Hawker Siddeley Harrier

Hawker Siddeley Harrier
Pix.gif Hawker Siddeley Harrier GR.3 Silhouette d’un avion militaire.
Harrierxv752.jpg Vue de l’avion

Constructeur Drapeau : Royaume-Uni Hawker-Siddeley
Rôle avion d'attaque au sol
Premier vol 31 août 1966
Mise en service 1969
Nombre construits 371
Équipage
1 pilote
Motorisation
Moteur Rolls-Royce Pegasus 11 Mark 103
Nombre 1
Type Turboréacteur à double flux
Poussée unitaire 95,6 kN
Dimensions
Envergure 7,70 m
Longueur 14,27 m
Hauteur 3,63 m
Surface alaire 18,67 m2
Masses
À vide 6 140 kg
Maximale 11 430 kg
Performances
Vitesse maximale 1 175 km/h (Mach 0,96)
Plafond 16 800 m
Rayon d’action 670 km
Armement
Interne Aucun
Externe 2 canons de 30mm en pod sous le fuselage, jusqu'à 2 270 kg de charge sur 5 pylônes

Le Hawker-Siddeley Harrier est un avion d'attaque au sol britannique apparu dans la seconde moitié des années 1960. Utilisé par plusieurs pays, il a été construit à environ 800 exemplaires et décliné en version navalisée capable de combat aérien, ainsi qu'en version avancée AV-8B Harrier II issue d'une collaboration américano-britannique.

Le Harrier est le premier avion à décollage et atterrissage vertical mis en service au monde. En pratique cependant, il est trop lourd pour décoller verticalement avec son équipement de combat, sans parler du fait que cette manœuvre consommerait beaucoup de carburant. Il est donc généralement plutôt utilisé comme STOVL (appareil à décollage court et atterrissage vertical), capable de se contenter de pistes de 180 mètres de long.

Bien que sa manœuvrabilité en combat aérien soit moyenne à cause de ses ailes réduites, le Harrier est cependant capable de manœuvres inédites. En dirigeant par exemple les tuyères vers le bas en plein vol, l'avion est simultanément ralenti et envoyé vers le haut, ce qui peut suffire pour échapper temporairement à un adversaire (principe de la poussée vectorielle). Les pilotes britanniques ont utilisé ces possibilités lors des combats aériens de la guerre des Malouines, avant qu'elles ne soient théorisées par l'US Marine Corps sous le nom de VIFF (Vectoring In Forward Fight) et conduisent à quelques modifications mineures sur leurs AV-8 Harrier.

Sommaire

Conception

Du SC.1 au Kestrel

Le Harrier est issu de travaux expérimentaux menés par Hawker dès les années 1950 : un premier engin vola en 1954, suivi 3 ans plus tard par l'avion SC.1 équipé d'une aile delta. D'autres constructeurs dans le monde travaillait sur le même sujet, notamment en France avec le projet du Gyroptère conçu par l'ingénieur Michel Wibault[1] qui proposait une solution originale : plutôt que d'avoir des réacteurs placés verticalement pour le décollage et l'atterrissage ainsi que des réacteurs placés horizontalement pour le vol normal, le même réacteur était utilisé pour toutes les phases de vol grâce à des tuyères orientables verticalement ou horizontalement. Ceci était évidemment nettement plus efficace en termes de poids.

Le P.1127

Le Gyroptere utilisait un réacteur BE 25 Orion fourni par la compagnie Bristol, qui fit progressivement évoluer son moteur vers le modèle BE 53 à double flux, dans lequel la soufflante tournait en sens inverse du compresseur afin d'éviter de faire tourner l'avion sur lui-même. La puissance avait également été augmentée de 25%. Ce nouveau moteur fut la base du projet P.1127 lancé par Hawker en 1957. Sans commande officielle, le P.1127 fut d'abord développé sur fonds propres. Un financement américain à hauteur de 75% fut obtenu en 1958 pour le développement du moteur. Finalement, en 1959, le ministère de la Défense britannique commanda deux prototypes.

Les premiers essais en vol du P.1127 commencèrent à la fin de l'année 1960. Comme le SC.1, une partie du souffle du réacteur pouvait être expulsé par des orifices dans le nez, au bout des ailes et dans la queue, afin de diriger l'avion en vol stationnaire. Le moteur Pegasus était développé en parallèle et amélioré de façon à augmenter encore sa puissance, passée progressivement de 39.2 kN à 66.7 kN. Le second prototype dépassa le mur du son en piqué à la fin de l'année 1961 mais fut perdu dans un accident quelques jours plus tard. Cependant, au vu des résultats, 4 prototypes supplémentaires avaient été commandés. En février 1963, des essais furent menés à bord du porte-avions HMS Ark Royal.

