- Fæces
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Matière fécale
Pour un article spécialisé, voir Matière fécale humaine.Les matières fécales (également appelées fæces, fèces, selles, ou excréments) sont le résidu de la digestion - substances ou particules non assimilées et masse de bactéries du tube digestif -, expulsé par l'anus lors de la défécation accompagnée souvent de gaz.
C'est une exonération (ou excrétion) de consistance molle (semi liquide). Chez le nouveau-né, on l'appelle méconium.
Sommaire
Symbolique
Les matières fécales sont considérées comme matières impures dans de nombreuses cultures et religions. Ainsi :
- les Incas plaçaient souvent un coprolithe dans la bouche de nombreux condamnés qu'ils voulaient ainsi doublement déconsidérer.
- les mots les désignant dans le langage vulgaire : chiasse, merde, étrons... comportent une connotation insultante ou péjorative, très forte dans le langage courant et ceci dans toutes les langues... De même les expressions « C'est de la merde » ou « conchier »...
Vocabulaire
Si les enfants peuvent encore se permettre « d'aller faire caca », les adultes, qui ne vont plus guère à la garde-robe, aux latrines ou aux commodités, se doivent d'aller aux toilettes, aux cabinets, aux WC régulièrement.
Certains anglophones préfèrent demander à se laver les mains (« Where can I wash my hands? »). Les Américains parlent de bathroom (la salle de bain, où les toilettes se situent en général) même s'il s'agit de toilettes publiques, ce qui entraîne des erreurs de traduction assez fréquentes. On rencontre également, dans la littérature ou le cinéma, des personnages qui demandent à « aller au premier étage » (dans Le Train de 16 h 50, roman d'Agatha Christie), ou qui doivent se dissimuler derrière un amas rocheux pour se « recoiffer » (telle Mrs. Carla Goetaborg dans l'adaptation cinématographique de Voyage au centre de la Terre, en 1959), sans parler de ces innombrables personnes qui ont besoin de s'isoler pour « se repoudrer »...
Dans le même genre, beaucoup de sourds français utilisent le signe « téléphoner » pour dire qu'ils vont aux toilettes, ce qui évite l'utilisation de signes reliés à cette activité.
Les selles des humains
Les selles, leur élimination et leur surveillance constituent l'un des pivots de l’hygiène alimentaire mais aussi de l’hygiène générale. En tant que déchet de l'organisme, elles peuvent être vecteurs de maladies (essentiellement le choléra).
Composition des selles dites normales
Les selles (de 150 à 200 g par jour) sont le résidu de la digestion des aliments après leur passage dans le système digestif (transit digestif).
Leur composition est fonction de la pratique alimentaire[1]. Les selles dites normales contiennent 75 à 85 % d'eau et 18 à 22 % de matières sèches.
Ces matières sèches sont elles-mêmes constituées essentiellement de :
- 85 à 90 % de composés organiques (fibres de cellulose, constituant essentiel des végétaux et des fibres musculaires non-digérables),
- 5 à 7 % d'azote
- 3 à 5 % de phosphore (P2O5)
- 1 à 2,5 % de potassium (K2O). A noter que toute diarrhée s'accompagne d'une fuite de potassium.
- et les habituels germes saprophytes (non dangereux pour la santé) constituant la flore intestinale.
L'intestin sécrète bien de l'albumine mais celle-ci est digérée et ne se retrouve pas dans les selles. On y trouve par contre quelques enzymes encore actives, comme la chymotrypsine et les nombreuses bactéries
Leur coloration brune est due aux pigments biliaires : stercobiline et urobiline.
Normalement on n'y retrouve que peu de lipides et inversement beaucoup de fibres et de graisses non digérables.
Le rapport C/N, qui indique la vitesse à laquelle se dégrade un composé organique, oscille entre 5 et 10.
Les selles dites anormales
Chez l'homme ou l'animal, une selle est qualifiée d’anormale quand sa forme, sa couleur ou sa consistance est inhabituelle :
- quantité anormale (ex : son poids dépasse 200 g par jour chez l'Homme)
- elle apparaît « liquide » : diarrhée lorsque l'individu est malade (par exemple lors d'une gastro-entérite).
