- Fort de Joux
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Château de Joux
Vue lointaine du château et de la cluseType Château fort Début construction XIe siècle Fin construction XIXe siècle Destination initiale Fortification Protection Classé MH (1996)
« Patrimoine du XXe siècle »Coordonnées [1] Pays France Anciennes provinces de France Comté de Bourgogne Région Franche-Comté Département Doubs Commune française La Cluse-et-Mijoux Géolocalisation sur la carte : France
modifier Le Château de Joux est situé dans le Doubs, il surplombe la cluse de Pontarlier ouvrant passage vers la Suisse dans le massif du Jura. Il fait partie de la commune de La Cluse-et-Mijoux, Doubs.
Il fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 18 juillet 1996[2].
Sommaire
Histoire
Le plateau de la Pelouse
C'est sur le plateau de la "Pelouse", à l'extrémité sud-ouest de la montagne du Larmont qu'est érigé le Fort de Joux. Il est probable que les seigneurs de Salins aient inféodé une vaste portion de leur territoire, qu'il tenait de l'abbaye territoriale de Saint-Maurice d'Agaune, à la maison de Joux et notamment le Val d'Usie. En effet en 941 ce monastère remettait en fief à Albéric de Salins tout le val composé de Goux-les-Usiers, Bians-les-Usiers et Sombacour. Grâce à Frédéric Barberousse, Empereur romain germanique, qui leur en confirme la charge au XIIe siècle, les sires de Joux vont pouvoir considérablement agrandir leur domaine. Les propriétés de la maison de Joux s'étendent sur les montagnes de Mouthe, de Pontarlier et de Montbenoît, le long du Doubs depuis le "Mont d'Or" près de Métabief jusqu'au "Mont de la Grande-Combe", ils possèdent la seigneurie d'Usie, celle de Cicon, de Lièvremont et de Naisey. Le fief n'étant pas masculin, passera dans les maisons de Blonay puis de Vienne et enfin de Hachberg et de Neuchâtel à l'occasion des alliances féminines[3].
Le site, édifié à l'entrée de la "Cluse de Pontarlier" (appelée "le tournant" ou "embouchis"), commande l'unique route traversant les montagnes du Jura à cet endroit et facilite l'installation d'un "péage" qui garantit très vite un revenu régulier permettant de construire un château en pierre ; c'est d'ailleurs le seul revenu pouvant être tiré à cette époque de ce lieu désertique et aride couvert de forêts impénétrables, de rares pâturages et de montagnes. La puissante maison de Joux apparait au XIe siècle et descend des premiers burgondes qui s'approprièrent ce lieu, le fief se compose à l'origine du château et de Saint-Pierre-de-la-Cluse (aujourd'hui le quartier Saint-Pierre), il s'agrandit à partir du XIIIe siècle au moyen d'"abergements" (concessions gratuites de terrain) tout d'abord vers La Cluse, puis vers la Chapelle-Mijoux, Les Verrières, Les Fourgs et enfin Oye-et-Pallet ; les sires de Joux vont ainsi devenir les propriétaire des "montagnes du Jura" se faisant d'ailleurs appelés "les puissants seigneurs à bannières du Jura" ou "les sires des forêts jurassiennes"[3].
les sires des forêts jurassiennes
Le premier connu des membres de cette famille est Amauri qui vit au XIe siècle, à cette époque il n'est nullement question d'un château dans les chartes et Amauri y est juste nommé par son nom ou quelque fois par le titre de "Juranis saltibus" qui le désigne seulement comme propriétaire de régions montagneuses et forestières. Il faudra attendre que son fils Landry lui succède pour voir apparaitre la dénomination de "Castro Jurensi" ou "Castri Jurensi possessor" faisant référence à une forteresse. Avec l'arrivée de Frédéric Barberousse sur le trône du Saint-Empire romain germanique les sires de Joux se voient remettre le Val d'Usie et entreprennent la fortification de la roche surplombant le cours du Doubs à Pontarlier et notamment le quartier du "Morieux" devenant ainsi la "forte place du Molar". En 1246 Amaury III se voit contraint, par Jean Ier de Chalon, de traiter avec les "barons-bourgeois" de Pontarlier dans le cadre du "baroichage" de cette ville (qui est une association d'hommes libres), cet acte limite ses droits sur les forêts, le banvin et le baroichage de Pontarlier aussi en représailles Amaury III exige des droits de péage exorbitant à ceux qui traversent ses terres pour aller chercher du sel à Salins ce qui ne manque pas de déclencher un important conflit avec Jean Ier de Chalon qui aboutira à apporter la désolation sur les terres de Joux[3].
