Val Polcevera

Val Polcevera
Val Polcevera
Genova-Val Polcevera.jpg
Vue du val Polcevera, avec le pont Morandi (autoroute A10).
Massif Apennins
Pays Drapeau d'Italie Italie
Région Ligurie
Province Gênes
Communes Campomorone, Ceranesi, Mignanego, Sant'Olcese, Serra Riccò, Gênes
Latitude
Longitude
44° 26′ Nord
       8° 53′ Est
/ 44.44, 8.89
44° 26′ N 8° 53′ E / 44.44, 8.89 

Géolocalisation sur la carte : Italie

(Voir situation sur carte : Italie)
Val Polcevera
Orientation sud
Longueur 11 km
Type fluviale
Écoulement Polcevera
Voie d'accès principale Autoroute A7

Le val Polcevera (Ponçéivia en génois) est une importante vallée de la région génoise (région de Ligurie, province de Gênes, Italie). Il tient son nom du torrent Polcevera (prononcer Polcévera), un des deux fleuves, avec le Bisagno, qui limitent, à l'ouest et à l'est, respectivement, le noyau historique de la ville de Gênes.

Les principales communes de la vallée sont Campomorone, Ceranesi, Mignanego, Sant'Olcese, Serra Riccò et Gênes. La communauté montagnarde du Haut Val Polcevera en fait également partie.

Sommaire

Géographie

Le val Polcevera comprend les communes de Campomorone, Ceranesi, Mignanego, Sant'Olcese et Serra Riccò, ainsi que les quartiers génois (durant un temps communes autonomes) de Bolzaneto, Cornigliano, Pontedecimo, Rivarolo et Sampierdarena. L'embouchure du Polcevera dans la mer ligure est en limite des quartiers de Cornigliano et Sampierdarena.

La carte indique les cours du torrent et de ses principaux affluents. Le torrent Polcevera naît, dans le quartier génois de Pontedecimo, de la confluence des torrents Verde et Riccò. Sa longueur totale est de 11 km, mais, si l'on ajoute le cours de son tributaire le plus long, le Verde, cette longueur est portée à 26 km.

Le torrent Verde, qui sert de limite entre les communes de Ceranesi et Campomorone, prend sa source au Monte Leco (1 072 m) et a une longueur d'environ 15 km. Après avoir traversé Isoverde, Campomorone et le quartier Santa Marta (siège de la commune de Ceranesi) et reçu divers affluents, dont le principal est la rivière San Martino, il s'unit, à Pontedecimo, avec le Riccò. Ce dernier naît au Passo dei Giovi et traverse divers quartiers de la commune de Mignanego.

Campomorone, vu du val Verde

Le torrent Pocevera reçoit un certain nombre d'affluents. En rive gauche, le Secca, qui traverse divers quartiers de la commune de Serra Riccò, se jette dans le Polcevera à Morigallo, juste après avoir reçu les eaux du Sardorella, qui traverse le territoire de la commune de Sant'Olcese. Le Geminiano se jette dans le Polcevera à Bolzaneto et le Torbella à Rivarolo. En rive gauche, le Polcevera reçoit le Burba à Bolzaneto, le Trasta, dans la localité homonyme, située entre Bolzaneto et Rivarolo et le Pianego à Rivarolo.

Le débit du Polcevera, comme celui de ses affluents, est souvent très faible, à tel point que le torrent est souvent à sec. Mais le fleuve est capable de donner des crues impressionnantes en quelques heures, provoquant ainsi de fréquentes crues durant les siècles passés, jusqu'à ce que commence la construction de digues, au milieu du XIXe siècle.

Le val Polcevera est caractérisé par un large lit alluvial, aujourd'hui restreint par les berges construites au milieu du XIXe siècle. Le cours du torrent est pratiquement rectiligne et perpendiculaire à la côte et s'ouvre en éventail dans la direction des sources de montagne de ses affluents.

Au nord, le val est limité par la ligne de partage des eaux de l'Apennin, traversée par un ensemble de cols qui mettent en communication la côte ligure avec le val Scrivia. Tous ces passages, mis à part le Passo dei Giovi, ouvert au XIXe siècle, sont utilisés depuis les temps les plus anciens. Ce sont :

  • le Valico della Crocetta di Orero, entre Serra Riccò et Casella, le col le plus bas de l'Apennin ligure, à 468 m d'altitude ;
Carte schématique du val Polcevera
  • le Passo del Pertuso, près du sanctuaire Notre Dame de la Victoire, entre Mignanego et Savignone ;
  • le Passo dei Giovi (472 m), entre Mignanego et Busalla, ouvert dans les années 1820 et rapidement devenu la plus importante voie de communication entre Gênes et le Piémont. La zone du col est maintenant traversée par les tunnels de l'autoroute A7 et des deux lignes ferroviaires qui relient Gênes à Milan et Turin ;
  • le Passo della Bocchetta (772 m), entre Campomorone et Voltaggio, sur le trajet de la Via Postumia, maintenant disparue.

Sur la ligne de partage des eaux, entre les Piani di Praglia et le Passo della Bocchetta, on trouve le Monte Leco (1 071 m) et le Monte Taccone, qui est, avec ses 1 113 m d'altitude, le sommet le plus haut de la vallée. Sur ce chaînon de l'Apennin, le passage appelé Colla di Praglia (879 m) met en communication le haut val Polcevera avec le val Stura. Le Monte Orditano domine de ses 950 m d'altitude le torrent Verde.

À l'est et à l'ouest, la vallée est limitée par deux dorsales qui descendent de la ligne de partage des eaux en direction de la mer.

La dorsale orientale, qui sépare le val Polcevera du centre de Gênes et du val Bisagno, porte la Sampierdarena, elle s'élève vers le quartier de collines de Belvedere, où se trouve la batterie Belvedere. Celle-ci est maintenant occupée par le terrain de sport Morgavi. En continuant de monter à partir de la colline de Belvedere, on rencontre, successivement, le fort Crocetta, le fort Tenaglia, l'imposant fort Begato et le fort Sperone, reliés entre eux par un mur d'enceinte qui court sur la crête du chaînon. Sur les collines plus au nord, au-delà du mur d'enceinte, se trouvent les forts Puin, Due Fratelli et Diamante.

La dorsale occidentale, qui sépare le val Polcevera de la vallée des torrents Chiaravagna et Varenna, remonte de Cornigliano par la colline de Coronata, puis, au-delà du col de Borzoli, le long des monts Rocca dei Corvi, Teiolo, Scarpino, Monte di Torbi, Proratado (928 m) et Sejeu, avant de rejoindre la ligne de partage des eaux aux Piani di Praglia, laissant à droite le mont Figogna (804 m), situé entièrement dans le val Polcevera et sur lequel s'élève le sanctuaire de Notre Dame de la Garde.

