Canal de Nantes à Brest

Canal de Nantes à Brest
Canal de Nantes à Brest
Le canal de Nantes à Brest en Loire-Atlantique, avec borne kilométrique 37 et parallèle à la rivière Isac.
Le canal de Nantes à Brest en Loire-Atlantique, avec borne kilométrique 37 et parallèle à la rivière Isac.
Caractéristiques
Longueur 364 km
Gabarit 25,70 m sur 4,50 m
Mouillage 1,60 m
Hauteur libre 2,40 m
Nombre d'écluses 238
Histoire
Année début travaux 1803
Année d'ouverture 1858
Géographie
Début Loire, Nantes
Fin Rade de Brest, Brest
Traverse Pays de la Loire
Bretagne
Pays Drapeau de France France

Le canal de Nantes à Brest est un canal à petit gabarit qui relie les villes de Nantes et de Brest et emprunte les vallées de l'Erdre, de l’Isac, de l’Oust, du Blavet (qu’il rejoint à Pontivy), du Doré, de l’Hyères et de l’Aulne ; ces rivières sont reliées par trois canaux de jonction franchissant des lignes de partage des eaux. Sa construction remonte à la première moitié du XIXe siècle et sa longueur totale est de 364 km.

Sommaire

Histoire

Borne 354 du canal.

L'idée d'ouvrir une voie de navigation intérieure en Bretagne remonte au XVIe siècle lors de l'union du duché de Bretagne au royaume de France : la canalisation de la Vilaine est décidée en 1538 par les États de Bretagne, rendant navigable le fleuve de Rennes à Messac, ce qui permet dès 1585 la première liaison fluviale de la capitale bretonne à Redon et au « golfe de Gascogne » par la Vilaine maritime.

L'intérêt économique d'un canal de Nantes à Brest est de désenclaver le Centre-Bretagne (avec peu de chemins à peine carrossables, il est appelé « la Sibérie de la Bretagne »), permettant à tous les points de ce territoire d'être à moins de 15 kilomètres d'une voie d'eau (mer et ses rias, rivières ou canal). En 1627, les États de Bretagne approuvent un projet destiné à relier Brest à Carhaix par un canal mais ce projet avorte par manque de financement[1].

Ce sont les différents blocus maritimes, imposés depuis 1688 sous le règne de Louis XIV, qui conduisent les États de Bretagne à faire étudier la mise en place d’un réseau de canaux, en Bretagne, et aussi dans le Maine. En 1745, le comte François Joseph de Kersauson initie un vague projet de Nantes à Brest qui est abandonné, faute de financement. En janvier 1783, une commission de navigation intérieure est nommée pour étudier tous les projets. Partant de cette idée, cette commission présente au roi Louis XVI, le 31 octobre 1784, une carte générale des projets qu'elle lui commente. Cette commission spéciale s'entoure des compétences de membres de l'Académie royale des sciences, dont l'abbé Rochon ou Nicolas de Condorcet qui analysent notamment les mémoires des différents projets de navigation. Il faut cependant attendre le début du XIXe siècle et le blocus de Brest par les Britanniques, pour convaincre Napoléon Ier de l’intérêt stratégique de débloquer Brest par l’arrière-pays, d'approvisionner en vivres et munitions les arsenaux de Brest et Lorient avec Nantes et Saint-Malo[2].

Les dates clés :

  • 1803 : l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées Guy Bouessel est chargé de l’étude du projet ;
  • 1811 : début des travaux aux deux extrémités (en Loire-Inférieure et dans le Finistère), suite au décret impérial de construction des canaux de Bretagne signé le 7 juin 1811 par Napoléon. Pose le 7 septembre 1811 de la première pierre de la première écluse sur l’actuel bief de Guilly Glaz, à la frontière des communes de Port-Launay et Châteaulin ;
  • 1822 : création de la Compagnie des Canaux de Bretagne dont les emprunts relancent le chantier freiné par la complexité des travaux, la période révolutionnaire puis la chute du premier Empire, travaux sous la direction du comte Jean-Marie de Silguy ;
  • mai 1826 : ouverture des quatre premiers kilomètres du canal dans le Finistère ;
  • 1836 : ouverture à la navigation de la section Nantes-Redon et Brest-Carhaix ;
  • 1er janvier 1842 : la voie d'eau entre Nantes et Brest de 360 km est ouverte à la navigation sur toute sa longueur ;
  • 1858 : inauguration du canal par Napoléon III et l’Impératrice Eugénie sur le site de l’écluse maritime de Guilly Glaz.

« L’eau coulant dans le canal, portera dans tous les esprits,
Comme le sang dans les veines, le baume de la vie,
L’éguillon stimulant de l’industrie. Tout va changer par la navigation. »

— M. de Brie, Mémoire (1784)

Le développement du chemin de fer à partir des années 1850 (notamment la ligne Carhaix-Châteaulin-Camaret en 1911), la construction de routes et la construction du barrage hydroélectrique de Guerlédan (qui isole les parties finistérienne et costarmoricaine du reste du réseau et donne naissance au plus grand lac artificiel breton, le lac de Guerlédan) à partir de 1923, mettent un terme au « fret » (composé de denrées alimentaires — céréales, vins, sucre, sel ; de matières premières — bois, sable de Loire, ardoise, tuffeau angevin, houille pour les forges de Loudéac ; engrais agricoles — chaux du Maine et Loire, sable calcaire ; produits divers — charbon, cire, chanvre, lin…[3]) par voie d’eau douce entre Nantes et la rade de Brest, d'autant plus que le canal était d'un gabarit trop faible pour la batellerie bretonne qui avait pourtant motorisé ses bateaux dans les années 1930. Le trafic ayant progressé de 10 000 tonnes en 1859 à 174 000 tonnes en 1911 a dès lors décliné. C'est en 1942 que le dernier chaland franchit l'écluse de Châteauneuf-du-Faou[4].