En 1410 Guillaume de Vienne achète le château et la seigneurie de Joux à Jeanne, fille d'Hugues de Joux, qui n'avait pas d'enfant. Il meure en 1434 laissant Philippe de la Marche, en qualité de châtelain de Guillaume de Vienne, venir habiter le château accompagné de son fils Olivier. Celui-ci, encore très jeune à cette date sera confié à Pierre de Saint-Mauris et scolarisé à l'école de Pontarlier qu'il quitte à l'age de 14 ans pour entrer comme page au service des ducs de Bourgogne. Par mariage le fief devient propriété de la maison de Hachberg, ceux-ci ne revendiquant pas la possession des terres de Joux elle devient pendant 150 ans l'objet de tiraillements entre les Bourguignons, les Français et les suisses[3].
Le traité des Pyrénées
En 1503 le fief de Joux quitte les mains de la maison de Hachberg pour venir sous l'autorité de Maximilien d'Autriche. Avec la Guerre de Dix Ans débutée en 1634 le château de Joux, après la ville de Pontarlier, tombe en 1639 entre les mains des Français conduit par Bernard de Saxe-Weimar, malgré sa position défensive qui lui aurait permis de tenir longtemps un siège les portes du château sont ouvertes à la première sommation des Français. La forteresse est remise au gouvernement de Van-der-Gruën, nommé par Weimar, qui à son départ la rend à Henri d'Orléans dont la famille en était propriétaire avant ces évènements[3].
Le traité des Pyrénées, signé en 1659 pour mettre fin à la guerre entre la couronne d'Espagne et la France, comprend un article stipulant que le château de Joux, momentanément cédé au comte de Neuchâtel, doit être restitué à la France. c'est donc en 1668 que les Français entre dans la province et que général de Noisy se met en route pour Joux. Le baron Ferdinand de Saint-Mauris qui commande la garnison, composée de 60 soldats plus 20 cavaliers et 200 hommes de milices, est sous l'autorité du gouverneur de la province qui n'est autre que le marquis d'Yenne. Celui-ci avait quelque temps plus tôt pris parti pour la France au mépris de son devoir de défendre les places Francs-Comtoises. C'est pourquoi il capitule très vite devant de Noisy venu avec moitié moins d'hommes. En 1678 le traité de Nimègue confirme le retour définitif de la Franche-Comté à la France et le démembrement de la seigneurie de Joux à l'image de tant d'autres[3].
Vauban, Bourbaki et Joffre
En 1690, Vauban l'agrandit et en améliore les défenses. Il servit durant l'Ancien Régime et la Révolution de prison d'État. Il est célèbre pour avoir enfermé en ses murs Mirabeau, André Rigaud, Toussaint Louverture qui y mourut de froid et de malnutrition, Heinrich von Kleist et d'autres.
Assiégé avec succès par les Autrichiens en 1814, il sera renforcé par la construction des forts du Larmont (inférieur et supérieur) durant le XIXe siècle. Il couvrira la retraite de l'armée de Bourbaki vers la Suisse en janvier 1871. Cette armée dite « de l'Est » avait tenté de secourir la garnison de Belfort.
