rangs à mon égard et me rendrait presque impossible l’occasion d’avoir des renseignements particulier sur les individus contre révolutionnaires qui m’ont paru que suspects. Dans tous les cas je m’en rapporte à ta justice. Salut et fraternité, signé :Ferrières-Sauvebeuf.

Le 17 messidor an II, Ferrières-Sauvebeuf, toujours aussi zélé, évoquait, dans une lettre à Jagot son transfert momentané. Il parlait de son désir pressant de se marier avec la jeune Geneviève de Montmort, détenue à la Force, puis passa aux dénonciations proprement dites, attirant l’attention de ses correspondants sur des détenus pouvant « présenter un intérêt » :

Bernières et la femme Desmarets, Cul de sac Taitbout.

L’ex-président (Le) Mérat (sa femme est à Bruxelles, etc.)

La Balme qui a épousé la sœur de l’émigrée d’Asnières[n 49].

Les femmes Auguié et Rousseau. Son mari a acheté une terre 80 000 livres à son frère. Rue du Faubourg poissonnière[n 50].

Mortarieu, de Montauban, ami du maire Godail, marquis de Cieurac guillotiné. Rue et hôtel Ventadour,.

La femme Pulchérie sœur d’émigré[n 51].

Le ci-devant marquis de Cubières a un ermitage à Versailles[n 52].

Les frères Thélusson. Un émigré (rentré), rue du Chemin Vert[n 53]

L’ex-abbé d’Humières, très lié avec la femme Rochechouart.

En marge: « il est arrêt. Il logeait au Lycée près rue Saint-Honoré, passage de Valois.  »

Bonard, agent du duc des Deux Ponts et sa femme, demeurant à Villiers-la-Garenne[n 54].

Les frères Gaston, abbé, frère du Gaston de la Vendée.

(En marge) « s’en informer », et l’ajout suivant « rue et hôtel du Bouloy ».

Alexandre et sa femme, ex-portier du club des Arcades, vendeurs d’argent, rue de la Loi face au Théâtre de la République.

La femme Mariage, femme de chambre de Mme d’Asnières.

Ferrières-Sauvebeuf terminait sa liste en parlant des 400 000 francs promis par le vieux comte de Montmort, détenu, à sa petite fille qu’il désirait épouser en prison.

Jusqu’au 9 thermidor, Ferrières-Sauvebeuf continue d’honorer le contrat tacite qui le lie au Comité de sûreté générale. La veille encore, 8 thermidor an II, il s’adressait « au citoyen Jagot membre du Comité de sûreté générale »:

« J’étais pénétré de ce que ton incommodité ne te permettant pas d’aller au comité, je craignais que les hébertistes administrateurs de police sachant que je suis à leurs trousses cherchaient à me perdre dans l’esprit des membres du comité, mais j’ai su par l’agent que tu m’as envoyé, que tu as chargé le citoyen Louis du Bas Rhin d’informer le comité de ma correspondance. L’ordre donné hier au nouveau concierge est inique de toute manière car cela soumettrait au pouvoir des administrateurs des pièces qu’ils pouvaient chercher à rendre illusoires ou au moins, désigner à leur vengeance les personnes qui ont le courage de combattre leur hypocrisie. Au surplus le comité est juste, cela me rassure entièrement.

Voici des renseignements que me fournit la mémoire, à mesure que je me rappelle les événements :

La femme Josset de Saint-Laurent dont le mari a été guillotiné est une intrigante de la première classe, ainsi que l’était son mari[n 55]. Elle est en liberté et pendant qu’elle était en prison, elle a su envoyer à Amiens sa femme de chambre, et comme les scellés étaient dans sa maison, en cassant un carreau de vitre, ses agents s’introduisirent dans sa chambre où étaient cousues des pièces très probantes contre lle dans les rideaux de son lit, et entre autres, sa correspondance pendant son émigration qu’elle est venue à bout de cacher. Je fus instruit de cela. il y a même eu un procès-verbal de fait, et les voisins, appelés en témoignage au sujet de l’introduction dans la maison, et quoique prisonnier, j’écrivis une lettre à André Dumont, commissaire de la Convention à Amiens pour qu’il eut à se méfier de la femme Saint-Laurent. J’ignore s'il a reçu ma lettre, mais il est bon de s’assurer de la femme Saint-Laurent très liée alors avec Hébert. Je tenais cela d’un détenu qui était ici. Elle demeure rue pont aux Choux, près la rue saint-pierre, n°3.

Duvivier, beau-frère de l’ancien ministre Vergennes était ministre plénipotentiaire du tyran à Hambourg. Son neveu l’était près l’Electeur de Cologne et ils avaient une correspondance très suivie ensemble. Son neveu avait fait faire un achat de quatre missions en draps pour habiller les émigrés. en outre ce Duvivier obtint de Luillier et de Raisson, alors secrétaire du département, une levée de scellés chez sa sœur, veuve de l’ancien ministre. Je ne sais s'il les a récompensés mais il remit une bourse de cent jetons d’argent à La Chevardière, membre du département, qui fut sur le champ les porter au Président de la Convention. Il est lié avec tous les revenus de Coblents et sa sœur, femme du vieux ministre Vergennes, a tripoté pour les biens de ses deux fils émigrés. Duvivier loge près de la Pompe à feu sur le chemin de Paris.

