Ligne de Boisleux à Marquion

Ligne de Boisleux à Marquion
Ligne
Boisleux - Marquion - Cambrai (BMC)
Pays Drapeau de France France
Villes desservies Boisleux-au-Mont, Marquion
Historique
Mise en service 1882 - 1897
Électrification 1958
Fermeture 1969
Caractéristiques techniques
Longueur 21 km
Écartement Voie normale (1,435 m)
Électrification Non électrifiée
Nombre de voies Voie unique
Trafic
Exploitant(s) Compagnie Générale des Voies Ferrées d’Intérêt Local (CGL)


La ligne ferroviaire qui desservait Boisleux-au-Mont à Marquion est une voie ferrée d'intérêt local à voie normale du Pas-de-Calais. Surnommée le "yoyo", elle fut en fonction de 1882 à 1969.

Compte tenu de son prolongement ultérieur jusqu'à Cambrai, la ligne est connue sous les initiales BMC

Sommaire

Historique de la ligne

Les origines de la voie

  • Le chemin de fer allant de Boisleux à Marquion est né au terme du traité conclu le 18 septembre 1873 entre M. le Préfet du Pas-de-Calais et messieurs Louis Démiantte, fabricant de sucre à St Léger, Charles Dubuisson, distillateur demeurant à Inchy et Alfred Tramnin, Fabricant de sucre demeurant au Raquet près de Douai. La concession de la ligne Boisleux à Marquion a été faite aux clauses et conditions du cahier des charges de la concession du chemin de fer annexé au décret du 30 mai 1868 et inséré au bulletin des lois N° 1603. La ligne fut concédée en 1874 et son tracé définitif a été défini entre 1875 et 1878. Le chemin de fer passait par différentes villes et on retrouvait des gares à Boisleux-au-Mont, Boyelles, Saint-Léger, Croisilles, Ecoust-Saint-Mein, Quéant, Inchy et Marquion. Lorsque la ligne fut prolongée jusqu’à Cambrai 23 ans plus tard (en 1897), les gares de Bourlon et Fontaine-Notre-Dame furent construites à leur tour. Il existait une autre ligne parallèle allant de Achiet-le-Grand à Marcoing. Les deux lignes étaient reliées entre elles par une troisième qui allait de Quéant à Frémicourt.
  • La ligne Boisleux - Marquion faisait ainsi partie d’un ensemble privé de quatre lignes (et autant de compagnies) connectées entre elles par des gares d’échanges (comme Quéant, Frémicourt ou Vélu-Bertincourt). Il s’agissait de l’ensemble privé à voie normale (écartement entre les rails de 1,435 m) le plus grand de la région Nord-Pas-de-Calais. Les archives du Pas-de-Calais ont permis d’établir la longueur précise de la ligne Boisleux - Marquion. La longueur totale des alignements (c’est-à-dire des rails droits) était de 14.321,43 mètres et la longueur totale des courbes était de 7.084,57 mètres. Le total était de 21.406 mètres.
  • La ligne a connu une exploitation importante dans le transport de voyageurs et de marchandises. En 1914, l’exploitation fut suspendue à cause de la Première Guerre mondiale. Le repli des troupes allemandes en 1917 permit aux alliés de récupérer les lignes qui étaient grandement détériorées. Les concessions furent reprises par le Département du Pas-de-Calais qui les confia en régie à leurs anciens exploitants.
  • En 1930, la compagnie de la ligne Boisleux – Marquion et les trois autres qui y étaient reliées formèrent la « Compagnie Générale des Voies Ferrées d’Intérêt Local » : la CGL. Celle-ci fut reprise en 1961 par la Régie départementale des transports du Pas-de-Calais. Le 15 octobre 1962, le trafic de voyageurs du BMC fut transféré sur route (seulement quatre ans après que les lignes furent électrifiées) et le tronçon Boisleux - Boyelles fut abandonné pour éliminer les frais de la gare commune avec la SNCF de Boisleux. Le 31 décembre 1969, la desserte de marchandises fut totalement supprimée avec l’essor du semi-remorque.