En 1879, le capitaine Joffre, alors officier du Génie, le modernise et le transforme en véritable fort Séré de Rivières, avec des casemates de tir pouvant accueillir des canons de 155 mm, jugés comme les plus gros canons d'artillerie de l'époque. À ce sujet, ses deux casemates, appelés « casemates Mougin », sont complètement recouvertes non seulement sous plusieurs mètres de terre, mais aussi de plaques en fonte (4 plaques de 20 tonnes chacune). Un système de verrou à contre-poids permettait l'ouverture pour permettre le tir et d'énormes bouches d'aération permettaient aux gaz et poussières générés par le tir de s'évacuer rapidement. Récemment remise en état de marche, Joux possède la seule casemate Mougin encore en état de fonctionnement.
Un musée d'armes est situé à l'étage du donjon médiéval. Les armes présentées vont du début XVIIIe au début XXe siècle, avec près de 600 pièces (casques, baïonnnettes, sabres, cuirasses) dont certaines pièces très rares comme un fusil de 1717. À voir aussi un puits de 120 mètres de profondeur, un des plus volumineux d'Europe.
Généalogie de la maison de JouxLes premiers seigneurs de Joux apparaissent dans le cartulaire de Romainmôtier. Dans ce document il est cité Nardwin père de Warin père d'Aldric (ou Ulric) père d'Amaldric (ou Amauri) père de Landry[4].
Une charte de Rodolphe III dernier roi de Bourgogne et de son demi-frère Burchard est paraphée par les témoins Lambert, Rodolphe, Uldoric et Adalbert. Elle est datée de l'an XVII du règne de ce monarque, donc de 1010 ou 1011 puisque ce personnage à succédé à son père Conrad III en 993. Il est possible qu'Uldoric soit un sire de Joux et le père d'Amauri, ce dernier prénom est particulier à cette maison et déjà en 856 un Almaric est témoin du diplôme d'Hartmannus publié à Échallens sous le règne de Louis II empereur d'Occident et le même nom est retrouvé dans une charte datée de 886 de Rodolphe III lorsque ce dernier était comte et marquis[4].
Les armoiries sont d'or frettées de sable et timbrées d'un bœuf naissant d'or sur un casque ouvert entre deux ailes d'azur[4].
Devise : "Au boeuf", symbole d'une ville municipale romaine, à noter qu'un bœuf et une vache tirant ensemble une charrue étaient symbole d'une colonie[3]
- Amauri (Amaldricus de Juranis saltibus) : vit entre 1057 et 1075. Il est sans cesse en conflit avec le prieuré de Romainmôtier qui possède des terres à Bannans et Bretzendans (Sainte-Colombe). En effet Amauri veut soumettre les religieux aux travaux d'entretien et de réparation de son château de La Cluse s'appuyant pour justifier son droit sur le fait que ses prédécesseurs Narduin, Warin et Uldric en avait toujours exigés de même : "les hommes de Bannans et de Sainte-Colombe doivent contribuer par des corvées aux réparations et à l'entretien de la Cluse, quand elle en a besoin, ou payer, en équivalent, une certaine somme, comme ils avaient coutume de le faire au temps de mes prédécesseurs, Narduin, Warin et Uldric. Ces hommes doivent, se joindre à moi et à mes chevaliers, lorsque l'on est à la poursuite des voleurs relégués dans ces villages et quand je faits la guerre à mes ennemis. Ne sont-ils pas obligés d'enlever les bois qui obstruent les passages, les chemins ?". Amauri est traduit devant le tribunal de Besançon devant lequel il reconnait ses fautes. Avant 1083 il donne à l'abbaye de Baume l'église Saint-Étienne de Pontarlier. Il eut trois fils, Hugues (chanoine de Besançon de 1110 à 1118), Falcon (ou Gui) et Landry qui suit[4].
