- Testicule
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Le testicule (testes) est la gonade mâle des animaux. Il a une double fonction, plus ou moins exprimée selon les périodes de la vie :
- spermatogenèse (production de spermatozoïdes)
- stéroïdogénèse (fonction hormonale, active in utero lors de la différentiation sexuelle, puis brièvement dans les premiers mois suivant la naissance, puis à partir de la puberté jusqu'à la fin de la vie).
Tous les mammifères possèdent des testicules jumelés. Chez la plupart des espèces, ils migrent lors de l'embryogenèse et deviennent externes, dans une poche qui s'appelle le scrotum. Seules quelques espèces (mammifères marins) ont des testicules internes.
Le domaine de la santé reproductive se préoccupe notamment d'un syndrome de dysgénésie testiculaire (TDS) qui semble de plus en plus fréquent et qui pourrait avoir pour origine une contamination du foetus par des perturbateurs endocriniens[1],[2].
Sommaire
Embryogenèse
Les testicules se forment de manière précoce :
- les cellules de Sertoli sont les premières cellules à se différencier : elles englobent les cellules germinales, alors appelées gonocytes, pour former les cordons séminifères dès 12 jours de postconception (jpc) chez la souris, 13,5 jpc chez le rat et 42-45 jours chez l’homme.
- Peu après, les cellules de Leydig du fœtus se différencient. Elles secrètent deux hormones nécessaires à la masculinisation du fœtus : la testostérone et l'insulin like hormone 3 (Insl 3) [3].
- L'exposition de l'embryon à ces stades à de faibles doses de perturbateurs endocriniens peut être source de malformations génitales[2].
- La future qualité et quantité de spermatozoïdes produits de la puberté à la fin de vie dépendra en grande partie de la gamétogenèse fœtale et de la capacité des gonocytes à se transformer en spermatogonies souches ; la suppression expérimentale d'une partie de ces cellules chez l'embryon conduit à une diminution de la production spermatique chez l'adulte [4].
- La distance de l'anus au testicule (« distance ano-génitale ») est également hormono-dépendante[5].
Maturation sexuelle
Les cellules de Sertoli se multiplient activement jusqu’à la puberté. Elles ne seront ensuite jamais renouvelées.
Anatomie humaine
Les testicules humains sont des organes pairs et symétriques situés à l'extérieur du pelvis dans le scrotum afin d'être à une température inférieure à celle de l'abdomen (2 °C en moins). Chaque testicule adulte mesure environ 3 cm de haut, 2 cm de large et 5 cm de profondeur pour un poids d'environ 18 g.
Les testicules comportent une coque lisse et blanc nacré appelée albuginée du testicule (tunica albuinea testis), elle est épaisse, solide et inextensible. Sur ses faces latérale et caudale, le testicule est entouré par une « cavité vaginale testiculaire », reliquat de cœlome interne. Au sommet du testicule on retrouve l'épididyme séparé du testicule par le « sillon épididymaire ». La disparition de ce dernier est le signe d'une pathologie de l'épididyme tel qu'un cancer. À son pôle caudal, le testicule est fixé au scrotum par le gubernaculum testi.
La vascularisation du testicule
Elle est terminale, effectuée par 3 artères.
- Dans le cordon spermatique, l'artère et les veines spermatiques accompagnent le canal déférent. Au contact de l'épididyme, ces vaisseaux se divisent pour donner les vaisseaux testiculaires, les vaisseaux épididymaire antérieur et postérieur qui vascularisent respectivement la tête et la queue de l'épididyme.
- Les vaisseaux testiculaires (1 artère et 4 veines) perforent l'albuginée en un point précis. Le canal déférent est vascularisé par une artère qui lui est propre, l'artère déférentielle.
Chez l'embryon et le jeune enfant, il existe une anastomose entre les artères épididymaire postérieure, déférentielle et funiculaire (destiné au muscle crémaster). Cette anastomose ne peut pas se suppléer à l'artère spermatique et en cas de torsion du testicule la circulation sanguine est coupée et le testicule se nécrose au bout de 5-6 h (La torsion testiculaire est une urgence chirurgicale).
L'albuginée envoie des cloisons ou « septa » (pluriel de septum qui veut dire cloison) découpant le testicule en environ 300 lobules testiculaires contenant les tubes séminifères. Les tubes séminifères (tubuli seminiferi recti) contenus dans l'albuginée sont le siège de la spermatogénèse. Ces tubes sont tapissés d'une couche de cellules nourricières (Cellule de Sertoli). Les spermatozoïdes sont produits entre la puberté et la vieillesse à partir de cellules souches germinales (Spermatogonie) qui subissent la méiose. Ces tubes débouchent sur l'épididyme (epididymis), où les spermatozoïdes neufs maturent, et ensuite au canal déférent (vas deferens) qui débouche sur l'urètre.
Lors de la stimulation sexuelle, les spermatozoïdes passent des testicules au canal éjaculateur (ductus ejaculatorius) par l'urètre ; la prostate, par des contractions musculaires, fait éjaculer les spermatozoïdes, en les chassant dans un moyen fluide (le sperme), par le pénis. Le sperme est donc composé de spermatozoïdes et de liquide séminal. En cas de vasectomie ou de stérilité autre (post-gonococcique par exemple) bien que la sensation soit identique, seul le liquide séminal est produit. Pour s'assurer de sa viabilité, faire pratiquer un spermogramme.
Dans l'éjaculation normale le sperme est projeté à distance (jusqu'à 50 cm) et par saccades (correspondantes aux contractions musculaires de la prostate).
Entre les tubes séminifères se trouvent les cellules interstitielles du testicule ou cellules de Leydig, qui produisent différentes hormones stéroïdes (la testostérone principalement et les autres androgènes) et peptidiques (Insl3 : Insulin-like 3, impliquée dans la descente testiculaire dans le scrotum).
