- Histoire de la Jamaique
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Histoire de la Jamaïque
La Jamaïque, l'une des plus grandes îles de l'archipel caraïbe, fut primitivement habitée par le peuple Taíno (arawak). Christophe Colomb, à son arrivée dans l'île, en prit possession au nom de l'Espagne. Cependant, à sa mort, l'île n'était pas encore réellement colonisée.
L'Espagne résista aux assauts des pirates dans la principale ville de l'île, connue aujourd'hui sous le nom de Spanish Town, jusqu'à ce que le Royaume d'Angleterre la conquière par la force. Les Espagnols firent valoir des prétentions sur ce territoire jusqu'en 1670. Mais les Britanniques ne perdirent jamais l'île dans quelque guerre que ce soit. L'île devint le cœur des opérations interlopes des boucaniers, et de l'un des plus fameux d'entre eux, le capitaine Henry Morgan. En retour, ces aventuriers protégèrent la Jamaïque des ambitions d'autres puissances coloniales. On y importa des esclaves ; la canne à sucre devint la principale denrée d'exportation.
La Jamaïque fut le théâtre d'un des plus importants soulèvements serviles des Caraïbes. Une fois l'esclavage aboli par la Couronne britannique, les Jamaïquains commencèrent à travailler à leur indépendance. Depuis l'indépendance, le pays a connu des troubles politiques et économiques sous des leaders politiques puissants.
Préhistoire et découverte de la Jamaïque
Le peuple taino s'est établi en Jamaïque vers l'an 1000 avant notre ère sur un territoire qu'il a appelé Xamayca, « la terre du bois et de l'eau ». Après l'arrivée de Christophe Colomb, en 1494, l'Espagne revendique la propriété de l'île et, dès 1509, l'occupe et lui donne le nom de Santiago (Saint-Jacques). Les Arawaks seront décimés par la maladie, l'esclavage et la guerre. Certains ne trouvaient une issue à leur condition servile que dans le suicide. C'est en 1517 que l'Espagne achemine en Jamaïque les premières soutes d'esclaves africains.
Un prêtre espagnol, Bartolomé de Las Casas, œuvre à la protection du peuple taino. C'est lui aussi qui suggère, ce qu'il devait regretter par la suite, d'avoir recours à des esclaves africains. Il écrit plusieurs livres dans lesquels il dénonce avec véhémence le mauvais traitement que les conquistadores infligent aux Indigènes. Il préconise que les Espagnols convertissent les Tainos au christianisme.
La domination espagnole jusqu'en 1655
On connaît peu de chose de la période d'occupation espagnole de l'île, du fait de l'absence d'archives. Le premier foyer de peuplement était situé à La « Sevilla la Nueva » (appelé aujourd'hui juste Seville, localité à l'ouest de Saint Ann's Bay sur la côte nord), où Colomb avait été isolé pendant un certain temps. La Sevilla Nueva était facile à défendre, proche du site taino, mais également situé près d'un marécage, ce qui augmentait le risque d'épidémies.
Les colons migrèrent par la suite à « Santiago de la Vega » (aujourd'hui Spanish Town), et en firent la capitale. Dans les années 1640, de nombreux colons furent attirés en Jamaïque, réputée alors pour sa très grande beauté. On sait également que des pirates désertèrent leurs bandes et s'installèrent dans l'île. Durant cent ans, entre 1555 et 1655, la Jamaïque fut sujette à de nombreuses attaques de pirates, la dernière laissant l'île aux mains du Royaume d'Angleterre. Les Anglais furent eux aussi confrontés aux incursions de pirates après leur installation dans l'île.
La Catholic Encyclopedia de 1907 souligne qu' « un regard sur la période d'occupation espagnole nous donne une bien piètre image de l'administration coloniale espagnole de l'époque, qui fut accusée d'avoir causé, par son attitude vis-à-vis des indigènes, l'extermination presque complète de ceux-ci. Cette grave accusation, si elle se révélait exacte, ne pourrait être absoute sous le prétexte que de telles conduites étaient courantes à cette époque, et qu'elles continuèrent d'être perpétrées pendant des années, de façon parfois plus résolue, par d'autres nations ». Ces allégations sont confirmées par l'histoire très détaillée de la Jamaïque espagnole que l'on doit à Francisco Morales Padrón.