- Landry (Landricus de Jure ou Castro Jurensi ou Castri Jurensi possessor[4]), sire de Joux et d'Usie : vit vers 1080 à 1110. Aux alentour de 1086 il donne la terre de Sainte-Colombe au monastère de Romainmôtier et sur la demande de son prieur Lambert, il renonce aux prétentions qu'il avait élevé sur les propriétés du couvent à Bursins et à Bougé dans le pays de Vaud[4]. Il fonde en 1100 l'abbaye de Montbenoît de l'ordre de Saint Augustin et lui donne le Val du Sauget ainsi que des droits dans la terre de Joux[5]. La charte de donation de 1169 explique que Landry avait donné "tout ce qu'il possédait dans le lieu de Montbenoît, en forêts, pâturages, eaux et prairies, et autres choses nécessaires aux besoins des serviteurs de Dieu qui y sont établis", dans celle de 1228 Henri de Joux précise que ses droits s'étendent depuis "la combe de la première Oye" jusqu'à "la fontaine de Chadgeslir" puis depuis ce lieu sur l'autre rive du Doubs jusqu'à "la fontaine ronde" et depuis le sommet du "Mont d'Arc" jusqu'à celui du "Mont-de-Say"[4]. Il eut trois fils, Amaury qui suit, Louis (fonde la lignée de Naisey) et Landri[4].
- Amaury I (filius Landrici de Castro Jurensi[4]), sire de Joux, de Mireval, de La Cluse et d'Usie[5]. À l'image de son ancêtre il commet des exactions sur les biens du monastère de Romainmôtier à Bannans et va jusqu'à tuer le prévôt ce qui lui vaut de comparaitre devant le comte de Bourgogne Renaud II à un plaid qui se tenait à Jougne. Il plaide coupable et en réparation donne au prieur du monastère la terre nommée "vers l'Épine" et une autre à Chaffois, afin de garantir sa conduite il doit envoyer à Pontarlier huit otages[4]. Il accorde aux religieux de l'abbaye de Montbenoît l'exemption du péage de La Cluse et ses droits sur l'hôpital de Pontarlier entre autres dons[5]. Il eut deux fils, Hugues qui suit et Odon (témoin en 1166 de la donation des terres de Quingey et de Liesle à Odon de Champagne de la part de Frédéric Barberousse[5])[4].
- Hugues I, sire de Joux, de Mireval, de La Cluse et d'Usie[5]. Il confirme les donations de ses prédécesseurs et permet aux religieux de l'abbaye de Montbenoît de chasser dans ses forêts du Mont-Jura, de pêcher dans ses rivières et leur cède tous ses droits sur leurs sujets. Il confirme aussi la possession des eaux du Doubs depuis le "moulin Frambert" jusqu'à la source des "Brennes" et leur accorde la libre jouissance du bois voisin du four à poix de l'abbaye. Il eut deux enfants, Amauri II qui suit et N. de Joux (épouse d'Humbert de Scey)[4].
- Amauri II (Emmandricus Jurensis, Domini Hugonis filius[4]), sire de Joux, de Mireval, de La Cluse et d'Usie[5]. Il donne à l'abbaye de Montbenoît la moitié des dîmes qu'il a sur les héritages des étrangers habitant Usie et les exempte du droit de banvin. Il est témoin du don du comte de Bourgogne à l'église Saint-Étienne de Besançon en 1170 et se croise la même année pour la troisième croisade. Il épouse Berthe (voir le châpitre "Légendes diverses") dont il n'eut qu'un fils, Henri I qui suit[4].