Histoire

L'histoire du val Polcevera est étroitement liée à celle de Gênes, dont il a toujours constitué naturellement l'arrière-pays et la voie de passage privilégiée entre la mer Méditerranée et l'Europe.

De la préhistoire à l'empire romain

On n'a pas retrouvé, dans le val Polcevera, de restes indiscutables se rapportant aux âges les plus anciens de la préhistoire. Les premiers établissements humains pour lesquels on possède une datation sûre, sur la base des artefacts retrouvés, remontent à l'âge du fer, qui, en Ligurie, se prolonge jusqu'à la conquête romaine (IIe siècle av. J.‑C.)

Le plus anciens de ceux-ci est celui du Monte Carlo, dans le ValVerde, près d'Isoverde, dans la commune de Campomorone (IVe siècle avant J.-C.). D'autres établissements (remontant aux IIIe et IIe siècles avant J.-C.) ont été découverts à San Cipriano et Campora di Geminiano, localités toutes deux situés sur la route qui, déjà à l'époque préromaine, reliait la côte ligure et le Piémont et qui deviendra ultérieurement la Via Postumia.

Vers l'an 200 avant J.-C., la Ligurie, et avec elle le val Polcevera, devient une terre d'affrontement entre Romains et Carthaginois. À cette époque, le val Polcevera est habité par les tribus ligures des Genuates et des Veiturii, alliées des Romains. À l'issue de la seconde guerre punique (218 - 211 avant J.-C.), la Ligurie est conquise par les Romains.

Aux alentours du milieu du IIe siècle avant J.-C., la Via Postumia est ouverte à travers le val Polcevera. Elle va de Gênes à Libarna (près de l'actuelle Serravalle Scrivia), au-delà de l'Appennin.

La table de bronze du Polcevera

En 1506, près de l'actuel village de Pedemonte di Serra Riccò, a lieu une importante trouvaille accidentelle, qui fournit de nombreux renseignements sur les populations qui habitaient le val Polcevera à l'époque de la création de la Via Postumia. Il s'agit d'une table de bronze portant une sentence, prononcée par le Sénat romain en 117 avant J.-C., destinée à mettre fin à une controverse sur le tracé des limites entre les tribus ligures des Genuates et des Veiturii Langenses, qui habitaient le haut val Polcevera. Le territoire qui faisait l'objet du litige avait son centre là où se trouve actuellement le village de Langasco et comprenait la majeure partie de la vallée en rive gauche du torrent Verde et de la rivière San Martino, c'est-à-dire toute la zone qui constitue actuellement la commune de Campomorone.

Description et contenu

La table de bronze du Polcevera est une lame de bronze sur laquelle est gravée une inscription en langue latine. Elle est importante, non seulement pour l'histoire locale, mais aussi pour l'épigraphie, l'histoire du droit et la linguistique. Elle est actuellement (2010) conservée au Musée municipal d'archéologie ligure de Pegli.

La table est une mince lame de bronze, de 0,2 cm d'épaisseur, de 38 cm de haut et 48 cm de large. Cette lame, en bon état de conservation, porte une inscription latine sur 48 lignes. La sentence est due à deux magistrats romains, les frères Minuci Rufi, dont les noms sont bien visibles dans la partie supérieure du texte. Elle date de 117 av. J.-C. et règle une question de limites qui opposait les Genuates, habitant Gênes, et les Viturii Langenses, installés dans le haut Val Polcevera. Cete sentence est aussi connue sous le nom de « Sententia Minuciorum », du nom des deux magistrats qui l'ont rendue.

À cette époque, Gênes, cité alliée de Rome, jouissait de la suzeraineté sur les populations de l'intérieur des terres. Celles-ci disposaient de leur propre territoire (ager privatus) et possédaient et cultivaient des terres appartenant à cet ager publicus. Le contentieux venait du fait que les Viturri entendaient consolider et étendre leur présence sur ce dernier, au détriment des Genuates.

Découverte

La relique a été découverte en 1506, dans le lit du torrent Pernecco, à Pedemonte di Serra Riccò, par un agriculteur local, Augustin Pedemonte qui labourait une parcelle de terre. On suppose que la table était conservée dans un sanctuaire ou un lieu de rencontre des diverses populations ligures de la zone, situé sur les pentes du mont Pizzo, qui domine Pedemonte. La table aurait été entraînée dans la vallée par un glissement de terrain, pour se retrouver sur la berge du torrent[1].

La table est alors vendue à un chaudronnier génois, mais, avant qu'elle ne soit fondue, la nouvelle de la découverte d'une inscription antique atteint l'évêque et historien Agostino Giustiniani. Ce dernier la fait alors acquérir par le gouvernement de la république de Gênes. Le texte de l'inscription est publié, pour la première fois, à Paris en 1520, par Jacopo Bracelli, chancelier de la république de Gênes. Il est ensuite traduit en italien par Giustiniani, qui en fait mention dans ses Annales[2], où il donne une description détaillée de la table :

« La table est de forme pratiquement carrée, d'une taille d'un peu moins de deux paumes, la matière en est un mélange de bronze qui contient un peu d'argent. Elle a été trouvée par le paysan Génois Agostino di Pedemonte en l'an mille cinq cent six dans la vallée du Polcevera à sec, dans la ville d'Izosecco sous terre, creusant avec la pelle en sa possession ; et il la porte à Gênes pour la vendre. Et le Sénat, après qu'on lui eut fait comprendre de quelle importance était cette table, la racheta, et fut reconnaissant à celui qui lui en avait donné l'information. Et il la fit rapporter en place publique dans l'Eglise de Saint Laurent dans le mur entourée de marbre blanc, à côté de la chapelle du glorieux Saint Jean Baptiste de la partie orientale en souvenir perpétuel. Et pour qui veut bien réfléchir, il ne s'est pas trouvé depuis de nombreuses années une antiquité qui se puisse égaler ou comparer à celle-ci, de laquelle nous avons fait une petite notice de l'oeuvre latine pour la compréhension plus aisée de celle-ci ; car le langage est ancien, très différent du parler de Cicéron et des autres auteurs postérieurs et réformateurs de la très ancienne langue latine[3] »

— Agostino Giustiniani, Annali della Repubblica di Genova

.

Comme Giustiniani, de nombreux autres auteurs du passé parlent de la « table du Polcevera », notamment l'historien et homme politique génois Girolamo Serra[4].

Initialement conservée dans la cathédrale Saint Laurent, la table est ensuite gardée dans le Palais des pères de la commune, puis au palais ducal, avant d'être exposée dans le bureau du maire, au palais Tursi, jusqu'en 1993. À cette date, elle est transférée à sa place actuelle, au Musée archéologique ligure, près de la villa Durazzo-Pallavicini, à Gênes Pegli. Une copie de l'inscription est visible au siège de la commune de Campomorone.

