Famille de barrau

Famille de barrau

Famille de Barrau

Famille française de noblesse d'extraction. Originaire de la province du Rouergue elle accède à la noblesse par la vie noble. A la fin du XVIIe siècle, son statut social est cependant remis en cause dans le cadre des recherches sur la noblesse décidées par le roi Louis XIV mais elle ne se soumet pas. Au XVIIIe siècle, plusieurs de ses membres servent dans la maison militaire du roi de France à Versailles mais elle est aussi entraînée dans une sombre affaire de lettre de cachet lors d'une union avec l'une des plus importantes familles de sa province. Durant la révolution française, son château est incendié, ses biens pillés et Barrau père et fils, traqués, sont convoqués devant le tribunal révolutionnaire. Au XIXe siècle, elle est l'une des principales familles de notables du département de l'Aveyron et elle continue à servir l'idéal monarchique auprès des princes capétiens jusqu'au début du XXe siècle. Elle a une tradition de lettres depuis au moins le XVIIIe siècle.


Armes de la maison de Barrau

Armes : D'argent, au chevron d'azur accompagné en pointe d'un lion de gueules rampant, au chef d'azur chargé d'un croissant d'argent accosté de deux étoiles du même

Sommaire

Histoire

Origines

Le nom patronymique Barrau serait d'origine gallo-romaine. La racine gauloise Barr désignerait, de manière la plus vraisemblable, un obstacle, un lieu difficile d'accès, une personne vivant dans un tel lieu[1]. Par extension, cela pourrait-il également désigner un caractère par exemple ? Pour certains, ce serait un dérivé de barrière. Au Portugal, Barro désignerait la terre, et par extension, l'homme et le travail de la terre[réf. nécessaire] . Ce nom se retrouve en Europe : Barrow en Angleterre ; Barro en Espagne et au Portugal ; Barrau[2], Barreau, Barraud, Barraux, Barrot en France.

Les premières mentions connues de cette famille en Rouergue sont du XIIIe siècle. Au XVe siècle, ils sont notaires[3] et marchands.

Noblesse

Au XVIe siècle, une branche de cette famille débute un processsus d'agrégation à la noblesse par la vie noble[4] : alliances avec la noblesse, revenus suffisants pour ne pas déroger[5]. Malgré une condamnation pour usurpation de noblesse en 1666, cette famille continuera à porter les qualifications de noble et d'écuyer sans se soumettre. Cas d'une famille ne respectant pas les décisions de l'administration royale ce qui met en lumière les limites du contrôle de l'Etat sur la société et envers le deuxième ordre : ses codes, ses mentalités, ses structures. L'Etat centralisé par Richelieu, Mazarin et Colbert n'en a donc pas encore fini avec l'idée que l'acquisition de la noblesse peut encore se faire indépendamment de la volonté du souverain. Au Moyen Âge, la vie noble était la principale manière d'accéder à la noblesse. Depuis le début du XVIIe siècle ce sont les offices. La vie noble permet encore à des familles de s'agréger mais de plus en plus difficilement, l'Etat désirant s'assurer de nouvelles ressources financières et contrôler toujours plus la société[6]. En 1695, Guyon de Barrau paiera la capitation noble[7]. Cette famille sera maintenue en sa noblesse par jugements[8] de 1699, 1701 et 1716 sur les preuves[9] des Barrau de Muratel de 1536 et 1539.

