- Alexandre de la Motte-Baracé
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Alexandre de La Motte-Baracé
Alexandre de La Motte-Baracé ou encore Alexandre de Senonnes, vicomte[1] de Senonnes, écrivain et peintre français, né le 3 juillet 1781[2] à Senonnes dans le château de ses ancêtres, mort le 21 mars 1840 à Paris[3].
Sommaire
Biographie
Il est issu de la famille noble de La Motte-Baracé[4]. Il perdit très jeune ses parents : François-Pierre de La Motte-Baracé et sa femme créole, Suzanne Drouillard de la Marre, qui périrent pendant le règne de la Terreur en 1794. Il cultiva les arts pour échapper aux dangers de l'époque.
Enfance
En 1802, les deux frères, devenus majeurs, purent disposer de leurs biens. A cette époque, le château de Rancy fut vendu[5]. La propriété de Senonnes resta un long moment indivise[6].
L'Italie
Alexandre se trouvant seul en 1805, après le mariage de son frère, poussé par les goûts d'artistes et fortuné, se mit à voyager et à mener vie large et libre. En 1805, il partit pour l'Italie, en même temps qu'Ingres d'ailleurs. Il allait là-bas s'éprendre de beaux paysages, de belles oeuvres d'art, et tout spécialement d'un très joli modèle dont il allait faire sa femme.
Famille
Il épousa :
- Marie Marcoz, une de ses modèles[7], peinte par Ingres dans le portrait de Madame de Senonnes ;
et se remaria :
Marie Marcoz, Madame de Senonnes
Article détaillé : Marie Marcoz.La légende indique que sa première femme était italienne d'origine, et plus précisément transtévérine[9]. Peintre amateur à Rome, il semble l'avoir rencontré dans la rue ; elle était devenue sa maîtresse puis sa femme. L'annonce de son premier mariage fut l'occasion d'une brouille avec sa famille en raison de l'origine de Marie Marcoz, et de son statut de divorcée. Néanmoins, Marie Marcoz devient vicomtesse de Senonnes, et tient son rang comme une dame de haute naissance.
Royalisme
Le vicomte, conforme à sa tradition familiale, était un ardent royaliste partisan du retour des Bourbons au trône. Il est connu dans les milieux aristocrates en 1812, 1813 comme le vicomte de Senonnes. Il fut en Italie un des agents actifs de Louis XVIII. Madame de Senonnes accompagnait le vicomte dans ses visites, et avait la réputation d'émerveiller partout par sa beauté. C'est à l'époque en 1814, que le vicomte chercha à la faire peindre. La peinture fut réalisée en Italie par un ami : Ingres[10].
Lorsque Napoléon Ier fut contraint de rendre le trône aux Bourbons, lui, sa femme et sa fille se rendent à Paris pour profiter des faveurs royales. Le vicomte dépensait largement et gagnait peu[11]. En échange de son dévouement à la cause royale, il attendait une place honorifique et lucrative.
Peintre et écrivain
Alexandre de Senonnes se fit d'abord connaître par quelques paysages anonymes qu'il exposa à différents salons, et en même temps il travailla dans les journaux, particulièrement à la Gazette de France, où il défendit les doctrines monarchiques et religieuses. Il a fourni quelques articles à la Biographie universelle.
Beaux-Arts
Après le second retour du roi en 1815, il fut donc nommé secrétaire de la Chambre du roi, et fait Chevalier de la Légion d'honneur[12]. Il fut bientôt un des familiers du duc de Berry, ce qui lui valut encore de nouvelles faveurs.
Le 31 mai 1816, il obtint la place de secrétaire général des musées royaux et conserva le titre de secrétaire honoraire de la chambre[13]. L'académie des beaux-arts le reçut ensuite au nombre de ses membres honoraires, le 10 avril 1816[14].
En 1819, il se lia plus étroitement avec le duc de Berry. Le duc et la duchesse de Berry avaient grand plaisir de parler de l'Italie avec Alexandre de Senonnes et sa femme. Ils demandèrent comme mécènes, de rassembler en un volume les vues les plus belles dont il avait pris le croquis en Italie. Le volume ne parut qu'en 1821 après l'assassinat du duc.
Conseiller d'état
En 1821, il fut nommé secrétaire général du ministère de la maison du roi, puis conseiller d'État sous le maréchal Lauriston, qui le protégeait spécialement. On lui a reproché d'avoir fait destituer sans motifs le savant bibliographe Antoine-Alexandre Barbier, bibliothécaire du roi.
Entraîné par ses goûts artistiques, par le désir de jouir de beaux paysages, et de les reproduire, Alexandre de Senonnes, avec sa famille ou sans elle voyagea. En 1828, il fut envoyé en mission à Ancône, puis parcourut également toute la Suisse, à l'origine d'un de ses ouvrages : Promenades au pays des Grisons.
Destitution et difficultés financières
En 1829, sa première femme était décédée. Alexandre de Senonnes a perdu tous ses emplois après la révolution de 1830. Ecarté du pouvoir, il resta sans emploi, sans ressources et chargé de dettes. Sa situation financière devint très critique[15]. Acculé par des créanciers, il souscrivit des lettres de charge qu'il ne put payer. Il se trouva bientôt sous le coup de la contrainte par corps et dut s'expatrier pour échapper à la prison.