Pour trouver une fournée d’aristocrates, il faut prendre la liste des personnes composant le club de 89. Je préviens que je n’ai jamais mis les pieds dans aucun club quelconque.

Le ci-devant comte de Durfort, ministre à Florence, avait également tripoté son retour en France après le délai de trois mois fixé par la loi pour les ministres rappelés de leurs ambassades, sans quoi ils étaient réputés émigrés.

Garat, neveu du ministre, beau chanteur de la Capette, est allé à Rouen faire oublier qu’il était avec Hermann et Steibelt à la journée des poignards, et à celle du 10 août.

Le ci-devant marquis de Salvert, également à ces journées, était écuyer de la Capette. Il loge rue des Champs-Elysées avec sa femme[n 56].

La ci-devant marquise Sophie de Jaucourt faisait des vers contre la Révolution et les montrait en cachette à Dorat-Cubières, son chevalier, le digne ami d’Hébert qui a fort bien joué son rôle[n 57]. Elle était en outre très liée avec le conspirateur Salm-Kyrbourg qui ne faisait en public le patriote que pour en imposer à ses créanciers avant le décret qui interdit la prise de corps pour dettes, et depuis ce temps là, il déclamait hautement contre la Convention. Comme on faisait de la musique quelquefois chez la femme Jaucourt, j’y ai été deux ou trois fois et n’y revint que quand je vis que sa maison était ainsi composée pour la société. Elle loge rue de Vaugirard, près celle du Regard[n 58].

L’ancien intendant du Limousin chez qui logeait l’abbé d’Autichamp, rue du Faubourg Poissonnière, aristocrate très connu, et ami de Berthier.

Les deux femmes Damas et Langeron[9] ont émigré et leurs affaires ont été arrangée par Luiller qui s’est tué à Sainte-Pélagie. Elles disaient avoir quitté leurs maris que pour leur préserver du pain, et qu’ils étaient émigrés[n 59].

Le frère de Chénier député, qui avait été plusieurs fois en Angleterre, répandait le jour de la prise de la Bastille de petits écus aux ouvriers qui étaient sur la place de Grève, en les engageant à crier « vive le duc d’Orléans ». Je l’ai entendu de mes oreilles lorsque j’allais attaquer la Bastille.

La vieille femme de l’ancien ministre Maurepas qui existait avant mon arrestation était si imbue de l’ancienne tyrannie, quoiqu’ayant fait sa méridienne dans son fauteuil et dans le salon de compagnie en se réveillant entendit parler de la Convention et dit avec vivacité:
- Eh, pourquoi le roy ne fait il pas mettre tous ces drôles à la Bastille ?, je dirait à Mr. de Maurepas de faire expédier des lettres de cachet.
Certes, ce propos qui fit rire bien du monde n’en prouve pas moins que la radoteuse venait de rêver à la séance tyrannique tenue à Versailles le 21 juin 1789. Je tiens cela du ci-devant marquis du Saillant qui y était présent et dont j’ai déjà parlé dans mes notes. La femme Maurepas demeure rue de la Planche, faubourg saint-Germain.

Le ci-devant duc de Nivernois a conservé fort longtemps sa correspondance avec la citoyenne Mortemart[n 60] à Londres. Il suffit de faire rendre compte à ses gens d’affaires de ses revenus, et on verra les sommes qu’il a pu faire passer à Londres. C’était le chevalier Lecourt, guillotiné avec la Du Barry, qui était l’(intermédiaire. J’ai su ça à la Force de Lecourt qui était détenu ici.

Le ci-devant marquis de Noailles, ambassadeur du tyran à Vienne en Autriche était l’agent de Dumouriez pour attirer l’Empire à nous faire la guerre. Il a toujours affecté l’aristocratie la plus ardente, et un nommé Mons, employé dans le temps aux affaires étrangères, qui fut à Vienne lors de la déclaration de guerre, peut donner sur ce politique courtisan des renseignements suffisants. C’est le fils de la ci-devant maréchale de Noailles qui vient d’être guillotinée. Il demeure avec sa femme à saint-Germain.

Hénin alors premier commis des affaires étrangères, rue d’Anjou-Saint-Honoré, très aristocrate. Il m’avait fait donner une lettre de cachet de l’avant dernier tyran pour avoir osé me plaindre de la tyrannie ministérielle. Hénin était le bras droit et le conseil de Montmorin.

La ci-devant princesse Joseph Monaco, connue par son aristocratie et ses relations avec Baussancourt guillotiné. Son mari commandait dans la Vendée. Elle s’était échappée à la surveillance de la section mais elle fut rattrapée en même temps que Baussancourt. Le ci-devant duchesse de Praslin sa tante, qui est à Neuilly, a caché longtemps dans sa maison le ci-devant duc de Choiseul, son neveu, ensuite émigré, qui commandait au 12 juillet les dragons du tyran. Je la dénonçai à l’administrateur Louis Roux, il y a bien longtemps, et il la laissa s’évader[n 61].

