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Le Siècle (journal)
Le Siècle, sous-titré « journal politique, littéraire et d’économie sociale », est un quotidien français dont le premier numéro parut le 1er juillet 1836 et dont la publication s’arrêta en 1932.
Sommaire
Histoire
Fondé par Armand Dutacq et financé notamment par l’avocat et député Odilon Barrot, il représente sous la Monarchie de juillet la gauche dynastique opposée à Guizot. Il fut dirigé par Hercules Guillemot puis Chambolle pour la partie politique ; Louis Desnoyers assura la partie littéraire du journal, à laquelle collaborèrent de nombreux écrivains parmi lesquels Charles Nodier, Léon Gozlan, Alphonse Karr, Jules Sandeau. Balzac y livra sa première édition de Béatrix en août 1839, Une fille d'Ève en décembre 1838 et janvier 1839, Pierrette en janvier 1840, La Fausse Maîtresse en décembre 1841, Albert Savarus en 1842 et un Un homme d'affaires en 1844.
D’abord concurrencé par La Presse d’Émile de Girardin, créé le même jour, Le Siècle acquit très vite une large audience (30 000 abonnés en 1839) et prospéra jusqu’en 1848. Au lendemain du coup d'état du 2 décembre 1851, Léonor-Joseph Havin, député de la Manche, prend la direction du journal, qu’il conservera jusqu’à sa mort en 1868. Durant cette période du Second Empire, Le Siècle devient républicain, opposé au régime de Napoléon III, mais accepté par ce dernier en raison du soutien du journal à sa politique des nationalités en Europe. Bien diffusé dans tout le pays auprès d’un public bourgeois et libéral, son tirage augmente jusqu’à en faire le plus influent des quotidiens français de l’époque (35 000 exemplaires en 1870).
En avril 1870, le banquier républicain Henri Cernuschi prend une participation de 600 000 francs dans le journal, et se lie d'amitié avec le magistrat, homme politique et rédacteur en chef du Siècle Gustave Chaudey [1].
D’octobre 1870 à mars 1871, le quotidien est publié à Poitiers, puis à Bordeaux. Le 14 avril 1871, Gustave Chaudey est arrêté par les Communards, pour avoir ordonné, comme maire-adjoint, de tirer sur la foule à l'Hôtel de Ville le 22 janvier 1871, puis exécuté lors de la Semaine sanglante sur ordre du procureur de la Commune Raoul Rigault [1]. Supprimé par la Commune [réf. nécessaire], le journal reparaît à Paris le 15 mai 1871 [réf. nécessaire]. Après cette date, il ne retrouvera pas l’influence qu’il avait dans son rôle d’opposant. Echappant de peu à l'exécution ordonnée par le général de Lacretelle, Cernuschi quitte le journal et part en voyage en Chine avec son ami Théodore Duret [1]. Cernuschi ne vend ses actions dans le journal qu'en 1879, alors que la République est bien installée [1].
Sous la direction d’Yves Guyot, à la tête de la rédaction depuis avril 1892, le Siècle adopte une nouvelle formule. Il se distingue pendant l’affaire Dreyfus, soutenant courageusement le militaire dans des articles signés notamment Joseph Reinach, Raoul Allier et Félix Pécaut, et deviendra d’une certaine manière le porte-parole de la Ligue des Droits de l’homme nouvellement créée.
Tout en conservant son importance en tant que journal républicain de gauche modéré et anticlérical, apprécié pour sa haute tenue, il perdra progressivement une grande partie de son audience jusqu’en 1917. Il disparaît définitivement le 28 juin 1932.
À propos du Siècle (citation)
« On ne peut exagérer la puissance du Siècle ni trop éviter de lui déplaire. On m’a conté qu’au commencement de la dernière guerre, Garibaldi, entrant dans je ne sais quelle ville, fut salué par les acclamations de la foule : « C’est l’homme du siècle », criait-on de tous côtés. Le correspondant d’un journal français qui se trouvait là comprit imparfaitement le cri populaire ; il s’imagina qu’on criait avec enthousiasme en voyant Garibaldi : « C’est un abonné du Siècle », et il transmit à Paris cet indice curieux de l’universelle popularité du grand journal. Il ne se trompait qu’à demi. Homme du siècle, abonné du Siècle, c’est tout un ; et quiconque ne lit point Le Siècle ou ne le respecte point n’est point de son siècle »
Journal des Débats, 27 mai 1860 [2]
Références
Bibliographie
- Histoire générale de la presse française, tome II, De 1815 à 1871. Sous la dir. de Claude Bellanger, Jacques Godechot, Pierre Guiral [et al]. Paris, Presses universitaires de France, 1969.
- Livois, René (de), Histoire de la presse française, tome I, Des origines à 1881, Lausanne, Ed. Spes, 1965. Chap. 8, La presse après la Restauration.
- Bellet, Roger, Presse et journalisme sous le Second Empire, Paris, Armand Colin, 1967.
Liens externes
- Notice sur le site du centre d’étude du XIXe siècle français Joseph Sablé (Université de Toronto)
- Archives du Siècle de 1836 à 1932 sur Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF.
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