- François Claudius Koënigstein
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Ravachol
François Koënigstein Portrait de RavacholNom de naissance François Claudius Koënigstein Surnom(s) Ravachol
Léon LégerNaissance 14 octobre 1859
Saint-Chamond, FranceDécès 11 juillet 1892 (à 32 ans)
Montbrison, FranceProfession(s) Ouvrier teinturier François Claudius Koënigstein dit Ravachol, le « Rocambole de l'anarchisme », est un militant et terroriste anarchiste né le 14 octobre 1859 à Saint-Chamond (Loire) et mort guillotiné le 11 juillet 1892 à Montbrison.
Sommaire
Biographie
François Claudius Koënigstein est né le 14 octobre 1859 à Saint-Chamond, dans le département de la Loire. Marie Ravachol, sa mère, exerce la profession de moulinière en soie. Elle vit alors en concubinage avec son père, Jean-Adam Koënigstein, dit L'Allemand, originaire des Pays-Bas, arrivé dans le Forez un an plus tôt, en 1858. Il est employé comme lamineur aux forges d'Izieux.
Ravachol est confié à une nourrice jusqu'en 1862, date à laquelle Jean-Adam Koënigstein reconnaît la paternité de l'enfant et épouse Marie Ravachol. Il est par la suite placé dans un hospice qui le prend en charge jusqu'à l'âge de six ou sept ans. Son père se montre violent avec sa femme et interroge régulièrement Ravachol pour trouver des prétextes à son encontre. Sans résultat, d'après Ravachol dans ses Mémoires[1]. Son père abandonne bientôt le foyer conjugal pour retourner aux Pays-Bas où il décède l'année suivante de maladie.
Ne pouvant subvenir seule aux besoins de quatre enfants, Marie Ravachol doit mendier de l'aide et placer son fils dans une ferme. Dès ses huit ans, il travaille dur pour subvenir aux besoins de sa famille. Il est tour à tour berger, mineur, cordier, chaudronnier avant de trouver une place à Saint-Chamond comme apprenti teinturier chez Richard et Puthod.
À 18 ans, Ravachol entame la lecture du livre Le juif errant d'Eugène Sue et commence à se détacher des idées religieuses. Après une conférence donnée par Paule Minck le 3 décembre 1881 à Saint-Chamond, il les abandonne totalement. Il assiste aux conférences de Léonie Rouzade et de Charles-Edme Chabert, s'intéresse à la presse socialiste notamment à travers Le Prolétariat et Le Citoyen de Paris. Il entre dans un Cercle d'études sociales où il rencontre Toussaint Bordat et Régis Faure, tous deux militants anarchistes. Ravachol est alors collectiviste, il deviendra anarchiste suite à ses lectures.
Renvoyé avec son frère de la maison Vindrey, il se retrouve sans travail, dans la misère, et commence par voler des poules pour nourrir sa famille. Vers 1888, il joue de l'accordéon dans les bals pour un cachet de cinq francs par soirée[2]. Il s'adonne à la contrebande d'alcool pour faire face à ses périodes de chômage, puis à la fabrication de fausse monnaie et, à partir de mars 1891, au cambriolage.
Dans la nuit du 14 au 15 mai 1891, à Terrenoire, il profane la sépulture de la comtesse de la Rochetaillée dans le but de dépouiller le cadavre de ses bijoux. Mal renseigné, il ne trouve aucun bijou.
Le 18 juin 1891, à Chambles, il tue et dévalise Jacques Brunel, un ermite de 93 ans, qui vivait d'aumônes depuis une cinquantaine d'années[3]. Sans ressources mais non sans fortune, le vieillard amassait les dons tout en vivant dans une extrême pauvreté. Le crime est découvert le 21 juin vers midi. La police identifie rapidement l'assassin et le 27 juin tend une souricière à Ravachol. Arrêté par le commissaire Teychené et cinq inspecteurs, il parvient à s'enfuir en profitant de l'occasion offerte par un ivrogne.
