Le cheval de trait

Le cheval de trait

Cheval de trait

Cheval de trait sur une île en 2007

Un cheval de trait, parfois nommé cheval lourd, est à l'origine un cheval appartenant à une race puissante et de grande taille, sélectionnée pour ses aptitudes à la traction de véhicules et de matériaux de toutes sortes. La majorité des races de chevaux de trait n'existaient pas avant le XVIIIe siècle. En Europe, ces races furent sélectionnées pour les besoins militaires et notamment pour tirer les chariots d'artillerie lourde, puis pour les travaux agricoles lorsque le matériel et les charrues se perfectionnèrent, au cours du XIXe. Ces chevaux effectuaient également le halage et le déplacement de véhicules hippomobiles pour le transport de personnes ou de matériaux. Ils sont principalement présents en Europe, aux États-Unis, en Australie et au Japon. Avec la disparition de la traction hippomobile au profit de la motorisation, le terme de cheval de trait disparut en France au profit de celui de cheval lourd et l'élevage de ces animaux fut réorienté vers la production de viande pour la consommation humaine, permettant ainsi de sauvegarder le capital génétique des neuf races de chevaux trait françaises alors que la plupart de ces races disparurent des pays européens, faute de demandes. Le cheval de trait a retrouvé son ancien nom et certaines de ses anciennes fonctions avec le renouveau de l'équitation de loisir. Il reste néanmoins majoritairement élevé pour la production de viande à destination des boucheries et son utilisation moderne pour l'attelage, le débardage, les travaux agricoles ou l'entretien des espaces verts reste assez marginale. Un cheval sur quatre né en France est un cheval de trait.

Sommaire

Description

Comparaison entre la morphologie d'un cheval de trait percheron et d'un cheval léger de type quarter horse
Article connexe : Morphologie (cheval).

Bien que le terme de « cheval de trait » puisse à priori évoquer n'importe quel cheval employé pour la traction hippomobile, les chevaux de trait forment un ensemble de races qui ont pour points communs leur grande taille (de 1,60m à 1,80m voire plus), leur poids important (600 à 1000kg, voire plus) et une morphologie bréviligne extrêmement puissante. Ils ont généralement des épaules verticales, un dos court et une croupe très musclée qui facilitent leurs actions de tractionneurs. De plus, une caractéristique commune à la majorité des chevaux de trait est leur ossature lourde et la présence de fanons abondants au bas de leurs jambes. Ces chevaux possèdent la plupart du temps un profil rectiligne ou convexe.

Les chevaux de trait appartiennent habituellement aux races dites « à sang froid », à l'exception de certains chevaux de trait léger. Les chevaux de trait croisés avec des chevaux légers donnent de la taille et du poids à leur descendance, et tendent à augmenter la puissance et la « portée » des mouvements de l'animal.

Origine du cheval de trait

Le cheval fut un animal de trait bien avant d'être une monture. En effet, les plus anciennes traces de domestication du cheval prouvent que le premier emploi de cet animal fut la traction de chars funéraires, bien avant la généralisation des cavaliers. Dès l'Antiquité, les Romains mentionnent une race chevaline massive et apte à la traction sous le nom d'equus magnus.

Avant l'invention du collier d'épaule, le bœuf était préféré au cheval pour la traction de matériel agricole. Les chevaux de traction n'avaient pas non plus le modèle très massif qu'on leur connaît aujourd'hui. De nombreuses races de chevaux de trait, animaux de grande taille avec des jambes massives et des fanons abondants, sont censées être les descandantes des destriers de guerre qui portaient les chevaliers et leurs armures au Moyen Âge, bien que d'autres ouvrages contestent cette filiation. Le Great horse, un cheval anglais de robe généralement noire très apprécié comme monture de guerre, serait ainsi à l'origine des races du Frison et du Shire[1]. L'arrivée de l'artillerie sur les champs de bataille rendit les lourds destriers inutiles à la guerre, cependant, kes chevaux de trait restaient nécessaires pour déplacer les lourdes pièces d'artillerie.

Labour traditionnel avec une paire de chevaux de trait en Allemagne

Les chevaux furent reconvertis dans l'agriculture où leur grande force et leur docilité firent merveille[1]. Le cheval a l'avantage d'être plus vif et plus maniable que le bœuf devant une charrue.

Halage avec des chevaux de trait

L'emploi de chevaux de trait s'est développé durant la révolution industrielle pour le transport et notamment le halage en transport fluvial avec le développement de réseaux de canaux aux XVIIIe et XIXe siècle (voir L'utilisation des canaux lors de la révolution industrielle). Il a accompagné largement la mécanisation de l'agriculture. Dans les pays développés, leur utilisation pour le travail a ensuite pratiquement disparu dans les domaines agricole et militaire, ainsi que dans le transport face à la généralisation de la motorisation, et ne subsiste pratiquement que dans le domaine du loisir. Il reste important dans certains pays en voie de développement concurremment avec celui d'autres animaux de trait comme le bœuf, le buffle, le zébu, le dromadaire, voire l'éléphant.

