Action direct

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Action directe

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Action directe
AD
Classification
Anarchisme et Mouvement autonome[1]
Objectifs
Révolution prolétarienne
Statut
Inactif
Victimes
Au moins 26 blessés et 12 morts
Fondation
Date de formation 1979
Pays d’origine France France
Fondateur(s)
Force
Nombre Une cinquantaine
Zone d’opération France
Dernière attaque 1986
Financement
Hold-up
Filiation
Chefs principaux
Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron, Régis Schleicher, Georges Cipriani
Groupes reliés
Fraction armée rouge, Brigades rouges, Cellules communistes combattantes, NAPAP, GARI, Affiche rouge, Fraction armée révolutionnaire libanaise, CLODO, ETA, Prima Linea, GRAPO, COLP[2]

Action directe (AD) est un groupe armé qui se définit comme communiste libertaire et qui est issu du mouvement autonome[1]. Il emprunte son nom à la théorie anarchiste de l'action directe. Ses membres ont revendiqué une cinquantaine d'attentats ou d'assassinats sur le territoire français entre 1979 et 1987. Action directe a été interdite pour apologie de la lutte armée par un décret du 24 août 1982 portant dissolution du groupement[3]. L'organisation est, depuis, officiellement considérée comme terroriste par les autorités françaises[4],[5]. Les derniers militants de l'organisation ont été arrêtés en 1987, puis jugés et condamnés par une formation spéciale de la cour d'assises de Paris.

Sommaire

Histoire

Genèse et influences

Action directe est le résultat de la fusion des membres des GARI (Groupes d'action révolutionnaire internationalistes) qui ne voulaient pas ranger les armes après la mort de Franco et des NAPAP (Noyaux armés pour l'autonomie populaire), qui aboutit en 1977 à la création d'une « coordination politico-militaire interne au mouvement autonome ».

Création et première période

Cette coordination se transforme en 1979 en une « organisation de guérilla » qui commence alors à revendiquer ses attaques sous le nom d'Action directe, expression empruntée à l'anarcho-syndicalisme du début du XXe siècle mais avec laquelle la pratique d'Action Directe n'a rien à voir[6], au nom de la lutte contre l’impérialisme capitaliste, des symboles de la puissance de l’État, le grand patronat et la défense du prolétariat. Ils ne font alors que des dégâts matériels. Les Renseignements généraux suivent alors attentivement le groupe dont la dérive de plus en plus violente inquiète les autorités. Le jeune commissaire Pochon monte alors un stratagème pour capturer les dirigeants d'Action directe que la méfiance instinctive rend difficile à localiser : le commissaire et ses hommes se font passer pour des émissaires de Carlos dans le cadre d'une action groupée visant à faire sauter un barrage d'Assouan. Le 13 septembre 1980, Jean-Marc Rouillan et Nathalie Menigon, pensant rencontrer le terroriste Carlos, sont arrêtés rue Pergolese à Paris après un échange de coups de feu.

Après l'élection de Mitterrand en 1981 le nouveau gouvernement joue l'apaisement et fait voter une loi d'amnistie qui remet en liberté Rouillan et Ménigon. Pendant l'hiver 81-82, après de nombreux débats internes, l'organisation se scinde en quatre groupes : deux décident d'arrêter la lutte armée, autour d'André Olivier se forme l'Affiche rouge (surnommée par la police et les médias Action directe-branche lyonnaise ou encore Action directe-branche nationale) qui commettra plusieurs attentats antisémites[7] tout en continuant une lutte anti-impérialiste, et enfin Action directe (appelé aussi Action directe-branche internationale) avec Jean-Marc Rouillan et Nathalie Menigon qui s'allie à la Fraction armée rouge dans le cadre de la stratégie d'« unité des révolutionnaires en Europe de l'Ouest » à partir de 1985[8].

Seconde période: reprise de l'action violente et arrestations

De 1982 à 1987, Action directe exécute plusieurs attentats, assassinats ou tentatives. Le 21 février 1987, les principaux membres d'Action directe, Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron, et Georges Cipriani sont arrêtés par le RAID dans une ferme au gué Girault, lieu-dit de la commune de Vitry-aux-Loges, dans le Loiret. Ils ont été tous les quatre condamnés (tout comme Régis Schleicher, arrêté en 1984) à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine incompressible de dix-huit ans, notamment pour les assassinats de Georges Besse et René Audran.

Les années d'incarcération et le processus de libération

La peine de Joëlle Aubron a été suspendue en juin 2004 pour raisons de santé. Elle est décédée à Paris le 1er mars 2006 d'une tumeur au cerveau.

Les demandes de libération anticipée de Régis Schleicher ont été plusieurs fois repoussées par le tribunal de l'application des peines. Le 23 juillet 2009, il lui est accordé un régime de semi-liberté[9].

Le 10 mai 2007, le tribunal d'application des peines de Paris a accordé un régime de semi-liberté à Nathalie Ménigon, emprisonnée depuis 1987. Elle travaillera la journée et retournera dormir en prison, mais le parquet a immédiatement fait appel de cette décision. Le jeudi 19 juillet 2007, la chambre d'application des peines de la cour d'appel de Paris lui a finalement accordé le regime de semi-liberté[10].

