Carbocendre

Carbocendre

Cendre

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La cendre est un résidu alcalin de combustion ou incinération de matières organiques, et par extension de produits tels que le charbon, le lignite ou divers déchets brûlés dans les incinérateurs, en plein air ou dans les cheminées ou fours.

Les cendres volcaniques, « naturelles », sont réputées fertiles pour l'agriculture.

Sommaire

Composition

La composition de la cendre varie selon le produit brûlé et selon son origine.

Cendres de bois

Les cendres de bois sont généralement riches en potasse alors que celles d'herbes seront riches en silice.

On peut considérer que les éléments non organiques qui constituent les cendres de bois sont en majorité des bases faibles avec 25 à 50 % de chaux (oxyde de calcium[1]), 13% de potasse et soude 9% au total d'oxydes tels que : oxyde de magnésium (magnésie), oxyde de fer, oxyde de manganèse.

Les constituants acides : acide phosphorique, acide silicique, acide sulfurique sont peu présents.

D'autres substances telles que le soufre, le chlore, le fer ou le sodium n'apparaissent qu'en faibles quantités et d'autres encore ne se trouvent dans le bois qu'exceptionnellement comme l'aluminium, le zinc, le bore etc…

On constate une variation des matières minérales avec l'espèce de bois brûlé. Ainsi nous trouvons d'avantage de chlore dans les résineux que dans les bois feuillus (7 fois plus dans l'épicéa que dans le chêne). Nous trouverons 2 fois plus d'acide phosphorique dans le peuplier tremble que dans le chêne, et deux fois plus de magnésie dans l'orme que dans le pin sylvestre. Les comparaisons portent évidemment, sur des bois ayant poussé dans les mêmes conditions.

La nature du sol a une influence considérable sur la composition chimique des cendres de végétaux.

La nature et la quantité des matières minérales formant les cendres varient également avec les diverses parties de l'arbre. L'écorce en contient plus que le bois, les branches plus que le tronc et le tronc plus que les racines. La silice et la chaux sont plus abondantes dans l'écorce que dans le bois tandis que la potasse domine dans le bois.

On a constaté aussi une variation suivant la saison d'abattage. Si l'on abat en été, on trouve une plus forte proportion de potasse et d'acide phosphorique. Ces éléments favorisant certains organismes de fermentation, la conservation de tels bois sera moins bonne.

Cendres d'incinération

Les cendres et autres résidus d'incinération, ainsi que les carbocendres (cendres de charbon) issues des installations individuelles ou industrielles (incinérateurs, centrales thermiques..) contiennent souvent de nombreux produits toxiques (résidus carbonés, métaux lourds et traces de radionucléïdes..).

Utilisations

Engrais et amendement

On a utilisé les cendres comme engrais (pour leur richesse en minéraux) ou en amendement (une pelletée de cendres par m2 permet de recharger le sol en éléments minéraux). Les cendres de bois ont un grand pouvoir alcalinisant dû à leur contenu élevé en calcium. Elles agissent rapidement sur le sol, mais leur effet est de courte durée.

Elles doivent être incorporées au sol ou au compost au printemps.

Attention ! Les cendres de bois sont très solubles et salines. Une quantité excessive de sels dans le sol inhibe la croissance des végétaux et cause souvent la mort des microorganismes.

Pour augmenter graduellement le pH de 0, 3 à 0,4 unité (exemple : pour faire passer le pH de 6,2 à 6,5) : 10 kg/100 m2

Pour maintenir le pH, une fois la valeur recherchée atteinte : 5kg/100 m2

En terre calcaire, il vaut mieux éviter ou limiter l'apport à une pelletée de cendres pour 5 m2.

« Qui sème potasse récolte en masse » dit le dicton. En effet, la teneur en potasse de la cendre ne favorise pas la pousse des végétaux (c'est le rôle de l'azote) mais la rend plutôt bénéfique au développement des fleurs et des fruits telles que betteraves, haricots, pommes de terre, céréales particulièrement gourmands en potasse.