Activement recherché par la police, il met en scène son suicide le 13 juillet, puis se rend à Barcelone chez Paul Bernard, anarchiste condamné par contumace, en novembre et décembre 1890, à deux et trois ans de prison pour « excitation au meurtre, au pillage et à l'incendie »[4]. À Barcelone, Ravachol s'exerce avec d'autres compagnons à la fabrication d'explosif, avant de rejoindre Paris en août 1891 sous le nom de Léon Léger.
Il trouve alors refuge chez Charles Chaumentin, 12 place du square Thiers à Saint-Denis, qui le fait entrer à la Chambre syndicale des hommes de peine. Puis Ravachol loue une chambre à L'Île-Saint-Denis, au 2 quai de la Marine. Il est apprécié par la famille Chaumentin. Il apprend à lire à leur fille qui l'appelle « cousin Léon ». Il rencontre Auguste Viard, et deux compagnons qui lui racontent le procès de Clichy. Révoltés par la férocité des policiers et des magistrats lors de l'Affaire de Clichy, Ravachol, Charles Achille Simon dit biscuit, Charles Ferdinand Chaumentin dit Chaumartin, Joseph Marius Beala dit Jas-Béala ou Joseph Marius et sa compagne Rosalie Mariette Soubert dit Mariette Soubère, décident de passer à l'action et organisent plusieurs attentats.
L'affaire de Clichy
Ravachol est l'instigateur de deux attentats contre les magistrats impliqués dans l'Affaire de Clichy. Le 1er mai 1891, jour de la fusillade de Fourmies, une trentaine de manifestants improvise un défilé allant de Levallois-Perret à Clichy, drapeau rouge en tête. Un peu avant trois heures, alors que le drapeau est roulé et que les manifestants se dispersent, le commissaire Labussière donne l'ordre de s'emparer de l'emblème. C'est l'incident, des coups de feu sont échangés et des agents de police légèrement blessés. Trois anarchistes sont aussitôt arrêtés, dont Louis Leveillé, lui-même blessé par balle. Dès leur arrivée au poste, ils subissent un violent passage à tabac, ce qui révolte les anarchistes. Lors de leur procès, le 28 août de la même année, l'avocat général Bulot requiert la peine de mort contre l'un des prévenus. Le verdict est sévère : Henri Louis Decamps est condamné à cinq ans de prison, Charles Auguste Dardare à trois ans, Louis Leveillé est acquitté[5][6].
D'abord occultée par la fusillade de Fourmies, l’affaire est suivie avec plus d’intérêt par les journaux anarchistes. La Révolte, met en valeur l'attitude exemplaire de Henri Louis Decamps lors de son procès ainsi que les violences subies par les compagnons. Sébastien Faure édite une brochure sur les débats judiciaires intitulée L'anarchiste en cour d'assises. La brutalité policière et les condamnations sont perçues comme un défi par les anarchistes. Avec la complicité de quelques compagnons, Ravachol décide de le relever.
Le vol de Soisy-sous-Etiolles
Dans la nuit du 14 au 15 février 1892, 360 cartouches de dynamite, 3 kilogrammes de poudre, 100 mètres de mèche et 1400 capsules d'amorces, sont dérobées dans une carrière de Soisy-sous-Etiolles. L'enquête, confiée au parquet de Corbeil, se dirige rapidement vers les milieux anarchistes parisiens. La police les soupçonne de préparer des attentats contre l'ambassade d'Espagne et lors des manifestations du premier mai. Le 23 février, la police perquisitionne chez de nombreux militants anarchistes, dont Jean Grave, administrateur du journal Le Révolté, Constant Martin et Emile Pouget. Ces premières perquisitions donnent peu de résultats, sauf chez Benoit Chalbrey et Bordier, où elle découvre plusieurs cartouches de dynamite provenant du vol de Soisy-sous-Etiolles.