Alliés

d'Estaing, de Méjanès, de Faramond, de Vedelly, de Scoraille, de Flavin, de Solages, de Balsac, Dablanc, de Morlhon, van den Brande, de Méautis, d'Avout, de Lassagne, de Boisséson, Niel, de Gaulle, de Gérard, de Cockborne, ... Honneurs de la Cour : d'Estaing, de Lapanouse, de La Roque-Bouillac

  • Françoise de Barrau, épouse en 1755 de Méjanès, garde du corps du roi Louis XV, dont deux fils brigadiers dans les gardes du corps du roi, chevaliers de Saint-Louis, et chevalier de la Légion d'honneur pour le second fils, et une fille à la Maison de Saint-Louis en 1785.
  • Victoire de Barrau (1763-1844), épouse de Balsac en 1782, dont : Auguste de Balsac, préfet, conseiller d'Etat, secrétaire-général du ministère de l'Intérieur, député, conseiller général, baron, commandeur de la Légion d'honneur, etc. Il épouse en 1822 Blanche de Couronnel (Le marquis de Couronnel, son frère, a épousé plus tard Mademoiselle de Montmorency).
  • André de Barrau, époux de Françoise Cabille, fille de Marcel Cabille, officier de la Garde à Vichy de 1942 à 1944, résistant, chevalier de la Légion d'honneur, médaille de la reconnaissance franco-alliée

Personnages

Militaires

  • N... de Barrau, lieutenant-colonel en 1697
  • Guillaume de Barrau, officier, chevalier de Saint-Louis en 1745
  • Siméon de Barrau, chevau-léger de Sa Majesté
  • Pierre Joseph de Barrau, garde du corps de Louis XV
  • Augustin de Barrau, chef de brigade en 1794
  • Auguste de Barrau (1792-1848), saint-cyrien, commandant d'artillerie, chevalier de la légion d'honneur et de saint Ferdinand d'Espagne

Lettrés

  • Pierre de Barrau de Caplongue (1731-1816), mousquetaire noir de Louis XV, capitaine de dragons, chevalier de Saint-Louis(?), l'un des rédacteurs du Cahier des doléances de la noblesse du Rouergue en 1789 et secrétaire de l'ordre.
  • Hippolyte de Barrau (1794-1863), saint-cyrien, garde du corps de Louis XVIII, officier de cavalerie, historien, naturaliste, conseiller puis secrétaire-général de préfecture, fondateur et premier président de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, conseiller général, maire, publiciste, membre de sociétés savantes, chevalier de la Foi, chevalier de la légion d'honneur, médaillé de Sainte-Hélène, etc.
  • Eugène de Barrau (1801-1887), avocat, historien, vice-président de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, principal représentant du parti légitimiste en Aveyron, chargé par les chefs royalistes français d'une mission confidentielle auprès du comte de Chambord, publiciste, conseiller général, conseiller municipal, etc.
  • Fernand de Barrau (1851-1938), élève à l'école des Chartes, avocat, traducteur, chroniqueur, publiciste, historien, agronome, membre de sociétés savantes, lauréat de prix
  • Jeanne de Barrau, professeur, officier d'académie en 1926

Scientifiques, explorateurs

  • Adolphe de Barrau (1803-1884), docteur en médecine, botaniste, membre de la Commission d'exploration scientifique d'Algérie, membre de sociétés savantes, conseiller général

Royalistes

  • Victor de Barrau, garde du corps de Louis XVIII, se mêle à des actions de chouannerie en Aveyron durant l'Empire
  • Jean de Barrau (1889-1914), membre du comité directeur de la fédération nationale des camelots du roi, secrétaire particulier du duc d'Orléans, mort pour la France
  • Paul de Barrau, camelot du roi, fondateur et président du groupe "Action française" de Rodez en 1909, croix de guerre avec citation, auteur d'un carnet de guerre d'inspiration philosophique et religieuse, mort pour la France

Hommes de lois

  • Raymond de Barrau, docteur ès droits, juge en 1614
  • Raymond de Barrau (1847-1931), docteur en droit, avocat à la Cour d'appel de Paris, magistrat démissionnaire en 1880, officier de réserve
  • Roger de Barrau, docteur en droit en 1914

