Pierre de Barrau

Pierre de Barrau
Pierre Firmin Marie de Barrau.

Pierre Firmin Marie de Barrau (1761-1829) est un garde du corps du roi Louis XVI.

Sommaire

Au XVIIIe siècle

Il a 4 ans quand sa mère est enfermée au couvent par lettre de cachet. A l'âge de 17 ans, il sert d'abord au régiment de Vexin, puis, il entre dans la maison militaire du roi, où servent déjà des membres de sa famille, en tant que garde du corps[1] du roi Louis XVI.

Il est décrit comme un "officier remarqué par sa bonne mine, son adresse à cheval, aux armes, à la danse"[2]. Il joue également du violon. Lors de ses périodes de service à Versailles, il participe à des fêtes où il dansera dans un quadrille de la reine Marie-Antoinette[2].

La période révolutionnaire

Divers écrits sur l'histoire de la révolution française en Aveyron rapportent ces informations[3] :

Les premières années

Durant les premières années de la révolution française, sa famille qui vit en Rouergue, subit des actes de malveillance. On tente d'assassiner Pierre de Barrau, accusé d'être un ancien garde du corps du roi, de protéger les prêtres réfractaires et d'être à la tête de mouvements contre-révolutionnaires[4] :

Affaire de Trémouilles en novembre 1792 : une troupe commandée par Pierre de Barrau se porte dans le village de Trémouilles pour protéger des prêtres réfractaires que les révolutionnaires veulent arrêter. Des coups de feu sont tirés en chemin. Pour se venger, la bande de révolutionnaires de Millau pillera et incendiera la maison du prêtre Sadoux[5].

Au printemps 1793, Pierre de Barrau tente de se joindre à une insurrection royaliste en Lozère menée par Charrié.

Au début de l'été 1793, l'accusateur public du département de l'Aveyron s'exprime ainsi :

"Rodez, 21 messidor an 2ème de la république française une et indivisible

Liberté. Egalité

L'accusateur public près le tribunal criminel du département de l'Aveiron aux citoyens membres du comité de surveillance de la commune de Rodez

Frères et amis

Vous m'avez adressé trois dénonciations contre Barrau père et fils de la commune de Carcenac Salmiech. Elles sont toutes faites par le même individu. Les faits sont très graves et la matière est du tribunal révolutionnaire. Je vous invite de m'indiquer les moyens de s'enquérir sans bruit et de manière que les prévenus ne puissent pas être avertis, il est très dangereux qu'ils s'échappent. Je ne vois pas que les ordres révolutionnaires puissent me permettre de les faire arrêter sur des dénonciations d'un seul individu. Je vous invite à la plus grande prudence.

Salut et fraternité.

Bo."[3]

Puis à l'automne 1793, c'est l'insurrection d'Arvieu :

Affaire d'Arvieu en octobre 1793 : attaque du village par une troupe de contre-révolutionnaires issue de l'ancienne armée de Charrié et qui se cache dans la forêt des Palanges. L'habitation du citoyen Bonnefous, principal bourgeois du village, est pillée. La famille de Barrau, de Carcenac-Salmiech, est accusée de soutenir les assaillants[6].

Il y aura au total neuf pièces de dénonciations portées contre la famille de Barrau[4].

Proclamation révolutionnaire en Aveyron

"Proclamation de C. Cleophas Périer, délégué du représentant du peuple français, Taillefer, dans le département de l'Aveiron, aux citoyens de ce département :

