- Peintres de la réalité poétique
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Les huit membres de ce groupe sont : Maurice Brianchon, Christian Caillard, Jules Cavaillès, Raymond Legueult, Roger Limouse, Roland Oudot, André Planson et Kostia Terechkovitch.
Le groupe
Le nom de ce groupe provient du titre du livre que consacra Gisèle d'Assailly à ces artistes. Ils ne sont pas seulement des maîtres par l’ampleur, la richesse et la qualité de leurs œuvres, ils le sont aussi parce que tous ils ont formé des élèves comme François Baron-Renouard élève de Brianchon et de Legueult à l’école des Arts décoratifs de Paris. Malgré leur diversité de formation, de dons et de goûts, les peintres de « la Réalité poétique » n’ont pas cessé de travailler dans l’indépendance morale, dans la modestie, dans le respect des traditions les plus authentiques. S’ils ont exposé ensemble dans l’entre deux-guerres, ce n’est qu’en 1949 qu’ils prirent le nom de peintres de « la Réalité poétique », titre que donna Gisèle d'Assailly au livre suggestif qu’elle leur consacra aux éditions René Juliard, à Paris.
On le voit mieux aujourd’hui, il subsiste entre les huit créateurs de « la Réalité poétique » – hélas, tous décédés – des liens évidents. Ils ont réagi contre les mêmes mots d’ordre et défendu, chacun à sa manière, dans la confusion du présent, un certain idéal, une certaine tradition.
Ennemis des faiseurs d’abstraction et des théoriciens, obsédés par la lumière, les peintres de « la Réalité poétique » ont tendu leur vie durant à la sincérité. Ainsi, en suivant leur sentiment, et en visant à la vérité, ils ont du même coup atteint à la poésie.
Christian Caillard
Christian Caillard est né le 26 juillet 1899 à Clichy. Après des études au collège Rollin, il se présente à l’École Centrale. Mobilisé en 1918, il sert dans l’artillerie, mais à son retour à la vie civile, il se décide à abandonner les sciences pour se consacrer à la peinture. Son oncle Henri Barbusse lui offre sa première boîte de peinture. En 1921, Caillard entre à l’Académie Biloul où il reste quelques mois et fait la connaissance d’Eugène Dabit, le futur auteur d’« Hôtel du Nord » et du peintre Georges-André Klein. Puis en 1923, Caillard rencontre le peintre Loutreuil qui devient pour le jeune artiste, non seulement un maître, mais aussi un ami et un guide.
En 1927, Caillard exécute son premier séjour au Maroc. Encouragé par ce premier essai de dépaysement, Caillard se résout à faire un long périple à travers le monde afin d’accumuler les croquis et les impressions. C’est ainsi qu’il visite successivement l’Indochine, Bali, Tahiti et la Martinique. De son long séjour à Tahiti, il laissera une fille qui restera vivre en sa famille. Il obtient le prix Blumental en 1934.
Il sera fidèle au 9e arrondissement de 1935 jusqu’à sa mort rue Clauzel en 1985. Au 6, rue Clauzel, à deux pas du petit magasin où le père Tanguy vendait des couleurs... ou les échangeait contre des toiles aux plus grands artistes (Van Gogh, Pissarro, Gauguin, Cézanne, Monet, Renoir, et bien d’autres...) Christian Caillard a eu son atelier de peintre pendant cinquante ans. C’est là qu’il travaillait à Paris et qu’il rapportait ses toiles « moissonnées » à travers le monde. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier dans les Vosges en 1940. Libéré en juin 1941, il recommence à peindre et à partir de 1945 vient se fixer en Bretagne dont il aime les landes sauvages et solitaires.
En 1948, il rencontre Monette Pinat dont il aura deux fils, Vincent et Laurent Caillard qui vivront au 61 de la rue du Pré saint Gervais, dans le 19e arrondissement de Paris. Cette maison abritait l’atelier de Loutreuil qui laissa ses toiles et sa maison en mourant en 1925, « pour disposer de tout comme bon lui semblera », précisait-il dans son court testament révélateur de sa confiance en la fidéle amitié de Caillard.
Tout en partageant son temps entre Paris, Saint-Tropez et la Bretagne, Caillard refait de longs séjours au Maroc, au Mexique, en Grèce, en Espagne où il acquiert une maison en 1956 à Javea près d’Alicante. En 1956, il rencontre Chantal de Marans dont il aura une fille, Elisabeth. A Vevey, en Suisse, Caillard participe en 1957 à l’exposition « des Peintres de la réalité poétique ». Après une importante rétrospective à la Galerie Durand-Ruel en 1963, il reprend son périple à travers le monde. Il séjourne une année à Madagascar en 1964, puis retourne plusieurs fois au Maroc en 1966, en 1968 et en 1970.
La Galerie de Paris lui organise en 1969 une prestigieuse exposition particulière. Il repart à Ceylan en 1971. En octobre 1972, la Galerie des Granges à Genève présente une grande exposition de Caillard, « cinquante ans de peinture », puis il séjourne six mois à Bora-Bora en 1973, voyage en Tunisie en 1974, à Bali en 1975, au Mexique en 1976. A son retour, la Galerie André Weil lui consacre une rétrospective en octobre 1976. Puis il repart au Népal en 1979. De 1981 à 1985, il passe son temps entre son atelier parisien, sa maison de Javea en Espagne et l’Île d’Ouessant.
Bibliographie
- Giselle d’Assailly, Les Peintres de la réalité politique, Paris, Julliard, 1949
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