Contexte historique

Les faits auxquels se réfère la Sententia se passent au IIe siècle av. J.‑C., période durant laquelle la présence romaine se consolide en Ligurie. Avant l'arrivée des Romains, les Ligures mènent une vie sylvo-pastorale et vivent dans des villages de cabanes situés sur des replats à mi-pente ou perchés sur les cimes des montagnes. Vers le VIe siècle av. J.‑C., des groupes de Ligures du val Polcevera entrés en contact avec les Grecs et les Étrusques construisent la cité fortifiée de Gênes. Celle-ci s'élève près du port du Mandraccio, abri naturel sur la route de Marseille, alors colonie des Grecs. Grâce au commerce maritime, la nouvelle cité prospère rapidement. Les Genuates, dont le niveau de vie est de loin supérieur à celui de leurs voisins de l'arrière-pays, entretiennent aussi des rapports avec les Romains. Ces liens se resserrent au IIIe siècle av. J.‑C.. Durant la Deuxième Guerre punique, les Genuates sont alliés à Rome, bien que d'autres tribus ligures, soit à l'est, soit à l'ouest de Gênes, prennent parti pour les Carthaginois. En 205 av. J.-C., Magon Barca, frère d'Annibal, détruit la ville. Celle-ci est reconstruite rapidement, avec une aide déterminante des Romains, qui chargent le propréteur Lucrezio Spurio de superviser les travaux.

Durant les décennies suivantes, les Romains étendent leur domination sur les terres des Ligures, battant les tribus de l'est et de l'ouest qui s'opposent farouchement à leur expansion. Dans ce contexte, Gênes conserve une position dominante sur les tribus de l'intérieur, dont les Viturii Langenses. Le nom de ces derniers dérive de l'actuel Langasco, quartier de Campomorone situé au centre de la zone habitée, pendant un temps, par cette tribu ligure. Une controverse oppose alors les Genuates et les Viturii au sujet de l'usage des terres communes et donne lieu à un arbitrage du Sénat romain.

Vers le milieu du IIe siècle av. J.‑C., les Romains construisent la Via Postumia, qui conduit, à travers le val Polcevera, de Gênes à Libarna (près de l'actuelle Serravalle Scrivia), au delà de l'Appennin, reliant la côte ligure aux colonies romaines de la plaine du Po.

Origines de la controverse

Déjà, quelques années avant la sententia, peu après la reconstruction de Gênes et la conquête romaine de l'intérieur des terres, vers 200 av. J.-C., les Viturii s'étaient opposés aux Genuates au sujet de l'utilisation des terres communes, qui n'appartenaient ni aux Genuates, ni aux Viturii, mais à l'Etat romain, par droit de conquête. Les terres des Viturii, confisquées par les vainqueurs, sont en partie réattribuées comme ager privatus aux Viturii. Ils ont pleine propriété de celles-ci et peuvent les transmettre à leurs héritiers. Une autre partie, plus vaste (l'ager publicus) est partiellement attribuée aux Genuates et en partie concédée aux Viturii Langenses, en échange d'un tribut (vectigal) à verser aux Romains, par l'intermédiaire des Genuates.

Les Viturii, confrontés à l'accroissement de leur population et à la nécessité d'accroître leurs revenus pour faire face aux tributs dus aux Romains, ajoutent des activités agricoles à leur économie sylvo-pastorale traditionnelle. Pour cela, ils déplacent leurs colonies vers l'aval, afin de disposer de terres plus fertiles et adaptées à la culture des céréales et du fourrage. Dans cette tentative d'étendre leurs terres agricoles privées sur l'emprise de l'ager publicus, sur lequel ils ne disposent que de droits limités aux activités sylvo-pastorales, ils entrent inévitablement en conflit avec les Genuates. Ceux-ci refusent de renoncer à leur suprématie économique sur l'intérieur des terres.

Le différend sur la définition des limites entre terres privées des Langensi et terres publiques et sur les règles pour la jouissance de ces dernières provoque une forte tension. Les Genuates emprisonnent même pendant un temps quelques Langensi qui avait désobéi à l'interdiction d'accéder aux terrains que les Génois estimaient devoir leur revenir.

Le territoire concerné par la controverse est particulièrement sensible, car il est traversé par la Via Postumia, lien stratégique entre Gênes et la plaine du Po. Les consuls et le Sénat décident d'intervenir directement, en envoyant sur place les deux magistrats cités par le texte, Quintus et Marcus Minucius Rufus. Après une enquête de terrain minutieuse, ceux-ci reviennent à Rome et édictent la sentence devant les envoyés des deux parties en cause. Cette sentence est rendue exécutoire par le Sénat, le 13 décembre de l'an 637 de Rome (117 av. J.-C.).

La sentence

Par leur arbitrage, les Romains n'entendent pas imposer leur loi, mais sanctionner de leur autorité les rapports juridiques préexistants entre Gênes, cité confédérée, mais formellement autonome, et une communauté qui lui est sujette. Ils précisent la définition des limites des terres contestées et les modalités de leur utilisation par les deux parties et, dans une moindre mesure, par les autres communautés ligures citées dans le texte de la sentence.

La sentence définit les limites de l’ager privatus des Viturii Langensi, dont ils ont la propriété exclusive et pour lequel ils ne doivent aucun tribut. Les Genuates et les Viturii ont un droit d'usage de l’ager publicus, dont les limites sont également établies. Pour cet usage, les Viturii sont tenus de verser aux Génois un tribut annuel de 400 victoriati, éventuellement payable en nature (céréales ou vin). Toute attribution future, à des colons individuels Viturii ou Genuates (les autres communautés étant exclues, dans tous les cas), de terres appartenant à l’ager publicus, doit être décidée par la communauté des Viturii. Celle-ci perçoit alors une taxe auprès des nouveaux colons, alors qu'aucune imposition n'est due par les particuliers qui disposent déjà de terres dans l’ager publicus. Une partie des terres publiques, appelée ager compascuus, et destinée à des usages communs (pâturage, récolte de bois), est à la disposition, non seulement des Viturii et des Genuates, mais aussi, sous des conditions précises, des autres communautés ligures du Val Polcevera (Odiati, Dectunini, Cavaturini et Mentovini). Enfin, une petite clause de la sentence réglait la question des Viturii emprisonnés à cause de la controverse.

La sentence est gravée sur quelques plaques de bronze, dont une seule a été retrouvée. Les règles définies par la sentence restent en vigueur durant quelques décennies, mais, déjà à l'époque d'Auguste, les villages de l'intérieur des terres commencent à se dépeupler, mettant fin à l'économie agro-sylvo-pastorale des Viturii et des autres populations de l'intérieur. De nombreux Ligures, qui, entre temps, ont acquis la citoyenneté romaine, abandonnent les campagnes et émigrent à Gênes, pour y travailler comme artisans, ouvriers et petits commerçants. Les plus jeunes, pour améliorer leur position sociale, s'engagent dans les légions romaines.