Un repaire de pirates et boucaniers après l'arrivée d'Oliver Cromwell
En mai 1655, les forces britanniques, lors d'une expédition menée conjointement par l'amiral William Penn (père du fondateur de la Pennsylvanie) et le général Robert Venables, s'emparèrent de l'île, encore peu peuplée, après avoir échoué à prendre Saint-Domingue. Les espagnols s'enfuient après avoir libéré leurs esclaves, qui se dispersent dans la jungle, où ils créent des dizaines de villages secrets, qui pendant un siècle serviront de base arrière et de refuge aux nombreuses révoltes d'esclaves marrons que connaîtra la Jamaïque.
En 1657, l'amiral Robert Blake vainquit la flotte espagnole des Indes Occidentales et la même année, le gouverneur de la Jamaïque invita les boucaniers à s'établir à Port Royal afin de dissuader les Espagnols d'attaquer. En 1657 et 1658, ces derniers, venant de Cuba, échouèrent dans leurs tentatives de reconquête de la Jamaïque lors de la Bataille de Ocho Rio et de celle de Rio Nuevo.
Bien qu'une grande partie de la capitale espagnole, Villa ou Santiago de la Vega, ait brûlé pendant la conquête, les Britanniques s'y installèrent et la rebaptisèrent sous le nom de Spanish Town, tout en lui conservant son statut de capitale politique[1]. L'île demeurait une importante base arrière pour la piraterie, plus particulièrement Port Royal, qui sera détruite par un séisme en 1692, à une époque où la piraterie a fui vers les Bahamas. Après le désastre, Kingston fut fondée en face de ce port, au bord d'un des plus grands havres naturels au monde, et s'imposa rapidement comme le principal centre de commerce de la Jamaïque.
Sous Oliver Cromwell (1649-1659), l'île sert de territoire où donner un nouveau départ pour les minorités religieuses, qui alimentent rapidement les groupes de flibustiers. Les deux principales activités de l'île sont la plantation de cacao, dispersée dans la jungle et peu capitalistique, ou la flibuste, avec d'énormes cargaisons dérobées aux espagnols. La Jamaïque devient en 1655 le repère et la capitale des pirates, corsaires et boucaniers ayant créé des établissements dans la baie de Campeche pour le bois de teinture, qui donnait la couleur noire, à Bélize et dans la baie du Honduras, près de la rivière noire, où ils vivaient en étroites relations avec les indiens misquitos. En 1659, les prises de courses atteignent le niveau record de 300 000 sterling.
Les 13 paradis des frères de la côte incluaient alors au premier chef la Jamaïque parmi les repaires de corsaires, pirates et flibustiers.
La restauration de 1660 : l'arrivée des planteurs de la Barbade et du Surinam
La restauration de la monarchie catholique Stuart en 1660 entraîne un regain de spéculation immobilière à la Barbade. Une demi-douzaine de grands planteurs de sucre sont anoblis. Les officiers supérieurs jacobites qui avaient développé la canne à sucre dans les années 1640 s'intéressent à d'autres îles et à la fourniture d'esclaves à l'Espagne catholique, à qui le Traité de Tordesillas interdit d'aller en Afrique. Le roi Charles II créé en 1660 la Compagnie des aventuriers d'Afrique, dont son frère le duc d'York Jacques Stuart et lui-même son actionnaires, et en l'honneur de laquelle est frappée une pièce d'or, la guinée. Des milliers d'esclaves marqués au fer rouge DH sur l'épaule arrivent. La production de sucre de la Barbade dépasse celle du Brésil. Chaque année, 200 navires en ramènent 15 000 tonnes à Londres. La terre devient rare et chère. Les planteurs réclament la possibilité de s'étendre ailleurs. Plusieurs s'installent dès 1664 dans la Province de Caroline, où un gouverneur vient de la Barbade. Dès 1664, le planteur Thomas Modyford, gouverneur de la Barbade est chargé d'enseigner l'art de planter et transformer le sucre aux flibustiers de la Jamaïque, où il s'installe avec 700 esclaves et devient gouverneur[2].