- Henri I, sire de Joux, de Mireval, de La Cluse et d'Usie. En 1196 il donne aux religieux de l'abbaye de Mont-Sainte-Marie le droit de parcours sur le territoire d'Usie ainsi que l'usage des forêts et trois ans plus tard il confirme la donation de son père à celle de abbaye de Montbenoît de la moitié de ses dîmes d'Usie, en 1216 il les exemptera du péage de la Cluse. En 1227 il "accorde à perpétuité, à toutes les personnes portant l'habit et la tonsure de l'ordre de Cîteaux, à leurs voitures et autres choses quelconques, le libre passage dans sa terre pour le remède de son âme et celle de ses prédécesseurs" et l'année suivante, après un pèlerinage à "Saint-Jacques en Galicie" (Saint-Jacques-de-Compostelle), il confirme les dons de ses ancêtres aux religieux de l'abbaye de Montbenoît en les augmentant d'un cens sur les seigneuries de Liévremont, de La Cluse, de la moitié des dîmes sur ses héritages et de l'autorisation qu'il accorde aux sujets de Montbenoit de trouver une épouse sur ces terres. Après sa mort en 1243 il est inhumé dans le chœur de l'église de Montbenoit, à côté de son tombeau, sur une plaque de marbre, il est représenté à cheval armé de toutes pièces et la masse au bras avec ses armes "d'or frettées de sable, timbrées d'un cheval ailé" ; l'écu est supporté par deux anges tenant chacun un écusson, sur l'un est gravé : Da gloriam Deo, sur l'autre : Serva mandata et au-dessus : R.D. vota D.Henrici de Joux, qui hanc abbatiam dotavit, et donationes predecessorum suorum confirmavit MCCXXVIII. Il épouse Clémence dont il eut, Amauri III qui suit et Hugues (seigneur de Mireval et d'Usie, il prendra le nom d'Hugues d'Usie[5])[4].
- Amauri III, chevalier, sire de Joux et de La Cluse[5]. Il entre en conflit avec Jean Ier de Chalon, comte de Bourgogne et sire de Salins, en refusant d'entrer dans son hommage et exige un droit de péage important à ceux qui traversent ses terres pour aller chercher du sel à Salins. Dans le même temps il a des ennuis avec Amédée de Montfaucon, frère du comte de Montbéliard, car celui-ci lui reproche d'avoir acquis d'Odon d'Arguel le fief de Morteau qui releve des Montfaucon. En représailles les deux seigneurs apportent la désolation sur les terres d'Amaury qui doit reconnaitre ses tords. Dans le traité de paix de 1250 il renonce au fief de Morteau, reconnait que son château de Joux et le "rocher" de La Cluse, qui avait été fortifié par le comte Étienne II d'Auxonne, mais aussi les terres de Bouverans, de Courvières, d'Houtaud, de Bonnevaux et de Dommartin relevent de la mouvance des seigneurs de Salins et renonçe à prélever des droits sur ceux qui traversent ses terres pour aller à Salins. Dans le même temps il engage ses terres de Bouverans et de Courvières auprès du comte de Bourgogne pour la somme de mille livres couvrant les frais de guerre. En 1251 il assiste Guillaume II de la Tour, archevêque de Besançon, dans sa reconnaissance des droits de l'abbaye de Montbenoît sur le Val du Saugeois et deux ans plus tard il reçoit la confirmation de l'accroissement de son fief sur le puits de Salins que Jocerand III Gros de Brancion lui avait fait. Il épouse Luquette ou Huguette de Bonnevaux dont il a six enfants, Henri II qui suit, Jean (chevalier, sire de Coligny et de Chevrel, il épouse Béatrix, dame de Coligny, veuve de Guillaume de Coligny[5]), Marguerite (épouse de Gérard II de Durnes[5]), Lionnette, Anne (épouse en 1276 Guillaume de Scey) et Marguerite (mariée en première noce à Jean de La Sarraz puis à Étienne de Vienne seigneur de Berthelange)[4].
- Henri II, sire de Joux et de La Cluse[5]. En 1250 il jure se conformer aux clauses du traité fait entre son père et les sire de Salins et de Montfaucon, c'est pourquoi il engage le fief d'Usie à la comtesse Laure de Commercy en 1266. En 1282 il participe à l'expédition du comte de Bourgogne pour venger le massacre des français aux Vêpres siciliennes. En février 1295 il fait son testament au château de Joux et choisit sa sépulture au cimetière de l'église de Montbenoit. Il épouse Guillemette de Montbéliard, sœur de Simon de Montbéliard, sire de Montrond, et fille de Richard de Montbéliard. Il eut dix enfants, Jean qui suit, Thierry (chevalier, gardien de Dommartin en 1332 et 1350), Guillaume (clerc), Jean (chanoine à l'Abbaye Saint-Paul de Besançon), Richard (religieux au Monastère de Condat), Henry (moine à l'abbaye de Cluny), Agnès (religieuse cordelière à Besançon), Luquette ou Jacquette (dame de l'abbaye de Remiremont), Jeanne (épouse de Perrod, co-seigneur d'Estavayer) et Marie (épouse Rollin lui aussi co-seigneur d'Estavayer)[4].