Les attentats
Attentat du boulevard Saint-Germain
Leur cible est d'abord le commissariat de Clichy qu'ils envisagent de faire exploser le 7 mars 1892 à l'aide d'une marmite chargée de mitraille et d'une cinquantaine de cartouches de dynamite. Devant les difficultés d'approche, le groupe renonce et décide de changer d'objectif pour viser le conseiller Edmond Benoît, président des assises lors de l'Affaire de Clichy. Pour trouver l'adresse du conseiller, Ravachol consulte simplement l'annuaire téléphonique. Charles Simon part reconnaître les lieux, un immeuble situé au 136 boulevard Saint-Germain à Paris, sans parvenir à trouver l'étage où habite le conseiller. Le concierge, Augustin Pinot, interrogé par Charles Simon, refuse de le renseigner.
Le 11 mars, vers 18h00, le groupe passe à l'action[7]. Charles Chaumentin les accompagne jusqu'au tramway avant d'être remercié et invité à les quitter car « père de famille ». Pour passer les préposés chargés de l'octroi, Mariette Soubère dissimule la marmite sous ses jupes. Le groupe passé, elle quitte ses trois compagnons et retourne chez elle. Au niveau des Bouffes du Nord, Ravachol congédie Charles Simon et Joseph Beala qui retournent à Saint-Denis. Arrivé devant l'immeuble, Ravachol, armé de deux pistolets, entre et dépose la bombe sur le palier du premier étage. Il allume la mèche, redescend et, au moment même où il gagne le trottoir, la bombe explose. « J'ai cru que la maison me tombait dessus ! », déclara Ravachol lors de son procès. Une personne est blessée. Au quatrième étage, le conseiller Benoît est indemne. Les dégâts matériels sont évalués à 40 000 francs de l'époque. Pour le journal anarchiste La Révolte, cet attentat « réhabilite un peu la dynamite que les tentatives précédentes avaient un peu amoindrie[8] ».
Le 13 mars, Ravachol et ses compagnons envisagent un nouvel attentat, cette fois contre l'avocat général Bulot. Ravachol et Charles Simon se chargent de préparer une nouvelle bombe, composée de 120 cartouches de dynamite.
Le 15 mars, une bombe explose à la caserne Lobau. Si cet attentat organisé par Théodule Meunier n'est pas lié à Ravachol, la police est sur les dents. Elle diffuse le signalement de Ravachol à la presse et insiste sur la cicatrice qu'il porte à la main gauche :
« Taille 1 m 66, envergure 1 m 78, maigre, cheveux et sourcils châtains foncés, barbe châtain foncé, teint jaunâtre, visage osseux, nez assez long, figure allongée, front bombé et assez large, aspect maladif
Signes particuliers : cicatrice ronde à la main gauche, au bas de l'index, près du pouce ; deux grains de beauté sur le corps : un sur la poitrine gauche, un sous l'épaule gauche »— Signalement de Ravachol diffusé par la police, cité par Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, 1951
Dénoncés cinq jours après le premier attentat par une indicatrice anonyme, S. d’A. dite X2, rétribuée 800 francs, Charles Simon et Charles Chaumentin sont interpellés le 17 mars. Ravachol parvient à échapper à la police et à joindre Saint-Mandé ou il dispose d'une chambre. Il coupe sa barbe, et décide de maintenir l'attentat contre Bulot.
Attentat de la rue de Clichy
Le 27 mars, à 6h20, il prend l'omnibus pour se rendre rue de Clichy où il arrive vers huit heures. Il dépose la bombe au numéro 39 de cette rue, au deuxième étage. Il a parcouru cinquante mètres quand la bombe explose. Sept personnes sont blessées, l'immeuble est ravagé. Les dégâts sont évalués à 120 000 francs.
Après l'attentat, Ravachol prend l'omnibus Batignolles-Jardin des plantes pour constater les dégâts causés par la bombe. Mais le transport en commun est détourné de son trajet habituel et Ravachol ne peut rien voir. Vers 11 heures, il s'arrête au restaurant Véry, situé au 24 boulevard de Magenta, et fait la connaissance de Jules Lhérot, garçon de café et beau-frère du patron. Jules Lhérot émet quelques critiques à propos du service militaire et Ravachol en profite pour lui exposer les théories anarchistes et antimilitaristes. Il lui parle également de l'explosion qui vient d'avoir lieu. Intrigué par un homme qu'il trouve suspect, Jules Lhérot laisse néanmoins partir Ravachol.