Autres

Fondation

Ancien obit dans le village de Carcenac-Salmiech pour les défunts de la maison de Barrau : « Il existe une fondation faite par un de nos ancêtres, qui s'est maintenue par la seule force de l'usage. Un vieux registre obituaire l'attribue à un Firmin de Barrau sans autre désignation. C'est le passage par la cour haute du château de la procession paroissiale, les jours de l'Ascension et de la Pentecôte, avant la messe du matin. Le célébrant s'arrête devant la porte d'entrée et chante un Libera me, Domine, de morte externâ… pour le repos de l'âme de nos prédécesseurs. Le spectacle de tout ce peuple agenouillé près de notre demeure et priant pour nos ancêtres a quelque chose de solennel et de touchant. Il faut maintenir tant que nous le pourrons cette pieuse coutume qui prouve combien était vénérée dans le pays la mémoire de nos aïeux (…) »[10].

Tradition culturelle bi-centenaire

Famille en voie d'extinction à plusieurs reprises, mais qui compte cependant 10 de ses membres[11]au sein de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron de 1836 à nos jours et qui y est toujours représentée.

Témoignage de l'Action française

Après la mort de Jean de Barrau, de son frère Paul, et de son cousin Louis de Barrau dans les combats de la première guerre mondiale, L'Action française écrit en 1917 : « (…) La famille de Barrau, l'honneur du Rouergue catholique et royaliste, comptait au début de la guerre, six combattants. À l'heure actuelle, trois sont morts pour la France ; trois sont restés face à l'ennemi. » « Demain sur nos tombeaux, Les blés seront plus beaux… (La France bouge, chant d'assaut des camelots du roi.) » (24 avril 1917)

Citations

  • « Je vais avoir trente ans, c'est l'âge où l'homme doit revenir de ses égarements » (Hippolyte de Barrau)
  • « Se trouver ignorant est le commencement de la science » (Eugène de Barrau)
  • Les plantes, « les plus belles merveilles de la nature » (Adolphe de Barrau)
  • Extraits du carnet de guerre de Paul de Barrau cités par Henry Bédel dans son ouvrage intitulé Figures rouergates :

" On doit vivre selon une règle de conduite établie sur les principes reconnus bons aux heures de lucidité, de calme, de sagesse. Un homme doir guider, utiliser les puissances qui sont en lui, et non pas les laisser agir au hasard des impulsions diverses. "

" La vie n'est belle que pour celui qui la voit de haut, qui en est détaché. Ne pas confondre détaché et dégoûté. "

" Le vrai progrès de l'homme est l'abnégation de soi-même ! L'homme qui ne tient plus à soi est libre et en assurance. "

"Or, voilà tout ce qui importe : avoir une vie utile et belle"

" Relève aux tranchées. Souain en ruines, vu au clair de la lune… me suggère des réflexions salutaires. Ne jamais abdiquer. "

" Réflexion : Il n'y a qu'une manière de vivre dans l'ordre, c'est de se remettre à la volonté de Dieu. La vie, a dit Balzac, c'est du courage. "

" Ce qui fait la beauté, l'intérêt de la vie, c'est la qualité des principes directeurs, des buts poursuivis. Peu importe le chemin suivi. Chacun peut bien vivre, mais personne n'est absolument libre de choisir son genre de vie. Ce choix, pour être bien fait, pour donner de bons résultats, doit être guidé par la connaissance de soi-même. Tel sera très utile, très bon dans un rôle donné, qui serait mauvais, nuisible, inférieur dans un autre. Celui qui a choisi un rôle bien en rapport avec ses aptitudes, est assuré de mieux servir là que dans n'importe quelle autre place. "