- Jean, damoiseau, sire de Joux et de La Cluse[5]. Il teste en 1303 et choisit sa sépulture au cimetière de l'abbaye de Montbenoit. Il épouse Marguerite, fille de Richard, sire de Dampierre-sur-Salon dont il eut Henri III qui suit et Jacquette (dame de Joux, de Mireval et de La Cluse, elle épouse Jean de Blonay, chevalier et co-seigneur de Vevey, elle teste au château de Joux le 15 janvier 1340 et choisit sa sépulture dans l'église de l'abbaye de Montbenoit[5])[4].
Seigneur de Joux de la maison de Blonay :
- Jean, ( - 1349), co-seigneur de Vevey (où il décédera), épouse Jacquette, dame de Joux, et héritière d'Henri III, son frère, et prend le titre de chevalier, seigneur de Joux dans l'acte d'hommage de 1336 qu'il rend à Jean II de Chalon-Arlay pour "son châtel de Joux, le Molar-devant-Joux (chateau de La Cluse), que le cuens de Chalon fit bâtir, et la forte place du Molar-dessus-Pontarlier". Il eut deux enfants naturel, Juenet et Alix de Blonay, et sept enfants de son épouse, Hugues qui suit, Perrot ou Perron (damoiseau puis chevalier), Rolet ou Rodolphe, Henri (sire de Rahon), Jean, Agnelette et Guillemette[4].
- Hugues, chevalier, seigneur de Joux. Il participe avec Gérard de Montfaucon et Pierre d'Estavayer au côté du comte de Montbéliard à la guerre contre le comte de Neuchâtel en 1342. L'année suivante il rend hommage à Jean II de Chalon-Arlay pour "son chastel de Joux, le bourg et appartenance dudit chastel, des montagnes de Miroal, de la ville de Bonnevaux et des appartenances, des montagnes de Galopin et de tout ce qu'il a et peut avoir en la Chau d'Ellie (la Chaux-d'Arlier qui s'étend du Val du Sauget jusqu'à celui de Mièges), en plus du bourg neuf dessoubz le chastel de Joux, de la prévôté du Lac-Dampvautier, toutes les Joux, les montaignes et plaines, et tout le franc-alleus en la chastellenie de Joux, exepté Oye et Doubz". Il épouse Marguerite de Grandson dont il eut Jeanne. Après le décès de son époux Marguerite se remarie en 1354 avec Pierre de Billens (fils d'Humbert de Billens et de Jeannette de Cossonay) puis à Rodolphe IV comte de Gruyère[4].
- Jeanne, ( - 1410), dame de Joux. Elle est dans un premier temps sous la tutelle de sa mère Marguerite et son père Pierre de Billens qui s'institue sire de Joux. Elle épouse Vaucher ou Gaucher de Vienne, ( - 1390), fils d'Henri de Vienne, seigneur de Mirebel[4].
Seigneur de Joux de la maison de Vienne :
- Guillaume IV de Vienne, dit le Sage (vers 1360 † 1434), seigneur de Saint-Georges, de de Sainte-Croix, de Seurre et de Montpont, conseiller et chambellan du roi de France et du duc de Bourgogne, gouverneur du Dauphin de France, premier chevalier de la Toison d'Or, fut l'un des seigneurs les plus distingués des cours de France et de Bourgogne. Seigneur de Joux (1410-1437), il confirme les privilèges de La Cluse et de La Chapelle-Mijoux le 24 février 1416, les franchises des Verrières le 3 août 1419 et la charte de la prévôté du Lac-Dampvautier en 1430. Le 9 juillet 1400, il se marie avec Marie, dame de Bussy, fille de Béraud II de Clermont (1333-1399), dauphin d'Auvergne et de Marguerite (vers 1355-1418), comtesse de Sancerre, dont il eut Guillaume II de Vienne[4].