L'arrestation
Le 30 mars 1892, Ravachol retourne au restaurant Véry. Alarmé par les propos tenus quelques jours plus tôt et reconnaissant en lui l'auteur des attentats décrit par la presse, Jules Lhérot alerte la police. Ravachol est interpellé avec difficulté par le commissaire Dresch et une dizaine d'agents de police.
Le 25 avril, veille de son procès, une bombe dissimulée au restaurant Véry explose, tuant le patron et un client. « Véryfication », écrit Émile Pouget dans Le Père Peinard. Jules Lhérot, lui, est indemne. Il touche 100 francs offert par le journal Le Temps et 300 francs sur le montant d'une souscription lancée par le journal Le Matin en faveur des victimes de l'attentat. Il quitte alors la France pour l'étranger afin d'échapper aux représailles anarchistes. A son retour, il sollicite une place dans la police, qui lui sera accordée.
Les Procès
Procès devant la cour d'assises de La Seine
L'instruction du procès ne traîne pas. Ravachol et ses compagnons comparaissent le 26 avril devant la Cour d'assises de La Seine. Le tribunal est alors sévèrement gardé pour prévenir toute attaque organisée par des anarchistes[5]. Pour entrer, il faut exhiber un laisser-passer. A onze heures, les inculpés sont présentés devant le tribunal. Le siège du ministère public est occupé par le procureur général Quesnay de Beaurepaire. Le banc de la défense par maître Lagasse. Les débats se déroulent dans le calme. Ravachol tente de disculper ses compagnons et d'assumer seul la responsabilité des attentats. Il explique ses actes par sa volonté de venger Dardare et Decamps condamnés suite aux manifestations du 1er mai 1891 et victimes de brutalités policières. Présenté comme quelqu'un de doux et estimé de tout le monde à cause de sa physionomie sympathique et de ses sentiments humanitaires, par Charles Chaumentin et ses compagnons, Ravachol apparaît alors comme le justicier anarchiste, compatissant avec les opprimés mais implacable avec ceux qu'il jugeait responsable de leur misère. Le verdict est inattendu. Charles Simon et Ravachol sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité, les trois autres acquittés.
Dénoncé par une habituée de la maison, Charles Chaumentin, est jugé sévèrement par les anarchistes qui, à l'époque, ne connaissent pas l'existence de l'indicatrice x.2. Dans le numéro 47 du journal Le Libertaire (3-9 octobre 1896), Sébastien Faure juge avec sévérité « le délateur, le traître, celui qui, dans cette affaire, récolta le mépris de tous les gens de coeur, parce qu'il acheta son acquittement au prix de l'acte le plus ignoble qu'un homme puisse commettre ». Lors des aveux de Charles Chaumentin, la police connaissait déjà toute l'histoire. L'étude des archives de la Préfecture de police par l'historien Jean Maitron le réhabilita « quelque peu ».
Condamné avec Ravachol aux travaux forcés à perpétuité, Charles Simon, meurt au bagne, lors d'une révolte de forçats sur les Îles du Salut. En septembre 1894, François Briens, est tué par un surveillant nommé Moscart. Avant de mourir il a le temps de prononcer ses dernières paroles : « Je meurs pour l'anarchie ; les anarchistes me vengeront ». Le 21 octobre, Moscart est assassiné de dix-neuf coups de couteau, avec un de ses collègues et deux contremaîtres. La révolte s'étend, l'alarme est rapidement donnée. La répression tue onze forçats, dont plusieurs anarchistes connus comme Jules Léauthier, Edouard Marpeaux, Pierre Meyrues, Benoît Chevenet, etc.
