Ilkhanide

Ilkhanide

Houlagides

Histoire de l'Iran
Persepolis iran.jpg

Houlagides, Ilkhanides ou Ilkhans[1], (princes régionaux), en signe de sujétion au khan suprême des Mongols), dynastie fondée en Iran par Houlagou Khan (Hülegü), petit-fils de Gengis Khan, fils de Tolui et frère des khans suprêmes Möngke et Kubilai Khan.

Sommaire

Histoire

La Conquête de la Perse par les Mongols

Un archer ilkhanide. Dessin d'époque timouride, XVe siècle.

Durant l'hiver 1231, Le grand khan Ögödei lance trois tumens (30 000 hommes) commandés par Tchormaghan noïon contre le dernier Khwârazm-Shah Jalal ad-Din. Ils traversent rapidement le Khorasan et marchent sur l’Azerbaïdjan. Jalal ad-Din, affaibli par sa défaite face aux musulmans, abandonne Tabriz au printemps et fuit vers le territoire de Moghan et d’Arran, à l’embouchure de la Koura et de l’Araxe, puis à Diyarbakir. Le 15 août, il est assassiné par un paysan kurde. Tchormaghan s’installe avec ses troupes à l’embouchure de la Koura et de l’Araxe d'où il lance des raids contre l'Arménie (1233, 1239)[2]. Khorasan est confié à un commandant militaire, Tchingtemur qui met le pays à sac jusqu'à sa mort en 1235. Ögödei nomme à la place un gouverneur civil, l’Ouïgour Körguz qui redresse le pays presque totalement dépeuplé par les massacres de son prédécesseur. Éliminé par les commandants militaires à la mort d'Ögödei, il est remplacé en 1242 par Arghun agha qui continue sa politique. Après la mort de Tchormaghan en 1241, le général Baïdju prend le commandement des troupes mongoles en Iran dans la région de la basse-Koura[3]. Après la bataille de Köse Dağ le 26 juin 1243, les armées mongoles vassalisent le sultanat de Roum.

Houlagou, le fondateur

En juillet 1251, le quriltay qui porte Möngke à la tête de l'empire mongol décide de constituer un pouvoir central unitaire sur le Khorasan, l’Irak et les régions limitrophes de l’Ouest de la Géorgie. Le jeune frère du nouveau grand khan, Houlagou, est nommé à la tête de cet empire, qu’il rejoint à marche lente. Le 2 janvier 1256 il passe l'Amou-Daria pour entrer en Perse. Il reçoit les compliments du sultan de Rum et de l'atabeg du Fars[4], ainsi que l'hommage de nombreux princes d'Asie occidentale (Iraq, Khorasan, Azerbaïdjan, Arran, Chirwan, Géorgie[5]). Le 20 décembre[6], il prend Alamut, conformément à l’ordre qu’il a reçu de Möngke, et met un terme à la secte nizârite au Mazandéran. Le 21 septembre 1257, Houlagou envoi un émissaire à Bagdad qui demande au calife abbasside Al-Musta'sim, trente-septième de sa dynastie, de reconnaître la suzeraineté mongole[7]. Le prince des croyants[Qui ?] lui répond que toute attaque contre Bagdad provoquerait la mobilisation de la totalité du monde musulman, des Indes au Maghreb. Houlagou, Baïdju et le Naïman Ketboğa marchent alors vers la ville à la fin de l’année. Le calife décide de négocier, et propose à Houlagou de prononcer son nom dans les mosquées et de lui décerner le titre de Sultan. Houlagou opte pour la force. Après une dizaine de jours de siège, Bagdad est prise le 10 juillet 1258 est mise à sac. Sa population est massacrée et seul les chrétiens sont épargnés grâce à l’intercession de la femme du khan. Le dernier vrai calife abbasside, Al-Musta'sim, est exécuté par étouffement le 20 février[3]. Houlagou se rend ensuite vers Hamadhan et l’Azerbaïdjan et installe ses résidences à Tabriz et à Maragha, où il utilise les riches pâturages de Moghan et d’Arran pour faire paître ses haras sauvages.

En septembre suivant, Houlagou part pour une campagne en Syrie. Il prend Nusaybin, soumet Édesse et Harran. Alep est prise le 25 janvier 1260, puis toute la Syrie jusqu'à Gaza. L’annonce de la mort du Grand Khan Möngke fait refluer Houlagou vers l'est. Il veut soutenir Kubilai Khan dans sa guerre de succession contre Ariq Boqa. Il doit également renforcer sa frontière du Caucase avec la Horde d'Or dont le khan Berke, convertit à l'islam, n'a pas apprécié le massacre de Bagdad. Ketboğa, le lieutenant qu'il laisse en Syrie est écrasé par les Mamelouks à la bataille d'Aïn Djalout le 3 septembre.