Zone concernée

Les tentatives des historiens pour identifier avec précision, à partir des données de l'inscription, le territoire controversé, sont nombreuses et pas toujours compatibles entre elles. La principale difficulté vient du fait que les noms actuels des montagnes, des torrents et des vallées sont complètement différents des toponymes utilisés par les anciens Ligures et minutieusement notés par les frères Minuci dans la sentence[5].

Selon les reconstitutions les plus crédibles, la zone centrale du litige se situe dans le Haut Val Polcevera, principalement sur les territoires des communes de Campomorone et Mignanego, mais s'étend aussi sur des terres appartenant aux communes de Ceranesi et Fraconalto, ainsi qu'au quartier génois de Pontedecimo[6].

Les terres privées étaient centrées sur la colline sur laquelle se trouve, aujourd'hui, le village de Langasco et où se dressait alors le château des Langensi. Elles comprenaient la zone entre les torrents Verde et Riccò, où s'élèvent actuellement les habitations de Campomorone et Mignanego (Vetrerie). La Via Postumia traversait cette zone sur la crête qui sépare les deux vallées, passant par les localités actuelles de Madonna delle Vigne (Mignanego) et Pietralavezzara (Campomorone), en direction du Passo della Bocchetta.

Les terres publiques, beaucoup plus étendues, entouraient les terres privées et formaient un triangle délimité par les torrents Verde et Riccò et, au nord, par la ligne de partage des eaux de l'Appenin. La zone s'étendait donc jusqu'à Pontedecimo, au confluent des deux torrents, occupant les rives gauche du val Verde et droite de la vallée du Riccò. Au nord, la limite des terres publiques suivait la ligne de partage des eaux de l'Apennin, passant par le col de Praglia et le Passo dei Giovi, le Bric di Guana, le mont Taccone (nommé mont Boplo dans la « table »), le mont Leco (le mont Tuledon de la « table »), le Passo della Bocchetta et le Pian di Reste. À l'époque, la Via Posthumia se dirigeait de là vers Fiaccone, (maintenant Fraconalto), avant de continuer vers Libarna (Serravalle Scrivia). Au-delà de l'actuel Passo della Bocchetta et de la ligne de partage des eaux de l'Appennin, la zone comprenait également de petites parcelles, dans le Val Lemme et dans la vallée de Scrivia. Quelques châteaux et lieux fortifiés sont cités, seulement partiellement identifiables, comme le « château appelé Aliano » (castelum qui vocitatus est Alianus) et situés sur les crêtes des montagnes qui dominent les divers cols de l'Apennin.

Après la controverse, quelques bornes monolithiques, grandes pierres verticales, sont érigées. Au moins deux d'entre elles ont été identifiées. La première se trouve sur une hauteur près de la localité Prato del Gatto, non loin de la route provinciale des Piani di Praglia. L'emplacement doit correspondre au Mons Lemurinus de la Table (« inde sursum iugo recto in montem Lemurinum summum, ibi terminus stat »). Une autre borne serait, actuellement, engloutie sous les eaux du lac artificiel de la Busalletta, au fond de la petite vallée qui sépare les communes de Mignanego et Fraconalto et passe par les localités de Case Torre (Fraconalto) et Bisonea (Mignanego).

Moyen Âge

On possède peu d'informations concernant le Haut Moyen Âge (du VIe au IXe siècle), durant lequel se succèdent Byzantins (à partir de 537), Lombards (après 641) et Francs. Ces derniers divisent le territoire en « Marches » : en 952, le marquis Oberto, vicomte de Gênes, a également des possessions dans le val Polcevera et sur la côte à l'ouest de Gênes.

Vers la fin du Xe siècle, la République de Gênes apparaît. L'économie de la ville est basée sur une activité commerciale florissante dans toute la Méditerranée, activité dans laquelle les marchands du val Polcevera sont particulièrement actifs. À cette époque, de nombreuses personnalités de la vallée reçoivent d'importantes fonctions dans les institutions de la République de Gênes (parmi eux, le chroniqueur Caffaro di Rustico da Caschifellone, originaire du Haut val Polvcevera, cite les noms d'Amico Brusco, Ansaldo di Brasile et Bonoamato di Morego).

Au XIIe siècle, les Génois, afin de s'assurer un itinéraire de transit sûr vers les passes de l'Appennin, à l'abri des seigneurs féodaux et des brigands, occupent tout le val Polcevera et s'étendent, au-delà de l'Appennin, jusqu'à Voltaggio et Gavi. Le personnage politique le plus important du val, à cette époque, est le doge Giovanni da Murta.

Dans la vallée, maintenant partie intégrante de la République, apparaissent de nouveaux villages et établissements monastiques, parfois pourvus d'« hospices » annexes recevant les malades, les indigents, les pèlerins et les voyageurs. À cette époque, les villages sont construits le long des routes reliant Gênes à la plaine padane, qui parcourent les crêtes des collines, tandis que le fond de la vallée, presque complètement occupé par le torrent Polcevera et recevant les dépôts alluviaux des crues de celui-ci, est faiblement peuplé.

Du XIIIe siècle au XVe siècle, Gênes est en proie à des luttes incessantes pour le contrôle de la ville, opposant les factions des Rampini (guelfes) et Mascherati (gibelins). Des affrontements sanglants entre ces deux partis ont lieu en 1318 et 1367, aux cours desquels les châteaux de Pontedecimo, Sant'Olcese et Bolzaneto sont détruits. Celui de Bolzaneto est ensuite reconstruit en 1380. Au XVe siècle, on assiste à des révoltes et des insurrections continuelles de la population du val Polcevera. En 1440, près de San Cipriano, les paysans du val mettent en fuite les troupes gibelines commandées par le capitaine Barnaba Adorno.

Le val Polcevera est la patrie d'origine de la famille historique des Delle Piane, qui a fourni des chevaliers, des anciens et des conseillers aux doges et au gouvernement de la République de Gênes. Le nom de la famille vient des plateaux du val.

Le 29 août 1490, la Vierge apparaît, sur le mont Figogna, au paysan Benedetto Pareto. Le sanctuaire, dédié à Notre-Dame de la Garde et construit en souvenir de l'apparition, constitue, dès lors, un important lieu de culte des fidèles du val Polcevera, et, avec le temps, devient le principal sanctuaire marial de Ligurie.

