Commentaire biblique (Judaïsme)

Commentaire biblique (Judaïsme)

Exégèse juive de la Bible

Littérature rabbinique

Littérature de Hazal
MishnaTossefta
GuemaraTalmud
Talmud de Jérusalem
Talmud de Babylone
Traités mineurs
Baraïta


Midrash Halakha

Baraïta de Rabbi Ishmaël
Mekhilta deRabbi Ishmaël (Exode)
Mekhilta deRabbi Shimon (Exode)
Sifra (Lévitique)
Sifre (Nombres & Deutéronome)
Sifre Zoutta (Nombres)
Mekhilta le-Sefer Devarim (Deutéronome)


Midrash Aggada

—— Tannaïtique ——
Seder Olam Rabba
Alphabet d'Akiva ben Joseph
Baraïta des Quarante-Neuf Règles
Baraïta des Trente-deux Règles
Baraïta de la Construction du Tabernacle
—— 400600 ——
Bereshit RabbaEikha Rabba
Pesikta de-Rav Kahana
Esther RabbahMidrash Iyyov
Vayiqra RabbaSeder Olam Zoutta
Midrash TanhoumaMeguilat Antiochus
—— 650900 ——
Avot deRabbi Natan
Pirkei deRabbi Eliezer
Tanna Devei Eliyahou
L'Aleph-bet de Ben Sira
Kohelet RabbaCantiques Rabbah
Devarim RabbahDevarim Zoutta
Pesikta RabbatiMidrash Samuel
Midrash MishleiRuth Rabbah
Baraita de SamuelTargoum sheni
—— 9001000 ——
Ruth ZouttaEikha Zoutta
Midrash TehillimMidrash Hashkem
Shemot RabbaCantiques Zoutta
—— 10001200 ——
Midrash TadsheSefer haYashar
—— Ultérieurs ——
Yalkout ShimoniYalkut Makiri
Midrash YonaEin Yaakov
Midrash ha-GadolBemidbar Rabba
Midrashim mineurs


Targoum rabbinique

—— Torah ——
Targoum Onkelos
Targoum Pseudo-Jonathan
Fragment de TargoumTargoum Neofiti

—— Nevi'im ——
Targoum Jonathan

—— Ketouvim ——
Targoum TehillimTargoum Mishlei
Targoum Iyyov
Targoum des cinq rouleaux
Targoum Sheni d'Esther
Targoum des Chroniques


Halakha

Sefer Hamitzvot leRambam
Sefer HaHinoukh
Mishneh Torah
Arbaa Tourim
Shoulhan Aroukh
Responsa


Voir aussi

—— Exégèse biblique ——
Rachi
Abraham ibn Ezra
Mikraot Gedolot

—— Philosophie juive ——
Emounot veDeotHovot haLevavot
KuzariGuide des Égarés

—— Kabbale ——
BahirZohar

—— Moussar ——
Messilat Yecharim


L'exégèse juive de la Bible consiste à expliquer et à appliquer la Bible hébraïque, c'est-à-dire à en élucider le message et en tirer la Loi. S'exprimant par divers canaux, dont le midrash (« investigation » des versets) et le targoum (traduction, souvent interprétative ou accompagnée de paraphrases), elle est, dès la clôture du canon biblique, le principal domaine d'activité intellectuelle et scientifique développée par et dans le judaïsme.

Elle le demeure même lorsque les Juifs ont découvert d'autres sphères à la suite de leurs contacts avec les Hellènes et les Arabes. Ce sont d'ailleurs souvent les commentaires bibliques qui contiennent les premières traces de cette influence extérieure.
C'est en effet du besoin de réaliser une exégèse rationnelle, en accord avec le texte et la tradition, que naît la philologie hébraïque, et que se légitime la philosophie juive, exemplifiées dans le commentaire de Saadia Gaon. La philosophie prend ultérieurement de plus en plus d'importance dans l'exégèse, quand bien même les opinions qu'elle développe iraient à contre-courant du judaïsme traditionnel. C'est aussi sous la forme du commentaire biblique que la Kabbale se popularisera, avec le Zohar.