Le frère du ci-devant marquis de Saint-Simon, qui se fait toujours battre sur les frontières d’Espagne, est encore à Paris mais j’ignore son logement. Il avait une grande liaison avec son frère qui doit entretenir sans doute correspondance avec lui. J’ai su par un prisonnier qui a fait la guerre en Amérique avec lui qu’il était à Paris avant le décret du 27 germinal. Il serait facile à trouver.

La ci-devant comtesse d’Ossun, dame d’atours de la Capette est connue pour avoir trempé dans toutes les factions. Elle est à la caserne de la rue de Sèvres[n 62].

Voilà, citoyen, ce que ma mémoire m’a fourni pour l’instant, et je ne cesserai jamais de me rendre utile à la république. Je te prie instamment de faire donner des ordres pour que l’administration de police ne s’arroge pas d’être intermédiaire pour recevoir et faire passer les lettres au Comité de salut public et de sûreté générale. certes ils ne sont pas sots dans un moment où ils se savent dénoncés de toute part, d’exiger que des concierges placés dehors nouvellement et qui sont leurs affidés, leurs envoyent les lettres de détenus, et pouvant surtout leur désigner celles des mécontents qui auraient déjà manifesté leurs plaintes. Au surplus tout est calme dans cette prison, les successeurs émules et écoliers des Hébert et Chaumette qui avaient entassé dans les prisons leurs ennemis pour ensuite en faire leurs victimes, par le moyen des vexations horribles qu’ils exercent envers les détenus afin de les porter à une apparence de révolte, et ensuite appeler sur eux la force armée pour les septembriser. Hé bien, les scélérats n’ont pas réussi aujourd’hui, à peine avons nous pu toucher à une partie du mauvais repas qu’on renouvellera demain, aussi détestable chacun s’est levé de son banc la faim dans la bouche et la confiance en nos représentants dans le cœur. Signé: Ferrières Sauvebeuf, le 8 thermidor an 2eme.

Après la Terreur

Le 11 thermidor, il se vantait d’avoir rendu de grands services, se félicitait de l’exécution de Robespierre, et ayant écrit à Barère de Vieuzac qui, disait-il, lui « a rendu justice en pleine Convention », il demandait sa liberté.

Lorsqu’il sortit de prison, Ferrières-Sauvebeuf eut à rendre des comptes à ceux qui, comme Lecointre de Versailles, avaient connaissance de son rôle dans les prisons. il fut désigné dans une de ses dénonciations contre les anciens terroristes Barère, Collot, Billaud, Vadier et Amar : « Je les accuse d’avoir souffert que les mêmes témoins entretenus, nourris dans les prisons, et connus vulgairement sous le nom de « moutons », déposassent à charge contre les prévenus; et l’on distinguait, parmi ces témoins, Ferrières-sauvebeuf, ex-noble, et Leymerie, secrétaire d’Amar ».

Pour sa défense, le délateur argua que ses employeurs avaient eux-mêmes désigné les nouveaux administrateurs exagérés ou Hébertistes qui étaient à ses yeux les vrais coupables.

Il avait épousé en prison, « par contrainte », la jeune Marie-Bénigne-Geneviève Rémond de Montmort, fille mineure du marquis de ce nom, qu’il avait visitée à plusieurs reprises à la Petite Force et qui était enceinte. Il avait désormais un seul but, recouvrer des créances qu’il estimait revenir à sa femme, notamment deux effets au porteur provenant du banquier Duruey, guillotiné, s’élevant à 50 000 et 170 000 livres.

Il chercha à se faire employer au ministère des Affaires étrangères et fut envoyé en mission en Italie par Delacroix. Chacun ignorait alors ce qu’il avait fait durant la Terreur puisque la plupart de ses victimes avaient été exécutées.

Prévenu d’espionnage le 6 floréal an VII, il fut arrêté. Fouché l’aurait fait libérer pour l’embaucher et salarier comme indicateur de police. Par le frère de son épouse, il chercha à approcher Talleyrand pour obtenir une mission à l’étranger. Le ministre lui opposa, peut-on supposer, une fin de non recevoir car il ne fut pas employé.

Arrêté de 1804 à 1811, peut-être pour avoir pris part aux « conspirations anglaises », il fut détenu au fort de Joux dans le Jura. Libéré, il se retira dans ses terres à la fin de l’Empire. On prétend qu’il organisa un « sérail » au château de Montmort, mais il est certain qu’il mourut assassiné. On ignore les motifs de cet assassinat mais peut-être avait il rapport avec son rôle sous la Terreur.