De la Renaissance à nos jours

À partir du XVIe siècle, le val Polcevera est le théâtre de nombreux affrontements entre les défenseurs de Gênes et des armées d'invasion étrangères. En 1507, le roi Louis XII de France, à la tête d'une expédition en vue de reconquérir Gênes, dont les Français ont été chassés deux ans auparavant, descend dans le val Polcevera avec une puissante armée, laissant derrière lui de nombreux villages détruits.

En 1625, le duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie, avec l'aide de troupes françaises, descend de Turin pour conquérir Gênes. Malgré la nette disproportion entre les forces en présence, les troupes génoises, dirigées par Stefano Spinola et aidées de troupes irrégulières du val Polcevera, affrontent l'armée franco-piémontaise près du Passo del Pertuso et la mettent en fuite. Trois ans plus tard, en souvenir de l'événement, le sanctuaire Notre-Dame de la Victoire est érigé près du lieu de la bataille.

Au XVIIIe siècle, la République de Gênes, alliée de la France, se trouve entraînée dans la guerre de succession d'Autriche. Le val Polcevera est occupé, en 1746, par une armée austro-piémontaise, commandée par le général Botta Adorno. Ce dernier s'empare de Gênes, mais en est chassé par l'insurrection populaire des 5-10 décembre 1746, qui débute par l'épisode légendaire du Balilla.

Les historiens contemporains rapportent que, durant cette guerre, l'armée d'occupation, stationnée dans le lit à sec du Polcevera, entre Rivarolo et Bolzaneto, est emportée par une crue subite du torrent, le 4 septembre 1746 ; les chroniques racontent que plus d'un millier de soldats perdit la vie en cette occasion.

Le 11 avril 1747, une autre armée autrichienne, sous le commandement du comte de Schulenberg, tente à nouveau de s'emparer de Gênes. Les envahisseurs, venus du nord par les cols de l'Apennin, occupent tout le val Polcevera. Cette occupation s'accompagne de saccages et de destructions. Le siège est mis devant Gênes. De féroces combats opposent les Autrichiens et les volontaires du val Polcevera, organisés en compagnies regroupées par paroisses et appuyés par les troupes régulières de la République de Gênes. Le 19 juillet 1747, les Autrichiens abandonnent le val Polcevera et sont définitivement repoussés au-delà de l'Apennin en février 1748, laissant derrière eux mort et destruction. La retraite des Autrichiens n'est pas uniquement due à la résistance des volontaires du val, mais aussi au fait que la guerre touche à sa fin.

Après le départ des troupes, de nombreux villages sont détruits et leur population décimée. Ils sont alors abandonnés. Les historiens indiquent que la moitié de la population du val Polcevera est morte, au cours des combats, mais aussi à cause des privations subies durant le conflit. Le recul démographique qui en résulte se répercute durant tout le XVIIIe siècle et ce n'est qu'au début du siècle suivant qu'une reprise de la croissance démographique a lieu.

En 1800, durant la guerre opposant la France aux puissances européennes (Angleterre, Autriche, Prusse et Russie), Gênes subit un éprouvant siège, sur terre et sur mer, de la part des Autrichiens et des Anglais. Napoléon Bonaparte charge le général français André Masséna de la défense de Gênes. La ville résiste plus de deux mois, durant lesquels elle subit une terrible famine. L'objectif de la résistance est de fixer les troupes autrichiennes, dans l'attente de renforts. Le val Polcevera est, lui aussi, comme tous les environs de Gênes, le théâtre d'affrontements entre les assiégeants et les Français, jusqu'à ce que Masséna soit obligé de se rendre. Le 4 juin 1800, une reddition honorable est signée dans la petite chapelle de la Vierge, sur le pont de Cornigliano, à l'époque plus important que maintenant. Les Autrichiens entrent dans Gênes, mais, vingt jours plus tard, battus à Marengo par les forces de Napoléon Bonaparte, ils abandonnent définitivement la ville.

Le val Polcevera partage le destin de la République ligure, qui, en 1805, est annexée par le premier empire français, puis, à la chute de Napoléon 1e, attribuée par le Congrès de Vienne au royaume de Savoie (1815).

En 1926, durant le régime fasciste, un certain nombre de communes du val Polcevera (Bolzaneto, Cornigliano, Pontedecimo, Rivarolo, Sampierdarena et San Quirico), ainsi que 13 autres communes du val Bisagno, du Ponant et du Levant génois, sont rattachées à la municipalité de Gênes, pour constituer le « Grand Gênes ».

Durant la Seconde Guerre mondiale, et en accord avec la tradition historique d'opposition à tous les envahisseurs, les habitants du val Polcevera apportent, après le 8 septembre 1943, une contribution importante à la résistance aux Allemands. De nombreux jeunes du val, auxquels sont consacrées de nombreuses rues des quartiers de la vallée, paient de leur vie leur participation à la lutte pour la libération.

Urbanisme

« On peut qualifier cette vallée de vaste, compte-tenu de l'étroitesse de la Ligurie ; mais pour le nombre d'habitants, pour le commerce, la fertilité du sol et le nombre incroyable de palais et de belles maisons de campagne, sans parler de la salubrité de l'air, elle n'a pas sa pareille[7]. »

Ainsi s'exprime, au milieu du XIXe siècle l'abbé Casalis, dans son Dictionnaire des Etats de S.M. le Roi de Sardaigne[8], mais il ne faut que quelques années pour que commence le développement industriel, qui prend la place des riches maisons de campagne et marginalise l'agriculture, jusque-là principale ressource économique de la vallée (toujours pour citer Casalis, il s'y fait de « très riches récoltes de céréales, de raisins, de fruits de diverses sortes, parmi lesquels la pêche a une saveur exquise. »[9], ainsi qu'un vin blanc très renommé).

Panorama de la partie finale du cours du torrent Polcevera, pris du haut de la colline de Coronata. À gauche, le pont Morandi, devant le quartier de Sampierdarena et les hauteurs du Belvedere. À droite, la skyline des tours du nouveau quartier de Fiumara

Le développement industriel, s'il a contribué à améliorer les conditions économiques des habitants auxquels les industries ont permis de trouver un travail, compromet, d'abord avec les fumées des aciéries, puis, durant l'après-guerre, les raffineries, cette « salubrité de l'air » tant prisée de Casalis.

Durant des siècles, les villages du val Polcevera sont construits sur les collines, le long des routes qui relient Gênes à la plaine du Po et qui suivent les crêtes. Le fond de vallée est peu peuplé et difficile à parcourir et à traverser, car il est presque entièrement occupé par le lit du torrent. Il en résulte des terrains traîtreusement marécageux, dans lesquels le torrent se divise en nombreux ruisseaux. Il demeure un souvenir de ce passé dans certains toponymes : Bratte (terme génois qui signifie « boue »), entre Morigallo et Bolzaneto, au confluent du Secca avec le Polcevera, là où se trouve maintenant le marché aux fleurs et aux fruits ; Acqua Marcia, au confluent entre le torrent Geminiano et le Polcevera, à Bolzaneto, et Fiumara, le vaste marais d'eau saumâtre, à l'embouchure du Polcevera. Ce dernier, récupéré après la construction d'une digue, abrite les établissements Ansaldo et est maintenant occupé par un centre commercial, résidentiel et de services, inauguré en 2002.