Histoire du cheval de trait en France

Article connexe : Traction hippomobile.

Les chevaux ont été de tous temps utilisés pour la traction en France. Dès le Moyen Âge, on distinguait clairement le cheval de travail, un animal de basse qualité destiné à être exploité, du destrier, animal noble et de prestige[2]. Durant le XVIIe, la mise en place du réseau routier permit aux véhicules hippomobiles de circuler plus facilement et développa donc l'élevage de chevaux destinés à la traction[2]. A la même époque, Colbert créa les haras nationaux pour développer et organiser l'élevage des chevaux, entre autres celui des chevaux de trait. Les races commencèrent alors à se spécialiser grâce aux sociétés des écuyers[2]. Au XIXe, on recensait 80 000 chevaux de traction dans les rues de Paris, tirant les omnibus et les tramways[2]. De nombreux accidents conduisirent à la création de la S.P.A.[2].

Fin de la traction chevaline

Le cheval de traction disparut progressivement des villes dès les années 1920, remplacé par des engins motorisés[2]. Le cheval militaire vit son avenir sérieusement compromis durant la première guerre mondiale et cessa définitivement d'être utilisé après la seconde. On se souvient des images fortes de chevaux de soldats attaqués lors de manifestations de rues[2]. Au cours des années 1950, le cheval de trait agricole cesse d'être rentable lui aussi, concurrencé par le tracteur[2]. Après la Seconde Guerre mondiale, en Europe, la plupart des utilisations de chevaux de trait en comme animal de travail avaient définitivement disparu.

Viande chevaline

Boucherie chevaline à Pézenas, dans le Languedoc
Articles détaillés : Viande de cheval et Hippophagie.

En 1970, toutes les races de trait étaient en voie de disparition[2] et la production de viande devint le seul et unique débouché viable pour l'élevage. Seules quelques petites exploitations agricoles gardèrent une ou deux juments, « par passion plus que par raison »[3]. C'est la boucherie chevaline qui assura, paradoxalement, une partie de la sauvegarde des races de chevaux de trait en gardant leur capital génétique intact. Ce changement a eu pour conséquence un alourdissement des morphologies au détriment des aptitudes physiques : le modèle de nombreux animaux, autrefois puissant et sportif, devint celui de « bêtes à viande » énormes et pataudes, affectueusement surnommées les « gros pépères » ou les « gros nounours ». Un arrêté du 24 aout 1976, paru dans le journal officiel, renomma toutes les races de « chevaux de trait » françaises en « chevaux lourds » et obligea les éleveurs à sélectionner des étalons reproducteurs les plus gros et les plus lourds possibles. Les haras nationaux achetèrent et approuvèrent uniquement ce type d'étalon destiné à la production de viande[4]. La relance de la filière viande chevaline en France a toutefois échoué comme au XVIIIe siècle car il existe désormais une sérieuse concurrence venue de l’Argentine et de l’Europe de l’Est et la majorité des viandes vendues sont importées[2], de plus, la consommation a très fortement baissé car de nombreuses personnes s'opposent à l'idée de manger du cheval. En 1964, il y eut 110 290 tec de viande consommée pour 21 190 en 2007. Toutefois, depuis la création de l'interprofession de la viande chevaline en 2002, la consommation a augmenté de 3%.

Les professionnels de la filière viande chevaline soutiennent que cette activité est indispensable au maintien des races de trait et pour garder un cheptel non-consanguin[5]. L'élevage des chevaux de trait pour la viande permettrait aussi de valoriser les pâturages des zones difficiles avec des bovins et des ovins[6]. Un foyer sur cinq consomme de la viande de cheval en France, et un sur trois dans les régions du Nord[5].

Relance de l'équitation de loisir et de travail

Cheval de trait ardennais harnaché pour le labour
Cheval de trait sur un chantier de débardage en Haute-Loire.

Au début des années 1990, l'équitation de loisir connut un nouveau souffle tandis que la consommation de viande de cheval ne faisait que diminuer. Le 11 mars 1994, le journal officiel publia un nouvel arrêté redonnant au « cheval lourd » son ancien nom de « cheval de trait » et en 1996, un autre arrêté interdisit la caudectomie, c'est à dire la coupe de la queue chez les chevaux de trait nés en France[2]. Les éleveurs purent à nouveau s'orienter vers la production d'animaux sportifs destinés aux loisirs ou au travail, que les haras nationaux se mirent à acheter de nouveau[7]. Ce renouveau du cheval de trait dans la société occidentale semble liée aux mouvements écologistes et au développement durable, ainsi qu'à la recherche de nouveaux modes d'occupation de l'espace non polluants[2]. Ainsi, la ville de Saint-Dié a acquit des chevaux de trait pour le débardage[2] et depuis plusieurs années, Disneyland Paris possède la plus grande écurie de percherons en France[2].