Un des Kestrel testés par les États-Unis.

Peu de temps avant, un accord tripartie avait été signé entre le Royaume-Uni, l'Allemagne et les États-Unis pour construire en série en avion de combat dérivé directement du P.1127 : le Kestrel. Le premier Kestrel vola le 7 mars 1964. Par rapport au P.1127, il avait une nouvelle aile, un fuselage légèrement allongé, 2 pylônes d'emport de charge sous les ailes et un aérofrein ventral. En un an, près d'un millier de vols d'essais furent menés sur les 9 prototypes, par des pilotes des 3 pays. Le projet fut cependant abandonné en 1966 et une partie des avions envoyés aux États-Unis.

Du Kestrel au Harrier

Début 1965, la Royal Air Force avait commandé 6 prototypes d'un dérivé du Kestrel réellement capable de missions de combat et donc, en particulier, équipé de l'électronique nécessaire. Le prototype du Harrier GR.1 fit son premier vol le 31 août 1966, motorisé par le dernier modèle de réacteur Pegasus, qui atteignait maintenant une puissance de 84.6 kN avec injection d'eau-méthanol. Son aile était entièrement nouvelle, 5 pylônes permettaient d'emporter 2 270 kg de charge, et il était équipé d'une centrale inertielle, d'un affichage tête haute et de divers autres systèmes.

Le prototype de la version biplace d'entraînement Harrier T.2 vola pour la première fois en 1969. En octobre de la même année, le premier escadron de Harrier était déclaré opérationnel. Des améliorations du réacteur Pegasus, toujours de plus en plus puissant, conduisirent à la production de deux versions supplémentaires : le GR.1A et son biplace T2.A, puis le GR.3 et son biplace T.4. La version GR.3 était également équipée d'un système de visée laser dans la pointe du nez, d'un détecteur d'alerte radar et d'une caméra permettant des tâches limitées de reconnaissance. Le laser fut également ajouté à tous les GR.1 restants.

Les États-Unis prirent une licence pour produire le Harrier, afin d'en équiper les troupes d'assaut de l'US Marine Corps. McDonnell Douglas était chargé de construire l'avion tandis que Pratt & Whitney produisait les moteurs. L'avionique et le siège éjectables étaient américains, mais équivalents à ceux des avions britanniques. L'USMC ne conserva en fait que les canons de 30mm, bien que la norme américaine soit plutôt un canon de 20mm. Les livraisons commencèrent en 1970 et le premier escadron fut opérationnel en 1971. De 1979 à 1984, 47 exemplaires du AV-8A furent modifiés pour pouvoir attendre l'arrivée de la version avancée AV-8B Harrier II : révision de la structure, mise à jour de l'électronique, ajout d'un générateur d'oxygène pour le pilote, suppression de la caméra.

L'Espagne commanda 8 AV-8 en 1973, suivi de 5 autres en 1980. La première série fut assemblée aux États-Unis et la seconde au Royaume-Uni. Ces avions furent désignés AV-8S et TAV-8S. Suite à leur remplacement par des AV-8B Harrier II, les 11 Harrier espagnols furent revendus à la Thaïlande en 1997.

Le 15 décembre 2010 ont eu lieu au Royaume-Uni les derniers vols des Harriers de la RAF qui suite à des restrictions budgétaires ont été retirés du service prématurément[2].

Le Sea Harrier

Un Sea Harrier au décollage.
Un Sea Harrier FA.2 sur le pont du HMS Invincible.

Après avoir abandonné ses porte-avions classiques à la fin des années 1960, la marine britannique s'intéressa vite au Harrier, seul avion pouvant opérer à partir des porte-hélicoptères qui avaient été conservés. Une version spécifique fut alors développée, destinée non plus seulement à l'attaque au sol mais aussi au combat aérien. Elle fut logiquement équipée d'un radar, ainsi que d'un nouveau système de navigation et d'un pilote automatique. Entièrement modifié, le cockpit était surélevé de 28 centimètres, offrant enfin une bonne visibilité au pilote.

Le premier vol du Sea Harrier FRS.1 eu lieu le 20 août 1978 et les livraisons commencèrent l'année suivante. Pour l'entraînement au pilotage, la Royal Navy utilisa des Harrier T.4 qui ne disposaient pas de radar. L'entraînement au système d'arme se fit sur 3 Hawker Hunter T.8M, dont 2 avaient été utilisés pour la mise au point du radar du Sea Harrier. Parallèlement, les porte-aéronefs furent modifiés par l'ajout d'une rampe inclinée vers le haut en bout de pont, qui facilitait grandement le décollage des avions.

