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Béatrix (Balzac)
Béatrix Auteur Honoré de Balzac Genre Roman réaliste Pays d'origine France Lieu de parution Paris Éditeur Werdet Collection Scènes de la vie privée Date de parution 1839 Dessinateur Adrien Moreau Série La Comédie humaine Chronologie La Messe de l'athée La Grande Bretèche Pour les articles homonymes, voir Béatrix.Béatrix est un roman d’Honoré de Balzac publié en 1839. Il paraît d’abord dans le Siècle en août 1839, avant d’être édité en volume la même année.
Ce roman fait partie des Scènes de la vie privée. Il compte parmi les plus beaux portraits de femme de la Comédie humaine.
George Sand a inspiré le personnage de Félicité, Marie d'Agoult celui de Béatrix, et Franz Liszt celui du musicien Gennaro Conti, l’amant de la marquise de Rochefide. Entre ces trois personnages se joue un drame subtil qui est l’expression même du romantisme balzacien et des difficultés de la condition féminine au XIXe siècle.
Sommaire
Thème
Dans la vieille Bretagne aristocratique, à Guérande « enceinte de ses puissantes murailles », le jeune Calyste du Guénic cherche un idéal de vie que semble lui offrir la fréquentation de Félicité des Touches, écrivaine et musicienne déjà célèbre sous le pseudonyme de Camille Maupin. Mais Calyste a un rival : Claude Vignon, auteur célèbre et soupirant assidu de Félicité. Quand la marquise Béatrix de Rochefide et son amant Conti, un musicien autrefois amant de Félicité, arrivent au château, Calyste est poussé dans ses bras par Félicité elle-même. Par un jeu d’intrigues complexes, Calyste déjoue involontairement ses plans et le voici déchiré par une désillusion cruelle. Il tombe dans un abattement dont Félicité elle-même le tirera en l’emmenant à Paris et en favorisant son mariage avec Sabine de Granlieu, avant de se retirer au couvent.
Article connexe : Liste alphabétique des personnages d'Honoré de Balzac.Réception
« Ce livre si merveilleusement dépareillé, si singulièrement échoué dans un repli de l’œuvre (et il est significatif que ce soit le seul grand livre de Balzac que battent d’un bout à l’autre les vagues), j’aimerais accueillir cette invite à le considérer – sa fureur d’océan, sa folie dépaysante – à la façon de ces survenants énigmatiques de qui l’on prolongeait autrefois dans l’imagination la rumeur fabuleuse en disant qu’ils venaient « d’au-delà de la mer ». Je me souviens… Derrière les meules blanches du sel, toujours battue des houles aveugles, la côte de Guérande, à l’égal des rivages monstrueux de la Crète, garde son emportant prestige de royaume au bord de la mer. En fermant les yeux, en fermant le livre battu comme un rocher de tant de fièvre j’entends le bruit merveilleux, le bruit unique qu’il approche de mon oreille comme un coquillage. On dirait que le vieux sortilège celte est descendu sur ces pages sans cesse en rumeur. Saint-Nazaire, où Elle débarque, minuscule bourgade dans le livre, est devenu ville, a disparu. « Tout a changé en Bretagne, hormis les vagues, qui changent toujours ». Mais les rochers guettent toujours vers le large les merveilles et les signes, et la mer, image de la rencontre, jusque dans les humbles trésors du sable, reste l’énigmatique médiatrice, rejetant un jour au rivage l’auge de pierre des chevaliers – fées, la nef où Tristan armé rêve au Morholt et court vers Iseult, et un autre la malle où Calyste déchiffre un nom et le sang s’est retiré de ses joues : Béatrix de Rochefide »— Julien Gracq, « Béatrix de Bretagne », dans Préférences, Paris, José Corti, 1961.
Extrait
Calyste assiste à l’arrivée de Béatrix de Rochefide :
« Calyste fut charmé à la vue d’une caisse couverte en toile goudronnée sur laquelle on lisait : Madame la marquise de Rochefide. Ce nom brillait à ses yeux comme un talisman, il y sentait je ne sais quoi de fatal ; il savait, sans en pouvoir douter, qu’il aimerait cette femme ; les plus petites choses qui la concernaient l’occupaient déjà, l’intéressaient et piquaient sa curiosité. Pourquoi ? Dans le brûlant désert de ses désirs infinis et sans objet, la jeunesse n’envoie-t-elle pas toutes ses forces sur la première femme qui s’y présente ? Béatrix avait hérité de l’amour que dédaignait Camille. Calyste regarda faire le débarquement, tout en jetant de temps en temps les yeux sur Le Croisic, espérant voir une barque sortir du port, venir à ce petit promontoire où mugissait la mer, et lui montrer cette Béatrix déjà devenue dans sa pensée ce qu’était Béatrix pour Dante, une éternelle statue de marbre aux mains de laquelle il suspendrait ses fleurs et ses couronnes. Il demeurait les bras croisés, perdu dans les méditations de l’attente. Un fait digne de remarque, et qui cependant n’a point été remarqué, c’est comme nous soumettons souvent nos sentiments à une volonté, combien nous prenons une sorte d’engagement avec nous-mêmes, et comme nous créons notre sort : le hasard n’y a certes pas autant de part que nous le croyons »— La Comédie humaine, édition de la Pléiade, t. II, p.737.
Bibliographie
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