En 1670, les guerres anglo-néerlandaises amènent à céder le Surinam aux hollandais: 1 200 colons sont alors appelés par Thomas Modyford en Jamaïque pour développer le sucre. L'Espagne reconnait à l'Angleterre la possession de la Jamaïque par le Traité de Madrid en 1670, pour l'encourager à poursuivre la guerre contre la Hollande protestante. La présence persistante de flibustiers jamaïcains crée cependant une insécurité pour les espagnols, mais aussi pour les planteurs de sucre. Les flibustiers de Jamaïque ne veulent pas renoncer à leurs butins et craignent que les espagnols ne volent leurs bateaux pour les empêcher de commercer avec les ports de la Nouvelle-Angleterre protestante, en Amérique du Nord.
Le gouverneur de la Jamaïque pousse alors les premiers planteurs à commercer avec la Virginie catholique, où des milliers de cavaliers jacobites fidèles au roi Charles Ier s'étaient installés dès les années 1640. L'idée est de l'approvisionner en esclaves. Des lois renforçant l'esclavage sont votées en Virginie, qui compte 2 000 esclaves noirs à partir de 1670, ce qui déclenche la crainte et les raids des amérindiens et se termine par la révolte de Nathaniel Bacon en 1676.
Après 1671, Sir Thomas Lynch retourne Henry Morgan et chasse les pirates
Les flibustiers résistent pendant dix ans, mais la monarchie décide de les briser en 1671, en nommant un nouveau gouverneur, le jacobite Thomas Lynch, planteur de sucre, négociant en esclaves et vétéran des guerres contre le parlement. Son prédécesseur Thomas Modyford était accusé d'avoir toléré la flibuste et le raid sur Panama organisé par le pirate Henry Morgan, au risque de gâcher le rapprochement avec l'Espagne.
L'année suivante, Henry Morgan est emprisonné à Londres puis libéré à la demande du roi Charles II et de son frère Jacques[3]. Morgan, qui est proche d'un des oncles du roi, reçoit des terres et 126 esclaves, à condition de devenir planteur et de renier son passé de flibustier. Nommé ensuite gouverneur de l'île, il a pour mission de réduire l'activité des flibustiers. Il fera même un procès en diffamation à William Dampier, l'un d'entre eux qui a évoqué le passé de flibustier dans un livre.
La Jamaïque importe 8000 esclaves par an entre 1680 et 1688
Alors que la Jamaïque comptait à peine 500 esclaves en 1660, volés sur des bateaux espagnols, leur nombre atteint vite 10.000 au début des années 1670[4]. La création en 1672 de la Compagnie royale d'Afrique vise à en importer de plus grandes quantités, en bâtissant des forts sur tout le littoral de l'Afrique de l'Ouest : entre 1672 et 1713, la compagnie y embarque 125.000 esclaves dont 25.000 seront perdus lors de la traversée. Malgré ces pertes, sa rentabilité est estimée à 12% par an.
D'autres importateurs, en particulier les français de la Compagnie du Sénégal, créée en 1673, concurrencent cependant son monopole et c'est un total de 176.000 esclaves qui sont importés aux îles Britanniques sur une période plus courte, entre 1676 et 1700[5].
La moitié des déportations de ces trente années s'est faite en seulement huit ans, de 1680 à 1688, pendant lesquels la Compagnie royale d'Afrique a prélevé 61.000 personnes sur les côtes d'Afrique, à bord de 194 navires, dont 23,8% sont mortes au cours de la traversée[6]. La population de la Jamaïque affiche alors de loin la plus forte croissance au monde. Après 1688, la glorieuse révolution britannique, qui entraîne une guerre contre la France, fragilise les plantations jamaïcaines, où l'amiral Jean-Baptiste Du Casse, directeur de la Compagnie du Sénégal, créée par Louis XIV en 1673, vole des milliers d'esclaves lors d'un raid spectaculaire en 1691.
La Jamaïque étant jusque-là peu peuplée, la Couronne britannique a aussi souhaité dès 1682 inciter les capitaines de navires à importer des personnes blanches, en leur accordant une gratification de 168 livres pour celle en provenance d'Angleterre, de 135 livres lorsque elles viennent d'Irlande et de 78 livres si elles viennent d'Amérique[7].