Divers

Notes et références

  1. Claude Cougoulat. Dictionnaire étymologique et historique des noms de famille d'origine gauloise. 1998.
  2. En Rouergue, une autre famille du nom Barrau, probablement lointaine parente de la famille de Barrau de Carcenac-Salmiech, a vécu dans le Sud-Aveyron, à Brusque et ses environs. Ils entameront, eux aussi, au XVIe siècle un processus d'agrégation à la noblesse par la vie noble et se feront appeler de Barrau de Muratel. Ils se distingueront dans le métier des armes avec Jean de Barrau, gouverneur militaire du Vabrais (sud de l'Aveyron) dans les années 1570, et David Maurice de Barrau de Muratel, maréchal de camp en 1792. A noter aussi le rôle de Caroline de Barrau de Muratel, féministe française du XIXe siècle. En Gascogne, il a existé une famille qui prenait le nom de Barrau de Parron et de Benque. Elle est mentionnée dès le XIVe siècle au château de Parron dans l'arrondissement de Condom. Elle donna à la France des hommes de guerre et des gentilshommes de la chambre du roi. Elle acquit par héritage la baronnie de Benque, 2ème baronnie du Comminges. Elle prit alliance avec la Maison d'Albret, de Benque, de Comminges Saint-Lary, etc. Elle s'est éteinte au XIXe siècle. En Béarn, enfin, une famille de Barrau devenue d'Abbadie de Barrau a été anoblie au XVIIIe siècle. Les Barrau de Muratel et les d'Abbadie de Barrau subsistent de nos jours.
  3. L'office de notaire est à noter comme un moyen d'élévation sociale dans la France d'ancien Régime.
  4. La vie noble est le mode le plus représentatif de l'agrégation à la noblesse. Elle ne doit pas être confondue avec l'usurpation. C'est la maintenue en la noblesse qui créée l'usurpation. L'importance du capital socio-culturel est déterminant dans ce processus d'agrégation.
  5. Parmi les héritages de cette famille nous pouvons citer la haute justice de Trémouilles (1656), une partie du marquisat de Carmaux (aînés des descendants en 1759) et la baronnie de Jouqueviel (1793) (titres non réguliers), etc.
  6. Au début du XVIIIe siècle, dans le cadre des recherches sur la noblesse, la possession centenaire recoupant pour partie la vie noble sera reconnue mais remise en cause quelques décennies plus tard.
  7. Roland Mousnier dans son ouvrage intitulé Les institutions de la France sous la monarchie absolue. 1598-1789 écrit qu'à cette époque l'Etat tend à identifier la noblesse aux familles qui peuvent payer l'impôt noble. Page 121.
  8. Manuscrit français 32296. Bibliothèque nationale de France. Cabinet des titres. C'est pour n'avoir pas consulté ce jugement que Régis Valette écrit que la famille de Barrau, de Carcenac-Salmiech, est originaire de la province du Languedoc et a été anoblie en 1604.
  9. Sur la déduction de l'existence d'un faux acte de naissance Cf. Manuscrit français 32296. B.N.F. Cabinet des titres. Cet acte a induit en erreur plusieurs généalogistes dont Lainé qui a ainsi attribué les jugements de noblesse des Barrau de Carcenac aux Barrau de Muratel.
  10. Mémoire Hippolyte de Barrau (1830). Source : Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron. Fonds de la famille de Barrau.
  11. Dont : 2 fondateurs dont l'un sera l'initiateur et le premier président, un vice-président et un membre du bureau et conseil d'administration. Source : Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron. Fonds de la famille de Barrau.

Bibliographie

  • Archives historiques du Rouergue, XXVII
  • Bibliothèque Nationale de France. Cabinet des titres : Chérin 15
  • Henry Bédel, Figures rouergates
  • Henry Bédel, Les trois historiens de Barrau
  • Hippolyte de Barrau, Documents historiques sur le Rouergue ..., tome IV
  • Emmanuel de Barrau, La Maison de Barrau. Etude historique
  • Henri Jougla de Morenas, Grand armorial de France
  • Armorial de l'A.N.F.
  • Revue d'Action française
  • Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, Fonds de la famille de Barrau
  • Régis Valette, Catalogue de la noblesse française subsistante au XXIe siècle
  • Bottin mondain
  • Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, tome II
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