Berke conclue une alliance avec le sultan mamelouk Baybars, d’origine Kiptchak, et déclare la guerre au Ilkhan. En novembre 1262, Houlagou lance l'offensive, franchit le passage de Derbent mais est battu par Nogaï sur les bords du Terek et doit se retirer en Azerbaïdjan. Menacé à l’est par les Djaghataïdes, alors alliés de Berke, Houlagou renonce à la conquête de la Syrie et de l’Égypte[3].

Les Ilkhans

L'empire à son apogée
Le drapeau de l'Ilkhanat

Houlagou meurt le 8 février 1265 et son fils Abaqa lui succède. Il vient d'épouser Marie, fille de l’empereur byzantin Michel VIII Paléologue et n’abandonne pas la politique amicale à l’égard des chrétiens, malgré sa préférence pour le bouddhisme[8]. Dès l'année suivante Berke passe le passage de Derbent et marche contre l’Iran. Sa mort au passage de la Koura met fin à la campagne. Abaqa lance des raids en Transoxiane (1263). Le khan de Djaghataï Barak, attaque la Perse et l’Afghanistan au début de l’année 1270. En mai, il incendie Nichapur et rançonne Herat, mais il est battu et mis en déroute par Abaqa près de Herat en juillet. Abaqa est battu par les Mamelouks à la bataille d'Elbistan en Anatolie en 1277, puis le 29 octobre 1281 près de Homs par Qala'ûn.

Abaqa meurt à Hamadan le 1er avril 1282[9]. Son frère aîné Tekudar, règne jusqu'en 1284. Il se convertit à l’islam, prend le nom d’Ahmed et le titre de sultan. Il envoie des messagers au sultan mamelouk d’Égypte pour lui faire des propositions de paix. L’empire se divise. Les commandants fidèles au grand khan, pour la plupart bouddhistes et nestoriens, portent plainte auprès de Kubilai Khan car Tekudar désire détacher son pays de l’empire mongol. Kubilai menace le souverain révolté d’une intervention armée. Le fils d’Abaqa, Arghoun, gouverneur du Khorasan prend la tête des mécontents et se révolte. Il marche sur l’Irak et rencontre Tekudar près de Qazvin le 4 mai 1284. L'issue de la bataille est incertaine.

Tekudar est victime d’un complot le 10 août 1284 et Arghoun lui succède. Il tente de s'allier aux chrétiens contre les Mamelouks et les Kiptchak, mais ni le pape Honoré IV, ni le roi de France Philippe le Bel ne répondent à ses offres d’alliance. Sous le règne d’Arghoun, l’Empire se relève. À la suite de la centralisation intense, la vie économique prend un nouvel essor. Les paysans retournent dans les villages détruits, et dans les villes l’artisanat et le commerce s’intensifient. Arghoun nomme un médecin d’origine juive Sa`d od-Daoulé gouverneur civil et ministre des finances. Haï par les seigneurs mongols, celui-ci est enlevé et mis à mort par des inconnus, alors qu’Arghoun est gravement malade et meurt le 10 mars 1291.

Les grands seigneurs de l’Empire portent alors sur le trône son frère Ghaykhatou, gouverneur de l’Asie Mineure seldjoukide. Celui-ci nomme lui aussi un civil, Ahmed el-Khâlidi, à la tête des affaires de l’État. Musulman orthodoxe, il attribue des postes d’importance à ses coreligionnaires. Les aristocrates, mécontents des mesures prises par Gaïkhatou et son gouverneur, étranglent l’Ilkhan avec la corde d’un arc, à Maghadan, en mars 1295.

Son cousin Baïdou, cédant à la persuasion, lui succède. Une insurrection éclate dans le Khorasan, essentiellement peuplé de musulmans, dirigée par le fils d’Arghun, Ghazan, sympathisant avec l’Islam et aspirant au trône. Ghazan réussit à gagner par des promesses les seigneurs féodaux soutenant Baïdou. Il prend Tauris sans coups férir[2]. Baïdou trouve la mort alors qu’il allait se réfugier en Géorgie le 4 octobre.

Division de l'empire des Ilkhans à la mort d’Abu Saïd : Jalayirides, Muzaffarides, Chupanides, Injouïdes

Le 9 novembre 1295 Arghun Ghazan est intrônisé[10]. Il mène une politique centralisatrice, notamment grâce au ministre Rashid al-Din, renforçant son pouvoir au détriment des droits des féodaux. Un nouvelle tentative de conquête de la Syrie est repoussée par les Mamelouks après la bataille de Marj as-Suffar en 1303.

A la mort de Ghazan en 1304 son frère cadet Oldjaïtou continue sa politique. Le 24 juillet 1305[11] il commence à faire construire une nouvelle capitale, Sultaniya, achevée en 1306. L'empire est alors à son apogée. Les Mongols adoptent le mode de vie des iraniens mais perdent la technique militaire et la discipline de guerre qui leur permettait de maintenir un pouvoir central fort.

