- Jacques Hébertot
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Jacques Hébertot (né André Daviel à Rouen le 28 janvier 1886 et mort à Paris le 19 juin 1970) était une personnalité du monde artistique et culturel français, directeur de théâtre, journaliste et éditeur.
Sommaire
Biographie
1886-1903
La famille d'André Daviel compte parmi ses ancêtres le médecin Jacques Daviel, illustre pour avoir été l'ami de Denis Diderot, le chirurgien de Louis XV et surtout pour avoir pratiqué l'opération de la cataracte, ainsi qu'Alfred Daviel, avocat et magistrat, ministre de la Justice en 1851, puis sénateur de l'Empire et premier président honoraire de la Cour d'appel de Rouen, spécialiste du droit coutumier normand. Il suit des études à Rouen au collège catholique Join-Lambert, puis dans divers collèges parisiens.
1903-1914
Résolument anti-conformiste, il court, dès qu'il le peut les théâtres de Paris et ne tarde pas à se mêler aux jeunes des milieux artistiques et aux poètes de l'époque. Ses ambitions artistiques et littéraires inquiètent son père qui craint pour le renom de sa famille. C'est ainsi qu'en 1903, André Daviel devient, à 17ans, Jacques Hébertot : Jacques, en référence au prénom de son ancêtre médecin, Hébertot parce qu'il apprécie le nom de ce petit village du pays d'Auge, proche de la propriété familiale sise au hameau de "Beaumoucel" à quelques distance de Beuzeville. Il recueille ses premiers succès avec une Ballade pour le rachat de la maison de Pierre Corneille qui est primée par la Revue Picarde et Normande.Durant cette période, il écrit plusieurs pièces de théâtre, est le rédacteur en chef de La Revue Mauve , fonde la revue l'Âme Normande, publie le recueil de poèmes Poèmes de mon pays, fonde encore le Théâtre d'art régional normand. Dès 1909, à 19ans, il est membre de la Société des Auteurs. Après son service militaire, en 1911, il est engagé comme critique dramatique de la Revue Gil Blas. En 1912, il donne des conférences en Scandinavie dans le cadre de l'Alliance Française.
1914-1918
Il est mobilisé en août 1914 et son courage au feu lui vaudra d'être décoré de la Croix de Guerre.
1919-1925
En 1919, responsable d'une tournée théâtrale en Scandinavie, il rencontre le mécène Rolf de Maré et son compagnon, le danseur Jean Börlin. Rolf de Maré lui propose de se charger de présenter à Paris les Ballets suédois. En 1920, Jacques Hébertot prend la direction de l'ensemble des Théâtre des Champs-Élysées (Grand Théâtre et Comédie Montaigne) qui va accueillir les Ballets suédois (notamment illustrés par Roger Chastel) et devenir un foyer artistique extraordinaire, en particulier dans les domaines théâtral et musical, réunissant en quatre ans des personnalités exceptionnelles : metteurs en scène (Georges et Ludmilla Pitoëff, Jouvet, Baty), auteurs (Cocteau, Claudel, Cendrars, Picabia, Tchekhov, Romains, Pirandello), compositeurs (Poulenc, Milhaud, Auric, Tailleferre, Satie). Dans le domaine de la peinture, la galerie Montaigne accueille la première exposition de Modigliani et les premières manifestations Dada.
Parallèlement, il crée les revues Théâtre et Comœdia illustré,Paris-Journal, La Danse, Monsieur, avec la collaboration de Louis Aragon, Georges Charensol ou René Clair. Il installera l'impression de ces revues à l'intérieur même du théâtre.
1925-1940
A la suite de problèmes financiers Jacques Hébertot quitte le Théâtre des Champs-Elysées en 1925, abandonne la direction de la Comédie à Louis Jouvet, celle du Studio à Gaston Baty et se brouille avec Rolf de Maré. Il crée bientôt une affaire de disques et enregistre entre autres les premiers disques des Petits chanteurs à la croix de bois. Il rejoint en 1938 ses amis Georges et Ludmilla Pitoëff au Théâtre des Mathurins avec notamment la reprise de Six personnages en quête d'auteur et la création de L'Ennemi du Peuple de Henrik Ibsen. Puis, Paulette Pax, lui propose de partager durant deux années la Direction du Théâtre de l'Oeuvre.