Notes

  1. Elle était la fille de Louis-Charles Heuvrard et Elisabeth Brucelle, qu’il fit arrêter le 15 pluviôse suivant comme parents d’émigrés. Leur fils de onze ans ayant disparu, Ferrières-Sauvebeuf les avait dénoncés comme « parents d’émigré » : « tout notre crime, écrivait le malheureux père de famille, se réduit à avoir résisté à un ex-noble qui avait des vues criminelles sur ma fille. Déjà, il l’avait enlevée de la maison paternelle et la tenait en réserve dans une maison particulière qui est à sa dévotion. Mais notre comité de la section du Nord nous l’a fait rendre et ce lâche ravisseur a été enfermé à la Force. C’est du fond de sa prison que, pour se venger de ce que nous lui avions enlevé sa proie, il nous a accusé d’avoir un enfant émigré ». Ils furent libérés après la Terreur.
  2. Les meneurs « hébertistes » de la Commune de Paris, formaient, autour de Jean-Nicolas Pache et avec la protection discrète de certains membres des comités, comme Bertrand Barère de Vieuzac, Nicolas Billaud-Varennes, Jean-Marie Collot d’Herbois, Marc Alexis Vadier, André Amar, Grégoire Jagot, une tendance ultra-démagogique, dite « exagérée », qui avait provoqué par la force l’arrestation des Girondins, et dont Robespierre et Saint-Just avaient de bonnes raisons de se méfier. Quelques uns d’entre eux comme Andres Maria de Guzman, François Desfieux, Berthold de Proly, Ulric Dubuisson, Vincent puis quelques administrateurs de police, furent condamnés au terme de procès successifs ou ils furent amalgamés à d’autres personnes qui n’avaient rien à voir avec eux. Quoiqu’arrêtés, certains membres de cette faction redoutable, comme Jean-Nicolas Pache ou Antoine Joseph Santerre, durent leur salut à la protection discrète de membres du Comité de sûreté générale
  3. Nathalie de Laborde, princesse de Poix par son mariage avec Tristan de Noailles
  4. Bertha Winter épouse de Jean-Jacques Debeaune, agent d’affaires de la Commune de Paris qui contracta avec le ministre de la guerre Jean-Nicolas Pache un marché gigantesque de fournitures militaires garanti sur un emprunt dit des trois fils du roi d’Angleterre et dont les effets furent désastreux.
  5. Née de Lamoignon
  6. L’abbé Charles-Geoffroy de la Trémoille, frère du prince de Talmont.
  7. À force d’argent La Trémoille avait obtenu son transfert de la force à l’Hospice du tribunal révolutionnaire pour rejoindre, à toutes fins utiles, la princesse Lubomirska qui était en sursis momentané pour avoir (faussement) déclaré son état de grossesse
  8. Louis-Guillaume Armand, ancien garde du corps avait eu l’opportunité de rencontrer le baron de Batz à deux ou trois reprises, et, placé par Dossonville et le Comité de sûreté générale à Sainte-Pélagie, il terrorisa certaines prisonnières comme Melle Marie de Grandmaison et Mme d’Eprémesnil pour leur soutirer des fausses dénonciations contre Batz
  9. Marie-Anne Bourgoin, sœur de l’actrice de ce nom, elle épousa en prison le comte de Mesnil-Simon
  10. Jeanne-Catherine d’Hallet, baronne d’Hallet, comtesse de Camille, chanoinesse d’Allemagne, demeurant rue de Miromesnil
  11. Louis Comte, agent anglo-hébertiste compris dans la fournée dite des chemises rouges et exécuté le 29 prairial an II. IL aurait pu aussi bien être condamné avec les « hébertistes » ou les « Dantonistes ». Albert Mathiez lui a consacré une étude dans ses Études robespierristes ; 2e série : « La conspiration de l’Étranger, Danton et Louis Comte », p. 74-103. Il montre qu’il fut une sorte d’agent secret infiltré dans les hautes sphères politiciennes. En prison à la Force, il est pressé de faire de fausses dénonciations contre Batz lors du procès de Hébert et de ses co-accusés.
  12. le général de Flers, guillotiné.
  13. Le décret du 27 germinal-5 floréal an II (16-24 avril 1794 concernant la répression des conspirateurs, l'éloignement des nobles et la police générale.
  14. La comtesse du Saillant, née Mirabeau, sœur du célèbre tribun, avait un salon politique très fréquenté au début de la Révolution. Sa fille Françoise-Charlotte de Lasteyrie du Saillant avait épousé le fameux comte Joseph François louis Gaspard Ximénès d’Aragon, homme de lettres
  15. Ferrières-Sauvebeuf devait dénoncer sans relâche l’épouse de son frère, née Richetot des Granges, veuve du marquis d’Asnières. Devenue l’épouse du marquis de Sauvebeuf l’ainé, qui n’avait pas encore d’héritiers, l’indicateur Ferrières-Sauvebeuf fit tout ce qui était humainement possible pour la faire condamner. Il insistait sur son émigration, et ses liens supposés avec des ennemis de l’étranger. Elle échappa pourtant à la guillotine mais mourut en sortant de prison.
  16. Mme de Champcenetz, troisième épouse du gouverneur des Tuileries, était née Albertine-Elisabeth van Nyvenheim,et fut la tante de Mme Armand de Polignac. Ancienne maîtresse de Louis XV, elle avait hérité d’une partie de la fortune immense de son premier mari, M. Pater, et l’avait investie dans l’immobilier parisien et dans plusieurs résidences dont les châteaux de Neuilly et de Soisy. Politisée - elle soutint les patriotes hollandais en 1787 -, Mme de Champcenetz était revenue d’émigration et intriguait avec la comtesse de Rochechouart qui participa au financement l’acquittement du général Miranda au Tribunal révolutionnaire. Elles œuvrèrent aux projets chimériques d’évasion de Marie-Antoinette. La tête de Mme de Rochechouart, citée et compromise lors du procès des Hébertistes, fut bientôt mise à prix, et elle passa à temps en Suisse devenant un temps la maîtresse de Willaim Wickham, chargé d’affaires anglais en Suisse après le départ de sir Robert Fitzgerald. Mme de Champcenetz fut arrêtée à Neuilly et était déjà détenue aux Anglaises quand Ferrières-Sauvebeuf la désigna au Comité de sûreté générale. Elle échappa elle aussi de justesse à la guillotine.