Le 23 octobre, Quillemary, condamné deux mois plus tôt pour un crime de droit commun, est exécuté. Perché dans un arbre, Charles Simons, matricule 26507, voit la tête rouler dans le panier du bourreau et crie « Vive l'anarchie ! ». Un soldat l'interpelle : « Veux-tu que je tire en haut ou en bas ? » « Vive l'Anarchie ! », fut la dernière réponse du bagnard. Le soldat fait feu, Charles Simon, dit Biscuit, dit Ravachol II s'effondre, mortellement blessé.
Procès devant la cour d'assises de la Loire
Le second procès se déroule le 21 juin, à Montbrison, devant la Cours d'assises de la Loire. Ravachol est accusé de plusieurs crimes et délits antérieurs aux attentats. Il reconnaît la violation de la sépulture et l'assassinat de l'ermite de Chambles, mais nie énergiquement être responsable des meurtres de La Varizelle et de Saint-Etienne. Sa participation au double meurtre de Saint-Etienne, repose essentiellement sur les déclaration de Charles Chaumentin le 27 mars : « ... Béala m'a confié que Ravachol (alors qu'il se cachait à Saint-Etienne après l'assassinat de l'ermite de Chambles) aurait assassiné deux vieilles filles qui tenaient un fonds de quincaillerie à Saint-Etienne, et qu'il n'avait jamais été soupçonné de ce crime ».
Pour sa défense, Ravachol déclare qu'il a tué pour satisfaire ses besoins personnels et soutenir la cause anarchiste. Le président réfute cette thèse. Pour lui, Ravachol a tué pour vivre du crime, et « mener une vie tranquille, sans rien faire ». Sa cause est désespérée, seuls son frère et sa soeur le soutiennent en témoignant de son rôle de père pendant leur enfance.
Ravachol est condamné à mort. Il accueille le verdict au cri de « Vive l'anarchie ! » Le président des assises lui refuse le droit de lire une dernière déclaration qu'il remet à son avocat, maître Lagasse :
« Je souhaite que les jurés qui, en me condamnant à mort, viennent de jeter dans le désespoir ceux qui m'ont conservé leur affection, portent sur leur conscience le souvenir de leur sentence avec autant de légèreté et de courage que moi j'apporterai ma tête sous le couteau de la guillotine. »— François Koënigstein, dit Ravachol, Le Révolté, n°40, 1-7 juillet 1892
L'exécution
Ravachol est exécuté le 11 juillet 1892, à Montbrison, par le bourreau Louis Deibler. Il refuse l'assistance de l'aumonier et chante Le père Duchêsne en allant vers la guillotine. Ses dernières paroles sont « Vive la ré... » au moment où le couperet tombe. Le télégramme partiellement chiffré de l'annonce de l'exécution le traduit par « Vive la république ! » Il semble plus juste de penser avec Jean Maitron que ses dernières paroles furent « Vive la révolution ! » ou « Vive la révolution sociale ! » comme le firent de nombreux anarchistes avant et après lui.
L'ère des attentats en France (1892-1894)
Le 9 décembre 1893, Auguste Vaillant jette une bombe à la Chambre des députés française pour le venger.
Le mythe
Avant de devenir l'un des symboles de la révolte désespérée, Ravachol traîne une réputation de mouchard et d'agent provocateur depuis son évasion rocambolesque de juin 1891. Les journaux anarchistes lui sont alors peu favorables. En janvier 1892, le journal La Révolte commente le procès des complices de Ravachol en des termes sans équivoques : « ... L'opinion publique est tellement persuadée que la police l'a fait évader, qu'on rit dans l'auditoire dès qu'il en est question...[9] ».
Au lendemain de son exécution, Ravachol devint un mythe pour de nombreux compagnons et va faire l'objet d'un « véritable culte de la personnalité[10] ». Exalté pour son sang froid lors des attentats, sa logique implacable et le courage dont il fit preuve devant la guillotine, des chansons lui sont consacrées, à l'exemple de La Ravachole, sur l'air de la Carmagnole et de ça ira, ou de Ravachol chanté par Renaud en 1974. Dans L'Eloge de Ravachol, l'écrivain Paul Adam en fait un saint, le « Rénovateur du Sacrifice Essentiel »[11]. Comme le remarque le criminologue Cesare Lombroso, « il fallait aux révolutionnaires français, malgré leur internationalisme, un martyr national, exécuté par la guillotine[12] ».
