Jean Law

Jean Law

John Law de Lauriston

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John Law

Jean ou John Law de Lauriston (21 avril 1671, Édimbourg - 21 mars 1729, Venise) est un aventurier, banquier et économiste écossais — Le nom du banquier se prononçait Lass en français et en écossais au XVIIIème siècle, car le "w" était confondu avec deux "s".

Il fut ministre des finances du royaume de France qui lui doit l'introduction du billet de banque. Son idée économique est que l'argent est un moyen d'échange et ne constitue pas une richesse en soi. La richesse nationale dépend du commerce. Il est le père de la finance et de l'utilisation du papier-monnaie à la place du métal et des factures.

Sommaire

Sa vie d'avant 1715

Fils d'un orfèvre d'Édimbourg, très influent dans sa corporation et qui savait mener avec brio des opérations de change aussi complexes que risquées, ce qui sans doute fut à l'origine de la propre vocation de banquier et de preneur de risques de John Law. Il est aussi joueur et possède d'étonnantes capacités de calcul mental. À 17 ans, il hérite de la fortune de son père.

Le 9 avril 1694, lors d'un duel, il tue son adversaire, Edward Wilson, pour obtenir les faveurs d'Elizabeth Villiers, plus tard Comtesse d'Orkney. À 23 ans, il est jugé coupable et condamné à mort par pendaison. Du fait qu'il s'agit d'un homicide involontaire, la peine est commuée en amende, mais le frère de Wilson fait appel et Law est condamné à une peine de prison. Il échappe à cette nouvelle sentence en s'enfuyant à Amsterdam, où il se met à étudier la banque.

Il publie plusieurs essais théoriques sur la masse monétaire dans l'économie, mais ses écrits n'ont pas un grand retentissement. Pendant vingt ans, il va parcourir l'Europe — Amsterdam, Paris, Genève, Venise... — pour proposer ses idées, mais elles sont partout rejetées. À Venise, il étudie les jeux d'argent et ses observations lui permirent d'accumuler méthodiquement une fortune considérable. Toujours à Venise, il s'initia aussi aux techniques bancaires les plus évoluées de l'époque. Il observa que les négociants vénitiens se séparaient facilement de leur monnaie d'or et d'argent pour prendre du papier afin de faciliter leur affaires et ainsi d'accroître leurs profits.

Il mûrit alors l'idée de créer une banque dans l'un des multiples royaumes européens qui n'en possédaient pas. Les banques commerciales qui fonctionnaient déjà à Amsterdam, à Nuremberg, à Stockholm et à Londres émettaient des billets à ordre en échange de dépôts en monnaie métallique ce qui assurait la convertibilité des billets à tout moment, gage de sécurité pour les clients, mais interdisait à la banque de prêter à grande échelle.

Pour se différencier, il imagine de garantir ses billets par les revenus d'une certaine quantité de terres agricoles constituant le capital de base. La convertibilité à tout moment, contre des espèces sonnantes et trébuchantes, ne serait pas garantie, mais les clients auraient l'assurance que la valeur indiquée sur chaque billet émis correspondait bien à une richesse foncière existante. Ce système est une véritable révolution et un premier pas vers l'abandon de l'or et de l'argent comme uniques moyens de paiement.

Son système, où une nouvelle monnaie, indépendante de l'or et de l'argent, pouvait prendre le relais, correspondait alors à un véritable besoin des économies européennes de disposer de beaucoup plus de moyens de paiement, et en même temps plus souples. L'Europe est alors à la veille de sa révolution industrielle. Or, les arrivages de métaux précieux, notamment en provenance des Amériques, étaient de moins en moins abondants, la monnaie devenait rare et les économies s'ankylosaient, ce qui confirmait les théories mercantilistes selon lesquelles, la prospérité est fonction de la quantité d'or et d'argent en circulation. Un autre avantage de son système était de pouvoir régler l'émission de la nouvelle monnaie en fonction des besoins de l'économie et de l'État.

Il fait une première proposition au roi de Sicile qui est rejetée ce qui l'incite à venir en France. En 1708, une première proposition est rejetée par le vieux roi Louis XIV qui se méfia de lui car John Law n'était pas catholique.

Le système de Law (1715-1720)

Article détaillé : Système de Law.

En 1715, l'année de la mort de Louis XIV, Law revient en France pour offrir ses services en tant qu'économiste à Philippe d'Orléans. La situation financière du pays était dramatique. La dette de l'État français était considérable, car l'ancien roi avait énormément dépensé dans les guerres et les constructions, de plus quelques dizaines de financiers s'étaient fortement enrichis aux dépens du royaume et étaient toujours à l'affût de quelques bonnes affaires. Les ministres et les personnalités influentes ne proposaient que des solutions de replâtrage. Le régent se décide alors à suivre les audacieuses théories de Law qui semblent lui permettre de régler le problème de l'endettement et de relancer vigoureusement l'activité économique du pays.