1940-1970
Sa direction du Théâtre Hébertot
En 1940, Hébertot reprend la direction du théâtre des Arts, boulevard des Batignoles dans le XVIIe arrondissement de Paris, qu'il rebaptise théâtre Hébertot. Il y enchaîne les créations, attirant les plus grands auteurs et les plus grands comédiens. Parmi celles-ci :
- La Machine à écrire de Jean Cocteau, mise en scène par Raymond Rouleau avec Jean Marais (1941)
- Sodome et Gomorrhe de Jean Giraudoux, premier grand rôle de Gérard Philipe avec Edwige Feuillère (1943)
- Caligula, première pièce d'Albert Camus, avec Gérard Philipe (1945)
- Des souris et des hommes d'après John Steinbeck(1946)
- L’Aigle à deux têtes de Jean Cocteau avec Edwige Feuillère et Jean Marais (1946)
- L'Annonce faite à Marie, adaptée pour le théâtre par Paul Claudel, version dédiée à Jacques Hébertot (1948)
- Le Maître de Santiago d’Henry de Montherlant avec Henri Rollan et Hélène Vercors (1948)
- Les Justes d’Albert Camus, avec Serge Reggiani, Maria Casarès et Michel Bouquet (1949)
- Le Feu sur la Terre de François Mauriac avec Jany Holt (1950)
- Dialogues des carmélites de Georges Bernanos avec Tania Balachova et Hélène Vercors(1952)
- La Condition humaine d'après André Malraux (adaptation de Thierry Maulnier) avec Roger Hanin (1954)
- Procès à Jésus de Diego Fabbri (1958)
- Long voyage vers la nuit d'Eugène O'Neill avec Gaby Morlay, Pierre Vaneck et Jean Davy (1959)
- Miracle en Alabama de William Gibson adaptation de Marguerite Duras et Gérard Jarlot (1961)
- La Reine verte de Maurice Béjart, musique de Pierre Henri avec Maria Casarès et Jean Babilée (1963)
- La Collection et L'amant d'Harold Pinter mise en scène de Claude Régy avec Jean Rochefort, Delphine Seyrig, Michel Bouquet (1965)
Le Casino de Forges les Eaux ( 1952-1959 )
En Juillet 1952, parallèlement à son activité théâtrale, dans sa Normandie natale, il devient propriétaire de la station thermale de Forges-les-Eaux, bien malmenée par les quatre années d'occupation. Il entend créer un centre artistique régional et y fonder une sorte d'académie internationale : " On ira de l'Opéra au drame mystique. On jouera aussi bien du Claudel que du Meyerbeer, du Beethoven que du Strauss. Du classique et du moderne..." (Paris-Normandie 11 août 1952). Les activités vont ainsi se multiplier et Jacques Hébertot pourra aboutir un projet qui lui tient à coeur en sa qualité de parent de la neuvième des carmélites de Compiègne guillotinées, à la Révolution : Il rachète la façade abandonnée du couvent des Carmélites de Gisors, la fait démonter pierre à pierre puis remonter non loin du casino, en bordure de la route qui conduit à Dieppe.Elle y est toujours. Il devra en 1959, faute de moyens, renoncer à cette coûteuse et ambitieuse entreprise.
L'aventure du journal Artaban
A sa boulimie d'activité va s'ajouter dès le printemps 1957 l'idée d'un hébdomadaire national : Artaban ( "Parce que nous sommes fiers !") consacré aux arts en général. En dépit des inquiétudes de ses amis Albert Camus et Maurice Clavel, il se lance dans une aventure dispendieuse qui ne dépassera pas l'automne 1958 mais laissera des archives intéressantes.
Peu avant sa mort, il disait à Diego Fabbri dans une interview éditée dans le programme du spectacle Bienheureux les violents "qu'avec le théâtre, c'était la poésie qui avait été pour lui essentielle à sa vie". L'un de ses plus vieux amis poètes ne lui avait-il pas écrit jadis :"A mon vieux Jacques, de haute taille, son ami Guillaume Apollinaire"
Il est mort le 19 juin 1970."...La mort du "maître" fait l'effet d'un très vieil arbre qui s'abat au fond d'un parc de famille. Cette fois, ça y est, le théâtre de l'élite n'existe plus."[1] Il repose au cimetière monumental de Rouen dans le caveau de la Famille Pinel qui était celle de sa mère).
Metteur en scène
Bibliographie
- Antoine Andrieu-Guitrancourt et Serge Bouillon, Jacques Hébertot le magnifique[2], Paris bibliothèques, 2006 (ISBN 2843311497)
- Hommage des Poètes à Jacques Hébertot ( soixante poètes dont Jean Cocteau, Maurice Clavel, René Dorin, Guillot de Saix) Editions du Centre Flames Vives ( dépôt légal 2ème trimestre 1957)
- Juliette Goublet, Hébertot...le viking Editions du Centre Aurillac (dépôt légal 4ème trimestre 1970)
- Paris-Théâtre n°94 consacré à Jacques Hébertot et à La Condition humaine (mars 1955 )
Liens externes
- Dossier complet de Serge Bouillon sur le site de l'Association de la Régie Théâtrale
La Bibliothèque historique de la Ville de Paris conserve un fonds Jacques Hébertot qui comprend notamment des programmes, des affiches et une partie des livres de bord du théâtre Hébertot. Cette collection est entrée grâce à l'Association de la Régie Théâtrale, suite à un don de Serge Bouillon.Notes et références
- Bertrand Poirot-Delpech dans Le Monde 21 juin 1970
- les 3 premières chroniques du livre s'appuient sur une correspondance en grande partie inédite. La documentation provient essentiellement des sources suivantes : Fonds Hébertot à la Bibliothèque Nationale de France, du Fonds Hébertot du Dansmuseet de Stockholm, du Dossier Hébertot à la Bibliothèque municipale de Rouen. Pour la 4ème chronique les sources proviennent du Fonds Jacques Hébertot à l'Association de la Régie Théâtrale - Bibliothèque historique de la ville de Paris et des documents personnels de Serge Bouillon
Catégories :- Naissance en 1886
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