La flibuste résiste, s'internationalise et se diffuse
Même si elle accueille 61000 esclaves entre 1680 et 1688, la Jamaïque n'en compte 40.000 en 1700, pas plus que la Barbade, tandis que 20.000 autres sont répartis dans des îles britanniques plus petites (Saint-Vincent, Montserrat). Les autres destinations pour les esclaves sont la Martinique et la Guadeloupe. Dans cette période, l'incapacité de Versailles à mettre au pas les flibustiers de Saint-Domingue fut un frein au développement du sucre en Jamaïque. Quand ils sont chassés de Jamaïque, les flibustiers se réfugient dans les multiples criques de Saint-Domingue, se mêlant aux flibustiers français et créant un facteur d'instabilité qui se diffuse dans toute la Caraïbe. La marine hollandaise a été refoulée vers le Surinam mais de nombreux hollandais ont aussi rejoint les frères de la côte français et anglais. Vers la fin des années 1690, la plupart des flibustiers ont fui, repoussés à Bélize et dans les Bahamas pour les anglophones, ou sédentarisés sur la côte du Panama pour les francophones, par la culture du cacao. La stabilité nécessaire à l'économie sucrière se met en place.
Les flibustiers français de Saint-Domingue avaient été en principe désarmés à partir de 1678 par Charles François d'Angennes, marquis de Maintenon, puis par l'amiral Jean-Baptiste Du Casse, mais cette politique a échoué car ils trouvèrent refuge un peu partout dans la Caraïbe, dans les Les 13 paradis des frères de la côte, en nouant des alliances avec les indiens. En 1684, un peu avant les grands raids vers les Mers du Sud à travers l'isthme de Panama, la flibuste compte 17 navires et 3.000 hommes rien qu'à Saint-Domingue, et plusieurs milliers d'autres un peu partout dans les îles et les repaires de la Caraïbe.
La puissance sucrière éclipsée par la rivale Saint-Domingue
Bien que la production sucrière ait commencé vingt ans plus tôt en Jamaïque qu'à Saint-Domingue, cette rivale dominera le marché du sucre après 1700 lorsque l'effort de désarmement des flibustiers lancé vingt ans plus tôt par Charles François d'Angennes, marquis de Maintenon, gouverneur de Marie-Galante, pour le compte de Louis XIV et poursuivie par l'amiral Jean-Baptiste Du Casse, gouverneur de Saint-Domingue et directeur de la Compagnie du Sénégal portera fruit.
Dans l'île française, l'activité des boucaniers et des flibustiers se poursuit jusqu'à la paix de 1697 entre la France et l'Espagne, signée par Louis XIV. Ensuite, les tentatives de désarmer les flibustiers redoublent et finissent par aboutir. La Jamaïque profite alors d'une plus grande stabilité. Cependant, si la Royal Navy se développe et règne sur les mers, elle coûte de plus en plus cher à entretenir: un quart des recettes publiques. La Jamaïque est la première victime de la hausse des impôts indirects, lors de la création d’un "board des colonies" en 1696, qui se traduit par l'embauche progressive de 6.900 agents du fisc, chargés de contrôler des taxes élevées, en particulier sur les réexportations de sucre.
Plus tard, l'année 1734 sera celle de la reprise de l'essor sucrier: la production passe de 12 millions de livres cette année-là à 40 millions soixante ans plus tard. Même à ce moment-là, la Jamaïque sera jugée beaucoup moins productive que Saint-Domingue car le sol est sablonneux, les taxes plus élevées, et les planteurs très endettés, faute de capital de départ[2]. Au 18ème siècle, la rentabilité, après impôt, des plantations jamaïcaines est deux à trois fois plus faible que celles de Saint-Domingue.
Une île lourdement taxée et menacée par les révoltes
En 1766, alors que les colonies d'Amérique du Nord se plaignent aussi de ces taxes élevées, le droit de 4,5% sur les exportations de sucre jamaïcain hors d'Angleterre sera supprimé, une dizaine d'années après que la France aura au contraire créé une taxe sur les esclaves. En 1818, à l'apogée du sucre jamaïcain, la population noire est de 160.000 personnes, pour 8.000 blancs.
