- Oiseau sans tête
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Oiseau sans tête
Oiseaux sans tête et purée, servis avec une bière belge.Autre nom moineau sans tête
vogel zonder kop
blinde vinkLieu d'origine Belgique Place dans le service mets principal Température de service chaude Ingrédients escalopes de bœuf, haché de porc et bœuf ou porc et veau, œuf, ail, échalote, persil, pain, lait, bière, bouillon, oignon, échalotes, tomate, saindoux, beurre, farine, sel et poivre Mets similaires alouettes sans tête Accompagnement purée de pommes de terre
bière ou vin rougemodifier Oiseau sans tête est l’appellation donnée à une roulade de viande farcie en Belgique francophone. Cette préparation, qui est nommée différemment selon les régions, peut être fabriquée à la maison ou achetée chez le boucher. Sa cuisson aisée, sa saveur et son prix de revient raisonnable en font un mets courant dans ce pays, toutes régions confondues.
Sommaire
Dénomination
La dénomination « oiseau sans tête »[1], parfois interprétée « oiseau sans queue » en Wallonie[2] dans la région liégeoise[3], a pour synonyme « moineau sans tête »[4].
L’appellation « oiseau sans tête » est aussi connue des auteurs anglophones comme synonyme de la paupiette française[5].
« Oiseau sans tête » se traduit littéralement en flamand par « Vogel zonder kop »[6] mais le mets possède une appellation néerlandaise précise « Blinde vink » qui signifie pinson aveugle.
« Blinde vink » est apparu sur la liste de prix du volailler amstellodamois Hupkes en 1899 : escalope de veau pour pinson aveugle, sans doute en raison de la ressemblance de forme entre la paupiette cuite et le pinson rôti. L’épithète blinde (aveugle) proviendrait d’une altération du participe passé plukt utilisé dans plukvink (pinson plumé), le nom d’un mets de viande hachée du XVIe siècle. Il est plus vraisemblable que l’adjectif aveugle découle du fait que des oiseaux de volière, et particulièrement les pinsons et les rossignols, étaient volontairement aveuglés par énucléation, par brulure des yeux ou encore par couture des paupières, afin qu’ils ne puissent être distraits pendant leur chant. Le Blinde vink, n’ayant pas de tête, était forcément aveugle[7].
Selon Alain Senderens, une sorte d'oiseau sans tête belge existe sous le nom de Loose vink (faux pinson)[8].
Définition
L’oiseau sans tête n’est pas, comme son nom le laisse supposer, un oiseau servi sans tête, comme on le faisait au Moyen Âge - un type de présentation qui a perduré jusqu’au XXIe siècle[N 1]. C’est une roulade d’escalope de bœuf, mouton, veau ou volaille farcie d’un hachis, ficelée[N 2] et parfois bardée, rôtie ou plus souvent braisée qui sert communément de mets principal dans les familles[9] et dans les cantines des collectivités[10].
Préparation
Au XXIe siècle, l’oiseau sans tête s’achète généralement chez le boucher qui le vend cru, soit à la pièce, soit au kilo dans le colis économique qui rassemble diverses viandes.
Pour former l’escalope, le boucher utilise les bavettes, le dessus de côte, le jumeau ou le pectoral ascendant de l'épaule du veau, le gite à la noix, le jumeau à bifteck ou la partie mince du dessus de tranche du bœuf, les bavettes ou la noix d'épaule du porc, le filet du pectoral (le « blanc ») de la volaille[11].
L’achat de l’oiseau sans tête en boucherie permet un gain de temps important pour le cuisinier, car la confection seule de la roulade implique d’aplatir fortement l’escalope jusqu’à l’épaisseur d’un papier à cigarette[12], de confectionner le hachis à partir de haché (mélange de porc et bœuf, ou de porc et veau), d’œuf, d’ail, d’échalote, de persil, de sel et poivre, additionné de pain trempé dans du lait, de garnir la fine tranche de viande du hachis, de l’enrouler en veillant à bien fermer les extrémités de la roulade pour que la farce ne s’en échappe pas et de la ficeler pour lui garder sa forme, voire de la barder.
Après avoir fait colorer l’oiseau ainsi formé dans du saindoux fondu en cocotte ou dans une braisière, on ajoute un ognon et une tomate coupés en gros morceaux, du bouillon de bœuf (parfois réalisé avec de l’extrait de viande) et de la bière que l’on porte à ébullition. Le mets mijote ensuite longuement à couvert ce qui laisse le temps de préparer sa garniture de légumes - souvent une purée de pommes de terre épaisse. Le fond de cuisson, agrémenté de beurre manié, constitue la sauce dont on nappe l’oiseau sans tête, après en avoir ôté la ficelle, pour la présentation à table.
