- Ibn Taymiya
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Ibn Taymiyya
Ibn Taymiyya[1], de son nom complet Taqī ad-Dīn Abu 'l Abbās Ahmad ibn 'Abd al-Halīm ibn 'Abd as-Salām ibn 'Abdullah ibn Taymiyya al-Harrānī arabe : تقي الدين أبو العباس أحمد بن عبد السلام بن عبد الله ابن تيمية الحراني) (1263–1328), est un théologien arabe musulman, apparenté au madhhab hanbalite. Il est souvent considéré comme l'un des plus grands théologiens sunnites et l'un des maîtres du traditionalisme.
Il est né dans la ville de Harran (aujourd'hui au sud-est de la Turquie), puis, suite à l'invasion des Mongols il a émigré avec son père, à l'âge de six ans, à Damas. Son grand père Majd 'ud-dīn 'Abu-l-barakat Ibn Taymiyya fut un juriste reconnu du madhhab hanbalite.
Sommaire
Ouvrages
Il est l'auteur de nombreux ouvrages religieux. Plusieurs de ses écrits ont été rassemblés, au début du XXe siècle, dans le recueil Majmû'u Fatâwâ Shaykh il-Islâm Ibn Taymiyyah [1] (35 tomes). Auxquels il faut ajouter plusieurs autres ouvrages dont :
- Dar`u ta'ârudh il-'aqli wan-naql (réfutation de l'opposition entre raison et révélation), en 5 tomes.
- Minhâj us-sunnat in-nabawiyyah. Réfutation du chiite Ibn Al-Mutahhir, en plusieurs tomes.
- As-Sârim ul-Maslûl 'alâ shâtim ir-rasûl (à propos de la punition de celui qui insulte le prophète de l'islam)
- Iqtidhâ`u is-sirât il-Mustaqîmi mukhâlafata ash'âb il-djahîm
- At-Tawassulu wal-wacîlah, où il distingue l'intercession licite de l'intercession interdite (notamment en ce qui concerne le culte des saints).
- Sharh'u h'adîth in-nuzûl : explication du hadith selon lequel "Allah descend au premier ciel, au dernier tiers de la nuit...".
- Al-Jawâb us-Sahîh li-man baddala dîn al-Masîh (la réponse à ceux qui ont « altéré » la religion de Jésus de Nazareth) : réfutation des chrétiens.
Ainsi que plusieurs livres où il expose le dogme sunnite, dont : Al-'Aqîdat ul-Wâsitiyyah (réponse à une question d'un juge de la ville de Wâsit), Al-'Aqîdat ut-Tadmuriyyah, Al-'Aqîdat ul-'Hamawiyyah.
Son disciple Adh-Dhahabiy a estimé ses écrits à plus de 500 volumes.
Dogme
Ibn Taymiyya soutenait que les attributs et les actes divins doivent être compris dans le sens apparent sans ta'tîl (interprétation au sens allégorique) ni tafwîdh (prétendre que le sens du mot nous est inconnu) ni takyîf (entrer dans les détails du « comment », qui ne peuvent être atteints par la raison humaine) ni tamthîl (assimilation aux attributs des créatures). Son attitude envers l'interprétation des attributs et actes divins n'était donc ni métaphoriste, ni anthropomorphiste. Il s'est donc opposé aux acharites qui étaient dominants à son époque, ce qui lui a valu plusieurs procès. Doté d'une grande résolution il refusa toujours de négocier ses principes, préférant même une fois rester en prison jusqu'à ce qu'on reconnaisse les torts de ses adversaires plutôt que de bénéficier d'une grâce royale conditionnée par son silence.
Il s'est aussi opposé à certaines confréries soufies, notamment celles considérées comme hérétiques, et désapprouvait le culte des saints et les construction sur les tombes. La lecture de son livre Al Fourqan, en francais « La distinction entre les alliés du Tout Miséricordieux et les alliés de satan », est une démonstration de ses talents littéraires, pédagogiques et scientifiques, Ibn Taymiyya y attaque notamment le soufisme dévoyé de gens qui simulent l'ascétisme mais pratiquent en fait le vagabondage. Cependant il ne s'agit pas d'une condamnation de tous les soufistes, bien au contraire, parlant lui-même élogieusement des « gens de science » parmi les soufis qu'il oppose aux négateurs parmi ces derniers. Pour lui seul compte la conformité des actes à la référence prophétique, d'où son refus catégorique de tout discours portant sur des réalités métaphysiques mais ne s'appuyant pas exclusivement sur les informations prophétiques. Ce faisant il déclare la mécréance des écrits de Ibn Arabi et se montre ailleurs plus indulgent envers ceux qui ont sincèrement oeuvré mais se sont trompés.