Les esclaves, dont le nombre dépassait celui des maîtres blancs dans une proportion de 300 000 à 30 000 en 1800, conspirèrent et se révoltèrent plus d'une douzaine de fois entre 1673 et 1832. Les esclaves évadés, connus sous le nom de Marrons établirent des communautés indépendantes dans les terres montagneuses, d'où il était impossible pour les Anglais de les défaire, comme il fut démontré dans d'importantes tentatives des années 1730 et 1790. L'une des communautés marrons fut expulsée dans les années 1790 et forma par la suite une partie du noyau de la communauté créole du Sierra Leone. Le gouvernement colonial embaucha des Marrons pour capturer les esclaves évadés des plantations. Vers 1800, les Anglais se servirent également de 10 000 Jamaïquains libres de couleur pour maintenir sa mainmise sur la population servile. Pendant les fêtes de Noël de 1831, une révolte d'esclaves de grande ampleur, connue sous le nom de Baptist War, éclata. 60 000 des 300 000 esclaves de l'île se soulevèrent. Il s'agissait à l'origine d'une grève pacifique menée par le baptiste Samuel Sharp. La rébellion fut matée dix jours plus tard, au début de l'année 1832, par la milice des planteurs jamaïquains et les garnisons britanniques.
Suite aux pertes matérielles et humaines provoquées par cette dernière révolte, le Parlement britannique ouvrit deux enquêtes dont les conclusions allaient grandement contribuer à l'abolition de l'esclavage dans tout l'empire britannique, le 1er août 1834. Toutefois, les esclaves jamaïquains restèrent liés à leurs anciens propriétaires, mais avec une garantie des droits sous ce qui s'appelait Apprenticeship System. La population libérée dut pourtant toujours faire face à des conditions de vie très difficiles, ce qui provoqua la rébellion de Morant Bay en octobre 1865, menée par George William Gordon et Paul Bogle. Elle fut brutalement réprimée, à la suite de quoi l'Assemblée de l'île renonça à son autorité. Ainsi, la Jamaïque acquit-elle le statut de colonie de la Couronne. La production de sucre diminua en importance à la fin du XIXe siècle pour être concurrencée par celle de la banane. En 1872, la ville portuaire de Kingston étant bien plus grande et plus raffinée que Spanish Town située à l'intérieur des terres, accéda au statut de capitale.
L'établissement du statut de Colonie de la Couronne favorisa, pendant quelques décennies, le développement d'une classe moyenne comprenant des fonctionnaires subalternes et des officiers de police issus du peuple, dont la promotion sociale et politique avait été bloquée jusque là par les autorités coloniales. La grande dépression eut un impact significatif sur la classe moyenne émergente et sur la classe ouvrière des années 1930. Au printemps 1938, les travailleurs du sucre et ceux du port se révoltèrent dans toute l'île. Bien que réprimée, la révolte entraîna des changements significatifs, telle que l'émergence du syndicalisme et du pluralisme politique.
L'Indépendance
La Jamaïque gagna son autonomie au milieu des années 1940. Le People's National Party (PNP) fut fondé en 1938 et son principal rival, le Jamaica Labour Party (JLP), cinq ans plus tard. Les premières élections au suffrage universel eurent lieu en 1944. La Jamaïque rejoignit en 1958 neuf autres territoires britanniques au sein de la Fédération des Indes occidentales, organisation dont elle se retira en 1961, les électeurs ayant choisi de renoncer à cette alliance. L'indépendance obtenue le 6 août 1962, la Jamaïque demeura membre du Commonwealth. Le premier Premier ministre de la Jamaïque indépendante fut le travailliste Alexander Bustamante.
Dans les années qui suivirent l'accession à l'indépendance, le pouvoir changea régulièrement de main et alterna entre le Jamaica Labour Party et le People's National Party. Michael Manley, premier chef de l'État issu du PNP fut élu en 1972, mit en place un programme du type socialiste et renforça les relations avec Cuba. Sa réélection (deuxième mandat) marqua le début d'une flambée de violence politique. après que le PNP eut perdu le pouvoir, en 1980, Edward Seaga prit immédiatement le contre-pied de la politique de son prédécesseur en favorisant la privatisation et en cherchant à nouer des liens étroits avec les États-Unis. Le PNP et Manley revinrent au pouvoir en 1989 et poursuivirent une politique modérée. Manley démissionna pour des raisons de santé en 1992 et Percy Patterson lui succéda à la tête du PNP. Le PNP fut réélu en 1993 et en 1998.