Dégustation
Le mets se consomme chaud avec, pour boisson, de la bière (de préférence la même que celle utilisée pour la cuisson) ou du vin rouge[12]. Selon l’appétit, on compte de un à trois oiseaux sans tête par personne.
Variantes
Le Loose vink (faux pinson) ne comporte pas de hachis : l'escalope de bœuf n'est farcie que d'une tranche de lard fumé, la roulade étant entourée d'une seconde tranche du même lard[8].
L'oiseau sans tête à l'ardennaise est composé d'une tranche de bœuf enroulée autour d'un morceau de lard fumé et d'une rondelle de saucisson fumé d'Ardennes à l'ail ; ficelé et doré au beurre, il est mijoté couvert d'eau chaude et servi avec le fond de cuisson lié au beurre manié, parsemé de persil ciselé. Il peut se manger froid, avec des œufs durs et des crudités[13].
Dans la littérature
« Mon Dieu, oiseau sans tête, graisse froide dans la poêle de mes hautes cuisines »
— Jacques Crickillon, Au bord des Fonderies mortes. Romance[14].
Notes et références
Notes
- Au Moyen Âge, les oiseaux chassés au faucon étaient servis sans tête car celle-ci était traditionnellement donnée au rapace - Lire Elzéar Blaze, « Fauconnerie » dans Paul Lacroix et Ferdinand Seré, Le Moyen Âge et la Renaissance. Histoire et description des mœurs et usages, du commerce et de l’industrie, des sciences, des arts, des littératures et des beaux-arts en Europe, t. I, chap. Mœurs et usages de la vie privée. Chasse, II Fauconnerie, Paris, 1848.
- Le ficelage peut être remplacé par des bâtonnets de bois (cure-dents) qui doivent être ôtés au moment de servir à table.
Références
- ISBN 9782873864774), p. 46. Georges Lebouc, Dictionnaire de belgicismes, Racine, 2006, 622 p. (
- ISBN 9782801110836), p. 96. Willy Bal, Albert Doppagne, André Goosse, Joseph hanse, Michèle Lenoble-Pinson, Jacques Pohl et Léon Warnant, Belgicismes. Inventaire des particularités lexicales du français en Belgique, Duculot, 2002, 146 p. (
- ISBN 2801111260), p. 355. Daniel Blampain, Le français en Belgique: une langue, une communauté, Duculot, Bruxelles, 1997, 530 p. (
- Grand Dictionnaire Terminologique, entrées paupiette, oiseau et moineau. cf.
- (en) John Ayto, The glutton's glossary. A dictionary of food and drink terms, Routledge, 1990, 324 p., (ISBN 0415026474), p. 211.
- ISBN 9782748348682), p. 20. Les Ateliers Edilo, Comment réussir au Bac pro restauration? - Session 2005, Publibook, (
- (nl) Ignaz Matthey, Vincken moeten vincken locken. Vijf eeuwen vangst van zangvogels en kwartels in Holland, Verloren, 2002, 466 p. (ISBN 90-70403-49-8), p. 397, en ligne. Consulté le 22 mars 2011.
- ISBN 2221068742), p. 226. Alain Senderens, Figues sans barbarie et autres propos de tables et recettes, Robert Laffont, 1991, 264 p. (
- ISBN 9044117144), p. 112. Chris Kerfs, Manger belge, manger sain. Un menu pour chaque jour de l'année, Garant, Anvers, 2005, 138 p. (
- ISBN 9782873865252), p. 124. Eric Boschman et Nathalie Derny, Le goût des Belges, Racine, 2007, 146 p. (
- Dictionnaire entrée A, academiedelaviande.net. Consulté le 24 mars 2011.
- ISBN 9782804602291), p. 39. Louis Willems, La Cuisine bruxelloise. Traditions et créations au fil des saisons, La Renaissance du Livre, 1998, 186 p. (
- Suzanne Zeler, « Oiseaux sans tête à l'ardennaise » dans Les meilleures Recettes de Wallonie recueillies par Zone Verte, RTBF, R.T.C., Namur, 1981, non paginé, fiche 93.
- ISBN 9782825110928), p. 9. Jacques Crickillon, Au bord des Fonderies mortes. Romance, L'Âge d'Homme, Lausanne, 1998, 178 p. (
Voir aussi
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