La situation, décrite précédemment, a rendu compliquée, durant des siècles, la liaison entre les deux rives. Celles-ci ne sont pas reliées par des ponts, alors que le torrent n'est guéable qu'en peu d'endroits. La première mention d'un pont, entre Sampierdarena et Cornigliano, remonte à 1411, mais le premier ouvrage en maçonnerie n'est construit qu'en 1550, grâce à un legs du noble Benedetto Gentile, en souvenir de son fils, noyé en traversant le torrent à gué. En observant le trafic chaotique sur le pont actuel, il est difficile, aujourd'hui, d'imaginer qu’en des temps lointains, le trajet le plus facile entre Sampierdarena et Cornigliano s'effectuait par mer !

Ce n'est qu'avec la construction de digues, entre 1849 et 1853, que de vastes zones du fond de vallée, jusqu'ici occupées par le lit de la rivière, sont rendues disponibles pour des utilisations industrielle ou résidentielle, avec, pour conséquence, une croissance démographique significative. La construction de ces nouvelles digues entraîne une modification courte, mais importante, du parcours du cours d'eau, à la hauteur de Bolzaneto, où la base de la colline de Murta est entaillée sur une longueur d'environ 500 m. Les digues, construites sur les deux rives, servent d'assise à la ligne de chemin de fer Gênes-Turin.

Des entreprises sidérurgiques et mécaniques (notamment Ansaldo et ILVA) s'installent dans la partie basse de la vallée, en faisant une des principales zones industrielles de Gênes. Durant la Première Guerre mondiale, un tiers de la production italienne d'acier provient de l'industrie sidérurgique ligure, installée dans le val Polcevera, à (Campi et Bolzaneto). Dans les années 1950, c'est le tour des raffineries de pétrole, qui, durant presque quarante ans, vont créer de nombreux problèmes environnementaux dans certains quartiers.

Le lit du torrent Polcevera, avec les aciéries en cours de démolition

Le val Polcevera ressent fortement la crise, qui, à partir des années 1970, a touché Gênes, provoquant l'abandon de vastes zones. Dans les années 1980, la vallée est considérée comme un « cimetière d'usines ». À partir des années 1990, de petites et moyennes entreprises, des centres commerciaux et des installations sportives remplacent les grandes entreprises. Actuellement encore (2010), des travaux de réhabilitation et de reconversion sont en cours, dans des secteurs ayant accueilli de grands complexes industriels, comme dans la banlieue industrielle de Cornigliano. Là, l'établissement sidérurgique Italsider (maintenant ILVA) s'installe, entre 1938 et 1953, sur d'importants remblais en mer et fait fonctionner une cokerie et des hauts-fourneaux. La reconversion du site prévoit l'implantation d'une grande zone destinée aux activités tertiaires avancées.

Durant l'après-guerre, l'expansion urbaine se fait de façon désordonnée, sans critères stricts, et l'implantation des voies de communication n'est pas toujours respectueuse des droits des habitants, avec ses viaducs très rapprochés des maisons, ou les surplombant. Des années 1950 aux années 1970, des quartiers d'habitations populaires sont construits, comme en d'autres endroits de Gênes, dans plusieurs zones collinaires du val Polcevera. Dépourvus, ou presque, de services et de centres de rencontre, ils sont considérés maintenant (2010) comme des aberrations en matière d'urbanisme. La Digue, dans le quartier Diamant (communément appelé Begato), en est un exemple.

Par ailleurs, le rôle des surfaces boisées, nombreuses dans le val Polcevera, dans la réduction de la pollution urbaine n'a été que tardivement reconnu. Les forêts sont également importantes en tant que réservoirs d'eau permettant d'amortir les crues. L'absence de planification et la périurbanisation anarchique mettent en danger ces fonctions protectrices[10].

Pendant plusieurs siècles on a exploité dans le golfe de Spozzia des marbres appelés marbres polzeverra ou polcevera, marbre rouge et vert, ou vert sombre veiné de blanc (Marbre vert de mer, Vert de Suze, Vert de Gênes).

Économie

Le vin blanc sec produit dans le val Polcevera est, depuis 1999, classé en Appellation d'origine contrôlée (DOC). Originellement, il était produit dans le village de Coronata. À l'époque des Croisades, il était largement exporté en Terre Sainte. Un écrivain marseillais de l'époque de Louis XII disait : « C'est un vin qui peut transformer un verre ordinaire en gobelet d'or ». L'urbanisation de Coronata a forcé les producteurs à replanter les vignes plus haut dans la vallée. Le vin de Coronata, qui constitue une sous-catégorie de l'appellation, est assez rare[11].

Voies de communication

Routes

Histoire

La Via Postumia, nommée ainsi en hommage au consul romain Aulo Postumio, est construite à l'époque romaine, au IIe siècle avant J.-C. Cette route pavée, qui peut être empruntée par des chars et des soldats à cheval, part de Gênes, passe par Pons ad decimum (Pontedecimo) et le Passo della Bocchetta, puis Libarna, une ville romaine dont les vestiges sont visibles près de Serravalle Scrivia, avant d'arriver à Aquileia, sur l'Adriatique. Il ne reste plus de traces de cette route historique, mais les historiens précisent qu'elle sortait de Gênes, parcourait à mi-pente les collines du val Polcevera, descendait à Pontedecimo pour traverser le torrent et remontait ensuite, jusqu'au Passo della Bocchetta, la crête séparant le Val Verde de la vallée du torrent Riccò.

De Pontedecimo, une autre route (actuellement route provinciale SP4 dei Piani di Praglia), passant par les Capanne di Marcarolo, ancien site d'échanges commerciaux entre marchands ligures et piémontais, conduit jusqu'à la plaine piémontaise, au voisinage d'Alexandrie. Elle met en relation le Val Verde avec la Valle Stura, en traversant le Colla di Praglia (879 m).

La première route (actuellement, route provinciale SP5 "della Bocchetta") qui parcourt le fond de la vallée du Polcevera jusqu'au Passo della Bocchetta (772 m), puis au val Lemme (province d'Alexandrie) n'est ouverte par la république de Gênes qu'en 1583. Elle est la principale voie de communication avec l'Oltregiogo jusqu'à l'ouverture de la route "dei Giovi", dans les années 1820. En 1771, le doge Giovanni Battista Cambiaso la fait moderniser, sur ses propres fonds, en échange d'avantages fiscaux, mais surtout afin de disposer d'une route plus praticable pour rejoindre sa résidence de campagne de Cremeno, au voisinage de Bolzaneto. Le nouveau tracé passant par le Passo dei Giovi, plus facile d'accès que le Passo della Bocchetta, est ouvert au XIXe siècle.