Aujourd’hui, les chevaux de halage (dont la vitesse moyenne était de 2 km/h en charge) ont laissé place aux pêcheurs, promeneurs et sportifs. Gabares et chalands disparus, le canal n’ouvre plus ses écluses qu’aux amateurs de canoës ou kayaks, aux plaisanciers sur péniches, voiliers ou bateaux motorisés, l'outil industriel et commercial s'étant mué en axe touristique.

Géographie

Écluse no 234, Toul ar rodo.

Le canal mesure, de l’Erdre à l’Aulne, 364 km mais n’est artificiel que sur 20 % de sa longueur soit environ 73 km. Huit cours d'eau sont canalisés pour l’alimenter, ou aménagés pour les rendre navigables, devenant les ramifications d’un assez surprenant réseau navigable breton. Les ouvriers — parfois des paysans (des recruteurs battant la campagne), rarement des mendiants (bien que le préfet des Côtes du Nord le comte de Bagneux prenne un arrêt anti-mendicité à cet effet), souvent des bagnards ou des prisonniers de guerre (camp militaire de Glomel, prisonniers espagnols dans les landes des Jarriais en Loire Inférieure, payés 30 centimes puis un franc par jour mais une bonne part du salaire est retenu pour la nourriture, l'habillement, le logement et les soins, ce qui provoque révoltes et désertions, poussant les attributaires des adjudications à les payer au volume déblayé) — et les ingénieurs créèrent, au total, près de 600 kilomètres de voies et 325 écluses dans les cinq départements traversés par le canal[2].

Tourisme et loisir

Écluse abandonnée du canal sur la portion désormais non navigable Pontivy - barrage de Guerlédan.

Depuis l’édification du barrage de Guerlédan, la navigation est limitée de Nantes à Pontivy, et de Carhaix à la mer. Les promeneurs à pied ou à vélo peuvent, quant à eux, le longer entièrement grâce aux chemins de halage.

Le Finistère comporte 46 écluses sur environ 100 km et 22 communes riveraines avec de nombreux ports et points de séjour accessibles aussi bien aux promeneurs, à pieds, à vélo, à cheval, kayak, pénichettes, qu’aux campings caristes, campeurs, etc.

Caractéristiques techniques

Le canal de Nantes à Brest est jalonné de 238 écluses dont 18 englouties par le barrage de Guerlédan (la dernière écluse est la 237 mais il existe une 17 bis à Redon). Les huit cours d’eau canalisés sont : l’Erdre, l’Isac, l’Oust, le Blavet, le Doré, le Kergoat, l’Hyères et l’Aulne. On dénombre trois biefs de partage sur le canal de Nantes à Brest : Bout-de-Bois (altitude 20 mètres), Hilvern (altitude 129 m), Glomel (altitude 184 m). Les travaux ont coûté 160 millions de francs-or de 1860 (soit 150 millions d’euros en 2000).

Notes et références

  1. Kader Benferhat, Le canal de Nantes à Brest, éd. Ouest-France, réed. 13 février 2007, 142 p.
  2. a et b Jean Kergrist, émission La marche de l'histoire sur France Inter, 28 juin 2011
  3. [PDF] Pourquoi des canaux en Bretagne ?
  4. Balades en vallée de l'Aulne : le canal de Nantes à Brest

Voir aussi

Bibliographie

  • Lauriane Clouteau, Jacques Clouteau, Le canal de Nantes à Brest, Vieux Crayon, coll. « Guide du randonneur » (réimpr. 2006), 109 p. (ISBN 978-2-916446-19-6) 
  • Guide Pratique du Canal de Nantes à Brest - Tronçon de Nantes au Lac de Guerlédan (réimpr. 2007), 24 p.
    brochure gratuite
     
  • Penven Michel, Le canal de Nantes à Brest en Centre Finistère, Spézet, Keltia graphic (réimpr. 1993), 108 p.
    Association « sur les traces de François Joncour »
     
  • Thomas Stéphane, La vie du canal de Nantes à Brest dans le Finistère 1826-1914, Spézet, Keltia graphic, 2009 
  • Le canal de Nantes à Brest à pied de Thierry Guidet, éditions UBACS, 1991
  • Les bagnards du canal de Nantes à Brest (la vie au camp de Glomel, 1823-1832) de Jean Kergrist, Editions Keltia Graphic, 2003
  • Bagnards en cavale, roman de Jean Kergrist, Editions Keltia Graphic
  • Carhaix et le Poher, itinéraires intérieurs, ouvrage hors-série sous la direction de Marie-Josée Christien, Spered Gouez 2004: quelques pages sur le canal de Jean Kergrist, Marie-Josée Christien, Jacqueline Saint-Jean
  • Aspects du canal de Marie-Josée Christien, Sac à mots éditions 2010

Articles connexes

Liens externes

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