Attention : à cause de la présence de calcium, il est préférable de ne pas employer la cendre sur les massifs de plantes acidophiles plantées en terre de bruyère ou sur les semis. Dans le doute, on peut la jeter à petite dose au compost qu'elle enrichira (de trop fortes doses anéantiraient la vie bactérienne et fongique nécessaire à la maturation du compost).

L'application répétée de grandes quantités de cendres peut également entraîner une accumulation d'éléments toxiques (plomb, cadmium) dans le sol et nuire à l'assimilation des minéraux par les plantes. Il est donc recommandé d'utiliser cet amendement avec modération.

Autre usage au jardin : lorsqu'on veut éloigner les limaces et escargots, on répand de la cendre en fortes proportions aux endroits qu'elles fréquentent. Elles ne franchissent pas cette barrière qui assèche leur bave. A renouveler en cas de pluie...

Détergent

Certaines cendres ont été dans le passé utilisées pour fabriquer une sorte de savon.

Leur couleur noire et leur teneur en sels et parfois en scories les a longtemps fait utiliser contre le verglas jusqu'à ce que le sel soit facilement disponible.

Travaux publics

On utilise les cendres de combustion des centrales électrique thermiques dans la fabrication des bétons ou dans le traitement des graves, comme substitution partielle du ciment dans les bétons, avec ajout de chaux comme liant hydraulique des graves.

La cendre peut être aussi présente dans l'alimentation des animaux (croquettes, graines pour rongeurs). Il est préférable que son taux soit inférieur à 10%.

Cendres polluantes

Les cendres d'incinération sont moins polluées que les refioms théoriquement envoyés en décharge, mais elles contiennent néanmoins des métaux lourds qui étaient présents dans le bois ou les déchets brûlés, diverses substances chimiques imbrûlées et aussi des polluants qui se sont formés par recomposition lors de l'incinération. Lors des épisodes de dysfonctionnement d'incinérateurs, la qualité des cendres peut fortement se dégrader.

Les vapeurs issues des crématoriums peuvent également être polluées par des dioxines, mais aussi par des métaux lourds dont du mercure perdu par les plombages dentaires lors de la crémation.

Les cendres des centrales thermiques au charbon se sont accumulése en importants crassiers depuis le XIXe siècle. Ils ont été à l'origine d'envols de poussières et de particules fines dites « cendres volantes ».

En Amérique du Nord, le stockage a parfois lieu en bassin pour limiter les envols, mais non sans risque pour la nappe ou les eaux superficielles en cas de rupture de digue (ainsi le 22 décembre 2008, le bassin de stockage de cendres de la centrale électrique de Kingston (Tennessee) s'est rompu en libérant environ 4 millions de m3 de boues polluée par de l'arsenic, du mercure, du sélénium, du plomb et du radon radioactif) ; l’eau analysée près du site par l'EPA contenait des taux d'arsenic (cancérogène) dépassant de 100 fois le niveau acceptable.

