- Emmanuel Armand de Vignerot
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Emmanuel Armand de Vignerot du Plessis
Emmanuel Armand de Vignerot du Plessis, duc d'Aiguillon Naissance 31 juillet 1720 Décès 1er septembre 1788 (à 68 ans) Nationalité Royaume de France Activité(s) principale(s) Secrétaire d'État des Affaires étrangères (1771-1774)
Secrétaire d'État de la Guerre (1774)Autres activités Maréchal de camp (1748)
Gouverneur de Bretagne (1753)Ascendants Armand Louis de Vignerot du Plessis (1683-1750) (père)
Anne Charlotte de Crussol de Florensac (mère)Conjoint(s) Louise Félicité de Brehan (1726-1796) Enfant(s) Armand Désiré de Vignerot du Plessis (1761-1800) Famille Louis François Armand de Vignerot du Plessis Emmanuel Armand de Vignerot du Plessis, comte d'Agenois, duc d'Aiguillon et pair de France (1750), est un militaire et homme d'État français né le 31 juillet 1720 et mort le 1er septembre 1788.
Sommaire
Biographie
Fils d’Armand Louis de Vignerot du Plessis, duc d'Aiguillon, arrière-petit-neveu du cardinal de Richelieu, parent du maréchal de Richelieu et neveu du duc de La Vrillière, Emmanuel Armand de Vignerot du Plessis entra dans l'armée à l'âge de 17 ans et devint colonel du régiment de Brie à l'âge de 19 ans. Il servit en Italie pendant la Guerre de Succession d'Autriche, fut gravement blessé au siège de Château-Dauphin (1744), fait prisonnier (1746) et devint maréchal de camp en 1748.
Son mariage en 1740 avec Louise Félicité de Brehan, fille du comte de Plélo, ainsi que son appartenance à la famille de Richelieu, lui assurèrent une position importante à la Cour.
Membre du parti dévôt et de l'opposition au parti de Choiseul, son hostilité aux idées nouvelles lui valut les sarcasmes des pamphlétaires. L'abbé de Véri lui voit « une figure jaune » et « un caractère disposé à l'espionnage et à la sécheresse ». L'historiographie du XIXe siècle ne l'a pas épargné, stigmatisant son arrivisme. Mais les historiens modernes en font des portraits plus nuancés : « intelligent, perspicace, ayant une grande puissance de travail et une vive faculté d'assimilation, il était autoritaire, ambitieux, avec un penchant à la duplicité que les circonstances développèrent. » (Michel Antoine) « Il s'agit d'un bon serviteur du roi, ambitieux assurément, mais énergique et fidèle [...] il ne doit son élévation qu'à la grandeur de sa famille et à l'excellence de ses mérites. » (Jean de Viguerie)
Le gouvernement de Bretagne (1753-1768)
Le 20 avril 1753, après une brève carrière militaire et quelques mois comme gouverneur d'Alsace, le duc d'Aiguillon fut nommé commandant en chef de Bretagne. Dès 1758, il eut à affronter les Britanniques qui tentèrent un débarquement et défendit victorieusement Saint-Malo (juin 1758), quoiqu'il fut accusé de lenteur dans la préparation des troupes devant Saint-Cast. Il bat néanmoins les Anglais qui avaient débarqué (bataille de Saint-Cast).
Il ne tarda pas à se rendre très impopulaire dans un pays d'état qui jouissait de nombreux privilèges ou « libertés ». Il s'opposa aux états provinciaux pour leur imposer les impositions royales (1758) et entra en conflit avec le Parlement de Bretagne (1762). En juin 1764, sur les instances de d'Aiguillon, le Roi annula un arrêt du Parlement interdisant de lever de nouveaux impots sans le consentement des états et refusa d'entendre les remontrances du Parlement. Le Parlement de Bretagne accusa d’Aiguillon d’abus de pouvoir. Il fut défendu dans cette affaire par Simon-Nicolas-Henri Linguet.
Le 11 novembre 1765, Louis-René Caradeuc de La Chalotais (1701-1785), procureur général du Parlement, fut arrêté. Le conflit entre d'Aiguillon et les Bretons dura deux ans. Pour tenir l'office du Parlement, qui s'était mis en vacances, d'Aiguillon organisa en janvier 1766 un tribunal spécial, ironiquement appelé « le bailliage d'Aiguillon », qui fut tourné en ridicule par les libellistes. Il dut le dissoudre en 1768 et rentrer à la Cour où il intrigua avec les dévôts jusqu'à obtenir enfin le renvoi du duc de Choiseul le 24 décembre 1770.
Entre-temps, d'Aiguillon avait fait l'objet, en mars 1770, d'une information judiciaire ouverte contre lui par le Parlement de Bretagne et, le 2 juillet 1770, le Parlement de Paris avait rendu à son encontre un arrêt d'indignité. Le roi dut intervenir pour suspendre les poursuites et casser l'arrêt.
Secrétaire d'État des Affaires étrangères (1771-1774)
En septembre 1769, d'Aiguillon avait obtenu la charge très enviée de lieutenant des chevau-légers de la Garde. Néanmoins, Louis XV l'appréciait peu. En 1742, le Roi avait pris sa maîtresse, Mme de La Tournelle, à d'Aiguillon, alors comte d'Agenois, qui l'avait fort mal pris. D'Aiguillon en voulait aussi à Louis XV de l'avoir privé du procès devant la Cour des Pairs qui aurait pu le justifier des accusations portées contre lui dans l'affaire La Chalotais. On prétend que d'Aiguillon se vengea en faisant de la du Barry sa maîtresse. Quoi qu'il en soit, le Roi se sentant mal à l'aise vis-à-vis de d'Aiguillon, lui montrait de la froideur. Mais en définitive, sur les conseils de Madame du Barry, Louis XV, après avoir formé un nouveau gouvernement avec le dessein de briser la résistance des parlements, finit, non sans une longue hésitation, par nommer d'Aiguillon secrétaire d'État des Affaires étrangères le 6 juin 1771.
