Abū Nuwās

Abū Nuwās

Aboû Nouwâs

Aboû Nouwâs

Aboû Nouwâs (ou ’Abû Nuwâs [en arabe أبو نواس الحسن بن هانئ الحكمي prononcé ’abuw nuwaās el-ḥasan bn haāniý el-ḥakamiyy]), né entre 747 et 762 à Ahvaz (Iran) et décédé vers 815 à Bagdad (Irak actuel), est un poète arabo-persan.

Son nom, qui se prononce en arabe [ʔabuː nuwaːs], a été diversement transcrit en français selon les époques et les auteurs : Abou-Navas, Abou-Naovas (Herbelot, 1697), Abou-Noavas (Weiss, 1846), Abinaouas (Gide, 1899), Abou Nawas, Abou Nowas, Abû Nuûas, Abû-Nuwâs, Abū Nuwās, etc.

Sommaire

Biographie

Aboû Nuwâs est né d'un père arabe, Hani qui était soldat dans l'armée de Marwan II, et d'une mère persane nomée Golban qui a travaillé comme tisserande. D'un milieu persan mais arabisé, il passe toute sa vie à Bagdad. Ses contacts avec des mécènes, tels les vizirs barmécides, et son aura scandaleuse lui valent les foudres du calife Haroun ar-Rachid.

Quand Abou Nuwas était encore un jeune garçon, sa mère l'a vendu à un épicier de Bassorah, Al-Sa'ad Yashira. Abu Nuwas émigré à Bagdad, peut-être en compagnie de Walibah ibn al-Hubab, et devint rapidement célèbre par sa poésie pleine d'esprit et d'humour, qui ne traite pas les thèmes traditionnels du désert, mais la vie urbaine et les joies du vin et des boissons (khamriyyat), et l'humour grivois (mujuniyyat). Son travail comprend des poèmes sur la chasse, l'amour des femmes, et d'autres panégyriques à ses patrons. Il était connu pour ses dérisions et sa satire, deux de ses thèmes de prédilection étant la passivité sexuelle des hommes et la débauche sexuelle des femmes. En dépit de sa célébration de la liberté sexuelle des hommes, il n'avait pas de sympathie avec les lesbiennes. Il se plaisait à scandaliser la société en écrivant ouvertement des choses que l'Islam interdisait. Il est l'un des premiers poètes arabes à avoir écris sur le thème de la masturbation.

Ismail bin Nubakht dit de Abu Nuwas: «Je n'ai jamais vu un homme d'une connaissance plus large que celle d'Abu Nuwas, ni celui qui, avec une mémoire si richement meublée, possédé des livres si peu nombreux. Après sa mort nous avons fouillé sa maison, et l'on ne trouva qu'un seul livre dans lequel l'on découvrit un cahier de notes, ce cahier contenait un recueil d'expressions rares et d'observations grammaticales.

Ses thèmes privilégiés versent dans une tendance hédoniste aux relents mystiques : amour du vin, des garçons et de la chasse, libertinage mais aussi angoisse de la mort et du vieillissement. Son esprit critique se tourne notamment contre les institutions religieuses. Il est bercé par la poésie bédouine préislamique et les chansons rimées précieuses et maniéristes.

Considéré en son temps comme le plus grand poète arabe classique, il est aujourd'hui très populaire dans les pays de langue arabe.

Exil et emprisonnement

Abu Nuwas a été contraint de fuir en Égypte pour un temps, après avoir écrit un poème faisant l'éloge des Barmakis, la puissante famille qui avait été renversée et massacrée par le calife Haroun ar-Rachid. Il rentre à Bagdad en 809 après la mort d'Haroun ar-Rachid. La prise de la khilafa de Muhammad al-Amin, fils de Haroun ar-Rachid et ancien élève de Abu Nuwas, qui a alors vingt-deux ans, est un immense soulagement pour le poète. Le poète a écrit des poèmes élogieux envers le nouveau khalife et composa une Kasida(poème en arabe, قصيدة ) en son honneur.

Selon les critiques de son temps, il était le plus grand poète de l'Islam» (F.F. Arbuthnot). Son contemporain, Abu Hatim al Mekki dit souvent que Abu Nawas creusait au plus profond de lui même retrouvant ainsi les pensées les plus originales et les plus difficiles d'accès.

Néanmoins, Abu Nuwas a été emprisonné quand son état d'ivresse et ses libertinages ont usé la patience d'al-Amin. al-Amin fut finalement renversé par son frère puritain, Al-Mamoun, qui n'a aucune indulgence pour Abu Nuwas.

Certains prétendent plus tard que la peur de la prison a conduit Abu Nawas au repentir et qu'il devint profondément religieux, tandis que d'autres pensèrent que c'était une manœuvre pour gagner le cœur du nouveau calife (avec l'aide de quelques poèmes flatteurs notamment). Le vizir d'al-Mamun, Zombor haïssait Abu Nawas et se saisit d'un poème qu'avait écrit le pauvre poète où il injuriait le gendre de Mahomet et son cousin Ali, Zonbor lu ce poème à haute voix et en public. Abu Nawas a fini par mourir en prison sans jamais en ressortir. Certains biographes pensent qu'il aurait été empoisonné par un individu du nom de Ismail Abu bin Sehl qui aurait été chargé par le vizir Zonbor.

Quelques textes

  • Mieux que fille vaut garçon
  • Me tuera-t-il ?
  • Amours sorcières

Ils ont dit de lui

  • L'historien Al-Massoudi : « Son talent est si grand qu'il aurait pour ainsi dire fermé les portes de la poésie bachique ».
  • Le sociologue Ibn Khaldoun : « Un des principaux poètes arabes »
  • Le polygraphe Al-Jahiz : « Je n'ai jamais vu personne qui connût mieux le lexique arabe et s'exprimât avec plus de pureté et de douceur en évitant tout propos désagréable ».

Divers

Un titre de l'album Mutatis mutandis de la chanteuse Juliette s'appelle L'ivresse d'Abhu Nawas. Dans un précédent album ¿Que tal?, une autre chanson est intitulée « La chanson d'Abhu-Newes » (sic).

Bibliographie

  • Abû-Nuwâs (préf. et trad. Vincent-Mansour Monteil), Le vin, le vent, la vie, Sindbad, coll. « La petite bibliothèque de Sindbad », Arles, 1998 (éd. précédentes 1979, 1990), 190 p. (ISBN 2-7427-1820-6).
    Recueil de 74 poèmes traduits, avec une présentation et une biographie détaillées.
  • (en) Hakim Bey (préf., trad.), O tribe that loves boys : the poetry of Abu Nuwas (with a biographical essay), Entimos Press, Amsterdam, 1993, 50 p.
  • Abû Nuwâs (préf. et trad. Omar Merzoug, calligraphies Lassaâd Métoui), Bacchus à Sodome : poèmes, Paris Méditerranée, Paris, La Croisée des chemins, Casablanca, 2004, 153 p. (ISBN 2-84272-213-2 et ISBN 9981-09-109-X).
    Recueil bilingue arabe-français d'une trentaine de poèmes, illustré par des reproductions de miniatures anciennes.
  • "La poésie bachique d'Abû-Nuwâs. Signifiance et symbolique initiatique", Mary Bonnaud, Presses universitaires de Bordeaux, Pessac, 2008, 518. (ISBN 2-978-2-86781-497-6)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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