  17. Il fut guillotiné comme s’en vanta Ferrières-Sauvebeuf le 28 messidor suivant
  18. Le conseiller au Parlement Jacques Duval d’Eprémesnil, élu député de la noblesse de l’élection de Paris, fort connu pour ses positions corporatistes qui entraînèrent son arrestation spectaculaire au milieu de ses collègues parlementaires, avait été détenu à l’ile Sainte marguerite. De retour à Paris, il avait appuyé le vote par ordre mais il fit volte face en juin 1789, participant au comité Polignac. A l’Assemblée, il fut hostile aux réformes libérales, et à partir de 1792, il entra dans l’activisme contre révolutionnaire avec ses proches amis et parents. L’ex-abbé Claude Armel Legras de Bercagny - qui épousa sa belle fille en 1794 - était l‘un d’eux et fut arrêté en 1793 lorsqu’il était fournisseur aux armées, secrétaire du citoyen Lenoble. Bercagny échappa et se cacha - comme son ami Regnaud de Saint Jean d’Angély -, et également le marquis de Parny, frère aîné du chevalier de ce nom.
  19. Reine Pomme de La Gornière était intervenue en faveur du marquis de Laguiche qui était en effet un des amis intimes du baron de Batz. Emigré rentré, il était reçu par Marie de Grandmaison à Charonne et on l’accusa d’avoir participé aux tentatives d’évasion de la ci-devant reine Marie-Antoinette. Le marquis de La Guiche était protégé par Delaunay d'Angers qui fut exécuté avec Danton. Cité par Ferrières Sauvebeuf et également dans le rapport d’Elie Lacoste, La Guiche fut arrêté et exécuté en messidor. M. de Regnac fut exécuté, comme s’en vanta Ferrières-Sauvebeuf, le 28 messidor. Mme de La Gornière échappa à l’échafaud.
  20. Il s’agit de la marquise d’Argenteuil de Moulins qui était réputée pour sa bonté. Victorine de Chastenay, qui l’a très bien connue, parle de son intervention efficace dans l’affaire d’émigration de sa nièce, Melle de Béthisy, qui était l’unique dépositaire de l’énorme fortune de sa famille émigrée. Elle raconte aussi que la future Joséphine fréquentait son salon de Mme de Moulins, et Lewis Goldsmith, qui avait aussi entendu parler de ces dames, ajoute, que la future impératrice joua un rôle efficace d’intermédiaire entre la police politique et Mlle de Béthisy. Cette dernière échappa à l’échafaud, conserva la fortune de sa famille, et épousa un peu plus tard le comte Gribowki, gentillhomme polonais, joueur et habitué de la société de Mme de Sainte-Amaranthe au Palais-Royal.
  21. La famille Giambonne qui résidait rue de Bondy à Paris, dans une villa palladienne construite au milieux d’un parc, dans l’actuel quartier de la République, avait été arrêtée et Octave Giambonne le banquier, octogénaire, était mort subitement en prison. Il n’eut donc pas à rendre compte, au tribunal révolutionnaire, à l’affaire d’emprunt évoquée par Ferrières-Sauvebeuf. Son épouse, ancienne maîtresse de Louis XV – la « dame à la rose » de Boucher – et leur fille, Mme Bellanger des Boullets – divorcée d’un confident de Madame du Barry contre lequel Farrières-Sauvebeuf se serait battu en duel –, étaient particulièrement menacées. Mme des Boullets était émigrée rentrée et en relation avec toute la société contre révolutionnaire. Selon toute apparence, son affaire d’émigration avait été « arrangée » par l’administrateur Louis Roux qui s’était fait une spécialité de la « désémigration » des riches suspects. Il est intervenu, entre autres, dans la délicate affaire d’émigration de la comtesse de Périgord. Arrêté, Roux fut retrouvé « suicidé » dans sa cellule.
  22. Mme de Bonneuil, née Michelle Sentuary, était connue pour sa grande beauté et son indulgence pour les jeunes gens, dont André Chénier. Elle aimait aussi les homme riches comme Nicolas Beaujon et les hommes brillants comme le député Cazalès dont elle fut, en effet, la maîtresse sous la Révolution et le Directoire. Gravement compromise avec son beau-frère et sa sœur d’Eprémesnil, en relation d‘amitié avec le baron de Batz qui s’allia à sa famille, elle était une des victimes désignées du fameux complot de l’étranger auquel on voulait alors donner consistance. Mais c’est sa sœur, Mme d’Eprémenil, qui fut citée à comparaître au Tribunal révolutionnaire, sans doute pour avoir refusé de révéler ce qu’elle savait des activités de son mari et de Batz qui était un ami intime. Elle partagea en cela le sort de l’actrice Melle Marie Burette, adoptée avec sa sœur par le sieur Babin de Grandmaison, elle aussi amie intime de batz. Persécutée et menacée par Dossonville et Armand en prison, elle avait refusé, elle aussi au péril de sa vie, de donner de nouveaux noms en pâture aux membres de la police politique
  23. La marquise de Marbeuf, née Mlle Michel de Tharon, fille d’un administrateur et directeur de la Compagnie des Indes, extrèmement riche, sœur de la duchesse de Lévis-Mirepoix guillotinée elle aussi, propriétaire du château de Champ-sur-Marne.