En France, dans les années 1990 à 2000, les incinérateurs et la trentaine de centrales thermiques au charbon encore en service (4% environ de la production électrique du pays, par 19 centrales à charbon en 2009) ont produit une grande quantité de cendre. Ces crassiers sont théoriquement suivis par les DRIREs (circulaire de 1996 relative aux cendres de charbon), maintenant inclues dans les DREALs, et par l'ADEME (pour les sites orphelins ou certains aspects liés à la pollution de l'air).
Le 5 avril 2000, le Centre national d'information indépendante sur les déchets (CNIID) a alerté sur un rapport du ministère de l'Environnement de 1997 reconnaissant une contamination des cendres d'incinérateurs par les dioxines.
En 2009, c'est une étude faite par J. Bonnemain [2] pour l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN, qui rappelle à nouveau que les dépôts de cendres (souvent oubliés ou dispersés comme matériaux pour le BTP) contiennent souvent non seulement des dioxines, mais aussi du thorium ou de l'uranium radioactif qui ont été concentrés dans la cendre, et qui sont devenus mobiles et biodisponibles, car libérés du charbon par le processus de combustion. J. Bonnemain estime que que ces dépôts devraient être sécurisés, surveillés, voire confinés, alors que beaucoup ont déjà été dispersés et que certains sont encore visités par des pratiquants de moto-cross ou des chasseurs (dont le gibier peut alors être contaminé). L'étude rappelle aussi que les dépôts non-protégés donnent lieu à des envols et une contamination environnementale par le ruissellement. La bioturbation par des animaux fouisseurs (lapins, et micromammifères, vers ou même oiseaux qui peuvent y creuser leurs terriers : Exemple : l'hirondelles de rivage (Riparia riparia creuse son nid en forme de galerie de 60 cm environ de profondeur dans les micro-falaises de sable) ; une colonie de ces hirondelles s'était installé dans le crassier de l'ancienne centrale à charbon d'EDF à Pont-sur-Sambre, en bordure de la Sambre et d'une zone humide. Ces centrales sont souvent installées en bordure d'un canal ou d'un fleuve, ce qui facilite la pollution de l'eau par les envols de cendres ou le ruissellement.
Pour la réglementation française, ces dépôts sont des « installations connexes » des centrales thermiques, et ne doivent faire l'objet d'une simple déclaration. Ils sont gérés (ou devraient l'être) par l'opérateur de la centrale thermique, même après son arrêt). Le ministère chargé de l'écologie [3] reconnait que « le suivi radiologique, notamment de la qualité des eaux environnantes au plan radiologique, est le chaînon manquant » pour l'évaluation environnementale et le suivi des impacts des cendres de charbon.

En France, le ministre de l'écologie a en 2009 demandé [4] aux préfets de mettre en place des mesures de surveillance autour des sites de déchets radioactifs, incluant les dépôts de déchets à « radioactivité naturelle renforcée » (cendres, phosphogypse...). Ce premier état des lieux pourra orienter la stratégie de l'état concernant les risques liés aux cendres de charbon qui en 2009 étaient encore produites par centaines de milliers de tonnes annuelles, par 19 centrales au charbon (15 pour EDF et 4 pour la SNET) qui en France compensent les besoins que le nucléaire ne peut fournir en période de pointe. Une grande partie des dépôts français a été vendue ou offerte pour le BTP, (terrassement/remblais de tranchées ou d'aménagements routiers, inclusion dans le ciment ou béton, ou comme matériau de remblais pour diverses infrastructures routières ou ferroviaires (TGV Est par exemple). J. Bonnemains, auteur d'une étude faite pour l'ASN [5] estime nécessaire un meilleur contrôle des cendres de charbon, qui nécessite selon lui par « la création d'une structure extérieure aux producteurs pour assurer un suivi longitudinal et contradictoire ».

Depuis le début des années 1980, les cendres d'incinérateurs ou de crassiers de centrales thermiques alimentent des polémiques parfois vives, notamment en raison de leurs teneurs en métaux lourds et dioxines. Selon Greenpeace, un incinérateur commercial, aux normes, de taille moyenne brûle 32 000 tonnes de déchets, dont certains contiennent inévitablement du plomb, du cadmium, de l'arsenic, du mercure et du chrome, émettant (vers l'an 2000) 92 tonnes de métaux dans l'air par an et produisant environ 304 tonnes/an de cendres et d'effluents liquides.