Nathalie Ménigon, à qui un régime de semi-liberté a été accordé à partir du 2 août, a été transférée mardi 24 juillet 2007 du centre de détention de Bapaume (Pas-de-Calais) à la maison d'arrêt de Toulouse-Seysses. Ce régime de semi-liberté est un préalable à une mesure de libération conditionnelle[11], finalement accordée le 17 juillet 2008. Elle est libérée en régime de libération conditionnelle le 2 août 2008 sur décision du tribunal de l'application des peines de Paris, après plus de vingt ans de prison[12]. Il lui reste de graves séquelles physiques de ses années de prisons.

Jean-Marc Rouillan a tenu une chronique sur l'univers carcéral dans le journal CQFD. Il a obtenu un régime de semi-liberté à partir du 17 décembre 2007[13]. Cette semi-liberté a été révoquée en octobre 2008 suite à des propos tenus lors d'une interview donnée au magazine L'Express[14].

Actions

Le groupe Action directe a revendiqué plusieurs actions (mitraillage, braquage, plasticage, assassinat). À partir de juin 1984, Action directe signe ses attentats et ses tracts en utilisant des noms de commandos pour donner une symbolique forte à ses actions et pour créer l'illusion du nombre :

De nombreux vols à main armée n'ayant pas entraîné mort d'homme ont été revendiqués par le groupe comme des « expropriations prolétariennes ».

Idéologie

Le groupe Action directe a défendu l'idée que les actions violentes étaient un moyen légitime de renverser un régime considéré comme oppressif. Durant ce qu'on a appelé les « années de plomb », de nombreux groupuscules ont repris l'idéologie de la « propagande par le fait » prônée par certains militants anarchistes pendant les années 1970 et 1980 : la Fraction armée rouge (ou « Bande à Baader ») en Allemagne occidentale, les Brigades rouges en Italie, Armée rouge japonaise au Japon, 17-Novembre en Grèce, IRA en Irlande, Cellules communistes combattantes en Belgique, ETA au Pays basque, Weathermen aux États-Unis, MLSBP et Devrimci Sol en Turquie, etc.

Notes et références

  1. a  et b (fr) Serge Cosseron, Dictionnaire de l'extrême gauche, Larousse, collection À présent, 2007 (ISBN 2-0358-2620-9) p.61
  2. http://www.terrorwatch.ch/fr/ad.php
  3. Décret du 24 août 1982 portant dissolution du groupement de fait dénommé Action Directe - Journal officiel de la République française, 25 août 1982 [pdf]
  4. La France face au terrorisme : Livre blanc du Gouvernement sur la sécurité intérieure face au terrorisme - Ministère des Affaires étrangères
  5. http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/01/31/01001-20080131ARTFIG00622-mam-je-veux-mettre-fin-a-la-propagande-terroriste.php
  6. L'action directe est l'action sociale directe des masses, sans intermédiaire politique qui parle en leur nom, qu'il soit parlementaire ou avant-garde. Elle n'a donc rien à voir avec la propagande par le fait pratiquée par le groupe AD. Cf. la brochure L'Action Directe rédigée par Émile Pouget, l'« inventeur » du concept.
  7. Jacques Leclercq, Dictionnaire de la mouvance droitiste et nationale de 1945 à nos jours , L'Harmattan, Paris, 2008 (ISBN 9782296064768)
  8. communiqué commun : http://www.contre-informations.fr/doc-inter/allemagne/allemagne10.html
  9. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/07/23/01011-20090723FILWWW00388-action-directe-semi-liberte-pour-schleicher.php
  10. Semi-liberté pour l'ancienne membre d'Action directe Nathalie Ménigon - Le Monde, 19 juillet 2007
  11. Nathalie Ménigon obtient une semi-liberté - Libération, 19 juillet 2007
  12. L'ex-militante d'Action directe Nathalie Ménigon est sortie de prison - Le Monde, 2 août 2008
  13. Semi-liberté accordée à Jean-Marc Rouillan cofondateur d'Action directe - Agence France-Presse, 6 décembre 2007
  14. Interview de Jean-Marc Rouillan donnée à L'Express

Annexes

Bibliographie

Études sur Action directe

  • Alain Hamon et Jean-Charles Marchand, Action directe. Du terrorisme français à l'euroterrorisme, Le Seuil 1986
  • Roland Jacquard, La longue traque d'Action directe, Albin Michel, 1987
  • Michael York Dartnell, Action directe : ultra-left terrorism in France, London 1995
  • Loïc Debray, Jean-Pierre Duteuil, Philippe Godard, Henri Lefebvre, Catherine Régulier, Anne Sveva, Jacques Wajnsztejn, Paroles Directes. Légitimité, révolte et révolution : autour d'Action directe, Acratie 1990
  • Jean-Pierre Pochon, Les stores rouges, Édition des Equateurs, 2008

Ouvrages des membres d'Action directe

Filmographie

Articles connexes

Liens externes


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