Parallèlement à l'exégèse philologico-philosophique pratiquée en Espagne, se développe en France l'école de Rachi, considéré comme l'exégète biblique par excellence. Malgré la prépondérance de plus en plus marquée avec le temps de l'étude du Talmud, l'étude de la Torah avec commentaire de Rachi est considérée comme la base minimale d'une éducation juive traditionnelle.

Au cours des siècles de décadence et d'ignorance, l'exposition de la Bible dans ses aspects variés reste l'activité la plus populaire et la plus assidûment cultivée dans les cercles juifs. Les grandes évolutions culturelles commencent elles aussi avec des innovations dans le domaine de l'exégèse, dont celles de Saadia, de Rachi et de Moses Mendelssohn, qui remet l'étude du texte biblique à l'honneur.

L'exégèse juive traditionnelle est violemment remise en question par Spinoza dans son Traité théologico-politique et relativement délaissée par les juifs progressistes au profit de la critique radicale appliquée à la Bible. Elle est en revanche farouchement défendue par les juifs orthodoxes, qui ignorent la critique radicale, ou s'attachent plus rarement à infirmer ses conclusions. D'autres tentatives, de milieux non-orthodoxes, sont effectuées afin de trouver une voie de conciliation entre critique et tradition.

Sommaire

Débuts de l'exégèse juive

L'élaboration sur la Torah proprement dite remonte au prophétisme, des individus, dirigeant souvent des cercles d'étude, font appel aux images et au langage de la Torah pour rappeler la population à l'ordre. Toutefois, leurs interprétations du message et des prescriptions bibliques sont considérées, par les Pharisiens tout au moins, comme émanant de Dieu Lui-même, et ne pouvant être soumises à investigation. C'est pourquoi le Talmud enseigne qu'un prophète ne peut formuler de nouvelle halakha (loi), et qu'on ne peut pas déduire de règle halakhique à partir des prophètes.

Toute traduction est une forme de commentaire. Lusage du Targoum (traduction en araméen) remonte à lépoque dEzra le Scribe (-450 EC). Lhébreu a été supplanté chez beaucoup par laraméen, fût-il de Babylone ou de Syrie, de sorte que, lors de la lecture bihebdomadaire de la Torah prescrite par Ezra, qui seffectue bien sûr en version originale, un individu se charge des sous-titres en simultané. Cet individu est nécessairement érudit, versé dans les deux langues et dans la sémantique, dont chaque mot, voire chaque lettre, est chargé, connaissant donc la Torah de façon approfondie. Cependant, au-delà de la parenté entre les idiomes sémantiques, il existe impérativement des différences dans le contenu idéique véhiculé, et toute traduction devient nécessairement interprétative. Comment rendre, par exemple, lidée de tohu-bohu, ou distinguer entre la grandeur de lhomme, et la grandeur du Léviathan, comment rendre des mots nayant pas leur équivalent dans lautre langage, et inversement, comment éviter des mots pouvant conduire à un dévoiement de lidée originelle ? De même que la tradition orale sélabora dans un premier temps en parallèle de la tradition écrite, de même le Midrash se développe-t-il sur lossature du Targum. Le traducteur est amené à expliquer les raisons de son choix de traduction, puis à élaborer sur ce choix, puis élaborer sur lélaboration. Parallèlement, les Tannaïm développent le Midrash, à visée homilétique tout dabord, lauditoire étant plus sensible à lapplication dune prescription législative lorsque celle-ci est joliment emballée dans des aggadot, et exégétique ensuite. Celui-ci fut particulièrement prisé en Terre dIsraël, napparaissant pas dans le Talmud de Jérusalem, mais dans des recueils midrashiques, tels que le Midrash Rabba, le Midrash Tanhouma, les Pirke deRabbi Eliezer, tous ces ouvrages ayant été compilés entre 400 et 1000 EC.