Disciples
- Le théologien Ibn Al-Qayyim fut son élève le plus rapproché.
- L'exégète et historien Ibn Kathîr, auteur du célèbre tafsir de référence. L'introduction de son tafsir est reprise pratiquement mot à mot d'un écrit d'Ibn Taymiyya sur les principes de l'exégèse coranique.
- Le théologien, spécialiste du hadith et historien Shams ud-dîn Adh-Dhahabiy, auteur Târîkh ul-Islâm (Histoire de l'islam), en une vingtaine de tomes.
Emprisonnements et décès
Ibn Taymiyya a été emprisonné plusieurs fois, à Damas ou en Alexandrie, parfois à cause des accusations qu'on lui portait concernant son dogme, et d'autres fois, à cause de certains de ses opinions en matière de fiqh (jurisprudence) non conformes aux avis des quatre madhhabs, notamment au sujet de la répudiation (il était d'avis que les répudiations non conformes à la sunna, comme la répudiation triple, ou en période de règles de la femme sont nulles).
Il a été emprisonné une dernière fois en 1326, à Damas, pour sa fatwa sur l'interdiction de voyager spécialement pour la visite de la tombe de Mahomet (il affirmait que l'intention doit être d'abord de visiter la mosquée - qui contient la tombe - et non la tombe elle-même). Il y est mort deux ans plus tard.
Influences
L'actuel courant salafiste se réclame beaucoup de lui, ce qui en fait un des théologiens musulmans les plus cités et les plus controversés actuellement. Son oeuvre moderne d'un point de vue épistémologique n'est pas assez mise en perspective d'où une vision caricaturale qui dénature les jugements très complexes qu'il a pu avoir concernant certaines personnes ou groupes de personnes. Ibn Taymiyya loin d'être un réactionnaire a eu le courage intellectuel d'affronter de face tout ce qui remettait en cause ce qu'il considérait comme le dogme pur, ce faisant il a puisé dans le Coran et la Tradition prophètique et a recommandé de suivre cette méthodologie. Bien que n'étant pas le premier dans cette voie il est celui qui a le mieux réussi à synthétiser rigueur et pédagogie, il est ainsi devenu une référence incontournable surtout à notre époque où l'ampleur des thèmes qu'il a abordés permet aux musulmans de connaître à propos d'un sujet donné l'avis des plus grands savants musulmans car c'était son habitude, à propos d'une question, de citer le Coran, la Tradition et les vues des gens de science.
Bibliographie
- LAOUST, Henri. Essai sur les doctrines sociales et politiques de Taki-d-Din Ahmad b. Taimiya. Le Caire : coll. Mélanges de philologie et d’histoire de l’IFAO, 1939
- LAOUST, Henri. Le Traité de droit public d’Ibn Taimiya, Traduction annotée de la Siyâsa shariya, Beyrouth, Institut français de Damas, 1948
- LAOUST, Henri. L’influence d’Ibn Taimiya. Islam: Past Influence and Present Challenge , Mélanges W. Montgomery Watt). Edinburgh : 1979
- MICHOT, Jean Yahya. Mardin, Hégire, fuite du pêché et « demeure de l’Islam », traduction de l’arabe du Fetwa de Mardin d’Ibn Taimiya, textes traduits de l’arabe, annotés et présentés en relations à certains textes modernes, Beyrouth, al Bouraq, 2004
- SAINT-PROT, Charles.Islam: L'avenir de la Tradition entre révolution et occidentalisation. Paris: Le Rocher, 2008.
Notes et références
- ↑ On trouve également la graphie Ibn Tamiya
Lien externe
- (ar) كتب شيخ الإسلام بن تيمية و تلميذه إبن القيم الجوزي : Site rassemblant plusieurs ouvrages d'Ibn Taymiyyah, de son disciple Ibn Al-Qayyim ainsi que des biographies d'Ibn Taymiyyah.
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