Citoyens,

La guerre civile s'organise en votre présence ; des hordes nombreuses de contre-révolutionnaires parcourent impunément votre territoire ; quelques scélérats, justement condamnés au dernier supplice, marchent à la tête d'hommes égarés ou perfides ; ils ont pour dignes acolytes des prêtres fanatiques et rebelles, qui prêchent la morale et la paix en plongeant le fer dans le sein de vos concitoyens ; déjà le sang des patriotes a coulé ; l'arbre sacré de la liberté a été renversé ; la cocarde nationale foulée aux pieds, et les cris affreux de vive le Roi sont sortis de ces bouches impures. Aux armes citoyens ! Aux armes ! Banissez de vos âmes ce sommeil létargique dans lequel vous êtes plongés depuis trop longtemps ! Que l'énergie républicaine, l'amour brûlant de la liberté, une haine bien prononcée contre les rois et leurs suppots, soient la base de vos sentimens et de toutes vos affections ! N'oubliez pas un instant, qu'il faut choisir entre la liberté ou la mort ! Que le moment de la vengeance nationale est arrivée ; que les traitres et leurs complices vont recevoir le châtiment qu'ils méritent ; et vous lâches partisans de l'esclavage, vils aristocrates, contre-révolutionnaires, fédéralistes, fanatiques stupides, écoutez-moi, et frémissez ! La loi inflexible, mais juste, nous vengera de vos crimes liberticides ; vos têtes orgueilleuses se ployeront sous le fer des républicains ; vos propriétés répondront à la patrie des frais de la guerre civile que vous lui avez préparée avec tant de zèle. (...). Leurs maisons qui ne seront plus regardées que comme des repaires des brigands, tomberont en même temps que leurs têtes coupables. (...) ; des républicains intrépides accourent des départements voisins ; ils fonderont comme un torrent impétueux, sur la horde des rebelles, qui enveloppés de toute part, n'auront pas même la ressource de la fuite, pour se soustraire au châtiment qui les attend, et qu'ils partageront avec leurs complices ; malheur à ceux qui donneront asile à ces scélérats ! (...)

Fait à Rodez, le 16 octobre 1793, l'an second de la République Française, une, indivisible et impérissable."[3]

Pendant la Terreur

Plusieurs châteaux sont pillés et incendiés dans le département. La troupe révolutionnaire attaque également l'abbaye de Bonnecombe et tente de mettre le feu aux bois environnants[7].

Quelques jours après l'insurrection d'Arvieu qui s'est déroulée au mois d'octobre 1793, les membres de la famille de Barrau sont arrêtés.

Leur château est incendié et leurs biens pillés et confisqués par un détachement de l'armée révolutionnaire, le 4e bataillon de la Corrèze sous le commandement d'Antoine Grivel qui a emmené avec lui son fils, le jeune Jean-Baptiste Grivel, futur pair de France et amiral. "Nous rapportons aussi que plusieurs gendarmes avaient précédés la troupe et qu'ils avaient cernés avec célérité les issues de l'habitation dans l'espoir d'y saisir des émigrés, des prêtres réfractaires, des contre-révolutionnaires et le citoyen Barrau fils garde du corps, dont la tête fut mise à prix étant considéré comme chef de parti."[3].

La châtelaine, enceinte et après avoir été séparée de son premier enfant, est emmenée à Rodez par la troupe, sur le trajet elle entend dire par des soldats "De mauvais quarts d'heures, seuls les aristocrates doivent en passer. Il faut que la citoyenne dénonce la retraite de son mari, ou qu'elle brise de suite son mariage par le divorce, si elle veut échapper à son sort."[3] Arrivée à Rodez, elle est présentée au général de brigade Marbot, commandant des forces déployées en Aveyron, puis au commissaire civil révolutionnaire Lagasquie qui lui dit "Croyez-vous que la race des aristocrates nous importe beaucoup ? ... Voyez, en montrant la guillotine dressée sur la place du Bourg, voilà qui nous délivrera bientôt de cette odieuse espèce ..."[3].

La salle des pas perdus du Palais de Justice et l’entrée du Tribunal révolutionnaire en 1793.

Pierre de Barrau est en fuite. Il mène une vie de vagabond en se cachant chez des habitants du village de Salmiech, dans les bois de la région et dans une cachette aménagée dans les rochers qui surplombent l'Aveyron, non loin des ruines de l'antique château de Belcastel[4]. Il ne sort guère que durant les nuits et il se nourrit grâce à des complicités. Au cours d'une de ces dernières, il se rend dans son village de Carcenac, mais il est aperçu et dénoncé par une habitante. Il ne doit alors son salut qu'en sautant d'une fenêtre afin d'échapper à ses poursuivants et il marche plusieurs heures dans la nuit pour aller se réfugier en lieu sûr. Un jour, un de ses compagnons d'infortune, le chevalier du Seriyes, est capturé et supplicié à Rodez avec le père Durand, de Crayssac[4].

L'évasion pour échapper au tribunal révolutionnaire

Au commencement de l'été 1794, pendant la Terreur, Pierre de Barrau se remet cependant aux autorités révolutionnaires de Rodez pour faire élargir son père. Ordre est alors donné par Fouquier-Tinville de traduire par-devant le tribunal révolutionnaire, Barrau père et Barrau fils[8], mais au moment où les gendarmes viennent le chercher pour le transférer à la prison criminelle, il réussit à s'échapper de la maison où il est retenu en passant par les toits. Voyant non loin de là une lucarne entrouverte de l'autre côté d'une ruelle (rue du Bal, à Rodez)[9], il s'élance et saute sur l'autre toiture où les gouttières se brisent sous ses pieds[10]. Le propriétaire comprenant sa situation le fait sortir discrètement dans la rue et il quitte la ville.

