- Benoît d'Aniane
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Benoît d'Aniane ou Saint Benoît d'Aniane, né vers 750 en Septimanie, mort en 821, est un aristocrate germanique de l'époque carolingienne, dont l'œuvre de réforme du monachisme est essentielle dans l'essor de l'ordre bénédictin en Europe. Proche de Louis le Pieux dès les années 790, il est l'un des principaux acteurs de la renaissance carolingienne.
Sa fête est le 11 ou le 12 février.
Sommaire
Biographie
Origine et débuts
Il est le fils d'Aygulf, comte de Maguelone (en Gothie), un noble probablement d'origine wisigothique. Il porte d'abord le nom de Wittiza. Son éducation est faite à la cour du roi franc Pépin le Bref. Il devient l'échanson de son épouse, la reine Bertrade de Laon (dite Berthe au Grand Pied). Il reste à la cour de Charlemagne après la mort de Pépin.
En 773, il participe à l'expédition contre les Lombards en Italie. Il est alors destiné à une brillante carrière militaire.
Vie monastique
En 774, à la suite d'un évènement dramatique en voulant sauver son frère d'une noyade, il devient moine à l'abbaye de Saint-Seine près de Dijon.
Il y fait preuve d'un ascétisme rigoureux et étudie les nombreuses règles en usage, outre celle de Saint Benoît : règle de saint Pacôme, de saint Basile et règle de saint Colomban.
Il devient le cellérier de l'abbaye.
Vers 780, sa communauté le choisit comme abbé, mais il s'enfuit vers son pays natal et s'établit à Aniane, près de Montpellier[1].
Il mène alors une vie d'anachorète, et il fonde avec des disciples, en 782, sur les bords de l'Hérault (fleuve), une abbaye : l'abbaye d'Aniane. Il choisit comme modèle le cénobitisme.
L'essor de la règle bénédictine
Aniane connut, grâce à son abbé, un succès et un essor considérables. Il obtient de Charlemagne des lettres d'immunité et la reconnaissance de la liberté d'élection de l'abbé. Le développement est toutefois freiné par la rigueur exigée. Benoît se tourne alors vers la règle de Saint Benoît de Nursie, qu'il veut faire appliquer au sens strict. Il modifia et compléta cette règle avec celle de Colomban. Il rédigea la « concorde des règles », s'appuyant sur ses commentaires de la règle de saint Benoît de Nursie. Plus de trois cent moines formés dans ce monastère s'éparpillèrent dans tout l'empire pour répandre la règle bénédictine, réformer les anciennes abbayes et en fonder de nouvelles.
En 792, l'abbaye devient royale, et par conséquent un centre de rayonnement d'où Benoît cherche à imposer le bénédictisme en Aquitaine. Le Languedoc, l'Auvergne, la Bourgogne vont s'y adapter. La nouvelle règle intéresse fortement Louis le Pieux, qui cherche à imposer l'unité religieuse de l'Empire pour constituer un cadre à son territoire. Il appelle Benoît à Inden, près d'Aix-la-Chapelle. Là-bas, Benoît prépare trois synodes traitant de la réforme du monachisme en 816, 817 et 818-19. Ils imposent la règle de Saint-Benoît, la libre-élection de l'abbé. Des missi monastici veillent à l'application des décisions. Benoît veut intégrer l'abbaye dans les institutions de l'Empire, tout comme Louis Le Pieux. L'abbé devient un véritable chef de communauté.
Soutenu par Louis le Pieux, par l'abbé de Saint-Martin de Tours et l'évêque d'Orléans, Benoît fera appliquer avec beaucoup d'intelligence la règle bénédictine dans plus de vingt monastères en Aquitaine, dont principalement Gellone, Saint-Savin et Massay. Le sud de la Loire va aussi progressivement profiter peu à peu de cette réforme.
En 818, Louis le Pieux se déplacera à Priziac dans le Morbihan pour faire également appliquer cette règle aux moines de Landévennec qui étaient sous celle de Saint Colomban.
L'œuvre de Benoît n'est pas seulement une œuvre d'unification. Il lutte contre l'adoptianisme, diffuse la liturgie romano-franque, et l'écriture minuscule. Les changements apportés se diffusent très vite en Saxe et Italie dès 820-830. La vie bénédictine va s'imposer en Europe. Plus tard, elle se constituera en grands ordres et congrégations, dont un des plus célèbres est l'ordre de Cluny. Toutefois, à partir de cette règle unique vont se créer des traditions propres à chaque abbaye.
Devenu empereur, Louis le Pieux, s'empressera d'installer Benoît d'Aniane, qui est son ami et son conseiller, dans un monastère qu'il vient de fonder à son intention à Inden, proche du palais impérial (à une dizaine de kilomètres d'Aix-la-Chapelle) pour le mettre à la tête de tous les moines de son empire.
Après l'Aquitaine et la Gothie, c'est au tour de la Francie de bénéficier de la règle du salut. En 817, Louis le Pieux va réunir à Aix-la-Chapelle tous les abbés de l'Empire pour faire accepter le capitulum monasticum, préparé par Benoît. Le but de cette constitution sera de réglementer et surtout d'unifier les différents styles de vie monastique. Saint Augustin et Benoît de Nursie sont à cette époque les meilleures références pour vivre une vie religieuse à la fois exigeante et raisonnable.
L'empereur qui est en accord parfait avec ce mouvement de purification en proclame l'application dans tout l'Empire.
Ainsi, la politique culturelle mis en place par Charlemagne trouve-t-elle ici toute l'ampleur d'une brillante renaissance artistique, spirituelle, intellectuelle dans beaucoup de monastères, devenus des lieux privilégiés de transmission de la culture.
Article détaillé : Renaissance carolingienne.Benoît d'Aniane et l'adoptianisme
Benoît d'Aniane se distingua tout particulièrement aussi dans la lutte contre l'Adoptianisme, considéré comme une hérésie par l'église. Propagé par Félix d'Urgel, évêque d'Urgell en Espagne et Elipand archevêque de Tolède, cette religion considère le Christ comme Dieu par nature mais comme homme par adoption de Dieu en tant que fils.
Comme Elipand se trouvait sur un territoire appartenant aux Maures, la paix lui fut relative, mais par contre Félix d'Urgel, lui, fut obligé de se rétracter en 792 par la condamnation de Ratisbonne. Selon le concile de Francfort, l'Adoptianisme fut réprouvé en 794. On ne sait si Benoît d'Aniane assista au concile mais en tout cas il fut aidé dans ce combat par Alcuin et Nebridius (abbé de Lagrasse jusqu'en 800 puis archevêque de Narbonne jusqu'en 828) ses deux amis. Charlemagne en 799 confia une mission à Benoît accompagné de Nebridius et de Leyrade archevêque de Lyon pour se rendre dans les marches d'Espagne pour mettre fin à l'adoptianisme.
Voir aussi
Œuvres
Bibliographie
- Jean Marilier, Histoire de l'Église en Bourgogne, Les Éditions du Bien Public, Dijon, 1991. (ISBN 2-905-44136-4)
- Ph. Schmitz, Histoire de l'Ordre de Saint Benoît, éditions de Maredsous, tome I, 1942.
Article connexe
Notes et références
- Jean Marilier, Histoire de l'Église en Bourgogne, Les Éditions du Bien Public, Dijon, 1991. p. 47
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