Les risques de nez à nez sur le « yoyo »

  • La ligne Boisleux - Marquion était appelée le « yoyo », certainement à cause du va et vient qu’effectuait le convoi allant dans un sens et dans l’autre de la ligne comme le mouvement que décrit le jouet « yoyo ».
  • Dans chacune des gares, les installations permettaient de faire croiser deux trains. Le danger était que deux trains soient envoyés sur la même section de ligne et se retrouvent en face à face. Pour éviter ce genre de problèmes, la sécurité était réglée par la plaque pilote. Sur chaque tronçon, existait une et une seule plaque pilote (plaque de cuivre poinçonnée du nom des gares encadrantes et de forme différente selon les tronçons). Aucun mécanicien ne pouvait s’engager entre deux gares s’il ne possédait pas la plaque pilote. Comme elle était unique, il ne pouvait y avoir qu’un seul train par tronçon. Des dérogations à cette règle étaient accordées lorsqu’il y avait plusieurs trains dans le même sens. Seul le dernier train emportait la plaque. Pour les trains précédents, le chef de gare présentait la plaque au mécanicien et lui remettait un ordre écrit l’autorisant à s’engager sur la voie.

Bâtiments

De nos jours, il reste quelques bâtiments de cette ancienne ligne. C'est le cas par exemple des gares de Boyelles, Ecoust-Saint-Mein, Quéant ou Marquion ainsi que la halte de Saint-Léger. Beaucoup de gares sont typiques des lignes d'intérêt local et on retrouvait des bâtiments presque identiques à Boyelles, Croisilles et Ecoust-Saint-Mein. Ils étaient composés de la manière suivante :

La gare de Boyelles
  • Rez-de-chaussée :
    L’entrée côté cour se faisait par une porte au centre du bâtiment. Elle menait à un vestibule au sol recouvert de dalles en ciment. L’enregistrement se faisait par des guichets aux voyageurs et aux marchandises situés sur la droite. Le bureau central au sol en parquet de chêne se trouvait derrière ces guichets. Un poêle au milieu de la pièce permettait de la chauffer. On retrouvait le même poêle dans la salle d’attente de l’autre côté du bâtiment, là où les voyageurs patientaient. Le sol y était également fait d’un parquet de chêne. Les bagages étaient stockés dans une pièce comprise entre le bureau d’enregistrement et la salle d’attente avec une porte qui donnait du côté de la voie.
  • 1er étage :
    L’étage était composé d’une grande salle à manger au centre du bâtiment avec une fenêtre côté cour et une fenêtre côté voie. Quatre autres pièces étaient situées aux extrémités du bâtiment. Il y avait deux chambres côté voie. Une chambre et une cuisine (la seule pièce carrelée) côté cour.
  • 2ème étage :
    On y trouvait deux grandes chambres et un grenier au centre du bâtiment (ces bâtiments présentaient également une cave et des sanitaires extérieurs).

Événements et anecdotes

  • L'événement majeur qui eut lieu sur la ligne Boisleux-Marquion date de la nuit du 31 août au 1er septembre 1944. Les Allemands voulaient couvrir leur retraite alors que les alliés arrivaient. Des wagons de munitions étaient stationnés entre l’entrée du village de Boisleux-Saint-Marc et Boyelles. Cachés entre deux buttes, ils n’étaient pas visibles à cause des grands arbres qui les entouraient. Ce camouflage permettait de ne pas être repéré par les avions alliés. Les Allemands provoquèrent une explosion dans cette tranchée afin de ne rien laisser derrière eux. Suite à l’explosion, quelques wagons se détachèrent et dévalèrent vers Boisleux-au-Mont. Ils percutèrent un (ou plusieurs) autre(s) wagon(s) à DCA qui se trouvai(en)t à l’entrée du village près d’un petit pont. L’explosion fut énorme et provoqua la mort de quelques Allemands qui passaient à cheval sous le pont. Il fut impossible de dire combien ils étaient tant l’explosion fut virulente. Pensant qu’il s’agissait d’un acte de sabotage, les Allemands menacèrent de raser le village et le maire M. Démiautte eut toutes les peines du monde à expliquer que c’était les leurs qui avaient fait sauter le train.
  • Le 23 août 2009 eut lieu une exposition et une visite guidée retraçant l'historique de la ligne Boisleux-Marquion. Cette démarche faisait partie d'une offre touristique proposée par l'Office de Tourisme d'Arras et la Communauté de communes du Sud Arrageois.

Annexes

Bibliographie

  • Maryse Angelier, La France ferroviaire en cartes postales, Éd. La Vie du Rail, Paris, 2001 (ISBN 2-902808-94-1)
  • Pascale Bréémersch et Jean-Michel Decelle, Le chemin de fer dans le Pas-de-Calais des origines à 1914, Éd. des Archives du Pas-de-Calais, Arras, 1993 (ISBN 2-86062-014-1)
  • Georges Ribeill, La révolution ferroviaire, Éd. Belin, Paris, 1993 (ISBN 2-7011-1256-7)
  • Notes de Maxime Delière, responsable et concepteur de l'exposition et de la visite guidée du 23/08/2009

Liens externes



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