Pierre de Barrau retourne dans la clandestinité, son épouse reste aux arrêts dans sa maison de Rodez et Barrau père reste en prison.

La fin des mesures révolutionnaires

L'ensemble de ces mesures prennent fin avec l'exécution de Robespierre à Paris le 28 juillet 1794.

En 1795, Pierre de Barrau reçoit un jour la visite de chouans[4].

Au XIXe siècle

En 1803, Pierre de Barrau enrichit, par du mobilier d'art ramené du couvent des Cordeliers de Rodez, l'église de Carcenac-Salmiech, en Aveyron. Il est maire de la commune de Saint-Sauveur.

Malgré le changement de régime, au commencement du XIXe siècle il est un notable du département de l'Aveyron où il vit de ses rentes : "A côté du canton de Bozouls, celui de Cassagnes attire six notables ruthénois, pour la plupart membres de grandes et anciennes familles rouergates. Les Séguret (...). Le juge Teulat (...). L'avocat Louis Baurès (...). Les cotes d'imposition des Bonald (...). Mais le notable dont l'assise foncière semble la plus importante dans ce canton n'est autre que Pierre-Firmin Barrau de Carcenac. Cette famille est connue notamment par la destruction de son château pendant la Révolution. Il apparaît dans les sources fiscales et à l'Enregistrement comme un propriétaire rentier dont les biens s'étalent dans la région de Carcenac-Salmiech, Caplongue, Arvieu, Trémouilles et Salmiech. (...)."[11]

Notes

  1. Les gardes du corps du roi font partie de la maison bleue du roi, ils bénéficient de privilèges de noblesse à titre viager et ils ont le rang de sous-lieutenant de cavalerie à leur entrée puis au bout de quinze à vingt ans de services celui de capitaine de cavalerie.
  2. a et b Archives historiques du Rouergue, 27, pages 12 et 179.
  3. a, b, c, d, e et f H. de Barrau, Documents historiques sur le Rouergue ..., tome IV, pages 104 à 109 [1] ; H., E. et F. de Barrau, L'Epoque révolutionnaire en Rouergue. Etude historique ; Fonds de Barrau, S.L.S.A.A. ; Archives historiques du Rouergue, 27, page XII ; Fernand de Barrau, Notes, tome I, page 59 ; Berthe Bonnefous, Quelques images, un peu d'histoire de Rodez, 1979, pages 72, 74 et 78.
  4. a, b, c, d et e Fonds de Barrau, S.L.S.A.A. . Berthe Bonnefous, Quelques images, un peu d'histoire de Rodez, 1979, page 74.
  5. Abbé Debertier, La Révolution et l'église en province. Debertier, évêque constitutionnel, et le clergé de Rodez, pages 225 à 227. Hippolyte de Barrau, Documents historiques et généalogiques sur les familles du Rouergue ..., tome 1, page 456.
  6. Henri Grimal, L'Affaire d'Arvieu (octobre 1793), Revue du Rouergue, N°87, nouvelle série, automne 2006, pages 349 à 382.
  7. Berthe Bonnefous, Quelques images, un peu d'histoire de Rodez, page 72.
  8. Hippolyte de Barrau, Documents historiques sur le Rouergue ..., tome IV, page 107.
  9. Berthe Bonnefous, Quelques images, un peu d'histoire de Rodez, page 78.
  10. Hippolyte de Barrau, Documents historiques sur le Rouergue ..., tome IV, page 108.
  11. Benoît Delheure, Les notables ruthénois et la propriété foncière au temps de l'affaire Fualdès, revue du Rouergue, n° 62, nouvelle série, été 2000, pages 168 à 211.

Bibliographie

  • Gilbert Bodinier, Les gardes du corps de Louis XVI
  • Benoît Delheure, Les notables ruthénois et la propriété foncière au temps de l'affaire Fualdès, dans La Revue du Rouergue
  • Eugène de Barrau, Les chemins d'une vie (Archives historiques du Rouergue XXVII)
  • Hippolyte de Barrau, Documents historiques sur le Rouergue ..., tome IV, pages 104 à 109
  • H., E. et F. de Barrau, L'Epoque révolutionnaire en Rouergue. Etude historique

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