  24. Le notaire Prédicant, comme ses collègues Dufouleur et Fourcaut de Pavant, gérait la fortune de personnes émigrées et suspectes, et ils furent guillotinés pour complicité avérée avec des suspects. On ignore la destination des sommes déposées par Mme Chevalier, mais la marquise de Marbeuf, qui était à la tête d’une énorme fortune, menacée de mort, avait cherché à soustraire ses biens à la confiscation en signant chez Prédicant des pièces anti-datées.
  25. Ce musicien était, avec Hermann, un habitué du salon de Mme d’Eprémesnil rue Bertin-Poirée
  26. Fille du financier espagnol Llovera elle participa aux tentatives de corruption de conventionnels lors du procès de Louis XVI
  27. Ci-devant gouverneur des Invalides. Sa fille Maurille lui avait sauvé la vie en septembre 1792, lors des massacres de l’Abbaye.
  28. Montclar fut guillotiné comme s’en vanta Ferrières-Sauvebeuf le 28 messidfor suivant
  29. Administrateur de police hébertiste, guillotiné le 29 prairial an II
  30. François Dangé, épicier et administrateur de police hébertiste, guillotiné le 29 prairial an II
  31. Les détenus de l’an II, tous sans exception, sont obsédés par une possible réédition des massacres de septembre 1792. Mme Roland, Olympe de Gouges et beaucoup d’autres en parlent dans leurs écrits. Or ces massacres redoutés seraient, selon eux, provoqués par un soulèvement suscité dans les prisons surpeuplées. Ferrières-Sauvebeuf exprime là ses craintes de prisonnier.
  32. La ci-devant baronne d'Hallet dite comtesse de Camille, demeurant en effet rue de Miromesnil
  33. Il s’agit de Dossonville qui était à la disposition et l'instrument de Amar et de Jagot
  34. Contrairement à ce qu’écrit G. Lenotre, Fouquier-Tinville qui était joueur et endetté, n’était pas un homme probe. C’est la légende. Le citoyen Aucane, qui le connaissait de longue date, était un des témoins du goût immodéré de l’accusateur public pour les tripots et il n’a pas été désintéressé, comme d’autres membres ou jurés du tribunal. Une lettre accusatrice de la marquise de Paysac, d’autres encore, témoignent de ces pratiques ignorées par l’historiographie.
  35. Maximilien Titon, membre du Parlement de Paris
  36. Sur De Coster et Denuelle de La Plaigne, associés en affaires et se partageant la même femme, prêteurs d’argent à l’abbé de La Trémoille, Boulogne et autres dans l'affaire de l'emprunt dit des trois fils du roi d'Angleterre, dite « l'affaire Beaune-Winter ». Mme Denuelle de la Plaigne fut arrêtée avec son amant De Coster mais ils échappèrent à l'échafaud. Leur fille Eléonore, très jolie personne, fut, sous l’Empire, la maîtresse de Napoléon. Mais l’Empereur fit exiler Mme de La Plaigne et du Coster jugés intrigants.
  37. Mme de Chapt de Rastignac
  38. Allusion aux détournements dont Delacroix, envoyé en mission en Belgique, fut accusé
  39. Mme Aveneau née Tufts, anglaise d’origine, aurait été une maîtresse de Jean-François Delacroix guillotiné avec Danton. Ils recevaient le comte Paultrier de Saint-Paul, ancien commis au Bureau de la guerre, sa femme née Françoise Aveneau de La Grancière - qui avait maison ouverte où on donnait à jouer, rue Chabannais, et sa belle-sœur nommé Rassé. De leur société, également Mme Luci, femme d’un député, et surtout Mme Carbonnel de Briqueville, belle sœur de Marie-Anne-Charlotte de Loménie, comtesse de Canisy, c’est-à-dire Marie-Anne de Loménie, divorcée du comte Hervé Carbonnel de Canisy. Elle avait été arrêtée avec les membres de sa famille, les Loménie de Brienne, et exécutée dans la même fournée que Madame Elisabeth de France. Mme de Briqueville, arrêtée, se cacha dans le bois de Boulogne et passa le cap de thermidor grâce au marquis de Parny
  40. Peut-être Mme de Courville, née baronne de Mello
  41. Mme Robineau de Beaunoir, née Adélaïde Bertin d’Andilly, fille naturelle de Bertin des parties casuelles, épouse séparée de l’auteur dramatique Robineau de Beaunoir, tenait une maison de jeu courue rue Traversière Saint-Honoré, en association avec le chevalier embastillé Dejean de Manville, demi frère de Mme de Sabran. Son établissement fut, rappelle-t-il, longtemps protégé par un administrateur de police de la Commune qui était intéressé aux profits de la maison de jeu. Pour ce motif et d’autres, Froidure fut en effet exécuté le 29 prairial, soit une semaine plus tôt. « Mme Robineau de Beaunoir qui avait demandé une permission officielle de résider à Paris fut finalement arrêtée malgré les porotections qu'elle s'était ménagée chez les Montagnard. »
  42. Il s’agit Mme de Magallon de La Morlière dont le mari était le célèbre navigateur de ce nom. Il désigne la fille aînée de cette dame, Ursule de Magallon, qui épousa en 1789 un M. de Bongars, écuyer cavalcadour. M. Caroillon de Tilières qui épousa la seconde fille, était nouveau propriétaire du château du ci devant Monsieur, près d’Essonne, où ils étaient retirés. Le Comité de sûreté générale donna ordre de faire arrêter cette famille.
  43. Mme de Davasse de Saint-Amarand guillotinée avec ses enfants le 29 prairial. Membre du club de colons opposé aux Amis des noirs, le sieur Thomas de Lavalette, propriétaire aux Antilles, fut arrêté et guillotiné la veille du 9 thermidor
  44. Sa « fiancée » prétendue, la jeune Geneviève de Montmort
