SAS dans la guerre des Malouines

SAS dans la guerre des Malouines

Le Special Air Service dans la guerre des Malouines

Les SAS sont intervenus avec d'autres forces spéciales britanniques dans la guerre des Malouines en 1982.

Sommaire

Préambule

Le 2 avril 1982 dans l’Atlantique sud, les forces argentines envahissent les Iles Malouines qui sont britanniques depuis presque 150 ans.
Margaret Thatcher n’accepte pas cette atteinte à la souveraineté britannique. Elle initie une campagne pour récupérer ces iles situées à plus de 13 000 kilomètres de là. Un corps expéditionnaire est envoyé de l’autre coté du globe.
Le général de brigade Peter de la Bilière est à la tête du SAS. Il est déterminé à ce que ses hommes prennent part à la campagne.
Alors que la flotte prend la mer, le SAS est sur le départ.
Les escadrons D et G sont envoyés pour l’ile d’Ascension afin de rejoindre une force de reconnaissance déjà en route pour le sud.
Le lieutenant colonel Michael Rose en est le responsable. 2 ans plus tôt il commandait les soldats du SAS qui ont libéré les otages durant la prise d’otages de l’ambassade iranienne à Londres. Il doit maintenant conduire le régiment sur un type de combat totalement différent.

Zone centrale de la Georgie du Sud: Baie de Cumberland; la Péninsule Thatcher, King Edward Point (Grytviken); Allardyce Range avec le sommet du Mont Paget (Photo de la NASA).

Opération Paraquet

La première mission des SAS est l’opération Paraquet (déformation de Perroquet) surnommée par les soldats « Opération Paraquat » comme le désherbant.
Sa cible est une petite garnison argentine installée sur l’ile de Georgie du Sud à 500 km des Malouines.
Considérée comme peu risquée et à même de remonter le moral de l’opinion britannique, l’opération nécessitera toutes les compétences de survie du SAS. L’escadron D est détaché à bord du HMS Antrim. Les 16 soldats de l’escadron de chasseur alpin sont héliportés sur le glacier Fortuna dans la région de Grytviken.
Les conditions atmosphériques sont épouvantables et se dégradent encore.
Après quelques heures le capitaine John Hamilton demande une évacuation, par radio. Sans la moindre visibilité 2 hélicoptères s’envolent et s’écrasent sur le glacier. Par miracle 1 seul homme est blessé.
Alors que le blizzard fait rage, les chasseurs alpins sont finalement récupérés. 19 hommes sont entassés dans un appareil qui ne peut en transporter que 5. Le pilote le capitaine de corvette Ian Stanley sera décoré par la suite de la médaille du Distinguished Service Order (DSO).

C’est ensuite au tour de l’escadron maritime D de tenter l’aventure. Ils sont balayés mais survivent.
L’escadron spécial des marines royaux a plus de chance. Déposés par hélicoptères ils parviennent à surveiller l’ennemi.
Finalement les SAS rejoignent les marines pour la reddition des Argentins.

Reconnaissances

Puis l’escadron D rejoint les transports qui précèdent la flotte principale.
Pendant que l’escadron G se prépare à introduire des patrouilles de reconnaissance dans les Malouines, 8 équipes de SAS et 5 de SBS y sont envoyés. Depuis leurs postes d’observation, ils collectent des informations vitales sur les défenses argentines. Tandis que l’essentiel de la flotte continue vers le sud à partir de l’ile de l’Ascension, l’avant-garde se poste à 320 km des Malouines. Les 2 navires et leurs escortes sont maintenant susceptibles d’être attaqués à tout moment par les airs ou par la mer. Les Britanniques proclament zone de combat un périmètre de 300 km autour des iles dans lequel tout navire ou avion argentin sera attaqué. Le 2 mai le croiseur argentin Général Belgrano est torpillé par le sous-marin nucléaire d'attaque HMS Conqueror et perd plus de 300 hommes.
2 jours plus tard les forces aériennes argentines contre-attaquent.
2 de ses 5 chasseurs bombardiers Super Etendard décollent du continent, ils sont armés de missiles Exocet Air-Sol antinavire français. Volant au raz des vagues, ils parviennent à moins de 50 kilomètres de la flotte britanniques. Une fois leurs cibles acquises ils tirent leurs missiles.
A plus de 1000 km/h l’un d’eux frappe le HMS Sheffield de plein fouet. Le destroyer britannique n’est bientôt plus qu’une épave fumante. S’il devait arriver la même chose aux portes avions britanniques, la puissance aérienne nécessaire pour le débarquement serait anéantie. Même si les Argentins possèdent un nombre limité de missiles, ils représentent une menace considérable pour la flotte.