Le cheval de trait représente désormais le retour à la nature et à un « passé idéalisé »[2]. Les voyages en roulotte liés à la culture du momadisme et les fêtes médiévales sont également liés au retour du cheval de trait[2]. Le développement des expériences pour réhabiliter le cheval de trait font de cet animal une passerelle entre le monde citadin et le monde rural, et entre tradition et modernité[5]. Le cheval de trait est ainsi de retour dans des activités de services urbains, de transport des personnes, et de travail, il sert également à la réinsertion sociale et à l’insertion des personnes handicapées[5]. Les reprises d'activités de travail avec des chevaux de trait sont peu nombreuses mais notables. Il y a environ 100 entreprises de débardage en France, soit beaucoup moins qu'en Allemagne (3 000) et en Belgique (2 000)[2]. Les chevaux de trait sont également de retour dans les vignes où leur utilisation permet de ne pas tasser le sol, on compte environ 30 animaux employés pour cette activité[2]. L'utilisation des calèches en ville est difficile à la fois à cause de la circulation et en raison des longs temps de pause exigés par la S.P.A. pour le confort des chevaux. Le ramassage des ordures avec un véhicule hippomobile a été mit en place ans plusieurs villes, dont les parcs de Lyon, et s'inscrit dans une démarche de développement durable[2].

Effectifs actuels

Actuellement, un cheval né en France sur quatre est un cheval de trait[5] , pourtant, les neuf races de chevaux de trait françaises ont chacune moins de 5 000 femelles capables de se reproduire et sont de ce fait considérées comme des races locales menacées d’abandon[5], les régions Aquitaine, Auvergne, Limousin, Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes ont enregistré 7 288 immatriculations de chevaux de trait en 2006 pour 14 146 sur toute la France, soit 51,5% du cheptel[5]. L'utilisation de chevaux de trait pour les loisirs reste largement minoritaire en France car 98% du cheptel de trait est à vocation bouchère et 88% d'entre eux sont envoyés à l'abattoir avant l'âge de 18 mois[8]. 2% des chevaux de trait sont donc destinés aux loisirs ou au travail.

Avenir du cheval de trait

Un autre créneau possible pour le cheval de trait est l'agriculture biologique, car si les agriculteurs n'utilisent aucun produit chimique, ils ont tout de même besoin d'effectuer des passages dans leurs champs[2]. Certains écologistes pensent aussi que lorsque les énergies fossiles seront épuisées, le cheval de trait retrouvera une place importante au sein de notre société[2]. Certains problèmes restent toutefois à résoudre : on ignore si le crottin de cheval peut produire du bio gaz et si ces animaux émettent du méthane comme les ruminants. Les carcasses de chevaux morts posent aussi problème car certaines personnes souhaitent que cet animal soit enterré dans leur jardin[2] alors que la règlementation l'interdit. De plus, le cheval à un cout d'entretien conséquent puisqu'il consomme l'équivalent de sept calories végétales pour produire une calorie animale[2].

Cheval de trait dans le monde

Dans les sociétés du Sud, le cheval de trait est toujours présent[2] où il représente le taxi des pauvres et des touristes[2].

Principales races de chevaux de trait

Article connexe : Liste des races chevalines.
Article détaillé : catégorie:Cheval de trait.

Chevaux de trait français

Un percheron, race de cheval de trait originaire du Perche en Normandie, actuellement la plus répandue au monde

Les races de chevaux de trait français sont au nombre de neuf, elles toutes issues de différentes régions (berceaux d'élevage) comme leur nom l'indique. Le percheron est la race de trait la plus répandue au monde. L'ardennais, également élevé en Belgique, est originaire des Ardennes, l'auxois de la Bourgogne, le boulonnais de la région de Boulogne-sur-mer, le breton de Bretagne, le cob normand et le célèbre percheron de Normandie, le comtois de Franche-Comté, le poitevin mulassier du Poitou et le trait du nord du Nord-Pas-de-Calais.

Chevaux de trait

Notes et références

  1. a  et b Le Shire, du cheval de guerre au cheval de trait
  2. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n , o , p , q , r , s , t , u , v , w , x  et y [pdf]Sylvie Brunel et Bénédicte Durand Le cheval, une énergie d'avenir ? rapport d'une conférence du festival international de géographie à Saint-Dié-des-Vosges, 2007
  3. Erreur de citation : Balise <ref> incorrecte ; aucun texte n’a été fourni pour les références nommées France_traits.
  4. Erreur de citation : Balise <ref> incorrecte ; aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Agri2.
  5. a , b , c , d , e , f  et g La viande chevaline, un patrimoine indispensable et juridiquement encadré. Consulté le 25 août 2009
  6. Martin-Rosset W. et al., « Exploitation du pâturage par le cheval en croissance ou à l’engrais », dans Le Cheval, 1981 
  7. Marcel Mavré, Attelages et Attelées: Un siècle d'utilisation du cheval de trait, France Agricole Editions, 2004, 223 p. (ISBN 9782855571157), p. 33 
  8. Institut de l'élevage

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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