Chronologie sommaire

Onkelos

Onkelos est un traducteur araméen de la Bible hébraïque au IIe siècle EC. Prosélyte, c'est-à-dire converti au Judaïsme, élève de Rabbi Yehoshoua et Rabbi Eliezer, les deux plus grands Sages de ce temps, sa traduction, composée en Terre dIsraël, devint rapidement le standard utilisé dans les synagogues babyloniennes au cours de lère délaboration et de rédaction du Talmud. Elle est imprimée en marge du texte dans quasiment toutes les éditions standard modernes. Rachi, Maïmonide, et bien dautres, considèrent cette traduction indispensable à lexégèse, car elle reflète particulièrement bien la compréhension que les Sages avaient des Ecritures à lépoque dOnkelos. Beaucoup dérudits modernes contestent la paternité du texte à Onkelos, pensant quelle lui fut attribuée dans le haut Moyen Âge sur base dune confusion avec une (autre) traduction dOnkelos le Prosélyte mentionnée dans le Talmud. Néanmoins ces mêmes critiques nont pu proposer dautorité alternative au Targum.

Saadia Gaon

Rachi

Rabbenou Shlomo Yitzhaki, dit le Parshandata, le père du Commentaire, est un rabbin champenois en 1040, et décédé en 1105. Il passa la plus grande partie de sa vie à Troyes, mais alla étudier dans les académies de Worms, Spire et Mayence (Magenza). Vigneron de son état, Rachi a rédigé un commentaire sur la Bible hébraïque, et pratiquement tout le Talmud, achevé par son gendre et ses petits-fils. Son commentaire fait une si grande autorité en la matière que le Talmud serait considéré comme un livre scellé sans lui, et son commentaire biblique est imprimé en marge du texte dans quasiment toutes les éditions standard. Il fut en outre le premier texte hébraïque mis sous presse de lhistoire. En commentant le Tanakh et le Talmud, Rachi ne souhaite ni se lancer dans des discussions savantes, ni débattre de questions philosophiques ou théologiques ardues, mais seulement rendre, au sens restituer, à son peuple les moyens de comprendre ces textes écrits dans une langue trop antique, parlant de choses trop élevées, se basant des notions trop anciennes, et sur lesquels ils doivent pourtant se baser de façon indispensable pour continuer à perpétuer les traditions dun peuple qui, sil ne peut en aucun cas rajouter ni retrancher quoi que ce soit à la lettre, doit sy conformer dans un monde en perpétuelle mutation.
Pour ce faire, il a retransmis les opinions des Anciens, des maîtres de la tradition prophétique, puis rabbinique, en recherchant la clarté de pensée, et la clarté de style, nhésitant pas à recourir à la langue doïl (la langue vernaculaire de la France du Nord du XIe siècle) afin de simplifier encore plus lexplication proposée.

Cette recherche de la concision, tant dans la forme que dans le fond de la formulation, est une valeur typiquement française, ce que ne manqueront pas de rappeler Emmanuel Levinas ou Léon Askénazi. On recense plus de 130 supercommentaires sur celui de Rachi. Beaucoup estiment même que tout commentaire biblique écrit après Rachi en est un supercommentaire à un certain degré.

Rabbenou Abraham ben Meir Ibn Ezra

vers 1090 à Tudèle, en Saragosse, décédé vers 1165 à Calahorra, poète, grammairien, traducteur, commentateur, philosophe, mathématicien, astronome, et médecin, fut lun des plus éminents érudits de lâge dor espagnol.

Son commentaire biblique est principalement basé sur lexamen minutieux de la grammaire et la philologie hébraïques, ainsi que sur les réalités de la vie à lépoque biblique. Il émet plusieurs théories sur les différents sens que peut revêtir un terme (non exclusifs les uns des autres), avec la question sous-jacente de savoir dans quelle mesure il est possible de s'éloigner du sens littéral. A ses yeux, seules les expessions contenant des anthropomorphismes pour décrire le divin sont à prendre au sens second.