- Guillaume II de Vienne, seigneur de Joux, Saint-Georges, Trichatel et Sainte-Croix. Il épouse Alix de Bussy, fille de Jean III de Chalon-Arlay et de Marie des Baux. Il décède à Tours en 1456. il eut Jean de Vienne (seigneur de Bussy-le-Châtel et de Seillières, mort jeune sans alliance en 1458), Marguerite qui suit, Marie (épouse de Ferry comte de Blâmont en Lorraine)[4].
- Marguerite, (1422 - 1458), épouse en 1447 à Pontarlier Rodolphe IV ( - 12 avril 1487), co-margrave de Bade-Sausenberg (1441-1444), margrave de Bade-Sausenberg (14441-1487), fils de Guillaume marquis de Bade-Hachberg. Jean de Fribourg, comte de Neuchâtel, décède sans héritier en 1457, il avait désigné Rodolphe comme successeur. Elle eut Philippe qui suit[4].
- Philippe de Hachberg, ( juin 1453 - 29 août 1503), margrave de Bade-Sausenberg (1487-1503), comte de Neuchâtel, maréchal de Bourgogne, grand chambellan de France et gouverneur de Provence. Il épouse Marie de Savoie ( - 1500), fille d'Amédée IX de Savoie et nièce de Louis XI dont il eut une fille unique Jeanne de Hochberg. Il prend le titre de seigneur de Joux du vivant de son père et ajoute celui de seigneur de Pontarlier et d'Usie[4].
- Jeanne de Hachberg, ( - 1543) mariée le 6 octobre 1504 à Louis d'Orléans. Ils perdent le château de Joux en 1503 qui est remis à Louis de Vaudrey, bailli d'Aval, par Philippe Ier de Castille. Après le décès de Louis de Vaudrey la forteresse est remise à Denis de Montrichard[4].
Architecture
Le Château de Joux est un exemple d'architecture militaire développée de façon continue du Moyen Âge au XIXe siècle. La partie la plus ancienne est le donjon médiéval et les deux premières enceintes. La quatrième et la cinquième enceintes reprise par Vauban ont un tracé bastionné, mais la cinquième enceinte a été reprise entre 1879 et 1881 avec ajout de deux casemates (de type Mougin) cuirassées.
Le château et les enceintes même la cinquième enceinte, son fossé et la batterie de la Rochette, datées du XIXe siècle ont été classés monument historique le 18 juillet 1996, il est également labellisé « Patrimoine du XXe siècle »[6].Légendes diverses
Berthe de Joux
Amauri II de Joux se croisa vers 1170. Son épouse, Berthe, à peine nubile, l'attendit plusieurs années lorsqu'un soir, un chevalier blessé se présenta au château. C'était le jeune Amey de Montfaucon, très beau garçon si l'on en croit la légende, Berthe, qui n'avait plus de nouvelles de Terre Sainte et croyant son époux tombé sous les coups des infidèles, se consola dans les bras de cet ami d'enfance. Rentré alors qu'on ne l'attendait plus, Amauri surprit les deux amants. Ivre de rage, il transperça Amey de Montfaucon de trois coups d'épée et ordonna qu'on suspendît sa dépouille à un gibet planté sur les rochers de la "Fauconnière".