  45. L’épouse de banquier Laborde était une demoiselle Nettine dont la fortune était considérable. Elle était ainsi apparentée aux banquiers Walckiers qui jouèrent un rôle important dans la révolution brabançonne, et à la grande banque internationale. Son fils Laborde de Méréville, alors émigré, était en affaire avec Jacob Péreyra, qui contribua au coup de force du 31 mai 1793 contre la convention, et plusieurs de ceux qui comparurent au Tribunal révolutionnaire aux côtés de Jacques-René Hébert.
  46. Nicole Vignier de Montréal, la maîtresse de Walter Boyd qu’elle épousa à Londres à sa sortie de prison
  47. Delaunay appartint au premier Comité de sûreté avec Alquier, Osselin, Chabot, Basire et Julien de Toulouse. Louise Cosme descoings autrefois attachée à Mesdames tante de de Louis XVI était très liée avec Mme Hébert, l’épouse du père Duchesne, et également avec André de Guzman et l’abbé d’Espagnac exécutés avec Danton
  48. Administrateur de police de la commune hébertiste
  49. Mme d’Asnières devenue en secondes noces Mme Ferrières-Sauvebeuf, sa propre belle-sœur
  50. Sœur de Mme Campan, Mme Rousseau était femme du maître d’armes du dauphin, et fut guillotiné. Elle avait été « remueuse des enfants de France » et citée à ce titre dans le Livre rouge des pensions. Mme Auguié, autre sœur, attachée à la reine, avait été citée à comparaître comme témoin dans la procédure relative aux événements du 6 octobre 1789. Elle habitait alors rue Neuve du Luxembourg. Sachant qu’on allait l’arrêter et qu’elle avait toute chance d’être traduite au Tribunal révolutionnaire, elle se suicida. Sa fille a épousé le maréchal Ney.
  51. Il s’agit peut-être de Pulchérie de Valence, fille de Mme de Genlis
  52. Ancien écuyer de Louis XVI, botaniste distingué, homme de culture, dévoué à la cour de 1789 à 1792. Il était Frère du chevalier de Cubières et recevait dans son ermitage à Versailles où fut donné, en 1789, une « fête de l’amour » en l‘honneur de la reine. Il avait été arrêté et était alors détenu aux Récollets à Versailles. Le fils, Amédée Despans-Cubières, qu’il avait eu de Mme de Bonneuil, son ancienne maîtresse, avait été confié aux enfants de la République.
  53. Les fils du banquier suisse Thélusson, autrefois en affaires avec Necker, dont l'hôtel particulier de la rue de Provence par Ledoux, était célèbre.
  54. Il s’agit peut-être du fils du chevalier Bernard de Bonnard, ancien gouverneur des enfants d’Orléans (avant Mme de Genlis)
  55. Marion Latour épouse du sieur Josset de Saint-Laurent, était la belle sœur de Josset de Saint-Ange qui tenait un célèbre tripot au Palais-Royal
  56. Née Victoire de Vaucanson, Mme de Salvert eut un salon et un théâtre privé à Popincourt
  57. Allusion discrète au double visage de Hébert qui « ne pensait pas comme il écrivait ».
  58. Sophie Marie-Louise de Chaponay de Morancé avait épousé Alexandre Charles Bénigne de Jaucourt dont elle était séparée depuis dix ans. Fille unique et orpheline, elle menait une vie indépendante, cultivant les muses et entretenant des relations étroites avec le chevalier Michel de Cubières, secrétaire général de la Commune hébertiste. Ne bénéficiant plus des gros revenus de ses plantations aux Antilles, Mme de Jaucourt vivait sur un train plus modeste, se partageait entre son hôtel particulier de la rue de Vaugirard, n 1497-1499, et une petite maison de campagne, « habitation simple et philosophique » sur les hauteurs de Romainville. Arrêtée sur dénonciation du citoyen Stanley, du Comité de la section Mutius Scoevola, elle fut incarcérée le 18 septembre 1793 à la caserne de Vaugirard comme « soupçonnée d’avoir des parents émigrés ». Une lettre adressée le 18 frimaire an II à Hébert, dans laquelle elle demandait justice et liberté, fut interceptée par le Comité de sûreté générale. Il s’en fallait de peu qu’elle ne fût impliquée dans le complot des Hébertistes et c’est dans ces circonstances que Ferrières-Sauvebeuf attira l’attention sur elle. Elle dut attendre le 24 vendémiaire an III pour obtenir sa liberté.
  59. Impliqué dans l'affaire de Danton, Pierre Marie Lhuillier, président du directoire du Département, se suicida.
  60. La duchesse de Mortemart, fille du duc de Brissac, l’amant de Mme du Barry, massacré à Versailles
  61. Fille du maréchal de Stainville, Melle de Choiseul dont la mère était détenue dans un couvent par ordre du clan choiseul, avait elle-même vécu dans un couvent avant d’épouser le prince Joseph de Monaco dont elle eut plusieurs enfants qui étaient encore en bas âge au début de la Révolution. Emigée en Italie où Mme Vigée-Lebrun la rencontra, la princesse revint en France et fut arrêtée une première fois. Sous le coup d’un nouveau mandat d’arrêt, elle se cacha, mais, découverte, elle fut envoyée à Sainte Pélagie sous le nom de la citoyenne « Caroline Monaco ». Elle fut transférée aux Anglaises où on vint la chercher le 8 thermidor an II pour comparaître au Tribunal. Son exécution retardée de vingt- quatre heures, eut lieu place du Trône, au moment où, à l’Hôtel de Ville, les Robespierristes étaient arrêtés.
  62. Geneviève de Grammont, comtesse d’Ossun, suivit la faille royale aux tuileries. Citée avec la duchesse de Polignac dans les pamphlets hostiles à Marie-Antoinette, arrêtée au lendemain du 20 juin 1791, comme complice du départ de la famille royale, relâchée. Arrêtée et détenue aux Oiseaux rue de sèvres. Exécutée avec la princesse de Monaco le 9 thermidor an II