Les Sea Harrier britanniques furent modifiés immédiatement après la guerre des Malouines, entre autres pour pouvoir emporter 4 missiles air-air AIM-9 Sidewinder au lieu de 2 ainsi qu'un réservoir de carburant largable plus gros. Un programme de mise à jour plus important aboutit à la version FRS.2, allongée de 35 centimètres, équipée d'un nouveau radar beaucoup plus performant et capable d'emporter 4 missiles air-air AIM-120 AMRAAM. Cette version fut redésignée FA.2 au milieu des années 1990.

L'Inde commanda 8 Sea Harrier en 1983/1984, puis 11 autres l'année suivante et encore 8 de plus quelque temps plus tard. Les avions indiens ont un radar différents et sont capables de tirer le missile français Magic au lieu du missile américain AIM-9 Sidewinder. 14 de ces avions ont été mis à jour très récemment avec du matériel israélien (nouveaux radars et missiles).

Initialement prévus pour être conservés jusqu'en 2012, les Sea Harrier britanniques ont finalement été retirés du service en 2006 et remplacés par des Harrier GR.7A. L'Inde semble vouloir racheter une partie des Sea Harrier réformés pour compléter sa flotte.

La seconde génération

Article détaillé : AV-8B Harrier II.

Engagements

Un Sea Harrier en vol.

Le Sea Harrier FRS.1 a connu son heure de gloire pendant la guerre des Malouines, remportant 22 victoires en combat aérien contre les avions argentins sans aucune perte. Six des 28 avions engagés furent cependant perdus soit lors d'accidents soit à cause de la défense anti-aérienne argentine. Les Sea Harrier ont ensuite été déployés en Bosnie-Herzégovine lors de la guerre de Yougoslavie (1 avion abattu), en Irak lors de l'Opération Southern Watch et en Sierra Leone pour soutenir les troupes de l'ONU.

Les Harrier GR.3 britanniques ont également participé à la guerre des Malouines : embarqués sur les mêmes porte-aéronefs que les Sea Harrier, ils ont assuré des missions d'attaque. Trois des 14 avions engagés furent abattus par la défense anti-aérienne.

Sur les 1 315 missions effectuées par les Sea Harrier FRS 1 et les Harrier GR3, 215 (90+125) sont consacrées à l'appui au sol et la reconnaissance[3].

Variantes

Remarque : pour les versions GR.5 et suivantes ainsi que AV-8B et suivantes, se reporter à l'article AV-8B Harrier II

  • Harrier GR.1 - Version initiale d'attaque au sol (61 exemplaires)
  • Harrier T.2 - Version initiale d'entraînement (10 exemplaires)
  • Harrier GR.1A - Réacteur plus puissant (17 nouveaux avions et mise à jour de tous les GR.1 restants)
  • Harrier T.2A - Biplace d'entraînement du GR.1A (4 nouveaux avions et mise à jour de tous les T.2 restants)
  • Harrier GR.3 - Réacteur plus puissant, système visée laser (40 exemplaires)
  • Harrier T.4 - Biplace d'entraînement du GR.3 (11 exemplaires pour la RAF, 4 pour la Royal Navy)
  • Harrier T.60 - Version du T.4 destinée à l'Inde (4 exemplaires)
Un AV-8S Harrier de la marine espagnole.
  • AV-8A Harrier - GR.1 construit sous licence aux États-Unis (102 exemplaires)
  • TAV-8A Harrier - Biplace d'entraînement du AV-8A (8 exemplaires)
  • AV-8S Harrier - Version du AV-8A destinée à l'Espagne (11 exemplaires)
  • TAV-8S Harrier - Biplace d'entraînement du AV-8S (2 exemplaires)
  • AV-8C - Mise à jour du AV-8A (47 avions modifiés)
  • Sea Harrier FRS.1 - Première version multi-rôles navalisée (54 exemplaires)
  • Sea Harrier FRS.51 - Version du FRS.1 destinée à l'Inde (25 exemplaires)
  • Sea Harrier FRS.2/FA.2 - Nouveau radar, emport du AIM-120 AMRAAM (18 nouveaux avions et 29 FRS.1 modifiés)

Total première génération : 371 exemplaires (non compris les prototypes et avions de pré-série)

Pays utilisateurs

Notes et références

Voir aussi

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Articles connexes

Lien externe


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