situation de Rio Grande et Punta Arenas

La base aérienne de Rio Grande en Terre de Feu dans la pointe sud de l’Argentine est bien au-delà de la zone de combat. Une action directe de la force armée risquerait d’incommoder les Etats-Unis, il faut donc attaquer furtivement.
Les stratèges britanniques se tournent à nouveau vers le SAS. La proposition est simple et osée : Débarquer 60 hommes sur la base du Rio Grande à l’aide de 2 avions de transport Hercule C 130.
C’était la plus grosse opération que le SAS montait depuis la seconde guerre mondiale, qui était également une mission suicide. Lorsque le chef de l’escadron B, le commandant John Moss en dénonce les faiblesses, il est immédiatement viré. La menace des missiles exocet semble prévaloir sur toute prudence.
Beaucoup des membres de l’escadron B écrivent leur testament mais tous acceptent bientôt la mission. Sous un nouveau commandement ils s’envolent pour l’ile de l’Ascension. La mission semble inexorable. Après des exercices, l’escadron est prêt à embarquer dans les C 130 pour accomplir la mission. La mission est toutefois annulée au dernier moment par Londres.
Un autre plan propose l’introduction de patrouilles SAS par hélicoptères et par sous-marin, pour installer des postes d’observation autour de la base aérienne argentine, afin de prévenir la flotte quand des Super Etendard décolleront.
Mais lors de l’une de ces missions le pilote se trouve en difficulté. L’armée de l’air argentine repère l’hélicoptère Sea King, du HMS Invincible, sur son radar et allume des fusées pour éclairer la base. Les SAS décident d’abandonner la mission, pour ne pas être capturés ils volent jusqu'à Punta Arenas, au Chili, en territoire neutre où ils abandonnent leur appareil. Ils incendient l’appareil et disparaissent dans la campagne à l’exception de l’équipe de pilotage qui est capturée et est chargée de répondre à la télévision chilienne :
«  Lors d’une patrouille en mer, nous avons subi une panne moteur. Les mauvaises conditions météorologiques ne nous ont pas permis de revenir vers notre navire dans de telles conditions. Nous avons donc cherché refuge dans le pays neutre le plus proche ». les trois membres d'équipage seront rapatriés par la suite.

Actions commando

FMA IA 58 Pucará argentin et son armement

La menace des exocet persiste, mais la situation évolue rapidement. En effet, la flotte britannique et les forces de débarquement se rapprochent. L’aviation argentine constitue toujours un réel danger, mais cette fois basée sur l’ile de Pebble, ce sont ses 60 avions d’attaque au sol Pucará qui représentent une menace immédiate.
Le raid SAS destiné à les anéantir deviendra une légende.
Avant de pouvoir débarquer leurs troupes pour reprendre les Malouines, les forces britanniques doivent neutraliser l’aviation argentine. En plus des 120 chasseurs basés sur le continent, les britanniques doivent protéger le débarquement contre les avions Pucara qu’on sait basés sur les îles et armés de missiles air sol et de napalm. Encore une fois les stratèges britanniques en appellent aux SAS.
Pendant la nuit du 11 mai, une équipe de huit SAS se glisse en reconnaissance sur la base aérienne de l’ile de Pebble à l’ouest des Malouines. Dans la plus pure tradition des SAS, ils se préparent à un échange de tirs quand ils accostent sur la plage. Après avoir dissimulé leurs canoës, ils quittent la plage et pénètrent dans l’ile pour se cacher avant le lever du jour. Leur camouflage est mis à l’épreuve quand un hélicoptère survole leur position, sans les repérer. Deux hommes sont envoyés en reconnaissance approchée, afin qu’ils confirment qu’il y avait bien une cible avant d’envoyer, ultérieurement, un escadron à l’assaut.
Les deux hommes aperçoivent onze appareils répartis autour de la piste. Après la tombée de la nuit, ils se replient et envoient un message à l’escadron en alerte sur le HMS Hermes. Dans la nuit du 15 mai 45 hommes de l’escadron B y sont héliportés. L’équipe d’observation du SAS leur fournit les dernières observations récoltées. Bardés de mortiers, de lances grenades et de roquettes de 66 mm, ils parcourent ensuite à pied les sept kilomètres qui les séparent de l’aérodrome. L’escadron atteint l’aire de tir prévu 19h30. Ce point sert de ralliement et de position de tirs pour les mortiers. Pendant que les servants de mortier s’installent les autres progressent pour pénétrer dans l’aéroport et causer le plus de dégâts pendant quinze minutes. Menés par le capitaine John Hamilton qui avait mené le raid de l’escadron D sur l’ile de Georgie du Sud 20 hommes pénètrent sur le terrain. Cette mission ressemble beaucoup à celle menée par le premier SAS en Afrique du Nord 40 ans plus tôt. Certains placent des explosifs sur les appareils, les autres les arrosent de balles. Au total onze appareils argentins sont détruits donc six redoutables Pucará. Le raid anéantit environ 25% des appareils d’attaque au sol présents sur les iles en moins d’une demie-heure, sauvant potentiellement la vie de centaines de soldats britanniques. 1 seul membre du SAS est blessé. Après 45 mn de tirs, l’escadron et l’équipe d’observation réembarque.
Mais cette victoire est rapidement suivie d’un drame alors que la flotte se prépare au débarquement.
Le 19 mai un oiseau s’engouffre dans la turbine d’un hélicoptère Sea King transportant des soldats pour un transbordement de routine entre deux navires. Il s’écrase en mer. Dix hommes survivent, mais 20 soldats du SAS et de son unité de soutien sont tués. Certains ayant participé au raid de l’ile de Pebble. C’est la plus lourde perte humaine accidentelle subie par le régiment depuis la seconde guerre mondiale.
Pendant ce temps, deux groupes de l’escadron B sont en route depuis l’ile de l’Ascension. A l’origine leur mission consistait à atterrir en catastrophe sur l’aérodrome de Port Stanley. Au lieu de cela ils sont parachutés en mer aux abords de la flotte pour remplacer les soldats disparus.
La nuit précédent le débarquement de la flotte les SAS attaquent la garnison argentine de Goose Green . Ils simulent l’assaut d’un bataillon entier à l’aide de mortiers, de mitrailleuses et de missiles anti-char, afin de fourvoyer les 1 200 soldats argentins.
Plusieurs jours plus tard la végétation fume encore. Grace à son subterfuge, l’essentiel de la force britannique débarque à San Carlos sans grande opposition de la part des forces terrestres argentines. Mais l’aviation argentine contre-attaque par d’audacieuses attaques au raz des vagues qui détruisent plusieurs bâtiments britanniques dont un important transport d’hélicoptères. En conséquence, au lieu d’être aéroporté, les britanniques doivent marcher sur plus de 80 km pour affronter le gros des forces argentines près de Port Stanley. En avant-garde permanente, les SAS continuent leurs reconnaissances agressives. Le 27 mai une patrouille SAS découvre que le mont Kent n’est que très légèrement défendu par les soldats argentins. Le lieutenant colonel Rose envoie immédiatement l’escadron D s’emparer de cette colline surplombant Port Stanley. Les soldats armés jusqu’aux dents prennent la position et la tienne pendant trois jours. Ils repoussent les attaques répétées jusqu'à l’arrivée en renfort du 42e Commando. Tandis que les forces britanniques se préparent à l’assaut final pour reconquérir les Malouines, les armes de l’artillerie royale pilonnent les positions argentines autour de Stanley. Des équipes SAS de quatre hommes sont en permanence en opération. Balayant des positions ennemies, effectuant des reconnaissances furtives et guidant l’artillerie.