La route, appelée « route nationale » ou « route royale » lors de l'annexion de la république ligure napoléonienne à l'état savoyard en 1814, constitue la principale voie de communication entre Gênes et le nord de l'Italie jusqu'à la construction de la Camionale (autoroute A7 Gênes-Serravalle), en 1935, dont l'inauguration est alors considérée comme un tournant.

Réseau routier actuel

Le val Polcevera est traversé par la route nationale 35 "dei Giovi", dont le parcours actuel suit en grande partie celui de la vieille « route nationale », et par l'autoroute A7, Gênes-Milan, dont un important péage est situé à Bolzaneto. À un kilomètre environ de l'embouchure du torrent, la vallée est enjambée par le pont de l'autoroute A10, Gênes-Vintimille, une imposante structure longue de 1 182 mètres, appuyée sur trois piles en béton hautes d'environ 90 mètres. Cette réalisation de l'architecte Riccardo Morandi est inaugurée en 1967. Un certain nombre de routes provinciales partent de Bolzaneto et Pontedecimo et relient le fond de vallée avec les centres du Haut val Polcevera (Campomorone, Ceranesi, Sant'Olcese et Serra Riccò).

Une route, franchissant le col de Lencisa (569 m), dans le val Verde, conduit au val Varenna et constitue une solution de rechange pour la liaison entre la haut val Polcevera et l'ouest génois. Deux autres routes provinciales traversent le val Verde, la SP50 di S. Stefano di Larvego et la SP6 di Isoverde.

Le projet Gronda di Ponente

Le pont Morandi

Ce projet de voie rapide à deux fois deux voies prévoit le doublement de l'autoroute A10, du val Polcevera à Vesima. Cinq tracés sont examinés. Les deux principaux sont les Gronda Bassa et Media.

La Gronda Bassa prévoit remplacement du pont Morandi par un viaduc à deux fois quatre voies. En fin de travaux, le pont actuel serait détruit. Ce tracé nécessiterait le déplacement des établissements Ansaldo.

La Gronda Media comporte un tracé déporté en amont à partir du val Varenna. La traversée du val Polcevera se ferait alors à Bolzaneto.

Le projet Gronda fait l'objet de l'opposition d'une partie des habitants du Val, regroupés, à partir de 2007, dans un Comité anti-Gronda (Comitato Antigronda Valpolcevera). Le refus est principalement motivé par la perspective d'expropriations, qui obligeraient les habitants concernés à abandonner leur logement. La proposition de remplacement du Comité est de consacrer les fonds prévus pour la Gronda à l'amélioration de la desserte ferroviaire du territoire.

La municipalité de Gênes décide, le 14 octobre 2008, la tenue d'un débat public sur le projet. Celui-ci a lieu à partir du 13 février 2009.

Voies ferrées

Le val Polcevera est traversé par la voie ferrée du Passo dei Giovi, de Gênes Sampierdarena à Ronco Scrivia par Busalla, inaugurée en 1853. Maintenant, cette ligne est empruntée exclusivement par des trains régionaux, venant d'Alessandria, Arquata Scrivia, Novi Ligure et Busalla et allant à Gênes Brignole, et vice versa. Les gares du val sont Rivarolo, Bolzaneto, San Quirico-San Biagio, Pontedecimo et Piano Orizzontale dei Giovi, dans la commune de Mignanego.

Les trains moyenne et longue distance, à destination de Milan et Turin, utilisent, eux, la voie auxiliaire du Passo dei Giovi, construite quelques années après la précédente et traversant le val Polcevera parallèlement à cette dernière. Cette deuxième ligne ne comporte pas de gares entre Sampierdarena et Ronco Scrivia.

Localités du val Polcevera

Les localités sont décrites de l'embouchure vers la source du torrent Polcevera.

Rive droite

Quartiers Localités Nom en langue ligure
Cornigliano Cornigliano
Coronata
Badia del Boschetto
Corniggen (Curniggen)
Cönâ (Cuunà)
Ö boschetto (U Buschettu)
Rivarolo Fegino
Trasta
Fegin
Trasta
Bolzaneto Murta
Romairone
Cà di Sette
San Biagio
Mörta (Murta)
'Rumaiun (Rumaiun)
Cà de Sette
San Giaxo (San Giajo[12])
Pontedecimo Pontedecimo Pontedeximo (Puntedejimu[12])

Rive gauche

Quartiers Localités Nom en langue ligure
Sampierdarena Sampierdarena
Campasso
Sampedænn-a (Sampedèn a)
Campasso (Campassu)
Rivarolo Certosa
Borghetto
Rivarolo
Teglia
Certosa (Certusa)
Borghetto (Burghettu)
Roieu ou Rieu (Ruiø ou Riø)
Teggia
Bolzaneto Bolzaneto
Morigallo
Serro
Borsanæo ou Bòssanæo (Bursanèu ou Bossaneu)
Moigallo (Muigallu)
Særo (Sèru
Pontedecimo Budulli
San Quirico
Vallecalda
Bodolli (Budulli)
San Chigo (San Chigu)
Vallecada

Vallée du torrent Verde

Commune Localités Nom en langue ligure
Ceranesi Santa Marta[13]
Campomorone Campomorone
Campora di Campomorone
Isoverde
Campomòn (Campumon)
Campoa (Campua)
Isoverde (Isuverde)

Isoverde

Déjà connue pour ses carrières de gypse et sa production de talc, Isoverde devient, vers la fin du XIXe siècle, un important centre industriel. Les usines de textiles apportent emplois et prospérité aux habitants de la vallée durant près d'un siècle. À proximité, Gallaneto accueillait les entreprises de traitement et de distribution de l'eau provenant des lacs du Gorzente (appelés, pendant un temps, lacs de Lavezze). Ces entreprises alimentaient Gênes.