A noter qu'Abraham ibn Ezra distingue l'exégèse non-littérale de l'exégèse allégorique. En effet, l'interprétation allégorique de la Bible est typique du Christianisme (pour lesquels la compréhension littérale, notamment du chapitre 18 du Deutéronome est inacceptable, puisqu'elle condamne Jésus). Néanmoins, si sens littéral et non-littéral peuvent co-exister, être "tous deux authentiques, et si l'un ressemble au corps, l'autre ressemble à l'esprit", le sens premier est obligatoire, et le sens second s'y subordonne.

De nombreuses considérations philosophiques émaillent son propos. Très influencé par la philosophie, le Néoplatonisme en particulier (les passages il traite de l'âme, surtout de l'âme rationnelle, font immanquablement penser au Fons Vitae d'Ibn Gvirol), Ibn Ezra ne voit aucun conflit entre science et religion, étant donné que, selon lui, science et astronomie sont la base des études Juives. Il est partisan dun rationalisme forcené, voyant par exemple dans les cieux et la terre du premier verset de la Genèse, le ciel et la terre ferme, ce qui est bien sûr en contradiction avec tous les autres commentateurs.

Citant souvent Juda Halevi, il représente néanmoins le point de vue opposé, encore que certaines idées, notamment celle du Dieu libérateur ayant fait irruption dans l'Histoire, nullement soumis à aucun déterminisme, n'ait manqué de le marquer.

Comme Maïmonide après lui, Ibn Ezra s'exprime rarement de façon claire, semblant réserver son commentaire à une certaine élite. Son style est laconique à lextrême, au point den devenir énigmatique, nécessitant des supercommentaires dont le plus répandu est celui de Rabbenou Shlomo haCohen, intitulé Avi Ezer.

Se faisant défenseur du judaïsme rabbanite contre la dissidence karaïte, il sappuie également fortement sur les enseignements de Saadia Gaon, dont lœuvre est tout entière vouée à cette lutte.

Sa méthode

Dans l'introduction aux deux versions de son commentaire biblique, Abraham ibn Ezra retrace l'histoire de l'exégèse biblique, du Talmud jusqu'à nos jours. A deux reprises, il distingue quatre méthodes d'exégèes, plus la sienne propre

  • La première est celle des Guéonim, directeurs des académies talmudiques de Babylone. Ibn Ezra, comparant la vérité au centre d'un cercle, les situe loin du centre, mais dans le cercle. Leurs exégèses contiennent des "digressions inutiles".
  • La seconde porte sur les Karaïtes : "ils pensent être au sens du cercle, mais en ignorent en réalité l'emplacement". Ils fournissent des interprétations contredisant la tradition, à leur méconnaissance de la philologie, mais aussi de la grammaire (alors qu'ils furent les premiers à étudier les Ecritures de façon rationnelle, d'après l'écrit lui-même), ainsi que leur remise en cause du calendrier hébraïque, dont dépend la bonne pratique du Judaïsme.
  • La troisième, l'exégèse chrétienne, et allégorique en général (cf. supra), est descendue en flèches : elle découvre partout des mystères, à interpréter allégoriquement, détournant l'Ecriture de son sens premier. Néanmoins, ibn Ezra leur reconnaît ce mérite de "savoir que tout commandement, petit ou grand, doit être pesé sur la balance du cœur (siège de l'intelligence), car le discernement s'y trouve"
  • La quatrième est celle des Tannaïm et Amoraïm : elle ne souscrit pas aux règles de la philologie, mais contient de profonds secrets qu'il est impratif d'étudier.

Ayant exposé ces quatre formes, ibn Ezra fait part de la sienne : elle est basée sur une bonne connaissance de l'Hébreu (ce qui exclut encore une fois l'exégèse chrétienne qui se pratique sur des traductions et non l'"original".) En effet, l'Hébreu est le lashon haqodesh, la langue sainte, remontant au premier homme


Notes et références

Cet article comprend du texte provenant de la Jewish Encyclopedia de 19011906, article « BIBLE EXEGESIS » par Executive Commitee, Wilhelm Bacher, Kaufmann Kohler & Frederic J. Mc Curdy, une publication tombée dans le domaine public.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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