Quant à l'épouse infidèle, elle fut condamnée à être enfermée sa vie durant dans un minuscule cachot où elle ne pouvait se tenir qu'à genoux, face à une étroite meurtrière offrant pour seul spectacle le corps nu, disloqué et mangé par les corbeaux de son bel amant. À la mort d'Amauri, son fils, le jeune Henri de Joux, eut pitié de sa mère qu'il envoya finir ses jours "amendée" et repentie à l'abbaye de Montbenoît. Ce remords tardif près de la tombe d'Amauri ne fut peut-être pas suffisant pour apaiser la colère divine car, près de huit siècles plus tard, certaines oreilles exercées entendent encore, lorsque la bise souffle la nuit près du retranchement du Chauffaud, « Priez, vassaux, priez à deux genoux, Priez Dieu pour Berthe de Joux ! » Conte ou histoire vraie ? L'existence de Berthe est attestée dans les chartes médiévales. Elle vivait encore à Montbenoît en 1228. Amey de Montfaucon, ou son homonyme, comte de Montbéliard, vivait au XIIe siècle. Quant au lieu-dit de la "Fauconnière, il tirerait son nom d'Amey de Montfaucon...
Les dames d'Entreportes
Un sire de Joux avait trois filles : Loïse, Berthe et Hermance qui rivalisaient de beauté. Leur seul défaut était une extraordinaire coquetterie qui les poussait irrésistiblement à enflammer le cœur de tous les chevaliers et écuyers du voisinage. Quand leurs conquêtes étaient assurées, elles les délaissaient aussitôt pour exercer leurs charmes sur les malheureux qui osaient encore leur résister. Plus d'un noble prétendant put se croire l'élu de l'une de ces gentes dames, mais ses espoirs se brisaient toujours à la veille des noces.
Cependant, trois jeunes seigneurs, les plus séduisants et les plus courageux du comté de Bourgogne, n'avaient pas abandonné l'idée de se faire aimer d'elles. Ils firent bonne garde autour du château, avec la bénédiction du sire de Joux qui rêvait secrètement de les avoir pour gendres. Mais en vain.
Cédant à la colère et à l'impatience, le père décida que les vainqueurs d'un tournoi auraient pour récompense la main de ses trois filles et ce, bon gré, mal gré. On annonça la joute à plus de cent lieues à la ronde, mais peu de chevaliers se présentèrent, chacun connaissant trop bien l'humeur capricieuse et l'inconstance des belles demoiselles de Joux. La fortune des armes sourit à Bras-de-Fer, Raymond le Bossu et Hugues-au-Pied-Fourchu, dont la méchanceté n'avait d'égale que la laideur.
Le jour des noces, les fiancées parurent voilées. Pour échapper à l'horreur de telles mésalliances, elles s'étaient fait remplacer par des servantes. La supercherie découverte, la poursuite s'organisa en direction de Pontarlier puis du défilé des Entreportes, où les seigneurs abusés les rejoignirent. Mais lorsqu'ils voulurent prendre dans leurs bras les demoiselles de Joux, ils n'étreignirent que trois statues de pierre que l'on peut encore voir aujourd'hui et qui sont connues sous le nom de "Dame des Entreportes".
Notes et références
- Géoportail et Google Maps Coordonnées vérifiées sur
- Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no PA00101629 » sur www.culture.gouv.fr.
- Esquisse historique, légendaire et descriptive de la ville de Pontarlier, du fort de Joux et de leurs environs
- Histoire généalogique de la maison de Joux
- Histoire généalogique des sires de Salins au comté de Bourgogne
- Notice no PA00101629, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
Ouvrages
- Jean-Marie Thiébaud, Michel Malfroy, Roland Lambalot et Joël Guiraud, Le Château de Joux, Pontarlier, Pourchet, 1987.
- Jean Baptiste Guillaume, Histoire généalogique des sires de Salins au comté de Bourgogne, édition Jean-Antoine Vieille, 1757, p. 313 à 319 books.google.fr
- Jean-Louis d' Estavayer, Histoire généalogique de la maison de Joux, 1843, p. 1 à 90 et 131 books.google.fr
- Édouard Girod, Esquisse historique, légendaire et descriptive de la ville de Pontarlier, du fort de joux et de leurs environs, édition J.C. Thomas, 1857, p. 224 à 280 books.google.fr
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