Plan du débarquement de San Carlos

Le 5 juin l’une de ces patrouilles se déploie à Fox Bay à l’ouest des Malouines sous les ordres du capitaine John Hamilton qui s’est déjà distingué sur les iles de Georgie du Sud et de Pebble. Cinq jours plus tard Hamilton et ses observateurs sont encerclés par une patrouille ennemie alors qu’ils installent un poste de surveillance avancé. Hamilton est mortellement blessé, mais engage l’ennemi sous un tir nourri et ordonne à ses compagnons de fuir. Hamilton qui n’était dans le régiment que depuis six mois reçoit la Croix Militaire à titre posthume.
La nuit du 13 juin, alors que la bataille pour la colline surplombant Stanley fait rage, le SAS joint ses forces à celle du SBS. Le groupe d’assaut déploie quatre embarcations rapides de commando. Leur mission a pour but de laisser croire à une importante attaque amphibie sur la capitale, tandis que le véritable assaut terrestre viendra d’une autre direction. Le commando passe apparemment inaperçu lorsqu’il traverse les eaux de l'Hoden. Ils dépassent en chemin un navire hôpital qui mouille. Quand ils accostent des fusées illuminent le ciel et ils sont pris sous des tirs nourris provenant de positions à terre.
Le navire hôpital en infraction complète avec toutes les règles de la guerre, se joint à l’embuscade en les éclairant de tous ses projecteurs. Sous un feu nourri, les commandos battent rapidement en retraite, vers le navire hôpital dans l’espoir de s’en servir de bouclier.
Le navire devient alors la cible des mitrailleuses argentines. Malgré l’incendie des quatre embarcations, trois hommes seulement seront blessés.
Pendant ce temps dans les iles surplombant Stanley, les postes d’observation et de contrôles aériens camouflés du SAS orientent à l’aide d’un laser les bombes téléguidées des Harriet sur les cibles désignées. Les hommes du SAS guident aussi des tirs d’artillerie dévastateurs contre les troupes argentines dans les collines.
Le lundi 14 juin, Michael Rose commandant en chef du 22e SAS, apprend que le commandant argentin de Port Stanley est prêt à négocier les termes de sa reddition.
En début d’après midi, il s’envole avec deux de ses hommes à Stanley. Plus tard, dans la soirée, les Argentins capitulent officiellement.
Les Iles Malouines sont à nouveau britanniques.

Conclusion

La guerre des malouines fut un âpre conflit, émaillé d’épisodes effroyables.
Le SAS a démontré une fois de plus, sa capacité à opérer furtivement et le régiment peut prétendre à une part importante dans la victoire.

Bibliographie

  • Falklands Commando de Hugh McManners

Liens internes

Liens externes

Sources et références

  • Commandos des SAS – La guerre des Malouines


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