En France toujours, où l'incinération a été très développée, une circulaire de mai 1994 interdit leur utilisation « à moins de 30 m d'un cours d'eau », mais les cendres sont depuis cette date considérées comme globalement "valorisables" en travaux routiers ailleurs ou dans les cimenteries. Le décret n'imposant par ailleurs pas de précaution particulière aux engins de chantier. La couche de bitume est censée limiter le risque de lixiviation, mais de nombreuses routes sont périodiquement inondées ou en contact avec le plafond de la nappe phréatique. Le CNIID a par exemple reproché à l'incinérateur de Tronville d'avoir fourni de grandes quantités de cendres issus de déchets ménagers et hospitaliers à un « chantier-pilote » qui a ainsi contaminé des chemins forestiers. En Bretagne, l'incinérateur de Pluzunet a offert ses cendres à des agriculteurs pour en faire de l'engrais. Selon l'ORDIF - Observatoire Régional des Déchets d'Ile-de-France cette région a produit plusieurs centaines de milliers de tonnes de cendres, dont la majeure partie a été « recyclée » en fond de couche routière. Certains incinérateurs comme celui de Sète disposaient alors d'énormes crassiers de cendres dont une partie s'envole au vent ou est lessivée par les pluies. EDF a en 2006 estimé produire de 400 000 à 800 000 t/an de cendres (non compris celles de la Société nationale d'électricité et de thermique (SNET), qui exploite encore 4 centrales au chargon en France) et qu'il reste 9 millions de tonnes de stock issu des anciennes centrales à charbon françaises. De nombreuses industries (papeterie, cimenteries, verreries) ont aussi jusque la généralisation du gaz utilisé du charbon et produit de grandes quantité de cendres dispersées dans l'environnement ou stockées dans d'anciennes décharges internes non surveillées. Le BRGM concluait en 2000 qu’« à l’exception des mâchefers d’incinération d’ordures ménagères, les données disponibles relatives à la caractérisation fine des résidus [de procédés thermiques] sont globalement insuffisantes, et les données relatives à leur altération météorique inexistantes »[6].

Incinération et santé

Des études disponibles, il ressort pour l'incinération, qui est le domaine le plus étudié, que les enjeux sont liés aux émissions atmosphériques et semblent concerner essentiellement les riverains et les populations générales, avec des pathologies telles que certains cancers ou troubles de la reproduction. Les niveaux de risques apparaissent très liés aux niveaux de performances (émissions de métaux lourds et de substances organiques) et très faibles pour les installations récentes.

D'une façon générale, les divers éléments issus des travaux scientifiques ne sont pas de nature à remettre en cause le bien-fondé de l'incinération comme outil de gestion efficace des déchets dans le cadre réglementaire désormais en vigueur et en complément des dispositifs de prévention de valorisation et de stockage, également indispensables. Il convient néanmoins de poursuivre les travaux d'acquisition de connaissances sur les impacts des différentes filières et de contribuer à ce que les connaissances acquises soient partagées et utilisées de façon rigoureuse, pertinente et non simpliste dans les décisions locales.

Cultures et religions

Dans les pays où la crémation des cadavres est pratiquée, divers rituels concernent les cendres des défunts, qui dans certaines tribus étaient par exemple pour parties mangées par la famille. S'enduire les cheveux ou la peau de cendres en signe de deuil ou pour d'autres région semble avoir été un rituel commun. Les catholiques connaissent encore le mercredi des cendres.


Notes et références

  1. Source : Gestion et valorisation des cendres de chaufferies bois
  2. Association de défense de l'environnement Robin des bois
  3. source : Stéphane Noël, mission « sûreté nucléaire et radioprotection » à la direction générale de la prévention des risques cité par le journal Le Monde La France doit mieux contrôler les traces de radioactivité dans les dépôts industriels de cendres de charbon ; Art. de Bertrand d'Armagnac, Le Monde du 30.09.09
  4. circulaire aux préfets datée du 18 juin 2009
  5. L'association Robin des Bois a remis à l'ASN une étude sur les dépôts de cendres et de phosphogypses (ANS, 2009)
  6. Résidus de procédés thermiques (RPT): Apport de la minéralogie dans l'optimisation de la démarche et la prédiction de leur évolution, rapport du BRGM

Voir aussi

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Voir « cendres » sur le Wiktionnaire.

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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