D'Aiguillon fut dès lors l'un des membres du « triumvirat », avec le chancelier Maupeou et l'abbé Terray. Après une vacance de près de six mois du département, il trouva en arrivant aux Affaires étrangères une situation difficile. Tout à fait inexpérimenté dans les questions diplomatiques, il n'était guère capable de la redresser. Ennemi résolu de la maison de Choiseul, il appliqua une politique choiseuliste à rebours en matière d’alliances diplomatiques et de politique étrangère.
Il dut assister impuissant au partage de la Pologne opéré par le traité du 5 août 1772 entre la Russie et la Prusse. Mais en Suède, alliée traditionnelle de la France, il soutint avec succès le coup de majesté de Gustave III le 19 août 1772. Par solidarité de famille, il appuya les démarches de l'Espagne et de Naples auprès de Clément XIV pour obtenir la suppression des Jésuites, décidée le 21 juillet 1773 par le bref Dominus ac redemptor. Il négocia la restitution au Saint-Siège d'Avignon et du Comtat Venaissin, qui fut acceptée par lettres patentes de Louis XV du 10 avril 1774.
Le duc fut aussi l’agent d'un timide rapprochement franco-britannique. Il confia dès le mois de mai 1772 la négociation d’un traité de commerce franco-britannique à un commerçant britannique du nom de James Bourdieu. Lord North fut à cette occasion son principal interlocuteur mais le 3 mars 1773, une fin de non-recevoir, polie mais ferme, devait rompre les négociations.
D'Aiguillon fut également nommé secrétaire d'État de la Guerre pour quelques mois en 1774, tout en conservant les Affaires étrangères. Il apparut alors comme la véritable tête du ministère.
La disgrâce et l'exil
Avec l'avènement de Louis XVI, d'Aiguillon était condamné d'avance en raison de ses rapports trop notoires avec Madame du Barry. Marie-Antoinette lui reprochait en outre sa sévérité à l'égard d'un de ses protégés, le comte de Guines, ambassadeur à Londres, accusé de malversations, tandis que l'ambassadeur d'Autriche, Mercy-Argenteau, l'accusait d'être à l'origine d'une campagne de calomnies contre la reine.
Il démissionna le 2 juin 1774, et fut autorisé à conserver sa charge de colonel des chevau-légers, reçut une pension et une gratification de 500 000 francs. Mais il dut à la vindicte de Marie-Antoinette d'être exilé, le 16 mai 1775, non dans son château de Véretz, château féodal sur le Cher, à deux lieues de Tours, qu'il avait somptueusement remis au goût du jour, mais au château d'Aiguillon, à deux cents lieues de Versailles, bâtisse délabrée et quasiment démeublée.
Le 22 juillet 1774, la Gazette d’Utrecht l’accusa de soutenir un réseau de nouvelles à la main[1]. Le duc crut y déceler la plume de Beaumarchais[2]. Le 29 du même mois, il fit savoir au comte de Vergennes que les calomnies de la Gazette Utrecht étaient des insultes soufflées aux folliculaires par le comte de Guines[3].
Il devait de nouveau retrouver Linguet sur sa route. Ce dernier réclamait la somme de 120 000 livres pour service rendus, et une compensation pour les dangers encourus et dans une affaire où il avait manqué de laisser sa réputation, et pour avoir fait gagner un procès, selon ses dires, comme la couronne de France n’en avait connu depuis Hugues Capet.
Le duc d'Aiguillon ne retrouva jamais son influence politique et mourut en 1788.
Il est le père d'Armand Désiré de Vignerot du Plessis (1761-1800).
Références
Sources
- Louis Petit de Bachaumont (et alii), Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres en France, 12 juillet 1770
- Correspondance de Monsieur le Duc d'Aiguillon, au sujet de l'Affaire de M. le Comte de Guines & du Sieur Tort, & autres intéressés. Pendant les années 1771, 1772, 1773, 1774 & 1775. A Paris, De l'Imprimerie de Quillau, 1775. (B M. de Besançon)
- Supplément de la correspondance de M. le duc d’Aiguillon, Paris, Quillau, 1775.
- L.-G. Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne, Michaud, 1843, t. I, pp. 270-271
- Paul Vaucher, Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France depuis les Traités de Westphalie jusqu'à la Révolution française. Paris, Commission des archives diplomatiques, Editions du CNRS, 1965, pp. 370, 466-476
- Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2003 – ISBN 2221048105
- Horace Walpole, The Letters of Horace Walpole, Earl of Orford: Including Numerous letters Now First Published, vol. IV. 1770-1797. Philadelphia, Lea & Blanchard, 1842
Précédé par Emmanuel Armand de Vignerot du Plessis Suivi par Louis Phélypeaux de Saint-Florentin Secrétaire d'État français des Affaires étrangères
1771-1774Henri Léonard Jean Baptiste Bertin Louis–François de Monteynard Secrétaire d'État français de la Guerre (1774-1774) Louis–Nicolas Félix d'Ollières Bibliographie
- Bertrand de Fraguier, « Le duc d’Aiguillon et l’Angleterre », Revue d’histoire diplomatique, n° 4 (1912), pp. 607–627
- Lucien Laugier, Le duc d’Aiguillon, Paris, Albatros, 1984, 300 p.
- Arnaud de Maurepas et Antoine Boulant, Les Ministres et les ministères du siècle des Lumières (1715-1789). Étude et dictionnaire, Paris, Christian/Jas, 1996, 452 p.
Notes
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