- Dom Gerle
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Christophe Antoine Gerle
Antoine Christophe Gerle, dit « dom Gerle », né à Riom, le 25 octobre 1736, mort à Paris, le 17 novembre 1801 est un religieux français de l'Ordre des Chartreux, et un député de l'Assemblée Constituante lors de la Révolution Française.
Sommaire
Carrière religieuse
Sous l’Ancien Régime, Christophe Antoine Gerle rejoint tôt dans sa vie l'Ordre des Chartreux. Il est élu coadjuteur, en 1770 et procureur en 1773.
Il est nommé prieur de la chartreuse de Laval-Dieu, à Perche, puis moine prieur à Pont-Sainte-Marie, près de Pontgibaud et Moulins en 1788. Puis le chapitre général le désigne comme visiteur d'Aquitaine, en février 1789.
Carrière politique sous la Révolution
Le bailliage de Riom l’élit député suppléant du clergé aux États généraux, en décembre 1789, il y siège en permanence après la démission d’un titulaire. Sur le tableau de Jacques-Louis David le Serment du Jeu de paume on aperçoit dom Gerle, celui-ci était absent lors du Serment du Jeu de paume, le peintre de la Révolution a donné libre cours à son imagination. Il siègera plus tard lors de l'Assemblée Constituante. Gerle est alors très populaire.
Il s’enthousiasme pour la Révolution. Il proposera à l’Assemblée Constituante un texte tendant à reconnaître que le catholicisme demeure religion d’État, sa proposition est rejetée, l’Assemblée considérant que ses pouvoirs ne peuvent s’exercer sur les consciences et sur les opinions religieuses, que la majesté de la religion et le respect qui lui est dû ne permettent pas d’en faire l’objet d’une délibération. Et dans le même élan, l'Assemblée repousse sa motion réclamant une indépendance spirituelle en vertu des dispositions de l’article 10 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Il aurait également proposé la laïcisation des prêtres qui abandonneraient la prêtrise.
Il fut membre du club des Jacobins (dont il fut question de l'exclure) et fut l’ami de Maximilien de Robespierre. En 1791, il est élu évêque de Meaux, mais refuse cet évêché. En novembre 1793, il abjure la prêtrise ; il fut en effet compromis dans plusieurs affaires de mysticisme, dans les salons de la duchesse de Bourbon, Bathilde d'Orléans, avec Pierre Pontard, que certains contemporains présentent comme son rival[1].
Il est en particulier proche de Suzette Labrousse, mais surtout en 1793-1794 de Catherine Théot, qui se faisait appeler « la Mère de Dieu ». Il se dit l'« apôtre d'un mysticisme chrétien révolutionnaire ».
Scandales ésotériques
Pendant la période révolutionnaire, Gerle développe un goût prononcé pour le mysticisme lié avec des idées réformatrices, appuyant les prophéties de Labrousse. En juin 1790 Dom Gerle portera les dires de Suzette Labrousse aux Jacobins et voulu la faire présenter à l'Assemblée mais ils s'y ridiculisèrent face aux Girondins[2]. Dom Gerle racontera qu'elle aurait prophétisé en 1769, qu'il devra faire partie d'une Assemblée nationale, et il aurait déclaré que la constitution civile du clergé fait partie des plans de Dieu, rapportés par Suzette Labrousse.[3] Il demandera alors à l'Assemblée Constituante d'accorder sa protection à celle-ci. Lui et Labrousse voient en Robespierre un messie.
Gerle est invité dans les salons ésotériques de la duchesse de Bourbon, logera avec un docteur spirite, puis, comme Robespierre, dans la maison d'un ébéniste, où ses tendances au mystique sortent renforcées. Il y entend les délires de Catherine Théot, bonne-soeur devenue prophétesse, se réclamant du titre de "Mère de Dieu" (la Sainte Vierge) et de "Nouvelle Eve".
Ses adversaires, désireux de présenter les Jacobins comme déistes non chrétiens lui reprocheront longtemps ces liens avec des prophétesses et ses conspirations. Il est vite accusé par Alexis Vadier de fomenter avec Catherine Théot un culte "Théotiste", sources d'intrigues et de complots à la solde de Robespierre. Accusé complot contre-révolutionnaire, il est arrêté avec ses complices le 17 mai 1794. Oublié pendant la Chute de Robespierre, il retrouve la liberté grâce à la loi d’amnistie votée le 25 octobre 1795 par la Convention thermidorienne.
Carrière sous le Directoire
Catherine Théot mourut en prison, mais Gerle fut gracié par le Directoire. Il devient l'un des rédacteurs du Messager du soir et rejoindra les bureaux de Pierre Bénézech (1775-1802), au Ministère de l’Intérieur.
Ayant renoncé à ses vœux de célibat, il est supposé qu'il se soit marié avec sa concubine Christine Raffet, la tante de l'artiste Denis Raffet. La date de sa mort est incertaine.
Références
- ↑ [1]
- ↑ http://books.google.fr/books?id=YFtgT8KFwS8C&pg=PA299&lpg=PA299&dq=Suzanne+Labrousse+&source=web&ots=qfG4B_IzLl&sig=9HswXjAR_-ebp_LixcH_f0D2EYw&hl=fr
- ↑ « Tu survivras, religion sainte que j’adore, à la perte des ministres prévaricateurs ! Aussi c’est avec délices que je parcours les prophéties que contiennent les livres sacrés, et c’est avec effusion de cœur que je publie des prédictions qui m’en font entrevoir l’accomplissement prochain. Non, la religion ne périra pas, au contraire, c’est des débris même du clergé que vont sortir les saints, les hommes de Dieu, les apôtres et les vrais disciples du Sauveur ! » Journal prophétique,1re semaine de mars 1792, p. 91.
Sources
- Jean Tulard, Jean-François Fayard et Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française. 1789-1799, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1987,1998 [détail de l’édition]
- Histoire parlementaire de la Révolution française, ou, Journal des Assemblées Nationales, Tome 33e, Philippe-Joseph-Benjamin Buchez, Pierre Célestin Roux, 1837 Google Book
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