Il quitta Paris en 1831, et alla se réfugier d'abord à Lyon, puis en Suisse, sur les bords du lac de Genève[16]. Il se remaria en 1835. Ce second mariage ne tira pas le vicomte de Senonnes de la gêne. En 1840, après une longue maladie, il était dénué de ressources, et M. de Cailleux, Secrétaire Général des Musées essayait de faire hâter le paiement de la collection d'antiquités qu'Alexandre de Senonnes avait cédée à la collection du roi Louis-Philippe Ier[17].
Son décès eut lieu le 21 mars 1840 à Paris[18].
Publications
Ses ouvrages publiés sont :
- Lettres de Jacopo Ortis, traduit de l'italien sur la seconde édition, Paris, 1814, 2 vol. in-12[19]. Cette traduction a reparu, la même année, sous le titre du Proscrit, et en sous celui d'Amour et suicide, ou le Werther de Venise ;
- Choix de vues pittoresques d'Italie, de Suisse, de France et d'Espagne, dessinées d'après nature et gravées à l'eau-forte, 1821, in-folio. Cet ouvrage, dédié à la duchesse de Berry, devait être composé de trente livraisons ; il n'en a paru que sept, composées de six planches et de deux feuilles de texte[20] ;
- Promenade au pays des Grisons (Suisse), ou Choix des vues les plus remarquables de ce canton, dessinées d'après nature et lithographiées par Édouard Pingret, avec un texte historique, Paris, 1827-1829, petit in-folio de 86 pages et 38 planches.
On doit encore à Senonnes une édition des Œuvres dramatiques de Philippe Néricault Destouches, précédées d'une notice sur la vie et les ouvrages de l'auteur, Paris, 1811, 1820, 1822, 6 volumes in-8°, avec figures.
Notes et références
- ↑ Le titre de comte était réservé à Auguste de La Motte, son cousin, de la branche cadette du Coudray en Touraine.
- ↑ Pour l'abbé Angot, le 4 octobre 1781.
- ↑ Dans le Ier arrondissement.
- ↑ Il eut pour parrain le haut et puissant Alexandre de La Motte-Baracé, colonel d'infanterie.
- ↑ Jean Boby s'occupa de la vente. La propriété fut achetée 115 000 francs par Personnes Desbrière qui versa 57 500 francs à Pierre, et 57 500 francs à Alexandre.
- ↑ Les deux frères s'entendaient alors très bien.
- ↑ Et aussi amante.
- ↑ Il en eut une fille Amélina.
- ↑ Habitante d'un quartier populaire de Rome.
- ↑ Cette toile est désormais au Musée des Beaux-Arts de Nantes.
- ↑ Il avait exécuté quelques dessins et toiles en Italie, mais il les avait offerts ou gardés pour enrichir sa collection.
- ↑ A son titre de secrétaire fut attaché un traitement de de 12 000 francs, ce qui attaché aux revenus des fermes de Senonnes, permettait à la famille de vivre largement.
- ↑ Il conserve ce poste jusqu'en 1821 avec un traitement de 15 000 francs. Le ménage Senonnes-Marcoz fut logé au Louvre même, et en 1823, il s'y trouvait encore des meubles leur appartenant.
- ↑ A la direction des Beaux-Arts, il fit ainsi exécuter par Lange pour le Musée des Beaux-Arts d'Angers le buste de Gilles Ménage, l'un des maîtres de Madame de Sévigné.
- ↑ Les terrains qui lui restaient à Batignolles et Montceau ne se vendaient pas.
- ↑ Il avait eu soin de vendre en viager sa propriété de Senonnes à son frère, Pierre, le marquis, comme il eut soin avant son départ en Suisse de faire transporter au château de Sautré et autres lieux sûrs, tout ce qu'il voulait sauver de la griffe des huissiers. Ses immeubles seuls furent vendus en février et mai 1832 : l'hôtel de la Rue Bourbon, la propriété de Montlignon, et les 30 lots des boulevards extérieurs. Son frère perdit 80 000 francs dans cette faillite, ce qui ne l'empêcha pas d'envoyer à son frère des subsides importants pendant son séjour en Suisse.
- ↑ Alfred Gernoux indique qu'il serait intéressant de savoir ce qu'est devenu cette collection.
- ↑ Le faire-part porte les titres suivants : Commandeur de la Légion d'honneur et chevalier de l'ordre de Saint-Hubert de Lorraine, ancien secrétaire général des Musées, Ancien secrétaire général de la Maison du roi, Ancien Conseiller d'Etat, membre de l'Institut.
- ↑ Voir : Ugo Foscolo.
- ↑ Il y a 42 gravures et 32 pages de textes. Au dessous de chaque paysage et vue de divers monuments italiens, on lit : De Senonnes, dessinateur et sculpteur.
Voir aussi
Sources
- « Alexandre de La Motte-Baracé », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition], t. XXXIX, p. 80-81 ;
- Alfred Gernoux, Madame de Senonnes, 1931, p. 68-87.
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