Les tintinophiles reconnaîtront en lui une insulte plusieurs fois proférée par le Capitaine Haddock.
Notes et références
- ↑ Sur les Mémoires de Ravachol, voir :
(fr) Archives de la Préfecture de police, B A/1132 ;
(fr) Jean Maitron, Ravachol et les anarchistes, Gallimard, coll. « Folio-Histoire », 1992 (ISBN 2070326756) p.42-73. - ↑ (fr) Jean-François Gonon, Histoire de la chanson stéphanoise et forézienne, Saint-Etienne, 1906, p.403
- ↑ Sur le crime de Chambles dans la presse, voir :
(fr) « Assassinat d’un ermite : Le crime de Chambles », Le Progrès illustré, n°30, 12 juillet 1891, sur bm-lyon.fr - ↑ À propos de Paul Bernard, voir :
(fr) « Dangereux anarchiste », La Presse, n°630, 15 février 1894, p.3
(fr) « L'anarchiste Paul Bernard », Le Figaro, n°46, jeudi 15 février 1894, sur gallica.fr, p.2 ;
(fr) « Les anarchistes », Le Temps, n°11952, jeudi 15 février 1894, sur gallica.fr, p.2 ;
(en) « Anarchist chief arrested, Paul Bernard in the hand of the Paris police », The New York Times, February 15, 1894, Wednesday, sur nytimes.com, p.5 - ↑ a et b (fr) Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Gallimard, coll. « Tel », 1992 (ISBN 2070724980)
- ↑ Sur le compte rendu du procès voir :
(fr) « Un procès d'anarchistes », La Presse, n°1179, 30 août 1891, p.3 - ↑ Sur l'attentat du boulevard Saint-Germain, voir :
(fr) « La dynamite », Le Figaro, 13 mars 1892, p.2
(fr) « La dynamite à Paris », Journal des débats politiques et littéraires, samedi 12 mars 1892, sur gallica.fr
(fr) « Nouvelle explosion de dynamite au boulevard Saint-Germain », Le Temps, 13 mars 1892, p.2 - ↑ (fr) La Révolte, n°26, 19-25 mars 1892
- ↑ La Révolte, n°17, 16-22 janvier 1892.
- ↑ (fr) Gaetano Manfredonia, La chanson anarchiste en France des origines à 1914, Paris, L'Harmattan, 1997 (ISBN 2738460801)
- ↑ (fr) Paul Adam, Eloge de Ravachol, Entretiens politiques & littéraires, Juillet 1892
- ↑ (fr) Cesare Lombroso, L'anarchie et ses héros, Stock, Paris, 1897.
Voir aussi
Articles connexes
: source utilisée pour la rédaction de cet article
Bibliographie
- (en) Ernest Alfred Vizetelly, The Anarchists: Their Faith and Their Record, Edingurgh, Turnbull and Spears Printers, 1911
- (fr) Gaetano Manfredonia, La chanson anarchiste en France des origines à 1914, Paris, L'Harmattan, 1997 (ISBN 2738460801)
- (fr) Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Gallimard, coll. « Tel », 1992 (ISBN 2070724980)
- (fr) Jean Maitron, Ravachol et les anarchistes, Gallimard, coll. « Folio-Histoire », 1992 (ISBN 2070326756)
- (fr) Pierre Bouchardon, Ravachol et Cie, Librairie Hachette , 1931
- (fr) René Dumas, Ravachol, l'homme rouge de l'anarchie, Saint-Etienne, Le hénaff, coll. « Héros populaires », 1981 (ISBN 2865020223)
Liens externes
- (fr) Hervé, Ravachol, sur forez-info.com.
- (fr) La Ravachole, L'Almanach du Père Peinard, sur kropot.free.fr, 1894.
- (en) Octave Mirbeau, Ravachol, sur spunk.org.
- (fr) Zanzara athée, Déclaration de Ravachol pour son procès (1892), sur infokiosques.net.
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