A l’âge de douze ans, Abu Saïd succède à son père Oldjaïtou après sa mort en décembre 1316. Chupan,le plus puissant des féodaux, impose son autorité pendant dix ans. Le 13 juillet 1318 le ministre Rashid al-Din est mis à mort par ses adversaires. Le pays sombre dans l’anarchie féodale. Abu Saïd réussit, avec l’aide de ses fidèles, à démettre le puissant Chupan de ses fonctions 1327. A sa mort le 30 novembre 1335 le khanat d’Iran se disloque. Les princes mongols conservent l’ouest du pays, mais à l’est se sont des dynasties iraniennes qui les remplacent (comme la maison afghane des Kert).

Liste des khans mongols de Perse

Dates[12] Nom Fils de
1256-1265 Houlagou Khan Tolui Éponyme des Houlagides
1265-1282 Abaqa Houlagou  
1282-1284 Taghoudar Houlagou Tué par Arghoun qui lui succède.
1284-1291 Arghoun Abaqa  
1291-1295 Ghaykhatou Abaqa  
1295-1295 Baïdou Taragay Taragay est fils de Houlagou.
1295-1304 Ghazan Arghoun Se convertit à l’islam et prend le nom de Ghazan Mahmud.
1304-1316 Oldjaïtou Arghoun  
1316-1335 Abu Saïd Bahadur Oldjaïtou Meurt sans héritier. Dernier véritable houlagide.
1335-1336 Arpa Ka'on Sosa Descendant d'Arîq Bûkâ frère cadet de Houlagou
1336-1336 Musa Ali Ali est le fils de Baïdou (Soutenu par les Chupanides.)
1336-1338 Muhammad Yul Qutlug Descendant de Houlagou (soutenu par les Jalayirides et les Mamelouks.)
1338-1339 Togha Temür   Descendant de Jöchi Khasar frère de Gengis Khan (soutenu par les Jalayirides.)
Il règne sur le Khorasan jusqu'en 1353.
1338-1339 Sati Beg Oldjaïtou Épouse de Chupan puis d’Arpâ Ka’on puis de Sulayman
1339-1344 Sulayman Yusuf Descendant de Houlagou (Soutenu par les Chupanides.)
1339-1340 Jahan Temür Alafrang Alafrang est le fils de Ghaykhatou (soutenu par les Jalayirides.)
1344-1353 Adil Anushkirwan   Fantoche (imposteur ?) (manipulé par le chupanide Malek Achraf.)
1353-1388 Luqman Togha Temür Règne à Astrabad.

Voir aussi

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Articles connexes : Empire mongol, Timourides, Chupanides et Jalayirides.

Bibliographie

Liens externes

Notes

  1. Ilkhans en persan īlḫānīān, ایلخانیان. En arabe : ʾilḫānāt, إلخانات. En mongol : il ḫan, Ил Хан, princes régionaux
  2. a  et b Histoire de la Mongolie, par László Lőrincz Publié par Akadémiai Kiadó, 1984 (ISBN 978-963053381-2)
  3. a , b  et c René Grousset, L’empire des steppes, Attila, Gengis-Khan, Tamerlan, Payot, 1938, quatrième édition, 1965, (version .pdf) 669 p. [présentation en ligne], p. 437 
  4. E. Bretschneider, Mediaeval Researches from Eastern Asiatic Sources - Geography and History of Central and Western Asia from the 13th to the 17th Century, READ BOOKS, 2008 (ISBN 978-144372240-7), p. 116 
  5. Saraf Khan Bidlisi, Cheref-Nameh ou fastes de la nation Kourde, Adamant Media Corporation (ISBN 978-054395169-4), p. 375 
  6. Kenneth M. Setton, Harry W. Hazard, Robert Lee Wolff, Norman P. Zacour, Marshall Whithed Baldwin, A History of the Crusades : The Later Crusades, 1189-1311, Univ of Wisconsin Press, 2005 (ISBN 978-029904844-0), p. 761 
  7. E. Bretschneider, Mediaeval Researches from Eastern Asiatic Sources - Geography and History of Central and Western Asia from the 13th to the 17th Century, READ BOOKS, 2008 (ISBN 978-144372240-7), p. 118 
  8. Ephrem-Isa Yousif, Les chroniqueurs syriaques, L'Harmattan, 2002 (ISBN 978-274752709-5), p. 265 
  9. Marie-Félicité Brosset, Histoire de la Géorgie, Impr. de l'Académie impériale des sciences, 1849, p. 597 
  10. Denise Aigle, Le Fars sous la domination mongole, Peeters Publishers, 2005, 250 p. (ISBN 978-291064017-0), p. 148 
  11. Otis Ellery Taylor, Architecture of Northwest Persia Under the Īl-Khān Mongols..., University of Chicago, 1940 
  12. a  et b Généalogie d'après Charles Cawley, « Descendants of Tolui, son of Jenghiz Khan » sur Foundation for Medieval Genealogy.
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