John Law est autorisé à créer en 1716 la Banque générale et à émettre du papier-monnaie contre de l'or. Le régent lui-même participe à la souscription des actions de la nouvelle banque. Il ne s'agissait pas d'une banque foncière mais d'une banque ordinaire, sur le modèle hollandais, qui échange des dépôts de monnaie métallique contre des billets, sans frais de courtage, les bénéfices étant obtenus grâce au change et aux opérations d'escompte. Le succès fut rapidement au rendez-vous car la monnaie émise était plus pratique pour les négociants. La banque commença à accroître le volume de ses émissions, imprimant plus de papier-monnaie qu'elle n'avait réellement d'or et d'argent en dépôt. À ce niveau la création monétaire était garantie par divers revenus que la banque pouvait s'assurer grâce à l'appui du Régent.

En 1717, pour se lancer lui-même dans le grand commerce avec l'Outremer, John Law crée la Compagnie d'Occident, après avoir racheté la Compagnie du Mississippi, créée en 1713 par le financier Antoine Crozat et responsable de la mise en valeur de la grande Louisiane française. Une vaste opération de propagande en faveur de la colonisation est lancée. John Law fait valoir auprès du grand public qu'il a lui-même investi dans un immense domaine en Louisiane, juste pour donner confiance car il n'a jamais eu l'intention de développer quoi que ce soit là-bas.

En 1718, la Banque générale devient Banque Royale, garantie par le roi. En 1719, la Compagnie d'Occident absorbe d'autres compagnies coloniales françaises, dont la Compagnie du Sénégal, la Compagnie de Chine et la Compagnie française des Indes orientales, et devient la Compagnie perpétuelle des Indes. La nouvelle compagnie dispose d'une souveraineté de fait sur le port de Lorient qui connaît alors une activité commerciale sans précédent. Toujours en 1719, la Compagnie renégocie pour le compte du royaume la multitude de rentes dont il est redevable qu'elle obtient aux meilleurs taux. Elle offre au royaume de lui prêter 1 200 millions de livres nécessaires à cette vaste opération de rachat, contre une annuité égale à 3 % du total. Quant aux règlements, ils se font en billets de banques. Les nouvelles souscriptions sont très bien accueillies alors que les nouveaux billets ont une valeur supérieure à leur équivalent en monnaie métallique, ce qui engendre un début d'inflation cachée par l'appréciation des billets-papier. Seuls les plus importants possesseurs de ces billets commencent à avoir des craintes.

En août 1719, la compagnie obtient de l'État le privilège de percevoir les impôts indirects et celui de la fabrication de la monnaie. En 1720, la Banque royale et la Compagnie perpétuelle des Indes fusionnent et John Law en est nommé Contrôleur général des finances le 5 janvier, puis surintendant général des Finances. Ce mois-là, plus d'un milliard de livres de billets de banque sont émis et le capital de la banque se monte à 322 millions de livres. Cependant la fin du système Law est proche ; les ennemis de John Law — parmi eux se trouvent le duc de Bourbon et le prince de Conti — poussent à une spéculation à la hausse dans le but de faire s'effondrer le système. Le prix des actions passe de 500 livres à 20 000 livres. Puis certains des plus gros possesseurs de billets commencent à demander à réaliser leurs avoirs en pièces d'or et d'argent, ce qui fait immédiatement s'écrouler la confiance dans le système. Dès le 24 mars, c'est la banqueroute du système de Law. Les actionnaires se présentent en masse pour échanger le papier-monnaie contre des espèces métalliques que la société ne possède plus. Plus personne n'a confiance ; la banqueroute du système aura ruiné certains spéculateurs mais aura développé un boom économique durable, en favorisant le commerce extérieur. En outre, la dette française est presque effacée et les actionnaires ont, dans l'ensemble, récupéré la valeur des actions en équivalent (devise) de l'époque.

La fuite

En décembre 1720, John Law ruiné est obligé de s'enfuir du royaume. Sous la protection officieuse du Régent, Law est contraint de se réfugier à Venise.

Son système a ruiné bon nombre d'actionnaires, en a enrichi quelques autres, et a fait perdre confiance dans le papier-monnaie et dans l'État. Cependant, son système, en assainissant la dette de l'État en la faisant prendre en charge par de nombreux épargnants, a sauvé l'économie de la France en un moment où le pays était paralysé par l'endettement généralisé et par la pénurie des liquidités. Les agents économiques ont été libérés de l'endettement chronique et l'inflation a permis d'alléger les dettes privées d'au moins 50 %. Les grands perdants ont été les rentiers — hors immobilier — mais a contrario les petites gens ont vu leur situation générale s'améliorer.

Après la mort du régent en décembre 1723, John Law se retrouve sans protecteur. Il vit ses dernières années abandonné de tous et presque sans ressources. Après un séjour en Bavière, il revient à Venise, où il meurt le 21 mars 1729, d'une pneumonie, suite d'un coup de froid contracté en passant en gondole sous le pont du Rialto. Il est inhumé dans l'église San Moisè.

Œuvres

  • Considérations sur le numéraire et le commerce (1720)
  • Traité des abeilles, ou l'on voit la véritable manière de les gouverner et d'en tirer du profit (1720)

Articles connexes

Sources de l'article

  • Science-Vie économie n°18 du 16 juin 1986.

Bibliographie

  • Arnaud de Maurepas, Antoine Boulant, Les ministres et les ministères du siècle des Lumières (1715-1789). Etude et dictionnaire, Paris, Christian-JAS, 1996, 452 p.

Liens externes

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Marc-René de Voyer de Paulmy d'Argenson (1652-1721)
contrôleur général
des finances
Félix Le Peletier de la Houssaye
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