Références

  1. Marie-Geneviève de Vassan-Mirabeau avait épousé le marquis de Ferrières-Sauvebeuf. Voir Paul Huet, Histoire généalogique des Ferrières-Sauvebeuf, Abbeville, 1903.
  2. Roman d’Amat, notice « Ferrières-Sauvebeuf »
  3. Observations sur les Mémoires de M. le Comte de Ferrières-Sauvebeuf, Paris, 1790.
  4. L'Année littéraire, 1790, t. 290.
  5. Beugnot, Revue française, 1838, t. IX-X, p. 270.
  6. Voir à son sujet les importantes recherches de Arnaud de Lestapis publiées dans les Annales historiques de la Révolution française, 1953, p. 104-126 et 316-379.
  7. Diane-Adélaîde de Rochechouart-Mortemart, duchesse Florent du Châtelet-Lomont
  8. Cité par Olivier Blanc, « les Indics de la Révolution », L’Histoire, 1983. Voir de même auteur La Corruption sous la Terreur, Paris, 1992.
  9. Voir sur ces dames les travaux de Arnaud de Lestapis, « Un grand corrupteur, le duc du Châtelet », AHRF, 1953

Brochures

  • Louis-François de Ferrières-Sauvebeuf, Mémoires de voyage..., Paris, 1790.
  • Adieux de Ferrières Sauvebeuf à Lecointre de Versailles (an III).
  • Aux citoyens jurés du Tribunal révolutionnaire, (Paris), le 17 frimaire an II.
  • Ferrières-Sauvebeuf à Lecointre de Versailles, an III. (attestation des gardiens de la Force en sa faveur)
  • Maurice Tourneux, IV, 22704 à 22707
  • Alexandre Tuetey, Répertoire des sources manuscrites de l’histoire de Paris pendant la Révolution, volumes, IX, X et XI.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Louis-François de Ferrières-Sauvebeuf de Wikipédia en français (auteurs)

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