La Jamaïque est un pays d'émigration massive. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, de nombreux Jamaïquains émigrèrent en Amérique centrale, à Cuba et en République dominicaine pour trouver du travail dans les plantations de bananes et de canne à sucre. Dans les années 1950 et 1960, le Royaume-Uni devint leur principale destination, jusqu'en 1962, date à laquelle il réduisit ses quotas. Les principaux flux se concentrent dès lors vers les États-Unis et le Canada. Environ 20 000 Jamaïquains émigrent chaque année aux États-Unis et 200 000 autres s'y rendent en visite. New York, Miami, Chicago et Hartford comptent parmi les villes américaines qui abritent une importante population jamaïquaine. Les envois de fonds des communautés d'émigrés jamaïquains aux États-Unis, au Royaume-Uni, et au Canada contribuent de façon croissante et significative à l'économie de l'île.
Voir aussi
- Barrett family
- Histoire de la Martinique
- histoire de la Guadeloupe
- histoire de la Barbade
- histoire de Saint-Domingue
- Compagnie du Sénégal
- Compagnie Royale d'Afrique
- Traite négrière
Bibliographie
- (en) Ehrengardt, Thibault 2009. Histoire de l'île de la Jamaïque de 1494 à 1838. Paris. Editions Natty Dread - Collection Jamaica Insula.
- (en) Black, Clinton V. 1983. The Story of Jamaica. London: Collins Educational.
- (en)Ledgister, F.S.J. 1998. Class Alliances and the Liberal-Authoritarian State: The Roots of Post-Colonial Democracy in Jamaica, Trinidad and Tobago, and Surinam. Trenton: Africa World Press.
- (en)Morales Padrón, Francisco. 1953 2003. Spanish Jamaica. Kingston: Ian Randle Publishers.
- (en) Williams, Eric. 1964. British Historians and the West Indies. P.N.M. Publishing Company, Port-of-Spain.
- (en)Sawh, Gobin, Ed. 1992. The Canadian Caribbean Connection: Bridging North and South: History, Influences, Lifestyles. Carindo Cultural Assoc., Halifax.
- Histoire civile et commerciale de la Jamaique, De Drouin de Bercy
- The Making of New World Slavery, De Robin Blackburn
Lectures complémentaires
- (en) Michener, James, A. 1989. Caribbean. Secker & Warburg. London. ISBN 0-436-27971-1 (Chap. XI. "Martial Law in Jamaica", pp. 403-442).
- Jean-Pierre Moreau, Les Petites Antilles de Christophe Colomb à Richelieu, 1493-1635, éditions Karthala, 1992.
Notes et références
- ↑ Lors la reconstruction de Spanish Town, Port Royal fit office de capitale.
- ↑ a et b http://books.google.fr/books?id=bRHjlbw0xJEC&printsec=frontcover&dq=histoire+de+la+jama%C3%AFque&ei=jnnSSNrJOYGCywSYmPTpAw#PPA84,M1
- ↑ http://books.google.fr/books?ei=wK7TSLTYCILoyAT3ounpAw&id=cpd5igMpvzgC&dq=%22Maintenon%22+tobacco&pg=PA284&lpg=PA284&sig=ACfU3U2RcjGA-d85k3yG0JrNLE6EqSqI5g&q=jamaica#PPA252,M1
- ↑ http://books.google.fr/books?ei=wK7TSLTYCILoyAT3ounpAw&id=cpd5igMpvzgC&dq=%22Maintenon%22+tobacco&pg=PA284&lpg=PA284&sig=ACfU3U2RcjGA-d85k3yG0JrNLE6EqSqI5g&q=jamaica#PPA253,M1
- ↑ http://books.google.fr/books?ei=wK7TSLTYCILoyAT3ounpAw&id=cpd5igMpvzgC&dq=%22Maintenon%22+tobacco&pg=PA284&lpg=PA284&sig=ACfU3U2RcjGA-d85k3yG0JrNLE6EqSqI5g&q=jamaica#PPA269,M1
- ↑ http://books.google.fr/books?ct=result&id=b60zOrxI8mcC&dq=Martinique%2C+Patoulet&pg=PA306&lpg=PA306&sig=ACfU3U3D_jVCuo0BSprxItZ-SHW7NiKgCw&q=protestants#PPA296,M1
- ↑ http://books.google.fr/books?id=bRHjlbw0xJEC&printsec=frontcover&dq=histoire+de+la+jama%C3%AFque&ei=jnnSSNrJOYGCywSYmPTpAw#PPA75,M1
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