Vallée du torrent Riccò

Commune Localités Nom en langue ligure
Quartier de Pontedecimo Rimessa Remissa
Serra Riccò Prelo Prelo (Prelu)
Mignanego Vetrerie
Ponte dell’Acqua[14]
Barriera[15]
Pile
Ponterosso

Ponte dell’Ægoa (Punte dell’Ègua)


Ponterosso (Punterussu)

Notes et références

  1. Ettore Bianchi, « La Tavola di Polcevera e l’occupazione del Genovesato in epoca tardo repubblicana », dans Archeologia, uomo, territorio n° 15, 1996
  2. Agostino Giustiniani, Annali della Repubblica di Genova
  3. « La tavola è di forma quasi quadrata, di grandezza poco meno di due palmi, la materia è mistura di bronzo che tiene qualche poco argento. Trovolla un paesano Genoate Agostino di Pedemonte l’anno di mille cinquecentosei nella valle di Polcevera secca nella villa di Izosecco sotto terra, cavando con la zappa in una sua possessione; e portolla a Genova per vendere. Ed il Senato, poiché li fu fatto tendere di quanta importanza era questa tavola, riscattò quella, e fu grato a cui gliene dette notizia. E la fece riporre in luogo pubblico in la Chiesa di S. Lorenzo nel muro circondata di bianchi marmi, a canto alla cappella del glorioso S. Gio. Battista dalla parte orientale per memoria perpetua. E chi vuol ben considerare, non si è trovata da più anni in qua una anticaglia, che si possi uguagliare nè comparare a questa, alla quale noi in l’opera latina abbiam fatto un comentariolo per più facile intelligenza di quella; perché il parlar è antico, differente assai della loquela di Cicerone e degli altri posteriori autori e riformatori dell’antichissima lingua latina».
  4. Girolamo Serra, Discorso sopra un antico monumento trovato nella valle della Polcevera l’anno 1506, letto nella pubblica adunanza dell’Accademia imperiale delle scienze del 31 dicembre 1806
  5. Les termes ligures sont probablement tombés en désuétude avec l'abandon des campagnes durant les premiers siècles de l'Empire romain. Les noms actuels dérivent de toponymes nouveaux en usage au Moyen Âge.
  6. Edilio Boccaleri, « L’agro dei Langensi Viturii secondo la tavola di Polcevera », dans Atti Società Ligure Storia Patria n° 29, 1989.
  7. Questa valle può dirsi vasta, considerate le angustie della Liguria; ma pel numero di abitanti, pel commercio, fertilità di suolo e numero incredibile di palazzi e belle case di campagna, oltre la salubrità dell’aria, non ha paragone.
  8. Dizionario degli Stati di S.M. il Re di Sardegna
  9. « assai copiose ricolte di cereali, uve, frutta di varie specie, fra cui la pesca che vi è di squisito sapore »
  10. Vita di une Valle
  11. Polcevera DOC
  12. a et b Le j se prononce comme en français
  13. Santa Marta est le chef-lieu de la commune de Ceranesi
  14. Ponte dell'Acqua est le chef-lieu de la commune de Mignanego.
  15. Le nom de la localité vient du péage que l'on y acquittait lors de la construction de la route du Passo dei Giovi.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • G. Casalis, Dizionario geografico, storico, statistico e commerciale degli Stati di S.M. il Re di Sardegna, 1849
  • Dizionario delle strade di Genova, Éditions Tolozzi, Gênes, 1968
  • Enzo Marciante, Storia di Genova, Éditions SAGEP, 1973
  • Il centro storico di Genova, Editions Stringa, Gênes, 1973
  • Aidano Schmuckher, Costumi Maschere Trallaleri di Genova e della Liguria, Editions Valenti, Gênes, 1982
  • Guida d'Italia - Liguria, Touring club italien, 1982
  • M. Lamponi, Valpolcevera, come eravamo, 1983
  • La mia gente, Il Secolo XIX, 1983
  • La mia terra, Il Secolo XIX, 1983
  • Edilio Boccaleri, L‘agro dei Langensi Viturii secondo la tavola di Polcevera, dans les Atti Società Ligure di Storia Patria, n° 29, 1989
  • La scultura a Genova ed in Liguria, Éditions de la Caisse d'épargne de Gênes, Gênes, 1989
  • L. Frassati, Genova come era - 1870-1935, Carige - Grafica L.P., 1992
  • Edilio Boccaleri, « La tavola di Polcevera e la comunità dei Langensi Viturii », dans Studi e Ricerche. Cultura del Territorio, n° 9, 1993
  • Giuseppe Marcenaro, Viaggio in Liguria, Région Ligurie, 1993
  • Anna Maria Pastorino, La Tavola di Polcevera : una sentenza incisa nel bronzo 2100 anni fa, 1995
  • Ettore Bianchi, « La Tavola di Polcevera e l’occupazione del Genovesato in epoca tardo repubblicana », dans Archeologia, uomo, territorio, n° 15, p. 63-80, 1996
  • S. Roffo,E. Donato, Guida insolita ai misteri, ai segreti, alle leggende e alle curiosità di Genova, Newton & Compton, 2000
  • Teofilo Ossian De Negri, Storia di Genova: Mediterraneo, Europa, Atlantico, Giunti, 2003
  • Dino Puncuh, Storia di Genova, Mediterraneo Europa Atlantico, Gênes, 2003
  • Giovanni Ferrero, Le rotte terrestri del Porto di Genova: viaggi nelle valli Polcevera, Scrivia, Bisagno e Trebbia attraverso i secoli, 2004
  • Paolo Lingua, Breve storia dei Genovesi, Éditions Laterza, 2004 (ISBN 88-420-7288-5)
  • Germano Beringheli, Dizionario degli artisti liguri 2005-2006, Éditions De Ferrari, Gênes, 2005
  • C. Praga, Genova fuori le mura, Éditions Fratelli Frilli, 2006
  • Stefano Finauri, Forti di Genova, Gênes, 2007
  • Aldo Padovano, Felice Volpe, La grande storia di Genova Projets éditoriaux Artemisia, Gênes, 2008
  • Federico Donaver, Storia di Genova

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Val Polcevera de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно сделать НИР?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Comunità Montana Alta Val Polcevera — Staat: Italien   Region: Ligurien Provinz …   Deutsch Wikipedia

  • Delle Piane family — Coat of arms of the Delle Piane with the Fortuna goddess in the Renaissance …   Wikipedia

  • IT-GE — Provinz Genua St …   Deutsch Wikipedia

  • Provinz Genua — Staat: Italien Region …   Deutsch Wikipedia

  • Roman Catholic Archdiocese of Genoa — Archdiocese of Genoa Archidioecesis Ianuensis Location Country Italy Statistics Area 966 …   Wikipedia

  • Serra Riccò — Serra Riccò …   Deutsch Wikipedia

  • Pontedecimo — est un quartier résidentiel de la périphérie nord de Gênes. C est le dernier quartier nord du chef lieu avant que l on ne rencontre des petits coins de campagne, plaine et collines, petits bois bien tenus. Situé dans la Val Polcevera, au… …   Wikipédia en Français

  • Sant'Olcese — Sant’Olcese …   Deutsch Wikipedia

  • Comunità Montana Alta Valle Scrivia — Staat: Italien   Region: Ligurien Provinz …   Deutsch Wikipedia

  • Campomorone — Campmorone …   Deutsch Wikipedia

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”