- elle apparaît « trop graisseuse » (Stéatorrhée, ou créatorrhée)
- sa fréquence est trop élevée (plus de trois fois par 24 heures)
- elle contient du sang rouge (doit toujours alarmer, même s'il ne s'agit que de traces) ou du sang « digéré » (selles liquides, noirâtres, nauséabondes). Dans ce dernier cas, une prise en charge médicale urgente est nécessaire.
- elle contient des « résidus » ; ce n'est pas grave s'il ne s'agit que de quelques aliments non digérés.
- elle contient des parasites (visibles ou suspectés dans le cas d'un prurit de la zone anale. le parasite est généralement de type tenia. Cette situation nécessite un avis médical pour une éventuelle diagnose[2].
- elle s'accompagne de douleurs au ventre ou de l'anus.
- Il est important de ne pas se retenir d'aller aux toilettes car c'est une cause de constipation.
Les selles témoins d'autres pathologies
Dans certaines maladies, la présence ou l’absence de selles ainsi que leur consistance renseignent sur le type de pathologie en cause :
- dans les syndromes de malabsorption (syndrome d'intolérance au gluten par ex.) elle deviennent hyper abondantes et graisseuses.
- dans le cancer du pancréas les selles deviennent blanchatres par l'absence de sels biliaires qui sont déviés vers les urines qui, elles, prennent l'aspect de la « bière brune ».
- dans le syndrome de Crohn et la rectocolite hémorragique, elles sont glaireuses et sanglantes.
- en cas d'occlusion intestinale : choc + absence totale et prolongée de matières et de gaz
- en cas de fécalome (accumulation de matières fécales dans l'intestin formant obstacle à la progression des selles, trouble du transit fréquent chez les personnes âgées), souvent secondaire à une déshydratation.
Le toucher rectal est donc particulièrement utile pour la mise en évidence d’un fécalome, mais également à partir de 50 ans, au cours des visites médicales de routine à la recherche d’éventuelles lésions de la prostate ou du rectum.
Les selles des animaux
La taille des selles animales varie fortement suivant la corpulence de l'animal. Celles des lapins font généralement 1,2 cm de diamètre et sont sèches au toucher.
La réingestion de certaines crottes permet à des animaux comme les lapins, les octodons ou les chinchillas, d'assimiler encore plus de nutriments et certaines vitamines B produites par les bactéries du caecum[3]. On dit qu'ils sont caecotrophes.
L'analyse de selles
La coproculture permet une coproscopie (qui est l’analyse des matières fécales, avec recherche la présence de bactéries, virus, champignons ou prarsites).
- L’analyse précise de la composition des selles par fécalogramme permet de détecter les problèmes de fonctionnement de l’intestin grêle dont:
- ceux de la flore intestinale surtout des (coliformes dont 99 % d'Escherichia coli)
- éventuellement des germes pathogènes (bactéries, levures, parasites...)
- Secondairement : cultures (coproculture) et isolement des bactéries et levures. Puis test de sensibilité des souches de levures et bactéries aux divers médicaments (antibiogramme, antifongigramme...)
- la présence de parasites (amibes, vers, etc.) par l'examen parasitologique des selles,
- Cette analyse renseigne directement, des résidus digestifs et indirectement de l'absorption (stéatorrhée, créatorrhée) et de l'inflammation intestinale (présence de sang dans les selles habituellement révélée par des analyses de laboratoire ou par le test hémocult ™ également utile après 40 ans).
Divers usages des matières fécales
Recherche médicale et scientifique
La coprologie, et en particulier la coprologie fonctionnelle, c'est-à-dire l'analyse scientifique du contenu des selles a diverses applications dans les domaines médical et vétérinaire. Dans les deux cas elle peut permettre l'identification de parasites ou de germes infectieux. Par diverses techniques (dont certaines mettent en jeu le niveau moléculaire) elle débouche également sur la détection de pathologies variées.