Physiologie
Comme les ovaires auxquels ils sont homologues, les testicules font partie de l'appareil reproducteur (en tant que gonades) et du système endocrinien (en tant que glandes endocrines). Leurs fonctions, respectivement, sont :
- la production des spermatozoïdes (spermatogénèse) ;
- la production des hormones sexuelles mâles, surtout la testostérone.
Les deux fonctions du testicule, la spermatogénèse et la production de testostérone, sont régulées par des gonadostimulines : la lutéostimuline (LH) et l'hormone de stimulation folliculaire (FSH). Ces hormones sont produites, sur ordre de l'hypothalamus par l'hypophyse située à la base du cerveau.
Les testicules sont extrêmement sensibles au contact ; leur stimulation légère peut produire un plaisir sexuel intense, mais tout choc ou blessure a tendance à être extrêmement douloureux (sensibilité nociceptive). Ils sont aussi sensibles à la température ; les bourses se rétractent et s'étendent afin de réguler leur température. Les spermatozoïdes doivent être produits à une température légèrement inférieure à celle du corps, environ 33 à 34 °C[6] ; c'est ce qui explique que les testicules sont suspendus en dehors du corps. Des pantalons trop isolants (comme les pantalons de ski produisant une température trop élevée) ou trop serrés (jeans), ainsi que l'exposition prolongée à une source de chaleur (batterie d'ordinateur portable par exemple) sont une cause fréquente de stérilité transitoire.
Le poids moyen d'un testicule est de l'ordre de 20 grammes[7].
Techniques d'exploration
- La palpation permet d'apprécier l'absence de nodule et la relative symétrie de leur taille.
- La transillumination avec une simple lampe de poche est un examen très simple permettant de s'assurer de l'absence de corps étrangers (débris métalliques par exemple) ou d'épanchement liquidien (sanguin le plus souvent).
- Si besoin, on peut procéder à une échographie.
Il faut absolument éviter de pratiquer tout examen radiologique de cette zone, les rayons X nuisant gravement aux spermatozoïdes.
Pathologies
Les maladies les plus fréquentes des testicules sont :
- cryptorchidie ou absence de descente des testicules dans les bourses ;
- orchite (inflammation des testicules) banale fréquemment d'origine ourlienne ou X (virale le plus souvent) ;
- cancer testiculaire ;
- dermites et dermatoses diverses ;
- hydrocèle (accumulation de fluide autour des testicules) ;
- éléphantiasis (atteinte parasitaire) ;
- épididymite (inflammation de l'épididyme) ;
- fonte purulente d'un testicule, suite à une attaque infectieuse grave et tout à fait comparable ;
- torsion testiculaire ;
- varicocèle (dilatation des veines des bourses).
Si un testicule est enlevé chirurgicalement (orchidectomie) ou détruit par maladie ou accident, on peut se servir de prothèses testiculaires pour simuler l'apparence du testicule perdu. Les premières prothèses, après la Première Guerre mondiale étaient faites d'une simple balle de ping-pong. L'ablation des deux testicules s'appelle la castration.
La stérilisation masculine par vasectomie n'implique pas l'ablation des testicules ; ils poursuivent leurs fonctions normales. La vasectomie est l'enlèvement d'une partie du canal déférent, de façon à empêcher les spermatozoïdes de sortir lors de l'éjaculation.
Gastronomie
Les testicules des animaux s'appellent animelles. Les animelles font partie des aliments à cuisiner dans certains pays (Italie, Espagne où on les nomme criadillas, Belgique, États Unis (Rocky Mountain oysters)). On peut les servir avec des frites ou avec une sauce qui convient avec des tripes, chaudes ou froides. Pas mal de gens pensent erronément que les choesels bruxellois sont préparés avec des animelles ; ce mets est en réalité composé de pancréas de bœuf.
Certains testicules d'animaux sont aussi consommés pour leurs prétendus effets aphrodisiaques.
Notes et références
- Sharpe RM, Irvine DS. How strong is the evidence of a link between environmental chemicals and adverse effects on human reproductive health? Br Med J 2004 ; 328 : 447-51.
- Skakkebaek NE, Rajpert-De Meyts E, Main KM. Testicular dysgenesis syndrome: an increasingly common developmental disorder with environmental aspects. Hum Reprod 2001 ; 16 : 972-8.
- Habert R, Lejeune H, Saez JM. Origin, differentiation and regulation of fetal and adult Leydig cells. Mol Cell Endocrinol 2001 ; 179 : 47-74.
- Orth JM, Gunsalus GL, Lamperti AA. Evidence from Sertoli cell-depleted rats indicates that spermatid number in adults depends on numbers of Sertoli cells produced during perinatal development. Endocrinology 1988 ; 122 : 787-94.
- Swan SH, Main KM, Lui F, et al. Decrease in anogenital distance among male infants with prenatal phtalate exposure. Environ Health Perspect 2005 ; 113 : 1056-61.
- Hyperthermie scrotale[PDF]
- ce site Voir
Voir aussi
Articles connexes
- Gonade
- Délétion de la spermatogenèse
- cryptorchidie
- orchite
- cancer testiculaire ;;
- hydrocèle ;
- épididymite (inflammation de l'épididyme) ;
- torsion testiculaire ;
- varicocèle
- Scrotum
- Cellule de Sertoli
Bibliographie
Lien externe
- Cours de médecine pour étudiants 4ème année, par le Dr Louis Guillou, de l'Institut Universitaire de Pathologie, Lausanne, CH
Catégories :- Article anthropocentrique
- Anatomie de l'appareil reproducteur masculin
- Système endocrinien
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