En écologie, la coprologie est une méthode non invasive permettant d'étudier qualitativement et quantitativement le régime alimentaire des animaux (mammifères, oiseaux, escargots, etc.). L'analyse d'empreinte génétique à partir de traces d'ADN présentes dans les fèces est une technique de plus en plus utilisée en biologie et écologie des populations : elle permet de reconnaître individuellement des animaux sauvages, et éventuellement de connaître leur sexe à partir de leurs crottes.
Recyclage
La matière fécale constitue un engrais naturel traditionnel (voir les champs d'épandage). En France dans le Languedoc, avant la généralisation de l'eau courante dans les campagnes au milieu des années 1950, il était courant d'aller se soulager dans les vignes, et l'effet fertilisateur à long terme de cette pratique y était largement connu. Cette pratique est néanmoins déconseillée à cause des risques causés par certains parasites intestinaux, en particuliers des coliformes fécaux
En Asie comme en Afrique, la bouse de vache et le crottin de cheval séchés peuvent servir comme combustible ou même à faire des briques pour les huttes.
Élimination
L'élimination, urbaine ou rurale, des matières fécales tant humaines (notamment dans les pays en développement), qu'animales (penser au lisier de porcs et aux fientes de poules en Bretagne), pose d'énormes problèmes de génie sanitaire.
Citation
Victor Hugo, étant donné la possibilité du recylage, considère avec regret la pratique de l'élimination, et consacre à ce point un assez long passage de son roman Les Misérables (cinquième partie, livre deuxième, chapitre I) :
- « La science, après avoir longtemps tâtonné, sait aujourd'hui que le plus fécondant et le plus efficace des engrais, c'est l'engrais humain. Les Chinois, disons-le à notre honte, le savaient avant nous. Pas un paysan chinois, c'est Eckeberg qui le dit, ne va à la ville sans rapporter, aux deux extrémités de son bambou, deux seaux pleins de ce que nous nommons immondices. Grâce à l'engrais humain, la terre en Chine est encore aussi jeune qu'au temps d'Abraham. Le froment chinois rend jusqu'à cent vingt fois la semence. Il n'est aucun guano comparable en fertilité au détritus d'une capitale. Une grande ville est le plus puissant des stercoraires. Employer la ville à fumer la plaine, ce serait une réussite certaine. Si notre or est fumier, en revanche, notre fumier est or.
- Que fait-on de cet or fumier ? On le balaye à l'abîme. »
Art
En 1961 l'artiste Piero Manzoni créa son œuvre provocatrice Merda d'artista.
En 2000, Wim Delvoye créé Cloaca, un tube digestif humain géant et fonctionnel. Cloaca produit après un traitement de 27 heures, des excréments qui sont ensuite vendus.
Notes et références
- ↑ Source: Rodale, Gotaas composting, cité par François Tanguay, in "Petit manuel d'auto-construction", p.230, editions de Mortagne.
- ↑ Coproscopie parasitaire de l'école nationale vétérinaire
- ↑ Les logomorphes sur le site Comparative mammalian brain collection(en)
Voir aussi
Articles connexes
- Coprologie
- Matière fécale humaine
- Fumier
- Bouse
- Scatologie et Scatophilie
- grebon : en Savoie, crottes de brebis et de chèvres utilisées comme combustible
- gastro-entérologie, spécialité médicale (digestion et ses maladies)
- Latrines
- Toilettes
- Toilettes sans eau
- Boue d'épuration, Eaux usées
- Boue de curage
- Lisier
- Azote, Nitrates, phosphore
- Agence de l'eau
- Directive cadre sur l'eau
- Directive Nitrates
- Directive cadre Stratégie pour le milieu marin,
- Gestion du risque
- Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSA)
Liens externes
- Documentaire: Sacrées bouses. Reportage diffusé le 07/06/2008 dans le cadre de la série de trois émissions La Fabuleuse Histoire des excréments, en trois parties, sur la chaine de télévision Arte - Sacrées bouses sur le site d'Arte.
Bibliographie
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